alexametrics
dimanche 22 juin 2025
Heure de Tunis : 17:51
Tribunes
Décisionnisme et Exceptionnalisme
28/07/2021 | 18:37
8 min
Décisionnisme et Exceptionnalisme

 

Par Hatem M’rad*

*Professeur de science politique à l'Université de Carthage

*Président-Fondateur de l'Association Tunisienne d'Etudes Politiques (ATEP)


 

Tous les Tunisiens feraient le même constat à propos du système politique général. Ils sont tous exaspérés par le spectacle ininterrompu de l’indécision politique, des dérives parlementaires, de la partitocratie, de la faillite économique, de la corruption, des réseaux parallèles et de la voyoucratie politique. Eléments dont il n’est nul besoin d’énumérer en détail. Force est d’admettre que la prise des grandes décisions politiques et économiques se prennent en dehors du parlement et des institutions (dans les commissions, partis, couloirs, réseaux parallèles, ou en secret dans les résidences des dirigeants politiques), L’immixtion des groupes de pression et des intérêts économiques avec leurs lobbyistes à l’intérieur même de l’enceinte parlementaire, ont non seulement désagrégé l’Etat, mais ont conduit les partis à ne plus s’affronter en tant que représentants des électeurs et citoyens ou en tant qu’incarnation d’opinions plurielles, mais en tant que groupes de pression et d’intérêts divers. Le lien malsain entre l’intérieur et la justice sur des causes islamistes inavouables et l’impunité judiciaire noircissent encore le tableau. En un mot la politique tunisienne est devenue un système général de corruption détestable, duquel la Constitution elle-même est indemne.

C’est pourquoi la transition tunisienne n’a plus cessé d’être définie depuis dix ans, comme l’incarnation de l’indécision. Indécision de la Constitution ; indécision du régime politique ; indécision des partis, aussi nombreux que peu effectifs; indécision des gouvernements de coalition ; indécision du président de la République, qui n’est plus considéré comme la clé du système, indécision de la justice, malléable. La corruption et le banditisme politique se sont introduits justement dans les interstices de ces multiples indécisions. Le tout a fini par corrompre les bases de la nouvelle démocratie elle-même.

 

Mais ce n’est pas une raison d’en rajouter et de sortir dangereusement des limites du cadre légal. Que le parlement, incarnation de la souveraineté populaire, soit suspendu par un président de la République, lui-même élu par le peuple, est en soi une pratique dangereuse, voire diabolique. Diabolique, parce que d’un coup, l’autorité la plus limitée du système (président) sa transfigure comme par magie en l’autorité la plus puissante, en « Etat total » tant honni dans le passé. Il est d’ailleurs dans la nature des situations exceptionnelles prévues par les Constitutions démocratiques du monde, que le parlement demeure, impérativement, et justement, en de tels cas exceptionnels, en fonction, pour contrôler les abus éventuels du chef autoproclamé exceptionnel, même pour un mois. D’ailleurs, le décisionnisme exceptionnel de Kais Saied aurait été plus supportable si, au moins, dans les mesures prises, il avait préservé le parlement en fonction, pour éviter l’aventurisme du vide institutionnel. Kais Saied est déroutant. Il a été perçu avant, comme après son élection, comme un légaliste pur-sang, faisant preuve même d’une obsession textuelle, voyant la Constitution partout, même dans l’air qu’on respire. Le voilà décisionniste malgré lui, pur hobbésien et visblement schmittien, faisant un virage à cent degrés.

Le décisionnisme constitutionnel est une conception qui postule que le droit provient de l’autorité du chef, et non de la norme établie ou de la valeur qu’elle est censée incarner. Le président suspend une Constitution dont il est le garant sans respecter la forme qui lui est rattachée. Il décide de réunir entre ses mains non seulement, comme on l’a dit, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, mais dispose encore du pouvoir constituant, notamment en l’absence de la cour constitutionnelle, mais aussi parce qu’il a innové en matière constitutionnelle (procureur en chef, révocation du gouvernement, gel du parlement en période exceptionnelle) et qu’il va légiférer seul pendant au moins un mois.

