Depuis plus d’une semaine, des appels sur les réseaux sociaux se font redondants en faveur de la ponction d’une partie des recettes de la production de phosphate pour le développement de la région de Gafsa. Des politiques ont malheureusement pris le relais tombant dans un amalgame dangereux entre populisme et pensée politique.
Que les habitants de la région de Gafsa se sentent lésés se comprend aisément. En effet, des mines qui leur pourrissent la vie, détériorent leur environnement, génèrent les poussières asphyxiantes et les maladies les plus handicapantes, ils n’ont vu que le sous développement et la misère. Ils ont vu des lobbies de la corruption, souvent locaux, s’enrichir durant des décennies sur leurs dos par le biais de ces sociétés environnementales fantoches et ces sociétés de transport du minerais qui puent les magouilles. Ils ont vu aussi malheureusement, un Etat injuste qui les a ignorés de l’effort de développement pour avoir choisi des politiques régionalistes abjectes.
Que des citoyens honnêtes, choqués par tant d’injustice réagissent est compréhensible aussi. Que des illuminés qui ont découvert en eux des élans de politiques virtuels après la révolution s’enflamment sur leurs claviers le soir pour la cause de Gafsa et proposent les idées les plus farfelues passe encore.
Mais quand Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, se déplace à Gafsa pour réclamer qu’une partie des recettes du phosphate doit rester sur place. Et quand son discours est relayé par le président du groupe parlementaire du Nidaa, Sofiène Toubel, qui est allé jusqu’à proposer que vingt pour cent des revenus du phosphate bénéficient à Gafsa, cela devient dangereux. Les hommes politiques n’ont pas le droit, surtout dans les situations de crise, de caresser leurs auditoires dans le sens du poil. Ils ont le devoir de la parcimonie dans l’expression de leurs émotions et de la justesse dans l’expression de leurs propositions. Sinon, ils versent dans l’amalgame, le populisme et la mauvaise foi.
La Tunisie est un petit pays qui fait à peine huit cents kilomètres de long sur quelques trois cents kilomètres de large. Dans son histoire millénaire, elle a toujours constitué une entité gérée par un pouvoir central, changeant d’une main à une autre, sans jamais remettre en cause son unité territoriale. Depuis l’indépendance du pays et l’avènement de la République, les Tunisiens, d’une manière consensuelle, naturelle même, ont choisi le modèle de développement économique et social solidaire. Cela veut dire que l’Etat national a le monopole de la collecte de la richesse en contre partie du devoir de la fructification et du développement de cette richesse ainsi que de sa meilleure redistribution d’une manière juste et équitable pour tous. Cela veut dire aussi qu’il y a des plans de développement et des priorités qui font que l’Etat doit investir le produit de la richesse nationale dans les régions du pays, d’une manière inégale afin de garantir l’égalité de tous dans la prospérité et le développement. C’est le contrat qui lie chaque citoyen, d’une manière individuelle et collective, à l’Etat central garant du bien-être de tous ses citoyens.
Toucher à ce principe fondamental et à ce modèle structurant de développement économique et social solidaire, c’est saper tout simplement les bases du vivre ensemble tunisien et les fondements de l’Etat national et de la République. Bien entendu, nous nous accordons tous dans le constat d’échec de l’effort de l’Etat dans le partage équitable de la richesse entre les citoyens, les régions et les secteurs d’activité. Mais cette défaillance est celle des politiques, des hommes qui la font, de leurs programmes et de leur gestion des deniers publics. Elle n’est en aucun cas celle du modèle solidaire qui reste en Tunisie comme partout ailleurs, et quelques soient les déclinaisons proposées, le seul modèle viable qui garantit le développement dans le cadre d’une unité nationale indéfectible.
En tordant le cou aux règles élémentaires de la pensée politique et en optant pour la facilité et le populisme, Rached Ghannouchi, tout comme Sofiène Toubel, sont sur le point de commettre un crime envers le pays. A l’heure actuelle, leurs discours irresponsables sont en train d’être relayés sur les réseaux sociaux par des hordes de pseudo-révolutionnaires séparatistes qui appellent à la division du pays entre les régions du nord et les régions du sud. Bravo messieurs. On attendra vos prochaines propositions pour prendre davantage conscience de la calamité que représentent des politiques de votre trempe.


Commentaires (40)
Commenter@Canalou, Sahit ya si Canalou
@Forza le complexe regional est termine avec l arrivee de la republique
c'était mieux pendant la periode Francaise
j'ai quitte la mine en 1974 et la route Gafsa Moulares et Moulares Redeyef et Metlaoui Moulares etaient toujours en terre ASFALT. il parait qu'il l'ont goudronné en 1980 vous pouvez vérifier ce sont des faits
vous qui êtes très cultivé il faut lire li livre du grand anthropologue et dermographie Francais JEAN DUVIGANUD.. CHEBIKA .. LUI A VÉCU DANS LE COIN pas vous
SANS RANCUNE L AMI ET TOUT MES RESPECTS
HONTE A EUX!!!
bassin minier phosphate politique et populisme
@tounsia
1/ vos remarques sont partiellemnt pertinente sauf qu'elle se base sur une compréhension restrictive de montexte
exemple quand je cite "domination" je vise domination d'un groupe social ou régional et non domination de l'Etat .
