Un jeune tunisien a été condamné à un an de prison pour homosexualité. Dans d’autres circonstances, cela aurait pu passer pour un simple fait divers. En réalité, c’est un événement suffisamment important et grave pour qu’on s’y attarde.
D’abord, il y a les péripéties de son arrestation et de sa condamnation. En effet, il ne s’agit pas d’un citoyen confondu dans une situation de flagrant délit. Au contraire, c’est un jeune interpellé dans le cadre d’une simple opération de vérification d’identité routinière. Ce qui l’est moins par contre, c’est que les agents de police se sont permis de lui confisquer son téléphone et de consulter de force ses correspondances privées mettant à jour sa relation « amoureuse » avec un autre individu du même sexe. La police a-t-elle le droit de violer aussi légèrement l’intimité des gens en pleine rue et sans mobile apparent ? On attendra l’avis des syndicats de police et des organisations de défense des droits humains, aussi nombreux qu’inefficaces. C’est à se demander quel est le véritable tort de ce jeune homme au moment de son arrestation. Etait-il victime de sa différence ou simplement victime de la malchance de se trouver face à un policier irrespectueux des procédures et intolérant, voulant imposer un modèle de société puritain qui n’existe que dans sa tête et dans la tête de ses semblables, peu nombreux jusque-là, mais sait-on jamais.
Ce comportement subi par ce jeune homme, comme les multiples dérapages de la police envers les femmes au cours des dernières années ne sont pas prêts de s’arrêter tant que nous n’aurons pas posé franchement la question de la capacité de milliers de policiers recrutés au temps de la troïka sur la base de leur engagement idéologique, à être des policiers républicains qui se limitent à faire respecter la loi sans chercher à imposer un modèle de société dicté par leurs convictions politiques ou religieuses.
Il aurait fallu le concours d’un médecin légiste peu scrupuleux de sa propre déontologie pour resserrer l’étau autour du cou de jeune, coupable de sa différence. Comment un médecin peut-il accepter d’agir de la sorte, pratiquer cette expertise de la honte sans le consentement de son patient et faire des examens qui n’ont aucun intérêt médical et qui ne constituent nullement aucune preuve de quoi que ce soit ? Heureusement que plusieurs médecins se sont insurgés contre le comportement de leur collègue. On attendra maintenant la réaction du Conseil de l’ordre des médecins et de son comité d’éthique pour confirmer l’idée positive que portent les tunisiens sur leurs médecins et sur le corps médical en général.
Et puis, il y a cette juge, pour boucler la boucle et rendre le calvaire de ce jeune homme plus dramatique, qui, par son jugement, confirme tout le mal que nous pensons de l’état de notre magistrature et de notre justice dans son ensemble. Une justice archaïque, sclérosée, mécanique, à plusieurs vitesses et conservatrice au point de devenir la garante d’un ordre établi, pas toujours conforme à la réalité, forcément plus complexe que les textes désuets qui la régissent. Il est évident que les conventions internationales et la nouvelle Constitution n’ont pas encore franchi le perron de nos tribunaux. En envoyant ce jeune homme en prison pour un an, Mme le juge croit-elle un seul instant qu’elle a rendu justice ? Qu’elle a garanti l’intégrité physique du condamné en prison ? L’institution militaire, soucieuse de son bon fonctionnement et regardant la réalité en face, a décidé depuis longtemps de renvoyer les homosexuels chez eux et de les dispenser du service national. Un exemple à méditer.
Ensuite, il y a ce climat d’hypocrisie générale qui a accompagné cette affaire. Disons le tout de suite, il ne s’agit pas de défendre l’homosexualité mais de défendre le droit à la différence, toutes les différences, ainsi que de défendre le droit de chacun de choisir sa manière d’être, son mode de vie et de disposer librement de son corps. Il est navrant de constater que jusqu’à présent, seuls les jeunes des partis Massar et Qotb ont réagi. Leurs aînés de la classe politique ont choisi quant à eux la politique de l’autruche, de ne rien entendre, de faire semblant de croire que ce n’est qu’un fait divers sans conséquences.
