
« Alors que la Tunisie célèbre le 10ème anniversaire de la révolution, le pays est confronté à des défis socio-économiques sans précédent. En raison d'une série d'ondes de choc dans l’économie au cours de la dernière décennie et du retard dans l'engagement de réformes profondes, la Tunisie s’est trouvée peu préparée pour faire face à un choc violent comme celui provoqué par la Covid-19 », a indiqué le Rapport annuel de suivi de la situation économique de la Tunisie de 2020 publié par la Banque mondiale.
« Alors que l’année 2020 touche à sa fin, l’ampleur des répercussions de la pandémie sur l’économie tunisienne se fait de plus en plus ressentir. La Tunisie doit faire face à une baisse de croissance plus marquée que celle des autres pays homologues de la région, la crise se rajoute à une situation de croissance lente et d’endettement en hausse », lit-on dans ce même document.
Le tableau brossé par la Banque mondiale n’est pas luisant car si certains indicateurs se sont améliorés, c’est à cause de la pandémie. Mais, la hausse de certains autres est alarmante, notamment la pauvreté qui devrait atteindre 21% de la population en 2020, le déficit budgétaire qui passe à 10,5% du PIB outre la dette publique qui augmenterait à 89% du PIB en 2020, comparativement à 72% du PIB en 2019.
Les perspectives s’annoncent difficiles et incertaines, pensent les experts de la Banque mondiale. « Après une contraction attendue de 9,2% en 2020, la croissance devrait temporairement s’accélérer pour se situer à -5,8% en 2021 à mesure que les effets de la pandémie commencent à s’atténuer, avant de revenir à une trajectoire plus modérée de près de 2% d’ici à 2022, en raison des défaillances structurelles préexistantes », a expliqué le rapport.
Et d’ajouter : « Les risques à la baisse qui pèsent sur ces perspectives sont importants, au vu de l’ampleur de la deuxième vague de pandémie qui continue de sévir et de son impact sur les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie. Dans le même ordre d’idées, on s’attend à ce que le déficit du compte courant commence à s’améliorer avec la reprise des exportations, quoiqu’à un rythme lent et incertain. Les perspectives budgétaires misent sur un cadre budgétaire serré et une marge de relance budgétaire limitée, l’impact de la pandémie devant s’étendre jusqu’en 2021. Les risques budgétaires liés à la croissance incessante de la masse salariale, aux subventions, aux retraites et à la faible performance des entreprises publiques commencent à se faire concrètement sentir et, à défaut d’être gérés de manière proactive, risquent de compromettre les efforts de relèvement engagés ».
Les experts recommandent ainsi que « la prochaine mesure importante que la Tunisie se doit d’entreprendre pour passer avec succès au travers de cette crise consiste à élaborer un programme cohérent de relance de l’économie et de réhabilitation de la crédibilité du cadre macroéconomique. La première priorité consiste, bien sûr, à sauver des vies, à travers le contrôle de la pandémie et la mise à disposition, de la population, de vaccins contre le virus Covid-19 ».
Pour eux, c’est en réhabilitant la crédibilité du cadre macroéconomique qu’on arrive à jeter les bases nécessaires à une reprise plus durable de la croissance.
« Plus particulièrement, il s’agit de mettre l’accent sur le financement durable de la relance, de manière qui permet de gérer les niveaux d’endettement. Cela exige de restructurer les finances publiques en endiguant la masse salariale, en faisant passer l’aide sociale des subventions aux transferts ciblés et en maîtrisant les risques budgétaires induits par les entreprises publiques, le tout dans l’objectif de dégager plus de ressources en faveur de l’investissement public et de la relance. Au vu de l’espace budgétaire limité et de la position extérieure fragile du pays, le pivot du plan de relance réside dans l’engagement de réformes structurelles visant à stimuler les performances du secteur privé. La relance se trouverait freinée en l’absence de programme ambitieux qui ravive la croissance des entreprises », a certifié le rapport.
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