Chroniques
Lorsque le maire se réveillera

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Par Nizar BAHLOUL
Mardi dernier, une info est venue éclabousser le Tout Tunis politico-économique qui s’attendait, en ces moments-là, à un remaniement ministériel, plutôt qu’à cette information touchant le poste du maire de Tunis "révoqué " de ses fonctions.
Officiellement, rien n’est venu expliciter cette décision de révocation. Officieusement, il s’agit de l’émission télévisée de Moez Ben Gharbia qui a mis au jour des manquements graves aux obligations d’un maire à l’égard de ses administrés.
Un citoyen muni d’un jugement en bonne et due forme en sa faveur n’a pas réussi à le faire exécuter, car les services de Monsieur le Maire, avaient d’autres choses à faire qu’appliquer les décisions de justice.
Face à ce déni manifeste de justice, le citoyen est allé se plaindre auprès de personnes haut placées. Mais la démarche n’a perturbé aucunement les services de Monsieur le Maire qui n’appliquent pas les décisions de justice et n’écoutent pas les recommandations de pistons venus rappeler des questions basiques de bon sens.
Dans n’importe quel pays au monde, c’est la loi qui prime pour tous les citoyens quels qu’ils soient. Dans certains pays du monde, où la loi est appliquée saisonnièrement et à la tête du client, on sait écouter les recommandations des personnes haut placées. Mais à la mairie de Tunis, on a d’autres priorités que d’appliquer les décisions de justice et d’écouter les personnes haut placées.
Le citoyen, contrairement à des milliers de ses pairs, n’a pas abdiqué et est allé voir les journalistes d’une émission télévisée. Démarche d’une personne qui a perdu tout espoir quand on connaît la réputation et le pouvoir quasi-nul des journalistes en Tunisie.
Les journalistes ont pris leurs micros de pèlerin et sont allés enquêter auprès des services de la mairie.
On a bien dû rigoler ce jour-là, à la mairie où il n'y a même pas un attaché de presse. Mais pour qui se prennent-ils ces Moez Ben Gharbia, Fethi El Mouldi et Sami Fehri ? Ils se croient supérieurs à la loi et aux personnes haut placées ou quoi ? Face à la fin de non-recevoir des services de Monsieur le maire, l’émission a été diffusée. Elle a relaté les déboires du citoyen désabusé et a montré que la loi n’est pas appliquée. Elle a prouvé que les personnes haut placées n’ont pas de pouvoir dans les arcanes de la mairie et a rappelé que les journalistes sont bien méprisés dans ce pays.
Au lendemain de la diffusion de l’émission, les services de Monsieur le maire ont dû bien rigoler. Avant, il n’y avait que les Tunisois qui connaissaient leur pouvoir et leur suprématie. Maintenant, c’est toute la Tunisie qui connait leur autorité et leur hégémonie.
Sauf qu’il y a un mais. Il se trouve que la Tunisie n’est pas le Bananoustan. A ceux qui l’ont oublié, le Chef de l’Etat est venu le rappeler et son coup de massue est tombé : dehors ! Le président de la commune de Tunis est révoqué de ses fonctions, pour reprendre la formulation exacte telle qu’utilisée dans le Journal officiel. Ce n’est pas une première. Avant Tunis, il y avait Sidi Bou Saïd, la Goulette, et j’en passe. Mais que voulez-vous ! Quand on ne sait ni appliquer les lois, ni écouter les personnes avisées, cela prouve qu’on ne connaît, certainement, pas le célèbre adage : « Ca n’arrive pas qu’aux autres ! ».
Sauf qu’il y a un deuxième mais. La mairie de Tunis, dont on parle, n’est pas la seule à faire peu de cas des lois et des citoyens. Il y en a beaucoup d’autres dont les agissements sont connus par leurs seuls administrés. Des exemples, il y en a à la pelle.
Prenons celui de l’Ariana, pour ne pas s’éloigner de Tunis. Sur l’avenue Ahmed Tlili, une des avenues principales de ce quartier chic d’El Menzah V, on voit une bâtisse dont les murs ont été sauvagement détruits par une pelleteuse. Vérification faite, la pelleteuse appartient à la mairie de l’Ariana dont les services ont ordonné cette destruction de mur. Motif : construction anarchique et sans autorisation. Ca fait mal, mais on s’en réjouit puisqu’il semble que la mairie de l’Ariana applique les lois.
Sauf qu’il y a un troisième mais. Quid des autres constructions bâties, elles aussi, sans autorisations et aussi anarchiquement que celle dont on parle et ce sur la même avenue ? Quid de ces autorisations qu’on délivre à la tête du « client » (Excusez-moi de ne plus parler d’administrés), qu’on refuse aux uns et qu’on consent aux autres ? Pourquoi le magasin X a le droit d’aménager sa terrasse et son voisin Y se voit refuser les mêmes faveurs ? Pourquoi ferme-t-on les yeux sur l’un et envoie-t-on une pelleteuse pour l’autre ?
De pareils exemples, il y en a à la pelle et beaucoup de nos maires (notamment des grandes circonscriptions) se croient comme celui de Tunis, au dessus de tous. Et même s’ils ne se croient pas au dessus de tous, ils agissent comme tels.
Suggestion pour finir : que l’émission de Moez Ben Gharbia devienne quotidienne et s’occupe exclusivement des mairies, il y a facilement de quoi remplir la grille de deux-trois ans d’émissions. Audimat garanti.
