Plus de cent avocats ont signé, ce lundi 6 juin 2022, un communiqué affirmant leur soutien aux magistrats et leur adhésion à toutes les décisions prises à l’issue du conseil national urgent organisé par l’Association des magistrats tunisiens le 4 juin 2022.
Les avocats signataires ont affirmé leur soutien aux juges visés par le chef de l’Etat indiquant que Kaïs Saïed veut asseoir son autorité sur le système judiciaire en s’attaquant aux magistrats et en les privant de leur droit à être représentés avant d'engager toute action disciplinaire à leur encontre, considérant cette manière de faire comme légalement nulle.
« Nous notons les graves soupçons sur le rôle de certains réseaux suspects de sécuritaires et le rôle de la famille du chef de l'Etat dans l'élaboration de la liste selon les témoignages d'un certain nombre de juges révoqués » soulignent les signataires avant de dénoncer le laxisme du bâtonnier, Brahim Bouderbala et du Conseil de l’ordre national des avocats face à l’attaque subie par les magistrats, les appelant à s’exprimer officiellement sur le décret 516.
Le conseil national convoqué d’urgence par l’Association des magistrats tunisiens (AMT) a voté en faveur de la tenue d’une grève à partir du lundi 6 juin 2022 en guise de protestation contre la révocation de 57 magistrats par décret présidentiel. La grève concerne l’ensemble des institutions judiciaires. La durée a été fixée à une semaine renouvelable. Ainsi, l’ensemble des séances et des services au sein des tribunaux seront suspendus à l’exception de l’obtention des autorisations d'inhumation et les affaires de terrorisme hautement importantes. Un sit-in dans l’ensemble des établissements judiciaires a, également, été approuvé par vote du conseil national.
Les magistrats ont décidé de ne pas se présenter aux postes vacants suite à la révocation de leurs collègues et aux instances régionales relevant de l’Instance supérieure indépendante pour les élections.
L’Association des magistrats tunisiens (AMT), a annoncé ce soir que ce premier jour de grève est un succès et que 99% des magistrats appelés dans les différents pôles, ont répondu présents.
Le président de la République a, rappelons-le, annoncé, le 1er juin, la révocation – sans possibilité de recours – de 57 juges, dont le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dissous par Saïed, Youssef Bouzakher, l’ancien procureur de la République, Béchir Akremi, l’ancien premier président de la Cour de cassation, Taieb Rached et l’ancien substitut du procureur de la République, Sofiene Sliti. Ceux-ci sont accusés, par Kaïs saïed, d’entrave à la justice et plusieurs autres dépassements.
M.B.Z