Le limogeage du ministre des Affaires religieuses a été bien accueilli par beaucoup, surtout ceux qui se prétendent de la sphère démocratique. Malheureusement, dans leur enthousiasme, ils n’ont pas vu que ce limogeage ne s’est pas fait pour les bonnes raisons et qu’il porte gravement atteinte au prestige de l’Etat et à la souveraineté du pays.
Il est vrai que le ministre des Affaires religieuses était fortement contesté dès l’annonce de sa nomination, en raison de ses déclarations sur la nécessité d’appliquer la Charia, une position en contradiction totale avec ses dernières déclarations au sujet de la relation étroite entre le Wahhabisme et le terrorisme. Ces déclarations lui ont d’ailleurs attiré les foudres des « frères » saoudiens et lui ont coûté son poste au sein du gouvernement. Depuis un certain été de 1987, on ne se souvient pas d’une présence gouvernementale aussi éphémère.
Certains penseraient même qu’il ne serait pas surprenant, même si c’est maladroit de sa part, sachant qu’il traine toujours lourdement le boulet de ses anciennes déclarations salafistes et radicales, le ministre des Affaires religieuses se serait saisi de la première occasion pour afficher son attachement à la lecture Zeitounienne de la religion musulmane.
Un attachement qu’il a voulu tellement ostentatoire qu’il lui a fait oublier les réserves d’usage qu’un ministre en poste doit observer, surtout quand il s’agit de dossiers qui peuvent avoir des incidences diplomatiques ou politiques. En ce sens, le ministre des Affaires religieuses a réellement fait un faux pas.
Néanmoins, sur le fond, le ministre des Affaires religieuses n’avait-t-il pas raison de stigmatiser le Wahhabisme et dénoncer ses liens évidents avec le terrorisme ? La Tunisie n’est-elle pas engagée officiellement dans une guerre contre le terrorisme ? Le terrorisme ne se nourrit-il pas des idées wahhabistes et ne se propage-t-il pas grâce aux largesses et à la manne financière des Wahhabites aussi bien officiels qu’officieux ? Les déclarations du ministre des Affaires religieuses ne reprennent-elles pas en substance la réponse des ulémas de la mosquée Zeitouna au leader du Wahhabisme au début du siècle dernier ?
Mais soit. Le ministre des Affaires religieuses a commis un impair. De là à dire comme l’a affirmé l’un des conseillers à la présidence, qu’il a commis une faute grave, il y a emphase. Le président du premier bloc parlementaire est allé quant à lui encore plus loin. Il a déclaré avec toute l’assurance du monde, que nos relations avec l’Algérie, la Libye et l’Arabie Saoudite entrent dans le cadre de la sécurité nationale. En vérité la liste des pays à qui on attribue ce statut particulier est très variable selon les périodes et selon les intérêts des gouvernants en place.
Il fût en effet un temps où certains ont tenté de nous convaincre que la Turquie était pour nous le grand frère et qu’elle était un exemple à suivre. L’ancien président provisoire ne s’est pas gêné quant à lui, de menacer quiconque qui oserait s’attaquer à son mentor, le Qatar.
Le vrai problème dans cette affaire, c’est la nature de nos relations actuelles avec le régime saoudien. Il semblerait que nous sommes contraints malheureusement de faire le grand écart entre notre position historique, naturelle, de principe, contre l’islam radical ; et nos engagements politiques récents au sein de l’axe dit musulman et conduit par l’Arabie Saoudite. Pour acquit de conscience, il faut souligner que les forces armées se réclamant de cet axe, font des ravages qui s’apparenteraient de plus en plus à un génocide au Yémen, sous les regards complices et hypocrites de tous. De ce fait, il est aisé de comprendre que l’éviction du ministre des Affaires religieuses était une exigence saoudienne. Il serait autant aisé de comprendre que quand on fait de telles concessions, on y laisse souvent un peu de notre souveraineté nationale et beaucoup de notre dignité.
Ceci étant, le ministre des Affaires religieuses aurait dû être démis de son poste ministériel, le jour même, mais pour les bonnes raisons. Ses déclarations devant les parlementaires affirmant qu’il a demandé aux partis politiques de lui présenter des listes de candidats au poste d’imams sont choquantes et inacceptables.
En effet, ces déclarations sont dangereuses, graves et sapent le principe de la neutralité des lieux de culte, principe clairement consigné dans la Constitution tunisienne. Ces déclarations donnent la preuve que le ministre des Affaires religieuses compte adopter au sein de son département, une politique anticonstitutionnelle, ce qui constitue une raison valable et suffisante pour son éjection du gouvernement.
