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Chroniques
Quand la corruption met le football KO !
08/11/2010 |
min
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Par Noureddine HLAOUI


Il a fallu un scandale de la taille de celui survenu lors de la finale aller de la Ligue des champions d’Afrique entre les Congolais du Tout Puissant Mazembé et les Tunisiens de l’Espérance pour que les langues se délient et déballent le linge sale de la Confédération africaine de football (CAF) dirigée par l’inamovible et tout puissant Camerounais Issa Hayatou depuis voilà plus de vingt ans.

Il a fallu cette mascarade arbitrale du Togolais Koko pour que tout le monde y aille du sien et sorte toutes les histoires qu’il a vécues avec l’arbitrage africain, plus particulièrement ce fameux Koko et avec cet autre responsable au sein de la commission d’arbitrage de la CAF, le Sénégalais Badara Sané.
Il fallu cet arbitrage maison et bien ficelé de ce Koko, pour que ce qui était annoncé comme début de la fiesta pour l’Espérance Sportive de Tunis se transforme, carrément en un véritable enterrement.

Jamais un arbitre n’a sifflé à sens unique, plus de 90 minutes durant. Jamais un arbitre n’a sifflé avec autant de mauvaise foi. Résultat : Une équipe tunisienne sortie du match et humiliée par un cinglant 5 – 0. Ce sieur Koko appliquait l’ancienne anecdote du célèbre humoriste arabe, J’ha : « Ce sont des chèvres, même si elles volent ! »…
Or, c’est seulement après coup qu’on apprend que le sieur Koko, venait de purger une sanction et une interdiction de siffler pendant trois ans par la FIFA… que le sieur Koko était invité aux frais de la princesse presqu’une semaine avant la rencontre à Lubumbashi.
Personne n’avait osé alerter l’opinion publique de cette situation. Les dirigeants de l’Espérance, pouvaient-ils, logiquement, présenter un recours à la CAF, voire à la FIFA pour, au moins, inverser les nominations des deux arbitres ?

Cet épisode de Lubumbashi met à nu le phénomène de la corruption existant au sein de la CAF. L’astuce consiste à désigner un arbitre en fin de carrière qui, pour quelques dizaines ou centaines de milliers de dollars, est prêt à se vendre. Que risque-t-il au pire ? En l’absence de toute sanction pénale, pas plus que la radiation ! Une sanction qui ne le « concerne » pas puisqu’il est déjà aux portes de la retraite arbitrale.
Ce qui est encore plus désolant est que par la même occasion, on apprend que de nombreux arbitres de la CAF ont été « achetés » par le passé pour des matches décisifs. Autrement dit, la prestation de Koko n’est pas une première du genre. Et tout le monde le savait, mais se taisait.
L’omerta du silence en quelque sorte. Et plusieurs équipes africaines en avaient profité. Même des équipes tunisiennes, semble t-il.

Quelles répercussions peuvent avoir les révélations de Néji Jouini sur le sieur Koko et sur le sieur Badara Sané ? La CAF a-t-elle des comptes à rendre à la FIFA ? Autant de questions et bien d’autres auxquelles l’opinion publique aimerait bien avoir des réponses claires et convaincantes.
Mais peut-on se fier à la FIFA, secouée elle aussi, par un scandale de corruption à propos de l’achat de voix lors de joutes électorales.
Les arbitres de la FIFA n’échappent pas, eux non plus, aux soupçons de la corruption. On a vu, lors de la dernière phase finale de la Coupe du Monde, des arbitres commettre des erreurs monumentales qu’on ne pouvait pas mettre, uniquement, sur le compte de la mauvaise appréciation.
Mais là, et vu la grande médiatisation et la puissance des nations lésées, les arbitres suspectés ont dû plier bagages et rentrer chez eux.

Le phénomène existe-t-il chez nous ? Même si aucune affaire de corruption n’a été mise au grand jour en Tunisie, Abdessalem Chemmam, ancien président de la Commission d’arbitrage en Tunisie s’est étalé, récemment, sur les ondes d’une chaîne radiophonique pour évoquer les « énormes pressions » qu’il subissait, en sa qualité suscitée, de la part des présidents de certains grands clubs et, surtout, de la part de ceux qui se trouvent derrière ces présidents de clubs…

Autre fait surprenant. Après les incidents du Caire lors du match aller des demi-finales contre El Ahly d’Egypte, aussi bien le Comité directeur de l’Espérance que la Fédération Tunisienne de Football (FTF) se sont empressés de publier des communiqués, « dénonçant, condamnant, fustigeant les violences commises par une poignée de supporters au stade du Caire… ».
Mais après ce qui s’est passé à Lubumbashi, on n’a rien lu à part les lamentations, les regrets et les cris d’impuissance.
Où sont les communiqués qui auraient dû être rendus publics, notamment par la FTF ? Il est vrai que la Fédération a d’autres chats à fouetter et de l’argent à ramasser. Elle est occupée à signer les contrats de publicité à coups de millions de dinars après avoir engrangé d’autres millions de dinars grâce à la vente des droits de retransmissions au profit de Tunis 7.
Sans compter les dizaines de milliers de dinars collectés chaque semaine chez les clubs tunisiens pour lancements de fumigènes et autres objets divers.
Et en ces mêmes moments, les dirigeants de l’Espérance sont occupés à préparer l’accueil de l’équipe congolaise et, surtout, l’accueil des « Barons » de la CAF et à leur tête …Issa Hayatou.

Tout l’espoir est que cette parodie d’arbitrage du sieur togolais Koko, aura servi à quelque chose de positif, à savoir une certaine contribution à laver en public le linge sale de la CAF, à évincer ce Badara Sané et à empêcher, à l’avenir, la répétition de pareilles mascarades footballistiques.
Mais, également, à servir de leçon pour nos arbitres, nos clubs et notre fédération.
Ce serait alors la grande satisfaction !...
08/11/2010 |
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