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Crise Covid-19 : la quatre chevaux et la Renault Symbol à la rescousse d’Artes
19/08/2020 | 19:59
7 min
Crise Covid-19 : la quatre chevaux et la Renault Symbol à la rescousse d’Artes

 

Une conjoncture difficile, un retard dans des projets stratégiques et surtout la dernière augmentation de l’IS, ont impacté les bénéfices du groupe Artes avec ses marques Renault, Dacia, Nissan et Lada. Ceci, malgré un chiffre d’affaires en hausse et une part de marché de 11,8%. En outre, et avec la crise du Covid-19 qui est en train de sévir, 2020 s’annonce déjà assez compliquée. Ceci dit, Mustapha Ben Hatira, le DG de la société, s’est montré plutôt rassurant : la société a encore certains atouts : la voiture populaire et la Renault Symbol qui seront commercialisés prochainement.

 

C’est globalement ce qui ressort de l’Assemblée générale ordinaire (AGO) pour l’exercice 2019, tenue mardi 18 août 2020 à l’hôtel Regency Gammarth.

L'assemblée s'est tenue sous l’égide du président du conseil d’administration Moncef Mzabi (qui a assisté à distance, ayant été en voyage à l’étranger devant respecter une quarantaine à cause du Covid-19) et M. Ben Hatira. L’assemblée a été aussi une occasion pour les actionnaires minoritaires de se plaindre des dernières décisions de la Banque centrale et du ministère des Finances qui les ont pénalisés, et également du dividende distribué et du délai de payement. Ceci, tout en se disant conscients de la difficulté de la situation économique qui oblige la société à plus de prudence.

Ils auront droit cette année à un dividende de 0,287 dinar par action, mis en paiement à partir du 1er novembre 2020.

« En 2019, notre groupe a de nouveau démontré son potentiel, malgré une conjoncture économique difficile qui a affecté l’activité des concessionnaires automobiles en Tunisie. En effet, avec 5.808 immatriculations des véhicules neufs durant l’année 2019, soit une part de marché de 11,8%, les marques commercialisées par le groupe Artes (Renault, Dacia, Nissan et Lada) consolident et maintiennent leurs positions parmi les premiers au sein du marché tunisien de l’automobile notamment en confirmant leur position dans le top three », a affirmé Moncef Mzabi.

 

Le groupe a vendu en 2019, 5.839 véhicules, en baisse de 3,85%. Ceci dit, il s’est accaparé 11,8% de part de marché. Artes a 10,56% de part de marché et a immatriculé 5.198 véhicules sous les marques Renault et Dacia. Adev, concessionnaire de la marque Nissan, a immatriculé 878 véhicules pour une part de marché de 1,08%. Wallys Services, concessionnaire de la marque Lada, a immatriculé 195 véhicules, soit 0,16% de part de marché.

 

Renault se place sur la deuxième marche du podium des véhicules particuliers (VP) après Kia, avec 3.935 immatriculations et une part de marché de 10,84%. Son bestseller, qui demeure la Clio 4 avec 2.657 unités vendues en 2019, trône sur les meilleures ventes du segment.

 

Côté performances, le concessionnaire a enregistré un résultat net de 21,97 millions de dinars fin 2019 contre 25,29 millions de dinars (MD) fin 2018 en baisse de 13,14%, avec un impôt de 11,15 MD (+44,98%) et une contribution sociale solidaire de 637.005 dinars, qui a plus que doublé. Le chiffre d’affaires de la société a augmenté de 10,34%, évoluant de 180,27 en 2018 à 198,92 MD en 2019.

« L’impact de l’impôt a été assez conséquent sur les résultats de l’entreprise », a assuré le DG. En effet, l’impôt appliqué sur les concessionnaires est passé de 25% en 2018 à 35% en 2019 outre les 2% supplémentaire de contribution sociale solidaire, ce qui représente 3,79 MD de dinars supplémentaires par rapport à un an auparavant.

L’activité vente de véhicules neufs a rapporté 191,58 MD alors que l’activité après-vente a rapporté 4,78 MD avec des travaux d’atelier qui ramènent 1,55 MD. Les produits de placement ont rapporté 6,62 MD contre 9,53 MD une année auparavant.

 

Pour sa part, le résultat net consolidé s’est situé à 30,01 MD en 2019 contre 31,07 MD en 2018 (-3,39%). Le chiffre d’affaires consolidé est passé de 235,4 MD à 244,46 MD entre 2017 et 2018, en hausse de 3,79%.

 

Le groupe Artes est composé de huit sociétés : Artes (la société mère), Artegros, Adev, Vedev, Autronic, Wallys Services, Sidevet Artimo. Les filiales Artegros, Adev et Wallys Services y ont participé par un résultat net, respectivement, de 5,15 MD, 1,69 MD et 0,36 MD.

Le commissaire aux comptes Moncef Boussanouga a tenu à préciser que Moncef Mzabi, Mzoughi Mzabi, Sadok Mzabi, la Société Dalmas représentée par Moncef Mzabi et la société Codev ont déclaré leur renonciation aux jetons de présence au titre de 2019 pour un montant global de 25.000 dinars.

 

 

Ouvrant le débat, Moncef Ouaghlani a exprimé la volonté des de voir le dividende passer à un chiffre rond de 300 millimes. Il s’est interrogé sur les ambitions de la société en termes de véhicules électriques et a demandé si la société avait une idée sur les quotas qui seront appliqués l’année prochaine. Un autre actionnaire a demandé un aperçu sur les résultats du premier semestre 2020 et du Business plan.