On le sait, le système de droit classique, le normativisme, est un système de normes et de règles censées être reliées et enchaînées sur le plan de la validité. Toutes les lois positives sont ramenées à une norme unique, la Constitution, selon le système hiérarchique de dépendance des normes. Système au sommet duquel se trouve la Constitution, qui peut paraître parfois un obstacle dans les grandes crises.

Mais, il y a une autre conception plus redoutable et machiavélique, qui correspond à la situation présente en Tunisie et à la rupture décrétée par Kais Saied. C’est la théorie décisionniste de Carl Schmitt, juriste et philosophe allemand, qui a sympathisé un moment avec le nazisme, et qui considère que la décision (constitutionnelle ou politique) naît de l’impuissance de la norme elle-même à engendrer un ordre juridique. Dans le décisionnisme, c’est l’individu ou l’autorité qui fonde souverainement le droit. Le droit est ici un ordre, non un processus normatif. Selon la formule de Hobbes, inspirateur lui-même du décisionnisme, Auctocritas, non veritas, facit legem (c’est l’autorité, et non la vérité qui fait la loi). Pourquoi ? Parce que la norme est faite pour la normalité, pas pour les moments de haute intensité historique, pas dans les temps exceptionnels, pas dans les moments de crise et de bouleversement politique. « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle », disait Carl Schmitt, en ajoutant plus loin, « L’exception est plus intéressante que le cas normal. Le cas normal ne prouve rien, l’exception prouve tout ; elle ne fait pas que confirmer la règle : en réalité la règle ne vit que par l’exception ». L’ordre juridique suppose d’abord un ordre politique pour qu’il puisse avoir une quelconque signification. Le vide normatif suppose une décision. Le chaos ne peut s’appuyer sur une norme. Or, Kais Saied considère justement que la « normalité juridique » est vidée de son sens et de sa substance par les dérives politiques et parlementaires, par l’impunité, la corruption et le lobbyisme. Et dans ce sens- là, il n’a pas totalement tort.

Le décisonniste devient alors une sorte de « dictateur de salut public », un sauveur, auquel il faut croire sur parole, parce que c’est un sauveur. La seule Constitution digne de confiance, réside en lui, comme l’ordre juridique tout entier reste entre ses mains. La seule garantie dont on va disposer durant ce mois d’exception, c’est sa déclaration d’intention, censée être bonne parce qu’il est un homme probe, moral et croyant.

 Il est vrai que le spectre de la dictature n’a jamais été absent dans la Tunisie de transition, tant dans l’exercice gouvernemental, que dans le discours politique. La Révolution semblait  subsumer la dictature. Mais, dès la chute du régime, le processus d’exclusion des membres de l’Ancien régime qui ont collaboré avec le régime autoritaire a été déclenché pour « immuniser » la Révolution contre toute réaction dictatoriale, par des nouveaux autres dictateurs islamistes. Par la suite, l’opposition a suspecté le président Béji Caïd Essebsi, après son élection en 2014, de « taghawal » (hégémonie) parce qu’il détenait la majorité au parlement, ainsi que la maîtrise du gouvernement, et qu’il est lui-même le chef politique de l’Exécutif en tant que leader de son parti et président de la République. Depuis 2014, c’est au tour de « l’élite autoritaire » de tenter de réhabiliter le régime autoritaire, avec l’appui d’un nouveau parti qui s’en réclame, le PDL, et une frange de l’opinion qui le soutient, tous partisans du retour à « l’ordre concret », après le chaos de la transition, au prétexte que la dictature était plus « décisive » et que la « démocratie ».

