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Tunisie Digitale où en est-on vraiment ?
22/03/2016 | 11:29
3 min
Tunisie Digitale où en est-on vraiment ?

*Par Karim Ahres

 

On m'avait posé la question à l'issue des 100 jours de ce gouvernement, sur une évaluation de notre ministère de tutelle. J'avais répondu que malgré une certaine lenteur, tout allait dans le bon sens, en particulier avec les réunions du Conseil Stratégique du Numérique censé structurer la réalisation de tous les projets que le secteur propose depuis près de 5 ans.

 

Aujourd'hui , donc un an après, nous sommes beaucoup moins enthousiastes car très peu de projets ont avancé. Ces projets, proposés dans le cadre de Tunisie Digitale en 2013, sont essentiels pour rattraper le fossé numérique qui est en train de se creuser, de plus en plus, avec les pays méditerranéens qui aspirent eux aussi à devenir des plateformes digitales.

 

Tunisie Digitale est le fruit d'un long travail de partenariat public/privé totalement inexistant avant janvier 2011. Ces projets, que nous défendons aujourd'hui, sont des piliers de la transformation digitale :

e-éducation, paiement en ligne, e-retail, e-santé, e-tourisme, et cloud national qui permettra la consommation des services numériques à l'usage.

 

Le Cloud National qui est pourtant la base même de Tunisie Digitale en est encore au stade de la réflexion, ce qui fait que nous n'avons pour le moment aucune visibilité, contrairement à tout ce qu'on lit dans certains journaux, pour les délais de la mise en oeuvre de l'identifiant unique, de la E-CIN (carte d’identité), du Passeport Biométrique ou de la carte de soins numérique.

Quels sont les autres grands projets de Tunisie Digitale et dont nous déplorons la lenteur ?

 

1-la E-santé : le document prévoyait une étude " Masterplan" pour septembre 2015. Notre proposition était de lancer en parallèle des projets pilotes dans les régions intérieures du pays et financés par les opérateurs téléphoniques et internet capables de fournir des plateformes et d'héberger des start-ups. Ces mêmes start-ups qui souffrent aujourd'hui du manque de canaux de distribution. Le projet E-santé prévoit aussi la mise en place d'un programme de suivi de médicaments, économisant à l'état 100 millions de DT de vols de médicaments rien que pour l'année 2015. Douze établissements publics de santé devaient être équipés en septembre 2015.

 

2-le E-retail : ou le seul moyen d'endiguer le commerce parallèle par la technologie : il s'agit de la codification de plus de 500 000 produits assurant ainsi la traçabilité de ces produits. Notre plan prévoyait un consortium Poste Tunisienne/TTN/ GS1 et startups. Ce projet n'a même pas démarré. Je vous laisse imaginer le nombre d'emplois susceptibles d'être générés par ce projet…

 

3-le E-tourisme : la réalisation du premier lot de la plateforme nationale de tourisme était prévue, suivant le plan de Tunisie Digitale en mars 2016. Nous en sommes malheureusement encore au stade de l'étude.

 

Les projets que nous, représentants du secteur, défendons et tentons de mettre en place à travers le Conseil Stratégique du Numérique, absorberont 8 000 à 10 000 ingénieurs, qui malheureusement pour le moment quittent la pays faute d'opportunités, mettant leur savoir (acquis pour une partie gratuitement) au service d'autres économies.

 

Ces projets fourniraient un environnement adéquat aux petites entreprises et start-ups pour y tester et distribuer leurs applications. Et ils sont avant tout prioritaires car nous ne pouvons pas prétendre nous transformer en une plateforme régionale, et encore moins mondiale, si les ABC des services numériques ne sont pas avant tout fournis aux citoyens, patients et clients tunisiens. Et ne rien faire pour changer le mode de gouvernance, les lois du marché public concernant le numérique, c'est cautionner cet immobilisme et demeurer dans un monde idéal virtuel où nous serons, comme toujours, les champions du monde.

 

 

*Karim Ahres est président d'Infotica - UTICA et membre du Conseil Stratégique du Numérique

 

 

22/03/2016 | 11:29
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Commentaires (15)

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Not Invented Here
| 07-04-2016 01:18
On ne peut que se réjouir de cette prise de conscience, mais il est regrettable de constater que les premiers pas proposés sont très modestes et ne vont pas nécessairement dans la bonne direction. Ce commentaire veut servir de complément constructif à l'article.

