
Le tribunal administratif a décidé le 20 janvier dernier d’annuler la décision de suspension prise par le Conseil supérieur de la magistrature en juillet 2021 contre le procureur général Bèchir Akremi. Le tribunal administratif a estimé que le Conseil supérieur de la magistrature n’est pas habilité à statuer sur le dossier de l’ancien procureur général et qu’il y avait dans ce dossier plusieurs erreurs procédurales et autres qui entachaient la décision du CSM et la rendaient illégitime.
Une première remarque s’impose à ce niveau et constitue un préambule nécessaire à toute réflexion sérieuse sur le sujet. Le tribunal administratif n’a fait que son travail et n’est en aucun cas une partie prenante dans l’affaire Akremi. Il a toujours montré une intransigeance, une neutralité, un sérieux et une équité à toute épreuve. Cela a été démontré à plusieurs reprises sous le régime de Bourguiba ainsi que sous le régime de Ben Ali. Après la révolution, le tribunal administratif a réussi à garder le cap et a prononcé des jugements très courageux dont notamment ceux qui déboutent le ministre de la Justice de la troika Noureddine Bhiri et exigent la réintégration de dizaines de magistrats congédiés arbitrairement par Bhiri dans l’objectif, globalement réussi, de mettre au pas l’ensemble de la magistrature tunisienne. Avec la Cour des comptes, le tribunal administratif a toujours été un fleuron de notre justice et une source de fierté pour notre magistrature.
Partant de cette remarque, le problème semble se situer donc au niveau du Conseil supérieur de la magistrature. Mais avant d’aborder ce volet, il serait juste que ceux qui ont critiqué, soupçonné, insulté même, l’ancienne ministre de la Justice, présentent aujourd’hui leurs excuses à Hasna Ben Slimane. Elle avait été la première à relever les faiblesses procédurales dans le dossier de l’ancien procureur de la République, présenté par le ministère de la Justice au Conseil supérieur de la magistrature, et avait demandé de récupérer le dossier pour le corriger. Sa requête a été refusée par le Conseil pour des raisons qui semblaient obscures alors mais qui trouvent leur explication aujourd’hui dans le verdict du tribunal administratif.
La question qui se pose est comment les membres du Conseil supérieur de la magistrature, forts de leurs expériences et de leur ancienneté, une quinzaine d’années au minimum, qui plus est, sont les patrons de notre système judiciaire, ne se sont pas rendus compte des faiblesses du dossier de Akremi et des failles dans leur décision de le suspendre de ses fonctions. Ont-ils refusé de remettre le dossier au ministère de la Justice qui le leur demande par entêtement, pour montrer et consolider leur autonomie et leur indépendance à l’égard du pouvoir exécutif ?
Plus grave encore, il y a lieu de se demander si tout cela n’a pas été soigneusement planifié. En ce mois de juillet 2021, les affaires de Taieb Rached et de Béchir Akremi avaient secoué l’opinion publique. Le Conseil supérieur de la magistrature était sous la pression de la rue et se devait de prendre une décision. Cela a été fait pour calmer la foule, tout en laissant la porte ouverte pour rendre ses décisions caduques par un simple recours devant le tribunal administratif. Si le Conseil avait agi dans cet esprit, cela aura été une manœuvre intelligente de sa part. Seulement, ce qui n’était pas prévu, c’est la fixation faite par le président Kaïs Saïed sur la justice et sur le Conseil supérieur de la magistrature en particulier, ce qui a eu pour conséquence de garder intact l’intérêt de l’opinion publique à tout ce qui touche à la justice dont le dossier de l’ancien procureur de la République.
Rien que pour sa bourde donc dans le dossier de Béchir Akremi, et sans être d’accord avec la vision despotique du président de la République concernant la justice, le Conseil supérieur de la magistrature doit être dissous.



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Mais ... a découvrir ... : Cette curieuse "ommission" des faiblesses dudit dossier, est-elle involontaire ... ou réfléchie ; voulue ?
Eventuellement, ... pour ne pas avoir a le démettre de ses fonctions ... ?
D'abord, on ne dissout pas une instance judiciaire pour le simple fait qu'un verdict rendu a été déjugé par une autre instance. C'est le fonctionnement meme de la justice, on peut faire appel, se pourvoir en cassation, soulever des vices de procédures, ca se passe tous les jours. Selon ce raisonnement, on peut dissoudre tous les tribunaux en arguant que leurs verdicts ont été annulés en appel.
Vous émettez l'hypothese que la décision rendue par le CSM étaient sciemment viciée de sorte qu'elle puisse être annulée par un simple recours. Cela s'entend, mais ou sont les preuves de ce calcul machiavélique que vous prêtez aux magistrats ? Cela reste de l'ordre de la spéculation.
Vous rendez donc un verdict lourd, a savoir la dissolution, sur la base d'une simple hypothèse non étayée. Permettez-moi de vous dire, cher Monsieur, que votre dossier est encore plus fragile que celui du ministère de la justice, et vous commettez par conséquent la meme erreur que celle que vous reprochez au CSM :)
Un peu de rigueur intellectuelle svp. On a déjà un Président qui mélange des choux et des carottes a longueur de journée, il ne faudrait pas que nos "élites" se laissent aller au meme niveau de médiocrité.