Les Tunisiens ont tous fait le même constat que Kais Saied sur les dérives du système de 2014. Mais il y a moyen et moyen, décision et décision. Il faut savoir qu’une crise politique est vouée à être traitée politiquement, au moyen du droit et de la négociation, ou de la ruse, pas par la voie répressive ou autoritaire ou para-constitutionnelle. Un homme seul ne peut régler des problèmes politiques fondamentaux qui concernent tout le peuple et tous les acteurs politiques et tout un pays. Il doit le faire avec les autres acteurs, amis ou ennemis, partis et organisations, qui ont eux aussi intérêt au règlement général de la question politique. Ennahdha et ses alliés méritent tout ce qui leur arrive, parce qu’ils ne se plient généralement que lorsque les rapports de force leur deviennent défavorables. Mais, ce qui distingue la révolution démocratique de la dictature du passé, c’est le traitement à la fois légal, judiciaire et politique des crises, propre à marginaliser la voie sécuritaire.

 

Nulle démocratie ne peut se dispenser du règne du droit, même s’il ne faut pas considérer le droit comme étant autosuffisant. L’opinion de Schmitt a bien entendu une part de vérité. Le droit n’est pas tout en politique. La décision politique, même impopulaire parfois en démocratie, est souvent le mode de réalisation du droit, lorsqu’il n’y a pas de droit ou lorsqu’il n’y a plus de droit (en l’espèce manipulé, voire désintégré par la majorité islamiste). Mais il faudrait sans doute concevoir pour la Tunisie un autre décisionnisme, un autre exceptionnalisme, propres à un système démocratique naissant, aux temps modernes, marqués par la montée des sociétés civiles, de l’opinion, qui soient amputés de leurs réminiscences dictatoriales, de leurs mythes et de leurs pratiques antilibérales, de type hobbésien et schmittien, et qui soient surtout ouverts au dialogue et utiles. En politique, il faut toujours laisser une porte de sortie.

Ne soyons pas aveuglés par le sentiment anti-islamiste, qui affole une foule vengeresse, longtemps privée de son identité, qui euphorise des jeunes inquiets, qui rend parfois peu lucides, voire démagogues et populistes, même les intellectuels les plus perspicaces. Heureusement qu’il y a toujours des solutions politiques multiples pour régler les difficultés et les crises. Un décisionnisme et un exceptionnalisme ciblés et proportionnés auraient été les bienvenus : l’article 80 pour élucider les graves dossiers de justice et de corruption, oui ; mais l’article 80 pour suspendre, même provisoirement, une institution démocratique fondamentale dans ce régime parlementaire, aussi déficient soit-elle (malgré tout), non. Le parlement (et les islamistes) aurait été de toute évidence isolé en l’absence de ses partenaires : gouvernement, l’intérieur, la justice. Le vide politique n’est pas une décision, ni le cumul de tous les pouvoirs. Quelle que soit la raison.

 

28/07/2021 | 18:37
8 min
Suivez-nous
Commentaires
Salah
Byzanteneries
a posté le 29-07-2021 à 16:06
Comme l les agissements du parlement autant que le gouvernement
constituent desormais une menace pour l ordre republicain et la paix sociale, il etait du devoir et une obligation pour le president de faire face cette menace en limogeant le gouvernement et en gelant les activites du parlement
Sinon 87% du peuple tunisiens se disent soutenir les mesures du president et puisque la source de toute autorite et tout pouvoir est le peuple et que ce peuple a exprime sa volonte, au president
d executer ce que la constitution exige de lui et au byzantineries academiques de continuer a debattre du sexe des anges..