1. Il parait évident que la 'Tunisie Digitale'* ne peut être bâtie sur un modèle de contrôle par l'état** ni sur un modèle de partenariat public / privé ciblant un club fermé d'entreprises, nous sommes en 2016 pas en 1956 ou en 1976, et la majorité (pas la totalité) des grandes et moyennes entreprises tunisiennes n'ont ni le savoir faire , ni l'agilité, ni l'incitation économique nécéssaires pour une 'Tunisie Digitale' efficiente. Ce constat permet d'identifier les entités qui vont opposer la plus forte résistance à la véritable 'Tunisie Digitale'

2. Les petits opérateurs privés - et les citoyens - doivent être les bâtisseurs de la 'Tunisie Digitale' , car elle nécessite des créativités et des énergies vastes et diverses (i.e. préférer 1000 projets dont 100 vont moyennement réussir et 20 bien réussir en lieu de 4 projets dont 4 vont arriver bien trop tard sans aucune certitude sur leur succès)

3. Le rôle de l'état serait dans un premier temps et avant tout d'assurer les pré-requis à l'émergence d'une 'Tunisie Digitale' : Cadre Législatif, Infrastructure, Investissement, Formation, Incitations. Ces pré-requis progressent trop lentement aujourd'hui par rapport à l'objectif, plus alarmant certains regressent.

I. Cadre Legislatif : les démarches administratives ,les régulations et mécanismes doivent être simplifiés à l'extrême et entièrement digitalisés (E-Administration ça en est ou ?) et être orientés vers l'octroi/accord par défaut et contrôle à posteriori (contrairement à 1956 l'entrepreneur tunisien sait lire, donc n'est censé ignorer la loi) ... car tant qu'il sera 10 fois plus long de créer un service ou une société dans le domaine digital en Tunisie que dans d'autres pays, celles-ci auront un handicap fatal. Surtout, le secteur digital présente une opportunité de simplification législative exemplaire facile à saisir par le législateur

II. Infrastructure : elle englobe des accès à trés bas couts aux équipements et aux réseaux, un accès à grande échelle à des espaces physiques quasi gratuits pour l'établissement de jeunes sociétés innovantes, un accès grandement facilité aux canaux de distribution et de commercialisation

III. Investissement : les meilleurs stratégies consistent sans doute à rediriger une partie de l'épargne publique en investissements dans la 'Tunisie Digitale', à créer de très fortes incitations aux institutions financières dans la prise de risque sur des sociétés digitales (par exemple, comme fait dans de nombreux pays, garantie jusqu'à 75% des investissements par des organismes publics; quitte à faire des cadeaux aux banques...) à inciter davantage des investissements experts du secteur (étrangers notamment) qui sont plus exigeants sur la qualité des projets et leur rentabilité

IV. Formations : bcp à déjà été dit sur le sujet, quelques notes issues de mes propres recherches : une grande part des formations d'ingénieurs et de techniciens du secteur ont plus de 5 ans de retard sur les pays avancés , 5 ans c'est énorme dans le domaine digital, un tel retard réduit à la fois la productivité et l'univers du possible (le calcul distribué à trés haute performance, l'intelligence artificielle, ... et tout ce qui était de la SF il y a 5-10 ans fait aujourd'hui partie intégrante des systèmes digitaux)

V. Incitations : les formes d'incitations possibles est vaste, la seule limite c'est la capacité des décideurs à étudier sérieusement ce qui se fait dans le monde et à faire preuve de créativité pour les adapter au contexte social et économique. Le bénéfice est avant tout psychologique : montrer aux jeunes tunisiens que leur pays leur fait confiance pour construire la 'Tunisie Digitale', au lieu de leur préférer entreprises internationales 'de renom' (certes choisies et financées par la banque mondiale...), ça permettra peut être de retenir les meilleurs d'entre eux , qui aujourd'hui sont littéralement contraints de proposer leurs services dans d'autres pays.