A lire également : Municipalité de Tunis - Mohamed Béji Ben Mami succède à Abbès Mohsen
Mardi dernier, une info est venue éclabousser le Tout Tunis politico-économique qui s’attendait, en ces moments-là, à un remaniement ministériel, plutôt qu’à cette information touchant le poste du maire de Tunis "révoqué " de ses fonctions.
Officiellement, rien n’est venu expliciter cette décision de révocation. Officieusement, il s’agit de l’émission télévisée de Moez Ben Gharbia qui a mis au jour des manquements graves aux obligations d’un maire à l’égard de ses administrés.
Un citoyen muni d’un jugement en bonne et due forme en sa faveur n’a pas réussi à le faire exécuter, car les services de Monsieur le Maire, avaient d’autres choses à faire qu’appliquer les décisions de justice.
Face à ce déni manifeste de justice, le citoyen est allé se plaindre auprès de personnes haut placées. Mais la démarche n’a perturbé aucunement les services de Monsieur le Maire qui n’appliquent pas les décisions de justice et n’écoutent pas les recommandations de pistons venus rappeler des questions basiques de bon sens.
Dans n’importe quel pays au monde, c’est la loi qui prime pour tous les citoyens quels qu’ils soient. Dans certains pays du monde, où la loi est appliquée saisonnièrement et à la tête du client, on sait écouter les recommandations des personnes haut placées. Mais à la mairie de Tunis, on a d’autres priorités que d’appliquer les décisions de justice et d’écouter les personnes haut placées.
Le citoyen, contrairement à des milliers de ses pairs, n’a pas abdiqué et est allé voir les journalistes d’une émission télévisée. Démarche d’une personne qui a perdu tout espoir quand on connaît la réputation et le pouvoir quasi-nul des journalistes en Tunisie.
Les journalistes ont pris leurs micros de pèlerin et sont allés enquêter auprès des services de la mairie.
On a bien dû rigoler ce jour-là, à la mairie où il n'y a même pas un attaché de presse. Mais pour qui se prennent-ils ces Moez Ben Gharbia, Fethi El Mouldi et Sami Fehri ? Ils se croient supérieurs à la loi et aux personnes haut placées ou quoi ? Face à la fin de non-recevoir des services de Monsieur le maire, l’émission a été diffusée. Elle a relaté les déboires du citoyen désabusé et a montré que la loi n’est pas appliquée. Elle a prouvé que les personnes haut placées n’ont pas de pouvoir dans les arcanes de la mairie et a rappelé que les journalistes sont bien méprisés dans ce pays.
Au lendemain de la diffusion de l’émission, les services de Monsieur le maire ont dû bien rigoler. Avant, il n’y avait que les Tunisois qui connaissaient leur pouvoir et leur suprématie. Maintenant, c’est toute la Tunisie qui connait leur autorité et leur hégémonie.
Sauf qu’il y a un mais. Il se trouve que la Tunisie n’est pas le Bananoustan. A ceux qui l’ont oublié, le Chef de l’Etat est venu le rappeler et son coup de massue est tombé : dehors ! Le président de la commune de Tunis est révoqué de ses fonctions, pour reprendre la formulation exacte telle qu’utilisée dans le Journal officiel. Ce n’est pas une première. Avant Tunis, il y avait Sidi Bou Saïd, la Goulette, et j’en passe. Mais que voulez-vous ! Quand on ne sait ni appliquer les lois, ni écouter les personnes avisées, cela prouve qu’on ne connaît, certainement, pas le célèbre adage : « Ca n’arrive pas qu’aux autres ! ».
Sauf qu’il y a un deuxième mais. La mairie de Tunis, dont on parle, n’est pas la seule à faire peu de cas des lois et des citoyens. Il y en a beaucoup d’autres dont les agissements sont connus par leurs seuls administrés. Des exemples, il y en a à la pelle.
Prenons celui de l’Ariana, pour ne pas s’éloigner de Tunis. Sur l’avenue Ahmed Tlili, une des avenues principales de ce quartier chic d’El Menzah V, on voit une bâtisse dont les murs ont été sauvagement détruits par une pelleteuse. Vérification faite, la pelleteuse appartient à la mairie de l’Ariana dont les services ont ordonné cette destruction de mur. Motif : construction anarchique et sans autorisation. Ca fait mal, mais on s’en réjouit puisqu’il semble que la mairie de l’Ariana applique les lois.
Sauf qu’il y a un troisième mais. Quid des autres constructions bâties, elles aussi, sans autorisations et aussi anarchiquement que celle dont on parle et ce sur la même avenue ? Quid de ces autorisations qu’on délivre à la tête du « client » (Excusez-moi de ne plus parler d’administrés), qu’on refuse aux uns et qu’on consent aux autres ? Pourquoi le magasin X a le droit d’aménager sa terrasse et son voisin Y se voit refuser les mêmes faveurs ? Pourquoi ferme-t-on les yeux sur l’un et envoie-t-on une pelleteuse pour l’autre ?
De pareils exemples, il y en a à la pelle et beaucoup de nos maires (notamment des grandes circonscriptions) se croient comme celui de Tunis, au dessus de tous. Et même s’ils ne se croient pas au dessus de tous, ils agissent comme tels.
Suggestion pour finir : que l’émission de Moez Ben Gharbia devienne quotidienne et s’occupe exclusivement des mairies, il y a facilement de quoi remplir la grille de deux-trois ans d’émissions. Audimat garanti.
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