Waterloo
Réponse à Herr Doktor Jamel ......................
a posté le 29-07-2021 à 15:08
l'un des problèmes du pays, le franalphabétisme : à cause de l'utilisation du français, on copie tout sur la France. bref, à cause du français , il n'y a qu'un seul système au monde: la France et son système.
à Québec, on utilise le français, parce qu'ils sont ethniquement français. idem en Belgique, Suisse. mais dans ces pays le système n'est pas français, eg. système américain à Québec.
en Tunisie, on n'est pas ethniquement français. regardez les noms. on est arabo-amazigh et oriental de tradition.
on utilise le français , ce qui est une aberration. de plus le système est français, eg. le justice mème rendue en arabe, elle est calquée sur la France !!!

le système français n'est pas adapté aux réalités du pays.
tant qu'on s'est pas débarrassé de cette colonisation perpétuelle, on restera au bas de l'échelle.
on note, que tous les pays qui réussissent utilisent leur propre langue.
et aucun pays colonisé par la France n'est sorti du sous développement. Aucun.
it's as simple.

Mêmepaspeur
waterlooser
a posté le à 16:30
"on note, que tous les pays qui réussissent utilisent leur propre langue."

Admettons. . .
Quel est le pays arabe qui utilise la langue arabe aurait réussi selon vous, pauvre tache ?
MPP.
Lilia
Missing Equation
a posté le 29-07-2021 à 01:19
Sorry, but you may theorize all you want, until the cows come home! The crux of the matter is that the members adhering to the islamist sect in our Parliament are not, and cannot be referred to as politicians. They never were. They are merchants of religion and traitors working for two major enemies of the land: Turkey and Qatar. This is the equation that is missing in your text, hence invalidating your arguments and rendering them null and void of any sense in the context of the Tunisian experience. Because for the last long and painful 11 years, a gang of criminals who showed up at our borders during the revolution had a Machiavellian plan to destroy our Culture, our People, our Constitution, our Country, our Sovereignty and our Dignity! And in that, they surely succeeded. But hungry grifters as they are, it wasn't enough for them. This is why we saw the recent revolt and sheer desperation that preceded The Decision by the President to suspend Parliament and take away their immunity. And for that, Thank God!!!

Waterloo
the problem is not Islam .................
a posté le à 13:34
there are no such a "merchants of religion".
this is a muslim country, accept it or not.
the true destroyers of culture, country etc ... are the franco zionists of the zemmourian France, and their supporters.
their islam bashing is well known.
in the past, bourguiba, ataturk, the shah ... altogether tried -- and failed -- to erase islam.
bear in mind: islam is indestructible.
Mêmepaspeur
@ stinky a-hole
a posté le à 16:37
"there are no such a "merchants of religion"

So you are but a deaf and dumb. . .
You can take it for granted !
MPP.
Ok
Votre CV SVP
a posté le 28-07-2021 à 23:24
Il manque votre CV Monsieur le professeur. On recrute la soupe populaire d'Ennahda &co
Ok
Merci pour la leçon et la carte visite
a posté le 28-07-2021 à 23:06
Monsieur le prof. Savez vous que dans la situation où nous sommes grâce à nos élus et à nos gouvernants, vous n'êtes pas sur de percevoir votre salaires des mois prochains. Demandez à la démocratie de ghanouchie & co de vous payer pauvre con
Mon.
à même pasteur
a posté le 28-07-2021 à 22:05
bravo pour votre tirade pertinente et espérons que K.Saïd s'en inspirera.
Dr. Jamel Tazarki
@Mr. M'rad
a posté le 28-07-2021 à 22:01
Introduction: Mr. Hatem M'rad se perd dans des théories socio-politiques --> il nous parle de décisionnisme constitutionnel, du système de droit classique, de la conception machiavélique (etc., etc., etc.) --> et il nous étale ainsi tout son savoir socio-politique afin de nous impressionner.

-->
@Mr. Hatem M'rad, comme vous le dites "Nulle démocratie ne peut se dispenser du règne du droit" et ce manque du règne du droit depuis 2011 a poussé le Président de la république à prendre des décisions très courageuses.
-->
@Mr. Hatem M'rad, vous faites parti des Tunisiens qui tiennent des monologues sans vouloir écouter les autres. --> je vous prie d'écouter Mr. Lotfi Zitoun, sur Business News TN, qui affirme le Président de la République a cherché le dialogue avec RG qui a été trop arrogant afin de l'accepter. --> le clan RG ne veut pas du du règne du droit dont vous parlez. Alors que faire si le clan de RG veut soutenir la corruption et le banditisme?