En vérité, même si elle est posée en termes choquants pour une large frange de nos concitoyens, cette affaire pose cruellement les questions de la tolérance, du droit à la différence et du respect des libertés individuelles dans notre pays conformément à notre nouvelle Constitution et à nos engagements internationaux. Occulter ces questions essentielles, c’est faire le lit de l’intégrisme et d’une société faussement puritaine que les extrémistes de chez nous comme d’ailleurs veulent nous imposer. Malheureusement, habituée aux calculs politiciens, notre classe politique est habituée à l’hypocrisie à tel point qu’un homosexuel notoire ait pu accéder au poste de chef du gouvernement.



Commentaires (47)
CommenterDérapage flagrant
J'irai Cracher Sur Vos Tombes !
Ce n'est pas le propos de mon intervention, car, je voulais tout simplement planté le décor, pour citer , non moins célèbre réplique (Les enfants du Paradis), : « Mon c'ur est français, mais mon c...l est international » !
Ou encore : « Des rides ? Je n'en ai qu'une seule et je suis assise dessus ! » , citation d' Arletty.
Sa dernière volonté, mettre sur sa tombe : 'La vie n'est qu'une ivresse, la vérité c'est la mort' » , citation du grand écrivain français, Louis-Ferdinand Céline; n'en déplaise à certains !
Je voudrais terminer par dire cela : À tous les pudibonds de la Tunisien, et, d'ailleurs, cessez votre paternalisme à l'envers, votre hypocrisie, vos désirs pervers de frustré(e)s refoulés, et laissez les gens vivre leur vie, et vous n'êtes tutélaire que du votre !
Attention dérive méchante
Somme nous en démocratie ?
L'islamisme rampant poursuit son chemin
Des individus ont déjà subis ce genre de sévices sans être homos
On va aussi croire que la police de l'ancien régime était idéale.
"Comment un médecin peut-il accepter d'agir de la sorte, pratiquer cette expertise de la honte sans le consentement de son patient et faire des examens qui n'ont aucun intérêt médical et qui ne constituent nullement aucune preuve de quoi que ce soit ?"
La médecine légale de l'ancien régime était aussi au service de la tyrannie, ne l'oubliez pas.
demagogie mediatique
Cet individu a ete arrete pour soupcon de meurtre , l autorite de l etat de la police et de la justice autorise de fouiller chercher preuve dans ce sens sans demande d autorisation bidon qui peut tout effacer , deuxiement le corps medical n a jamais condamer un examen medical demande par la justice , les medecins ne condanment que si le rapport est faux , repondre a la requete de justice fait partie du boulot du medecin legiste on demande pas leur avis sur les lois mais son avis syur examen medical peu importe les consequences qui ne le regarde pas , pour rappel ou bien si vous omettez de le mentionner l article 143 du code penal tunisien : reefuser d obtemperer a une requisition judiciaire est passible d'une sanction d'un mois de prison et une amende mr benhamida toi qui pleurnichait pour qu on ne porte pas plainte contre vous pour diffamation mediatique dans l affaire de discours de l ex president de la republique et puis la juge a applique la loi en ce qui concerne l acte de pederastie que j espere que tu la defends derrier l ecran uniquement et que tu passe pas a l acte un de ces jours
Un Moratoire Pour Toutes Les Lois Liberticides
Je pense qu'il faudrait peut-être,parler moins,et agir plus,contre ces lois liberticides!
S'il n'y a pas de moratoire,on risquerait fort bien de se heurter à d'autres problèmes dans l'avenir!
***
Mobilisons-nous maintenant pour le moratoire,avant que les chose ne prennent une tournure plus fâcheuse,et compliquent un peu plus la bataille des libertés individuelles!
partie de verité
@ QI
Mais non, c'est une manière de lui dire qu'il n'a pas un mot critique sur ce qu'il s'est passé!