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Chroniques
Remèdes maghrébins pour humour français
28/06/2010 | 1
min
Remèdes maghrébins pour humour français
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Par Nizar BAHLOUL

Il s’appelle Stéphane Guillon et est l’un des plus célèbres humoristes français. Ses chroniques du samedi sur Canal + chez Thierry Ardisson et quotidiennes sur France Inter sont du pur plaisir pour beaucoup, du vrai cauchemar pour quelques uns. Par quelques uns, entendez hommes politiques qui se trouvent régulièrement épinglés dans ses « papiers ». DSK, Martine Aubry, Eric Besson et, bien sûr, Nicolas Sarkozy sont tous passés à la trappe.
Dans les démocraties modernes, il semble que c’est l’avis des « quelques uns » qui prime sur celui des « beaucoup ». Stéphane Guillon a beau être aimé par « beaucoup », ceci n’a nullement empêché son patron Philippe Val, de lui envoyer une lettre de licenciement pour faire plaisir aux « quelques uns ».
A la trappe l’audimat et la célébrité de Guillon. A la trappe donc la liberté d’expression, la liberté de création, la liberté de l’humour, dès lors que cette liberté dérange nos chers « quelques uns ».
Pour Philippe Val l’essentiel n’est pas de plaire au large public, mais de combler les caprices des « quelques uns ».

Celui-là, il s’appelle Siné, il a 80 ans et est l’un des plus célèbres chroniqueurs français. Ses articles dans « Charlie Hebdo » étaient du pur plaisir pour beaucoup, du vrai cauchemar pour quelques uns.
Siné a beau être aimé par « beaucoup », ceci n’a nullement empêché son patron Philippe Val, de lui envoyer une lettre de licenciement pour faire plaisir aux « quelques uns ».
A la trappe l’audimat et la célébrité de Siné. A la trappe donc la liberté d’expression, la liberté de création, la liberté de l’humour, dès lors que cette liberté dérange nos chers « quelques uns ».
Et en quoi Siné a dérangé ? L’un des articles de Siné était jugé antisémite par Val. Pour Val, quand il s’agit de juifs, il n’y a pas de place à la moindre suspicion. Il s’est trouvé ensuite que l’article en question, que j’ai lu en son temps suite à l’extraordinaire tintamarre fait autour, n’a rien d’antisémite. La justice a, d’ailleurs, fini par l’admettre pour donner raison à Siné et désavouer Val.

Vous le connaissez Philippe Val ? Vous ne vous rappelez pas de lui ? C’est celui-là même qui dirigeait, il y a quelques années, le magazine Charlie Hebdo. Celui-là même qui défendait la liberté d’expression, la liberté de création, la liberté de l’humour lorsqu’il s’agissait de caricaturer le prophète des musulmans.
C’est le même qui a licencié Siné pour plaire à « quelques uns ». Et quand on plait à ces « quelques uns », on monte en grade. Forcément ! Philippe Val est donc monté en grade pour quitter la direction de Charlie et être nommé à la tête de France Inter.
Continuant sur la même lancée, et cherchant toujours à plaire à « quelques uns », il vient de licencier Stéphane Guillon. A la trappe Siné, à la trappe Guillon. C’est qui le suivant d’être mis à la porte ? Il s’appelle Didier Porte le suivant. Lui aussi, son humour a dérangé quelques uns et, lui aussi, s’est trouvé licencié.

Ne remarquez-vous pas que les Français s’inspirent, de plus en plus, de nous autres Maghrébins ?
De l’humour, oui, mais mesuré et sélectif. Je dirai presque de l’humour responsable. De l’humour constructif. Pourquoi pas tant qu’on y est ? Fellag, Gad El Maleh, Michel Boujenah, Djamel Debbouze, Smaïn ou même Rachida Dati (dans son genre) ont bien réussi !
Mais que serait donc la France sans nous les Maghrébins ? On leur fournit des humoristes au verbe consensuel, on alimente leurs faits divers et on remplit leurs charters. Mieux encore, il y a douze ans, on faisait leur football et on les a même catapultés champions du monde ! Regardez-les sans nous en Coupe du monde, ils sont devenus la risée de la planète.

A force d’avoir besoin de nous, ils ont fini par vouloir adopter nos méthodes. A moins deux, on crierait au plagiat tant il y a de similitudes méthodologiques.
Allez Philippe Val, un peu d’effort et France Inter finira par ressembler à certaines radios maghrébines. Vous ne serez que mieux vu par « quelques uns ». De toute façon, on ne peut jamais contenter tout le monde, alors autant satisfaire les quelques uns qui comptent !
28/06/2010 | 1
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