Bien sûr il faut être prudent pour que le Président de la République tienne ses promesses, et tout le peuple / monde est conscient de ce fait.

Ce que je vous reproche @Mr. Hatem M'rad est de ne proposer aucune solution alternative à la démarche du Président de la République dans une situation où le règne du droit dont vous parlez n'est plus existant avec un RG à la présidence de l'ARP.

@Mr. Hatem M'rad, vous n'avez fait aucun effort afin de trouver les causalités de déviance de notre société tunisienne, la Tunisie est victime de ruptures dans un système structuralo-fonctionnaliste qui montre un décalage et une tension entre l'évolution chaotique de notre société tunisienne et la réalité de notre modèle qui ne fonctionne plus.

Dr. Jamel Tarzarki, Mathématicien

Dr. Jamel Tazarki
Pourquoi nous avons échoué?
a posté le 28-07-2021 à 21:58
2ème partie
Le plus important est de se poser la question, pourquoi nous avons échoué dans tous les domaines en tant que société qui a bien démarrée en 2011 afin de les éviter dans le futur?
-->
Dans ses publications the Theory of Action, Parsons recense quatre fonctions qui constituent des conditions indispensables fonctionnels à tout système d'action.
- La 1ère fonction: L'adaptation répond à la nécessité pour un système de faire utilisation des ressources dans son environnement.
-La 2ème fonction est l'orientation vers la réalisation des fins, prend sens si l'on admet qu'un système ne tient qu'à condition de se fixer des objectifs et de se doter de moyens pour les atteindre --> goal attainment
-La 3ème fonction est l'intégration interne (liaison) des différentes parties du système de façon à stabiliser ce dernier.
-La 4ème fonction est le maintien des modèles de contrôle --> latent pattern maintenance. Ceci correspond à l'ensemble de valeurs (sociales) communes qui fournissent les motivations nécessaires à l'action individuelle
-->
Je résume:
a) La nécessité pour un système de puiser des ressources dans son environnement
b) un système ne tient qu'à condition de se fixer des objectifs et de se doter de moyens pour les atteindre
c) l'articulation des différentes parties du système de façon à stabiliser ce dernier
d) Le maintien des modèles de contrôle
-->
Tous ces points ne sont plus vérifiés en nos institutions / société


Robert K. Merton qui fut l'élève de Parsons et qui a été influencé par Durkheim a rajouté de très importants concepts au fonctionnalisme de Parsons:
a) Le rôle des individus: "les individus sont acteurs au niveau des fonctions" (c.à.d. qu'à l'intérieur d'une institution il y a des rôles / fonctions prédéfinies et les individus sont acteurs au niveau des fonctions (au sein de leurs rôles)
b) la question de l'anomie et du dysfonctionnement social: "une anomie est un état de décomposition, d'échec, d'arrêt, de rupture dans un système. L'anomie signifie qu'à un moment donné un système social et politique peut connaître des formes de ruptures qui vont faire conduire le système à l'échec."
-->
"Les systèmes fonctionnels ne sont pas garantis continuellement, ils peuvent connaître des mutations ou de désagrégation interne qui les entraînent à l'échec. L'ensemble du système ne peut plus ainsi atteindre son objectif, il y a dérégulation. Ainsi l'anomie est le dysfonctionnement social."

Lorsqu'un système social ne peut plus réguler / contrôler le rôle des individus dans la société et la place et la fonction du politique dans ces échanges, à ce moment il y a une forme d'anomie c'est-à-dire que le dysfonctionnement social met en péril l'ensemble du dispositif. --> K. Merton caractérise aussi l'anomie "comme passage d'un ordre ancien à un ordre futur dont on ne connaît pas les règles; c'est le sentiment de quitter un modèle sans pour autant savoir dans quelle direction nous allons."

