La nomination du nouveau chef du gouvernement, Ahmed Hachani, en remplacement de Najla Bouden, annoncée tard dans la soirée du 1^er août, devrait s’accompagner, dans les prochains jours, par un remaniement ministériel.

Plusieurs ministres pourraient être limogés dans ce cadre dont notamment le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Saïed, dont les propos pragmatiques devant l’Assemblée ont provoqué un certain remous. Il avait réitéré le fait que la Tunisie n’avait pas d’autre choix que de trouver un accord avec le Fonds monétaire international et déclaré que si quelqu’un avait un plan B, il n’avait qu’à le présenter. Des propos qui ne sont pas en adéquation avec la politique présidentielle en la matière. Autre ministre éventuellement sur la sellette, Sihem Boughdiri Nemsia. Avec Samir Saïed et Najla Bouden, ils sont les architectes de l’accord avec le FMI qui a finalement été rejeté en bloc par le président de la République. La ministre des Finances paiera ainsi le prix de ce que le chef de l’État estime être un échec en matière économique et financière. Le ministre du Transport, Rabie El Majidi, pourrait également faire l’objet d’un limogeage. Il pourrait ainsi faire les frais de la situation chaotique du transport en Tunisie même s’il ne lui est pas totalement imputable. Ce qui est sûr, c’est que le président de la République ne l’entendra pas de cette oreille.

En revanche, d’autres ministres semblent faire partie des intouchables, quel que soit le nom du chef du gouvernement. Trois d’entre eux, en relation directe avec le chef de l’État, font partie de ce club : Leila Jaffel à la Justice, Imed Memmiche à la Défense et Nabil Ammar aux Affaires étrangères. Certains s’attendaient même à ce que ce dernier soit nommé à la Kasbah tant il a fait preuve de zèle pour servir le président de la République. Quant à Leila Jaffel, elle bénéficie d’un bilan éclatant aux yeux du chef de l’État vu qu’elle applique soigneusement ses directives en matière pénale et judiciaire. Autre intouchable et soutien inconditionnel du Président, le ministre de l'Intérieur, Kamel Feki, nommé en mars en remplacement de Taoufik Charfeddine. 

Le ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, fait également partie des ministres qui devraient rester au gouvernement. Il a le soutien total du Président qui semble satisfait de ses prestations, en plus du fait q'ils soient proches, avant même d'accéder au pouvoir. Nizar Ben Néji, titulaire du portefeuille des Technologies de l’information devrait également conserver son poste. Il est l’architecte de la consultation nationale demandée par Kaïs Saïed d’un côté, et puis il y a un gros travail à faire pour combattre la calomnie et les fake news dans les réseaux sociaux, tel que l’a exigé le Président. Il est aussi peu probable que le remaniement touche le ministre de l'Agriculture Abdelmonem Belati qui est encore dans les bonnes grâces de Kaïs Saïed.

Accessoirement, le remaniement ministériel devrait également servir à remplir les postes laissés vacants au gouvernement. Le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle n’a pas de ministre depuis le 22 février 2023, celui de l’Industrie, des Mines et de l’Energie est sans titulaire depuis le 4 mai 2023.

S.F