Prière de changer la grille de lecture pour le rest la ou il y a "SIC"
Deuxième remarque
vous écrivez " il suffit de nous baser sur la démocratie et les institutions de l'État "
On sait bien de cequi peut se cacher derrière "il suffit de" .
Justement cela c'est la recette mais sa faisabilité me semble complexe voir impossible .
En fait nos parti politique ne le permettent pas
Quand je constate que seul IYad eddahmani a téé proposé minstre des "regions de l'interuer " par un parti politique cela donne un sens .
Les partis raisonnent en terme d'interets partisans , et non pas le gout de déranger les régions et groupes historiquement bénéficiaires , parce que puissant dans l'administration et financièrement nombreux dons influent sur les résultats de vote etc .
Soutenir les régions historiquement favorisées leutr est profitable
Pour finir un petit exercice :
Localiser l'appartenance régionale des ministres de trois premiers parti dans le gouvernement
@alpha 1
Pour répondre aux différents points que vous avez évoqué :
1/ "le federalisme était une solution chaque fois qu'il eu un mauvais partage de pouvoir et de richesse , ce qui est notre cas me semble t-il" (Sic!)
Pas du tout, le fédéralisme est une solution envisagée à chaque fois qu'il faut rassembler des entités territoriales disparates afin de préserver l'unité territoriale, ce qui n'est n'est pas le cas de la Tunisie.
2/ "Le pouvoir central pour se justifier doit remplir des conditions dont l'equité sinon cela s'appelle un pouvoir colonial qui porte le nom de national" (Sic!)
Certes, l'équité est une condition fondamentale, toutefois un pouvoir central peut être national et défaillant ce qui n'a strictement rien à voir avec le pouvoir colonial (!) Dans ce cas de figure, la solution serait de sanctionner ce pouvoir défaillant lors des élections et le remplacer démocratiquement par un autre pouvoir capable de garantir un développement régional équitable.
3/ "des gens ne supportent plus d'être dominé sous prétexte d'unité nationale et de "compétences" " (Sic!)
La non acceptation de la domination par la loi du pouvoir central conduit à l'anarchie, ce qui est encore plus grave que le sentiment de domination par le pouvoir! Ce qu'il faut, c'est travailler pour que les lois qui nous dominent soient justes et équitables !
4/ "La vraie question est de savoir somme nous capable de construire un état national , mais non une caste dominatrice qui s'appelle pouvoir central" (Sic!)
Il est possible de construire un état national qui ne soit pas monopolisé par un groupe, il suffit de nous baser sur la démocratie et les institutions de l'État: parlement, gouvernement, justice, conseil constitutionnel; Ces dernières ont un rôle essentiel de régulation et veillent à ce qu'il y ait un équilibre entre les différents pouvoirs; Si ces institutions fonctionnent comme il se doit, aucun groupe ne pourra assoir son hégémonie et confisquer l'intérêt national !
Bonne soirée
@Forza
Je suis soulagée que vous reconnaissiez enfin qu'il y ait en Tunisie au moins un secteur qui ne soit pas corrompu et qui échappe au régionalisme ; Maintenant, et puisque l'enseignement supérieur a réussi à échapper à ces fléaux notamment grâce à l'adoption de critères rigoureux et transparents pour la sélection des candidats lors du recrutement, qu'est ce qui empêche les autres secteurs de la fonction publique de faire pareil? Le tout est de fixer une grille d'évaluation précise et de veiller à ce que le processus de recrutement se déroule en toute transparence, c'est cela qu'il faut revendiquer pour garantir l'égalité des chances et pas autre chose !
Bonne soirée
@ Alpha 1
@tounsia
Sauf ,
1/ le federalisme était une solution chaque fois qu'il eu un mauvais partage de pouvoir et de richesse , ce qui est notre cas me semble t-il
2/ Le pouvoir central pour se justifier doit remplir des conditions dont l'equité sinon cela s'appelle un pouvoir colonial qui porte le nom de national
3/ des gens ne supportent plus d'être dominé sous prétexte d'unité nationale et de "compétences"
4/ l'intérêt national doit être redéfini avec l'accord de tout le monde . Lhistoire récente nous montrait qu'il correspondait souvent aux intrets de certains groupe et de certaines régions
La vraie question est de savoir somme nous capable de construire un état national , mais non une caste dominatrice qui s'appelle pouvoir central .
Bref redéfinir les fondamentaux ou faire autre chose