"L'anomie est décrite non seulement comme une structure sociale qui ne fonctionne plus, mais du coup comme des individus en attente de sens perdu et qui dans l'attente de ce sens perdu peuvent redéfinir des comportements spécifiques notamment des comportements de violence ou de déviance. La déviance étant un comportement qui ne répond plus aux comportements et aux aspirations de la société."

"En d'autres termes, la déviance intervient quand il y a une contradiction entre les finalités et les objectifs de la société et puis le fait qu'elle n'ait plus les moyens de les atteindre. A partir du moment où la société ne peut plus réguler le champ social, la mafia se substitue à l'absence du pourvoir de l'Etat et crée ainsi un autre pouvoir à l'intérieur qui est un pouvoir déviant."


K. Merton s'interrogent sur la provenance de la désorganisation dans le système en distinguant trois éléments :
- les conflits institutionnels ;
- la mobilité sociale: c'est le fait qu'il y ait trop d'écart entre les individus et qu'il n'y ait plus de sentiment d'appartenance;
- l'anomie.

Le fonctionnalisme explique les faits sociaux par leur fonction, puis s'interroge sur les fonctions et les faits sociaux dans un système social toujours rapporté à la façon dont ils sont liés les uns aux autres.


Bonne soirée,

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

PS: j'ai mis les citations entre apostrophes

Je suis plutôt mathématicien, mais j'ai dû suivre des cours de sociologie, de pédagogie et de psychologie afin de pouvoir enseigner à l'école puis à l'université allemande.
Dr. Jamel Tazarki
Errata
a posté le à 06:28
Je corrige quelques fautes d'inattention:
-Le plus important est de se poser la question, pourquoi nous avons échoué dans tous les domaines en tant que société qui a bien démarré en 2011? --> Apprendre de ses erreurs est la meilleure façon d'avancer.