Ce qui est désolant dans cette affaire, c’est que notre pays se veut être un Etat de droit qui s’inquiète pour ne pas froisser les sentiments de ses alliés, mais qui s’inquiète moins, sinon guère, du non respect de sa loi fondamentale.


Commentaires (14)
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@Abel Chater| 07-11-2016 08:47
Peu importe!
"Tu quoque mi fili! Toi-aussi, mon fils"
La pertinence de cette pensée résume assez bien la mésaventure vécue par le ci-devant ministre des affaires religieuses.
On a glosé beaucoup autour de cette affaire sans réellement mettre en avant la peur panique qu'a suscitée ce "Brutus" dans l'ensemble du corpus Wahhabite.
Il fit peur dans le landerneau Khalijite par des propos presque révolutionnaires. Oui, vous lisez bien « révolutionnaires ». Comment, se fait-il que ce Zeitounien -connu pour son allégeance à l'imprimatur (sans e) Nahdhaoui(Fils d'entre les fils)a-t-il osé ruer dans les brancards en proférant à l'endroit de la « Sainte » Arabie et ses satellites des paroles aussi osées ? Lui, le salafiste pur et dur. Renversant. Du jamais vu!
Il fut, donc, à son corps défendant, l'amorce d'un contre-modèle à bannir ou le balbutiement d'un antihéros à circonscrire impérativement de peur que le feu n'embrase d'autres contrées musulmanes sujettes aux convulsions émancipatrices ou attentives à l'idée même d'indépendance doctrinaire. Car, il n'y a pas que l'occident mécréant, arrogant ou impie contre lequel les islamistes combattent, il y a aussi les modèles antagonistes non soumis à la chariaâ comme la Tunisie, pays marqué par une idéologie séculariste que le Bourguibisme a arrimée et renforcée.
La Tunisie n'est pas tant haïe parce qu'elle est anti-islamique, mais surtout parce qu'elle incarne un universalisme, prosélyte à sa manière, un rival dans la course à l'hégémonie et au magistère moral universels que la bien-pensance Wahhabite entend exercer seule. L'intangibilité du dogme ne relève pas du simple mythe éculé; elle doit recevoir sur le terrain réaffirmation et consécration.
Il faut donc arrêter de toute urgence de diffuser en terre islamique (Dar al Islam) le venin de la laïcité, du matérialisme, de l'individualisme, de l'émancipation, de l'hédonisme ou de l'égalité des sexes.
Le limogeage-sanction du ministre des affaires religieuses apparaît, donc, comme la « légitime » rétribution encourue par celui qui a osé penser différemment parce qu'il ne saurait y avoir, pour l'heure, de voix (Dans la double graphie du phonème: Voies) discordantes dans la « Oumma Islamia » revue et corrigée par les Wahhabites.
Avoir le courage de supprimer un ministère inutile
A habel chat
Mea culpa
Il est en forme le toutou aujourd'hui...
Sofièn Ben Hamida, laisse s'il te plaît le religieux et les pays musulmans de côté et parlons de ce que tu comprends le mieux
Manhattan : 4/7 de Whisky, 2/7 Vermouth rosso, 1/7 de campari, whisky coca, Mint julep, (en) Old Fashioned.
Le Van Avermouth : 5 cl de vermouth rouge + bière
Cocktails à base de pastis :
Le pétrole : (Ricard ou Pastis), coca
Le Perroquet : Pastis, eau, sirop de menthe, glace éventuellement
Le Perroquet Royal (ou Dentifrice) : Pastis, Get 27, eau, glace éventuellement
La Tomate : Pastis, eau, sirop de grenadine, glace éventuellement
Le Rourou : Pastis, eau, sirop de fraise, glace éventuellement.
La Feuille morte : Pastis, eau, sirop de menthe, sirop de grenadine, glace éventuellement
La Mauresque : Pastis, eau, sirop d'orgeat, glace éventuellement
Le Mazout : Pastis, cola, glace éventuellement
Le RG : Ricard, Get 27, eau, glace éventuellement
La tronçonneuse : Ricard ou Pastis, Bière
Le Pérozoute aussi appelé le pézoute : Ricard ou Pastis, sirop de menthe, cola, glace éventuellement
Le Pérozoute Royale aussi appelé le pézoute Royale : Ricard ou Pastis, Get 27 (Get 31 voir menthe-pastille), cola, glace éventuellement
Le pétouze aussi appelé proutouze : Ricard ou Pastis, cola, Get 31, sucre glace
Le Kastis : Ricard, Grenadine, Kas, glacec
Cocktails à base de gin :
Gin Layla, Gin Fizz, White lady, TGV tequila gin vodka, Royal Romance, Gin Tonic, Gin Pelletan (Gin au thé du Labrador infusé).
A ta santé et à la santé de tes lunettes !!!