 

En ce qui concerne le dividende, Mustapha Ben Hatira a rappelé que la Banque centrale de Tunisie a conseillé aux entreprises de ne pas distribuer de dividendes au titre de 2019 pour se prémunir des conséquences de la crise Covid-19, avoir des réserves et se préparer aux pires scénarios. Il a aussi mis en évidence l’arrêt total d’activité de la société au cours des deux mois d’avril et mai 2020, à cause du confinement. Pour faire face à toute pression sur la liquidité de l'entreprise, la société a décidé de divisier le dividende par deux, en espérant revenir l'année prochaine à un niveau de dividende normal ou même l'augmenter si la situation s'améliore. 

S’agissant de la voiture électrique, le DG a expliqué que l’infrastructure tunisienne n’est pas assez développée pour accueillir ce genre de véhicules. Ceci dit, le groupe mise sur l’introduction d’une nouvelle technologie Nissan, e-Power et qui réinvente l’hybride : un moteur électrique, dont la batterie est rechargée par un moteur thermique qui fonctionne comme un générateur et qui ne consomme que 4 litres aux 100 kilomètres.

Sur le volet des quotas, M. Ben Hatira a précisé que pour 2020, le ministère avait gardé les mêmes quotas de 2019, alors qu’il les avait baissés de 20% un an auparavant. Il a rappelé la situation économique délicate du pays, la croissance en baisse et surtout les avoirs en devises, dont dépend l’activité.

 

Pour le business plan, M. Boussanouga a indiqué que la société était en train de travailler dessus, mais que compte tenu de la crise du Covid-19, l’onde de choc qui a suivi et les répercussions en cours, il serait trompeur d’avancer actuellement un business plan sur 3 ou 4 ans.

Autre sujet d’importance, le DG a souligné que le premier semestre a été très difficile, enregistrant de mauvais résultats à cause de la pandémie. Ainsi, entre mars et mai, le concessionnaire a perdu 1.600 unités, alors d’habitude il y réalise le plus gros de son chiffre d’affaires. En plus et vu la conjoncture, il a été privé des 700 véhicules qu’il vend annuellement aux agences de location et des 900 voitures populaires, qu'il réalise en cette période. A ceci s’ajoute un retard dans la production des véhicules quatre chevaux à cause du changement de modèle et de la Symbol qui représente un volume important de leur vente.

Cependant, M. Ben Hatira a tenu à apporter certains éclairages : la société a favorisé la qualité sur le volume, pour vendre avec une profitabilité acceptable. Et de soutenir : « Le volume des ventes à fin juin est de -50% mais nous pensons qu'avec le second semestre, nous rattraperons une bonne partie de ce retard ».

 

Interrogé par Business News sur deux projets phares annoncés lors de l’assemblée générale statuant sur l’exercice 2018, à savoir l’installation d’une chaine d’assemblage de pickup Nissan simple et double cabine et la diversification de la gamme Lada, Mustapha Ben Hatira a affirmé que le groupe Artes n’a pas voulu avancer dans le projet dans la situation actuelle de Nissan mais qu’il va introduire de nouveaux produits pour diversifier la gamme et répondre aux besoins des clients.

En ce qui concerne le projet de montage, le DG a soutenu que les discussions sont toujours en cours et l’objectif est de réaliser un projet conforme aux standards de qualité de la marque japonaise. Pour rappeler, le constructeur automobile japonais vient de présenter un plan de transformation sur quatre ans visant à atteindre une croissance durable, la stabilité financière et la rentabilité d'ici la fin de l'exercice 2023. Le plan évolutif impliquera la rationalisation des coûts et l'optimisation des activités.

S’agissant de la diversification, M. Ben Hatira a spécifié que le groupe comptait introduire trois à quatre nouveaux produits l’année prochaine.

« Pour les années avenirs nous avons un programme de développement par la diversification de nos produits et nous allons aussi nous attaqué aux véhicules hybrides électriques pour répondre à la tendance du marché et s’inscrire dans cette démarche qui est aujourd’hui universelle pour passer à l’électrification de la mobilité », a-t-il indiqué dans une déclaration à Business News.

 

La conjoncture économique était déjà assez difficile, la crise Covid-19 a aggravé la situation. Malgré un impôt de plus de 11 MD, Artes a achevé 2019 avec un résultat bénéficiaire de près de 22 MD. 2020 s’annonce assez difficile, mais la société est en train d’œuvrer pour atténuer l’impact. En outre, plusieurs projets stratégiques sont en cours, présageant des jours radieux pour le concessionnaire.

 

Imen NOUIRA

19/08/2020 | 19:59
7 min
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Commentaires
Foued
@ observator
a posté le 20-08-2020 à 19:50
Je suis d accord avec toi observator ses concessionnaires sont entrain de massacrer l économie nationale par le volume des importations des véhicules et des pièces de rechange sans compensation , l '?tat Tunisien n est pas inquiet sur la nécessité de la compensation , j aurai souhaité que l '?tat impose aux OEM d importer de nos PME les pièces de rechange comme le SOUTH AFRICA ......
C triste.
observator
Aucun intérêt particulier car aucune valeur ajoutée
a posté le 20-08-2020 à 14:25
Pour l'économie du pays.
La Tunisie ne produit pas de voitures donc elle est importateur via ces samsaras les concessionnaires.
Donc le seul intérêt de cette analyse de Mme Nouira peut concerner les étudiants et éventuellement la concurrence.
Puisque nous devons importer nos voitures il serait préférable de le faire en partie via nos tunisiens à l'etranger ainsi nous limiterons la pression sur le marché des devises et nous attirons indirectement une partie de l'épargne de nos concitoyens à l'etranger.
Mais cela sera fait quand il y aura un gouvernement qui pense avant tout à l intérêt national.
Pour le moment, c'est l'économie des 5 familles qu'on privilégie.
Tout porte à croire que cela va être encore plus
net sous un gouvernement formés d'indépendants.