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Tunisie - La bourde de Nessma TV

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Par Hechmi GHACHEM
Un malheur n'arrivant jamais tout seul, les bourdes ou dérapages consciemment voulus ou fortuits continuent à pleuvoir à verse sur nos ondes.
La dernière en date est un exemple sans précédent de finesse. Nous devons tous, en tant que téléspectateurs, créer un prix qu'on appellerait le "Prix du Non Retour" qu'on décernera à l'animatrice dont l'éducation et le savoir vivre dépassent de loin ceux des princesses fréquentant les collèges internationaux les plus réputés en la matière.
Voici les faits tels qu'ils nous ont été relatés. Une journaliste connue pour ses critiques hebdomadaires des émissions télévisuelles (Samira Dami, NDLR), a osé relever une habitude, récemment acquise et qui consiste à inviter le propriétaire de la chaîne sur le plateau pour vanter ses mérites et celles de ses collaborateurs. Cela concerne deux stations privées (Hannibal TV et Nessma TV, NDLR). Une animatrice de l'une d'entre elles (Maha Chtourou, Nessma TV, NDLR) a voulu répondre directement aux propos de cette effrontée.
Directement lors du passage de l'émission à laquelle elle participe (Ness Nessma, NDLR). Elle s'est sentie sûrement bassement visée par la journaliste et elle a mille fois le droit de lui répondre.
C'est même ce que confirmera le boss de la dite chaîne (Nabil Karoui, NDLR), une fois que la réponse de l'animatrice a été divulguée, entraînant la colère, sinon la nausée, parmi la gente journalistique en premier lieu et un nombre croissant de citoyens.
Voici en quoi peuvent être résumés les propos de l'animatrice, lâchement agressée par la bile venimeuse de la journaliste. "Je suis allée pour une affaire à régler, au siège d'un tel journal. J'ai été effrayée de rencontrer dans l'escalier une sorcière dont le visage était tellement fripé qu'il m'a donné l'impression qu'il fallait urgemment le détendre au fer à repasser...."
Et de citer le nom de la dite sorcière qui s'avère être celui de l'effrontée journaliste qui ajoute-t-elle aurait mieux fait de garder sa maison pour s'occuper de ses enfants.
Hé ! ! ! Réveillez-vous ! Vous ne rêvez pas. Cela se passe chez vous.
Que se passe-t-il donc dans ce pays de tolérance qui est le nôtre ?
Un journaliste risque-t-il d'être traité de moche, d'abominable, de voyou, de perdant, de pauvre type de cireur de chaussures, de mendiant, de petit trafiquant chaque fois qu'il va émettre un avis qui risque d'énerver telle ou telle personne ou institutions puissantes ?
Ceci s'il ne risque par tout bonnement de se faire casser la gueule au lieu qu'elle soit déridée au fer à repasser.
Après les déclarations de nos chantres des arts qui ont déclaré qu'on pouvait acheter un journaliste tunisien au prix d'un sandwich et d'une bouteille d'eau gazeuse, voilà que nos éminents animateurs ayant l'aval absolu de leurs seigneurs et maîtres, ramenant le niveau d'échange entre les deux professions ; bien au-dessous du caniveau.
Cela est-il voulu ? A voir le nombre croissant de ce genre d'échanges sur nos ondes, l'on est en droit de se poser la question.
Dans un champ audiovisuel où l'on parle sport sept, jours sur sept en passant des prévisions pendent trois jours avant la rencontre, en écoutant l'animateur commenter la rencontre pendant son déroulement et en se chamaillant ensuite pendant trois jours, entre analystes auto-improvisés, rajoutons à cela les frasques et déclarations de guerre presque quotidiennes des dirigeants des clubs et des animateurs, alors que le niveau même de notre football semble être descendu volontairement aux oubliettes, rien d'étonnant alors à ce que le crâne des pauvres spectateurs finisse par ressembler à des ballons remplis d'air pompé dans l'eau des marécages où ne subsiste aucune trace de réflexion... aucune pensée... aucune graine de conscience.
On semble avoir oublié que les stations de radio-télévision ne sont pas uniquement faites pour le divertissement (généralement très bas de gamme) mais aussi, et tout d'abord, pour l'information, l'éducation et la vulgarisation du savoir et de l'évolution civilisationnelle.
Nos médias comme nos arts doivent refléter notre société. Est-ce que nous sommes réellement tombés aussi bas ?
Ce droit de lynchage, de crêpage de chignon et ces insultes entre mauvais coqs de combat a-t-il été délivré sciemment par une autorité précise ? Pour quelle raison ?
Le temps n'est pas venu pour qu'on puisse débattre d'autre chose que de football et des prises de bec de basse cour ?
On entend de plus en plus les aînés déclarer que nos jeunes ne savent rien de leur histoire, de leur présent ni de leur avenir.
Il y a peut-être des raisons à cela et ils ne sont, sûrement pas, les seuls responsables.
Ce dernier événement serait-il la dernière goutte qui a fait déborder le vase ?
Tant que les choses ne seront pas prises à la racine, l'on est en droit d'en douter. Les bourdes et dérapages vont donc continuer à pleuvoir.
A lire également : Le mea culpa de Nabil Karoui
Hechmi Ghachem est journaliste-chroniqueur tunisien. Il collabore actuellement au quotidien Le Temps d’où a été tirée cette Tribune, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Le titre actuel étant de la rédaction, le titre original est "La goutte".