Bonne journée à tous

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

PS: Je voudrais par mes commentaires donner plus de valeur / qualité aux discussions sur Business News TN --> améliorer le niveau des discussions.
Bourguibiste nationaliste
Professeur Tournesol
a posté le 28-07-2021 à 20:48
On a jamais entendu parler de ce professeur qui tout d'un coup apparaît
pour disserter sur la liberté et les droits.
Ce sont des opportunistes qui tout d'un coup se découvrent une vocation de critique. On ne l'a jamais entendu dénoncer l'islamisme dans le passé récent
Goûtez-nous la paix et retournez à vos études, cela vaut mieux pour vous.
Fatma
@Bourguibiste
a posté le à 00:03
Vous avez bien raison...L'on comprend, alors, pourquoi la Tunisie a touché le fond avec pareils enseignants de sc-popolitiques...!
Mon.
comment
a posté le 28-07-2021 à 20:24
C'est dommage que votre analyse pédante mais compréhensible heureusement, aurait été mieux accueilli si vous aviez écourté votre texte et mis l'accent sur les choses les plus importantes, car je parie qu'il n'y a même pas 1 personne pour 10 000 qui va le comprendre, était-ce le but pour vous faire plaisir ?
Mêmepaspeur
Le destin gaullien de Kaïes Saïed
a posté le 28-07-2021 à 19:30
Le destin gaullien de Kaïs Saïed
Au lendemain du formidable coup de pied dans la fourmilière, qu'enfin quoique de guerre lasse, Kaïs Saïed asséna et de quelle manière, joignant le geste à la parole en décrétant le gel des complots, des manigances, des passe-droit, des querelles byzantines, mettant ainsi fin à la zizanie et à la gabegie comme méthode de gouvernance, méthode qui menaçait de devenir la norme sinon la normalité de la vie politique du microcosme. . .qu'est-ce qu'on n'a pas entendu et supporté comme déclarations, éructations, logorrhées et cris d'orfraie qui se voulaient doctes alors qu'elles sont quasiment le fait de ceux qui sont propres à bouffer du foin !
Au lendemain disais-je de l'évènement déterminant pour l'avenir du pays, le choeur des vierges effarouchées n'a pas tardé à donner de la voix, la chevrotante comme celle qui récrimine par humeur ou par conformation, la réprobatrice comme celle qui n'en peut mais ! Celle qui s'étrangle d'indignation tardive mais qu'on ne l'y reprendrait plus, comme celle qui est au bord de l'apoplexie, sans parler de celle qui menace de nous faire un caca nerveux. . .
Toutes ces belles et bonnes voix qui dormaient jusque-là du sommeil des repus, des nantis et des pas-concernés, se sont réveillées comme se réveillent en sursaut les sots et les trissotins, les à-qui-on-ne-la-fait-pas qui se révèlent être des "triple sots" qui n'ont rien vu venir, ou ceux qui se croyaient bien à l'abri dans leur tour d'ivoire et qui dégringolent avec "pertes et fracas" du haut de la commode. . .
Mais quoi ! l'Histoire contemporaine n'est-elle donc là que pour amuser la galerie. . .et n'intéresser au mieux que les adolescents boutonneux qui hantent collèges et lycées ? Ou bien l'Histoire existe pour qu'on en fasse notre miel quotidien et notre enseignement permanent ?
J'invite donc ceux qui n'ont point la mémoire courte ni les souvenirs sélectifs, à se remémorer le fameux épisode de la Conférence de Presse de De Gaulle en 58, peu avant son avènement au plus haut sommet de l'Etat quand il a mis sur les fonts baptismaux la Vème République, mettant fin par la même occasion à des décennies d'instabilité gouvernementale en plus de la Guerre d'Algérie. . .
Répondant à la question d'un journaliste facétieux qui s'inquiétait pour le devenir des libertés et de la vie démocratique, De Gaulle fit mine de s'emporter en protestant : "Croit-on qu'à soixante-sept ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?"
A quelque 60 ans de distance, serait-il donc permis de poser la même question dans la bouche de Kaïs Saïed ?
Question que je pose humblement à Monsieur Le Professeur, voit-on (voit-il) vraiment en Kaïs Saïed un dictateur en devenir ?
De Gaule avait toiletté la 4ème République pour en faire une 5ème moderne et plus en adéquation avec son époque, la Loi Fondamentale de 58 est et demeure bien vivante 60 ans après son approbation par référendum. KS fera de même en donnant vie à la 3ème République de Tunisie !
De Gaule avait rétabli les libertés fondamentales. KS fera de même !
De Gaule avait refondu le système électoral en mettant en place un scrutin majoritaire qui simplifie et rend possible une gouvernance au service de tous. KS fera de même !
De Gaule confirma et consolida le caractère laïque de la République. KS fera de même en toilettant et en conférant plus de "civilité" aux articles 1 et 2 de notre Constitution, celle-ci ne demandant qu'à faire peau neuve !
De Gaulle libéra les énergies et les formidables potentialités du pays. KS fera de même en sortant définitivement le pays du moyen-âge arabo-islamiste de la superstition, en l'ancrant dans la modernité de la 3ème République et dans le 3ème millénaire. . .
Dernier clin d'oeil de l'Histoire ou bien est-ce le hasard qui fait bien les choses. . .sinon les deux à la fois ? Toujours est-il que Kaïs Saïed est natif de 1958, tout comme l'avènement de la 5ème République Française. . .
Certains ici ou là, quoique crédules par principe et/ou par aveuglement, refuseront peut-être (et surtout ?) d'y voir un quelconque signe de la Providence. . .
MPP.
La dream team
Bravo MPP !
a posté le à 00:20
Excellent !... comme d'habitude ;-))