alexametrics
mardi 06 mai 2025
Heure de Tunis : 11:50
Dernières news
Les journaux français censurés, désormais disponibles dans les kiosques tunisiens
20/01/2011 | 1
min
{legende_image}

Libération, Le Monde, Le Canard Enchaîné sont de nouveau disponibles dans les kiosques tunisiens. On croit rêver ! Un extraordinaire sentiment de joie qu’ont ressenti des centaines de personnes. Un kiosque d’une banlieue de Tunis (à Ennasr) a d’ailleurs vu tout son stock de journaux épuisé en quelques heures.

Plusieurs journaux français ont totalement disparu des kiosques tunisiens depuis des années. Le Monde ou le Courrier International n’étaient plus commercialisés depuis les élections d’octobre 2009.
Libération et Le Canard ont été interdits depuis la présidentielle de 1999, suite à des articles jugés hostiles à l’ancien régime. A l’époque, c’est toute une campagne contre la France qui a été menée en raison de la prise de position en faveur des libertés par le gouvernement de gauche de Lionel Jospin.

En défendant les libertés en Tunisie, M. Jospin a participé, sans le vouloir, à les faire reculer. Ben Ali a poussé le ridicule jusqu’à retirer les enseignes écrites en langue française pour ne laisser que l’arabe ou, au cas échéant, l’anglais.
Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy ont essayé de mettre de l’eau dans leur vin en ménageant plus ou moins l’ancien régime, ce qui a permis d’avoir de bonnes relations économiques et politiques. Les libertés ont progressé, comme l’a dit Chirac, mais à un degré infinitésimal. Les Tunisiens avaient désormais droit au Monde, au Figaro, à la Tribune, mais jamais Le Canard ou Libé.

Pour les lire, les Tunisiens jouaient au système D. Les plus chanceux ont souscrit des abonnements ou les commandaient auprès d’amis débarquant de France. Les pilotes de Tunisair n’hésitaient jamais à ramener quelques exemplaires du Canard pour les donner, sous le manteau, à leurs proches.
Certains allaient les lire sur place à la Bibliothèque Charles de Gaulle. Mais l’écrasante majorité des Tunisiens n’ont pu avoir ce plaisir depuis plus de onze ans. Même le site internet du Libé était censuré (tout comme Bakchich, Rue 89, Marianne2, Le Monde par intermittence…). Quant aux jeunes, ils ignorent carrément l’existence de ce genre de journaux satiriques. C’est toute une politique d’abêtissement général qui était de mise, juste pour éviter la présence de journaux critiquant le régime dans le pays.

Interrogé par des directeurs de journaux sur la question, Ben Ali a répondu tout sec : « Je ne vais quand même pas donner des devises, difficilement obtenues, pour des journaux insultant le pays ! »
Conséquence de cette politique : la langue française a totalement perdu de sa superbe en Tunisie et des milliers de nouveaux diplômés peinent à trouver un emploi à cause de leurs difficultés linguistiques en français.
20/01/2011 | 1
min
Suivez-nous