Un malheur n'arrivant jamais tout seul, les bourdes ou dérapages consciemment voulus ou fortuits continuent à pleuvoir à verse sur nos ondes.
La dernière en date est un exemple sans précédent de finesse. Nous devons tous, en tant que téléspectateurs, créer un prix qu'on appellerait le "Prix du Non Retour" qu'on décernera à l'animatrice dont l'éducation et le savoir vivre dépassent de loin ceux des princesses fréquentant les collèges internationaux les plus réputés en la matière.
Voici les faits tels qu'ils nous ont été relatés. Une journaliste connue pour ses critiques hebdomadaires des émissions télévisuelles (Samira Dami, NDLR), a osé relever une habitude, récemment acquise et qui consiste à inviter le propriétaire de la chaîne sur le plateau pour vanter ses mérites et celles de ses collaborateurs. Cela concerne deux stations privées (Hannibal TV et Nessma TV, NDLR). Une animatrice de l'une d'entre elles (Maha Chtourou, Nessma TV, NDLR) a voulu répondre directement aux propos de cette effrontée.
Directement lors du passage de l'émission à laquelle elle participe (Ness Nessma, NDLR). Elle s'est sentie sûrement bassement visée par la journaliste et elle a mille fois le droit de lui répondre.
C'est même ce que confirmera le boss de la dite chaîne (Nabil Karoui, NDLR), une fois que la réponse de l'animatrice a été divulguée, entraînant la colère, sinon la nausée, parmi la gente journalistique en premier lieu et un nombre croissant de citoyens.
Voici en quoi peuvent être résumés les propos de l'animatrice, lâchement agressée par la bile venimeuse de la journaliste. "Je suis allée pour une affaire à régler, au siège d'un tel journal. J'ai été effrayée de rencontrer dans l'escalier une sorcière dont le visage était tellement fripé qu'il m'a donné l'impression qu'il fallait urgemment le détendre au fer à repasser...."
Et de citer le nom de la dite sorcière qui s'avère être celui de l'effrontée journaliste qui ajoute-t-elle aurait mieux fait de garder sa maison pour s'occuper de ses enfants.
Hé ! ! ! Réveillez-vous ! Vous ne rêvez pas. Cela se passe chez vous.
Que se passe-t-il donc dans ce pays de tolérance qui est le nôtre ?
Un journaliste risque-t-il d'être traité de moche, d'abominable, de voyou, de perdant, de pauvre type de cireur de chaussures, de mendiant, de petit trafiquant chaque fois qu'il va émettre un avis qui risque d'énerver telle ou telle personne ou institutions puissantes ?
Ceci s'il ne risque par tout bonnement de se faire casser la gueule au lieu qu'elle soit déridée au fer à repasser.
Après les déclarations de nos chantres des arts qui ont déclaré qu'on pouvait acheter un journaliste tunisien au prix d'un sandwich et d'une bouteille d'eau gazeuse, voilà que nos éminents animateurs ayant l'aval absolu de leurs seigneurs et maîtres, ramenant le niveau d'échange entre les deux professions ; bien au-dessous du caniveau.
Cela est-il voulu ? A voir le nombre croissant de ce genre d'échanges sur nos ondes, l'on est en droit de se poser la question.
Dans un champ audiovisuel où l'on parle sport sept, jours sur sept en passant des prévisions pendent trois jours avant la rencontre, en écoutant l'animateur commenter la rencontre pendant son déroulement et en se chamaillant ensuite pendant trois jours, entre analystes auto-improvisés, rajoutons à cela les frasques et déclarations de guerre presque quotidiennes des dirigeants des clubs et des animateurs, alors que le niveau même de notre football semble être descendu volontairement aux oubliettes, rien d'étonnant alors à ce que le crâne des pauvres spectateurs finisse par ressembler à des ballons remplis d'air pompé dans l'eau des marécages où ne subsiste aucune trace de réflexion... aucune pensée... aucune graine de conscience.
On semble avoir oublié que les stations de radio-télévision ne sont pas uniquement faites pour le divertissement (généralement très bas de gamme) mais aussi, et tout d'abord, pour l'information, l'éducation et la vulgarisation du savoir et de l'évolution civilisationnelle.
Nos médias comme nos arts doivent refléter notre société. Est-ce que nous sommes réellement tombés aussi bas ?
Ce droit de lynchage, de crêpage de chignon et ces insultes entre mauvais coqs de combat a-t-il été délivré sciemment par une autorité précise ? Pour quelle raison ?
Le temps n'est pas venu pour qu'on puisse débattre d'autre chose que de football et des prises de bec de basse cour ?
On entend de plus en plus les aînés déclarer que nos jeunes ne savent rien de leur histoire, de leur présent ni de leur avenir.
Il y a peut-être des raisons à cela et ils ne sont, sûrement pas, les seuls responsables.
Ce dernier événement serait-il la dernière goutte qui a fait déborder le vase ?
Tant que les choses ne seront pas prises à la racine, l'on est en droit d'en douter. Les bourdes et dérapages vont donc continuer à pleuvoir.
A lire également : Le mea culpa de Nabil Karoui
Hechmi Ghachem est journaliste-chroniqueur tunisien. Il collabore actuellement au quotidien Le Temps d’où a été tirée cette Tribune, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Le titre actuel étant de la rédaction, le titre original est "La goutte".
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