IRRESPONSABLE
De cette erreur fondamentale, vient la deuxième qui est pointé du doigt par le TA : l'auto-saisine du recours disciplinaire.
Beaucoup de fautes : n'est pas la moindre celle de ne pas respecter la distinction entre autorité qui poursuit et autorité qui juge !!!
Merci pour ces précieux éclaircissements.
Vous donnez le sentiment de connaître le dossier de l'intérieur. La conclusion ouverte laisse deviner le respect de l'obligation de réserve.
La somme des approximations et errements accablants pointés par vos soins pose avec plus d'acuité encore la question de l'opportunité de maintenir en vie un organe au mieux inutile, au pire nocif.
Bien à vous.
Costume caractérisant une profession d'intérêt général et / ou de service public et dont la forme, le tissu, la couleur sont définis par un règlement.
Qui présente des éléments tous semblables ; dont toutes les parties sont ou paraissent identiques.
Qui ne varie pas ou peu ; dont l'aspect reste le même
En Tunisie, depuis le début des années 80: le déni de droit l'impunité l opacité le népotisme sont des éléments structurels de l'exercice des fonctions d'intérêt général et régalien
Il n'y a donc pas que le CSM qui devrait être dissous pour mette en place les fondements institutionnels d'un Etat de Droit
Loin s'en faut
"Depuis le début des années 80...". Bien plus loin en encore.
J'ai le souvenir d'un père de famille qui n'avait pas la langue dans sa poche. Verbalisé sans raison valable par un policier, il lança bravache : " les autorités vous ont fourni un ceinturon et un sifflet juste pour m'oppprimer".
"L'hakem atak centoura w zaffara bèch tahqarni".
Cela a toujours été ainsi.
Cela n'est pas près de finir.
Bien à vous.
Monsieur SBH a bien mérité de (la présidence de)la République, et à ce titre, il lui sera décerné la médaille en contre-plaqué de l'Ordre de Zaqafouna, s'il vous plaît, pour services rendus à Sa Béatitude d'El Menihla !
Mais la girouette tourne de plus en plus vite ma parole!
Le CSM a joué son rôle de régulateur !
Et il l'a fait pour éviter aux Tunisiens, une guerre civile !!!
Merci mr sofiane d avoir gardé votre lucidité et bon sens
Je ne me retrouve plus avec les journalistes de business news tellement ils sont aveuglés par la haine qu ils vouent au président
Ils auraient préféré un président comme karoui
En février/mars 1977, Tunis vécut des heures difficiles. Grèves à l'appel de l'UGTT, scènes de pillage, manifestations mêlant ouvriers et étudiants etc...Pour casser l'UGET et le mouvement étudiant venus au soutien de la centrale syndicale de Habib Achour, le pouvoir procéda le 3 mars, à l'exclusion arbitraire de plusieurs dizaines d'étudiants. L'IPSI, alors sous la direction de Moncef Chennoufi paya un lourd tribut. Une charrette. Fait du prince. Sans s'encombrer d'un passage devant un quelconque conseil de discipline ni aucune autre forme de procès.
Retrait de la carte d'étudiant à l'entrée de l'établissement alors sis à Montfleury, suivi d'un courrier lapidaire à l'adresse des parents.
Certains firent leurs vies et études ailleurs. Ceux-là qui saisirent le tribunal administratif obtinrent l'annulation de la scélérate décision.
Ils en savent toujours gré à ladite juridiction. Pour son courage et sa droiture.
Merci de me fournir l'occasion de rendre hommage à ces hommes d'honneur.
Quant à l'attitude d'un CSM, aréopage de hauts magistrats, cher payés, avec toute latitude pour s'entourer des meilleurs conseils de leurs pairs et universitaires, sans parler de leurs supposées expérience et fine connaissance des subtilités des textes et de la procédure, en arriver à un tel degré d'amateurisme ou, pire, de machiavélisme, ôte toute légitimité à ce machin lourd, coûteux, condescendant et somme toute en faillite au regard de la mission à lui assignée : mettre de l'ordre dans l'institution.
Errare humanum est. Errare perseverare diabolicum.
CSM delenda est.
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Ce machiavélisme voulu par les membres du CSM, main dans la main avec et sous les ordres de la nahdha, est leur dernier baroud d'honneur (HIHIHI quel mot mal employé!!!)
Maintenant devant une telle incompétence ou une telle forfaiture (je vous laisse le choix des termes), KS n'a pas d'autre choix que de dissoudre le CSM et c'est tant mieux!
Merci pour votre retour.
Forfaiture est le terme qui, à mon sens convient le mieux
A côté, l'incompétence serait presque pardonnable.
Bien à vous.
Cela montre encore une fois la malhonnêteté de nos chers juges !!!
La solution ? La dissolution !!!