* pas trés 'Tunisie Créative' comme nom :-)
** Ce qui est loin d'être incompatible avec la contribution de l'état et des organismes publics et privés

DHEJ
| 23-03-2016 19:51
Ah Noomen FEHRI est un INGENIEUR-E!

watani
| 23-03-2016 18:23
La digitalisation du services publics a déjà commencé avec le SMSI, 10 projets publics ont été programmés et présentés lors du SMSI, certains d'entre eux ont échoué et n'ont pas vu le jour. Il n' y a pas eu de suivi depuis ce temps.La déclaration en ligne de l'API fonctionne bien mais le système de constitution juridique des sociétés en ligne a été délaissé après sa réalisation. Ce système jouait le rôle du guichet unique virtuel. tout a été mis en oeuvre. 2 ans de travail perdus et un budget jeté par la fenêtre. L'application fonctionnait parfaitement avec paiement en ligne. Que s'est-il passé ? Plus de suivi et les gens ne travaillent plus. Reprendre ces dossiers et activer leur mise en oeuvre me semble une des solution pour rattraper ce retard. Rwanda est déjà sur la bonne voie, plusieurs services publics ont été digitalisés. en Tunisie, un petit service de rien du tout peut bloquer le développement par la stupidité et la paperasse. Nous voulons des choses concrètes ya s'il Fehri.

Tunisoiseau
| 23-03-2016 09:21
Bientot le e- magique et fantastique nous e-mmenera vers un progrès fulgurant. On e-commercera e-ureux et val-eureux...

Le nirvana est dans les clouds ... Il faut juste sauter assez haut. Courage!

goucha
| 23-03-2016 07:39
Monsieur le Ministre Noomane El Fehri c'est seulement du blablabla..il parle sans rien faire comme d'ailleurs les ministres de ben ali..il ne fait que parler de projets sans actes reels..dommage

Anas
| 22-03-2016 23:03
Mr l'expert : il me parait que vous, membres de ce conseil du numerique, vous etes juges et partis à la fois. D'un coté vous dressez les strategies et suivez les projets et de l autre côté vous en étes les exécutants et beneficiaires de la donne de l Etat.
Rque2: le modele ppp et les projets de digitalisation existaient bel et bien avant janv 2011.bien voir la date de demarrage des projets de numerisation des dossiers medicaux...bien voir lz date de lancement de l admin rlectronique au premier ministere.
Pour les conseils il y avait le haut vomité des technologies en ppp et chapeauté par le premier ministre.

Donc quelle évaluation irais je faire ?

Karim
| 22-03-2016 22:41
Dans un pays ou le simple acced a internet est encore a l age de pierre, on se gargarise de discours populistes, demagogiques et creux. Un Ministre qui promet une silicon valley, une commission qui travaille sur le digital.....
Commencez donc par ameliorer l acces a internet qui est un exercice frustrant
Arretez le mensonge, dites la verite et arreter surtout de nous prendre pour des demeurés

Hâbleurs
| 22-03-2016 20:47
@rationnel bravo un pro qui explique mais
Peut-être cette vision d une personne qui est à l étranger ?
Vous avez résumé j ai juste à rajouter la norme Gs1 n est pas
La seule ne pas oublier Datamatrix dans le domaine pharmaceutique

Tunisie numérique c est un coût d 1 millard de dinars d après
Ces messieurs spécialistes
Pour avancer dans ce domaine
1 arrêter le avec vos trois fédérations à l utica
2 arrêter ce système d homologations des produits
Faire payer une taxe en plus de la douane pour une caméra
À 70D
3 laisser vivre les entreprises qui ne sont pas dans le système
4 allez chercher des marchés plutôt que de demander
Toujours des projets à l État qui n a pas les moyens
5 vous me cassez la tête avec votre Etourisme depuis
Des dizaines d années
Et arrêtez de vouloir réinventer la roue comme toujours
Rattraper ce retard de 10 ans avec des stratégies et non du bla-bla

404
| 22-03-2016 16:33
Honteux,

LIBERALISER le commerce, laisser les gens travailler, supprimer les taxes tva et diminuer la TVA créer des zone franche, prenez exemple sur le Kenya

Arreter de pistonner tel ou tel société en lui donnant des marchés d'état, laisser les gens travailler, c'est INTERDIT c'est le seul mot que votre MINISTAIRE CONNAIT

Vous voulez tellement tout contrôler que vous en contrôler rien en fait.

les technologie avance vous vous reculer. les gens paries sur le net en ouvrant des comtpe Neteller et vous vous faite quoi , rien de la répression

changer les lois qui sont veille depuis les années 80 rien ne change, ou casser vous laisser la place au jeune

felfel
| 22-03-2016 14:49
Il n ya pas une seule connecction internet qui marche normallement dans tous le pays et lui il me parle de e-commerce, e-sante et e-je ne sais quoi.
Vous prenez les gens pour des cons? Commencer par investir dans l'infrastructure d'abord (le public et le prive doivent mettre la main dans la poche) et une fois que le pays aura un reseau internet fiable, alors vous pouvez nous parler de e-commerce et du reste.