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La drogue du violeur en Tunisie ? Tout ce qu'il faut savoir
29/04/2025 | 10:10
4 min
La drogue du violeur en Tunisie ? Tout ce qu'il faut savoir

Sur TikTok, une vidéo publiée par un compte portant le nom de "Docteur Chokri Salah" affirme qu'une substance dangereuse, appelée "GHB", se propage dans les lycées et universités tunisiennes. Selon l'auteur de la vidéo, il suffirait de verser quelques gouttes de cette drogue dans un verre d'eau pour provoquer, chez les jeunes filles et les femmes, un désir irrépressible d'avoir des relations sexuelles avec l'agresseur, sans qu'elles puissent s'en rendre compte. Il avance également que cette substance, qualifiée de "drogue du violeur", serait désormais plus répandue que les drogues classiques et causerait d'importants dégâts psychologiques et sociaux.

 

Après vérification, le compte TikTok appartient bien à un médecin généraliste inscrit à l'Ordre des médecins. Toutefois, l'information relayée nécessite des précisions importantes. D'abord, le terme "GHB" (gamma-hydroxybutyrate), fait référence à une drogue bien connue dans le milieu festif et malheureusement parfois utilisée à des fins criminelles. Le GHB est une substance qui agit sur le système nerveux central, initialement développée comme anesthésique. Il est incolore, sans goût prononcé, parfois légèrement amer ou salé, et peut rendre un verre légèrement trouble. Il est vrai que, dans certains cas, le GHB est utilisé pour droguer des victimes à leur insu, notamment en milieu festif, ce qui lui vaut le surnom de "drogue du violeur".

 

Les effets du GHB apparaissent cinq à vingt minutes après ingestion et peuvent durer quelques heures. Les consommateurs peuvent ressentir un relâchement musculaire, une euphorie, une désinhibition sexuelle, mais aussi des effets indésirables comme la perte de coordination, des vomissements, des pertes de mémoire et, à fortes doses ou en cas de mélange avec l'alcool, des comas, voire des décès. Selon plusieurs études, environ 25 % des consommateurs récréatifs de GHB rapportent une augmentation du désir sexuel sous son effet, et près d'un quart expérimentent des trous de mémoire pouvant exposer à des agressions sexuelles ou à d'autres formes de criminalité.

 

Quels effets ?

Les effets apparaissent en cinq à vingt minutes et durent plusieurs heures. Parmi les effets : Euphorie, désinhibition sexuelle, relâchement musculaire, troubles de la coordination, vomissements, perte de mémoire, perte de conscience, risque de coma ou de décès en cas de surdose ou de mélange avec de l’alcool

 

Le GHB ne provoque pas de consentement sexuel, bien au contraire, il altère totalement le discernement, rendant tout acte sexuel non consenti pénalement répréhensible.

 

Ce que dit la loi française ?

La loi n° 2018-703 du 3 août 2018 a renforcé la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. L’article 222-30-1 du Code pénal prévoit que :

« Le fait d’administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. »

L'article 222-23 définit le viol comme : 

 

 

Des peines aggravées sont prévues, notamment 7 ans de prison et 100 000 € d’amende si la victime est mineure ou vulnérable. En cas de viol aggravé (article 222-24, alinéa 15°), la peine peut aller jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle

Notons que même sans agression sexuelle, l'administration de substances nuisibles (par seringue, verre piégé, etc.) est punissable.

 

Ce que dit la loi tunisienne ?

La Loi organique n° 2017-58 du 11 août 2017 relative à l’élimination des violences faites aux femmes, modifie l'article 227 du Code pénal tunisien :

 

« Est considéré comme viol tout acte entraînant une pénétration sexuelle, quel qu’en soit la nature ou le moyen utilisé, sur une femme ou un homme, sans leur consentement. Le viol est puni de 20 ans de prison. »

Le consentement est considéré comme inexistant si la victime a moins de 16 ans.

Le viol est puni de la réclusion à perpétuité s’il est commis :

Sous la menace ou avec violence , avec usage d’armes, de drogues, de médicaments ou de substances narcotiques.

 

 

Comment réagir ?

Se mettre en sécurité immédiatement, se rendre à l’hôpital dès que possible pour un bilan toxicologique, idéalement dans les 10 heures après exposition au GHB (car il disparaît rapidement du sang), conserver les vêtements et éviter de se laver si une agression est suspectée, porter plainte en détaillant tous les éléments (lieu, heure, sensations, témoins, etc.)

 

À ce jour, aucune vérification officielle ou preuve concrète n'a permis de confirmer la propagation du GHB dans les établissements scolaires ou universitaires tunisiens. Les autorités tunisiennes n'ont pas publié de rapports publics sur une telle situation. Toutefois, cela ne doit pas empêcher la vigilance, l’éducation et la prévention dans les espaces fréquentés par les jeunes.




R.A.

29/04/2025 | 10:10
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