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Chroniques
Rached Ghannouchi a encore eu le dernier mot
07/02/2015 | 16:14
4 min


Par Synda TAJINE


La présence d’Ennahdha au gouvernement, un sacrifice pour l’intérêt national ? C’est ce que veut faire croire, en tout cas, le leader islamiste Rached Ghannouchi. Compte tenu du poids politique du parti aux législatives et de la maigre différence de voix, par rapport à son principal rival, Ennahdha avait droit à plus et aurait dû être mieux représentée. C’est encore ce que veut faire croire Rached Ghannouchi. Mais la réalité est tout autre et la partie cachée de l’iceberg (ou du gouvernement) montre une présence bien plus confortable du parti islamiste que ce que l’on veut bien nous faire croire.

Le gouvernement de Habib Essid est un gouvernement issu des élections remportées par les principaux rivaux d’Ennahdha. Un gouvernement qui devait réparer les torts causés par une gestion calamiteuse d’Ennahdha et de ses alliés, au pouvoir. Mais au sein de ce gouvernement, Ennahdha est partout. De la présidence du gouvernement, aux ministères et aux secrétaires d’Etat, le parti de Rached Ghannouchi a veillé à déposer son empreinte avant de pouvoir accorder la moindre confiance. Avec un chef de gouvernement ayant été l’un des conseillers de Hamadi Jebali, ancien secrétaire général d’Ennahadha, la partie semblait gagnée d’avance.
Officiellement, Ennahdha dispose d’un ministère, celui de l’Emploi et de la Formation professionnelle, confié à Zied Laâdhari, une des rares figures du parti à ne pas avoir souffert de sa mauvaise presse. Officiellement, le parti a dispose encore de trois secrétaires d’Etat : Boutheina Ben Yaghlane, Amel Azzouz et Najmeddine Hamrouni. Finances, Coopération internationale et Etablissements hospitaliers, mais tout ceci reste peu et plutôt timide dit-on.
En réalité, Ennahdha a plus d’un tour dans son sac et garde d’autres membres du gouvernement bien, au chaud, sous son aile. Tel est le cas du très controversé Néjim Gharsalli, ministre de l’Intérieur. Officiellement indépendant, Néjim Gharsalli est défendu bec et ongles par les membres du parti islamiste, dont Walid Bennani. Très peu connu pour sa discrétion et son sens de la retenue, Bannani n’a cessé d’affirmer que le nom de Gharsalli n’a pas été proposé par Ennahdha (on veut bien le croire), et qu’aucune autre personnalité originaire de la ville de Kasserine n’aurait pu être suffisamment qualifiée pour occuper ce poste. Une des raisons pour lesquelles le très controversé Gharsalli a été reconduit de la première équipe d’Essid à la deuxième. Mais Gharsalli n’est pas le seul. D’autres ministres, dits indépendants, ont aussi occupé des postes clés au sein d’anciens gouvernements de la Troïka.
Tel est aussi le cas de Néji Jalloul. Ce cadre de Nidaa Tounes qui, après avoir longtemps tiré à boulets rouges sur le parti Ennahdha, a fini par se laisser amadouer en disant, à qui veut bien l’entendre, que le parti islamiste a bien changé. Ce serait même grâce à Nidaa Tounes qu’Ennahdha a réussi à retrouver ses racines « tunisiennes » et à faire ami-ami avec les valeurs de la société tunisienne, si chèrement prônées par le parti de BCE.

Cette présence, très peu timide en réalité, est certainement, l’une des raisons qui ont fait qu’Ennahdha a voté la confiance au gouvernement de Habib Essid, après l’échec cuisant récolté par la première version de son équipe.
Mais parlons-en de cette confiance, récoltée grâce à un vote record au Parlement. 166 voix ont été accordées à l’équipe de Habib Essid. Rien que ça ! Par ailleurs, aucun député d’Ennahdha n’a voté contre l’équipe gouvernementale lors de la plénière du jeudi. Seuls trois députés se sont abstenus de donner leurs voix. Dans les faits, le gouvernement n’aurait jamais pu passer sans les votes des 58 élus d’Ennahdha, soit près du tiers des votes de confiance qui lui ont été accordés. Mais Ennahdha a décidé de voter pour. Autant dire que le parti de Rached Ghannouchi en était bien content. Autant dire que Rached Ghannouchi lui-même en était bien content.

Les jeux de la politique peuvent être bien déroutants pour l’électeur naïf qui croit en ce qu’on lui promet. Pour Nidaa Tounes, l’ennemi d’hier est devenu l’allié chéri d’aujourd’hui. Cet allié qu’on critiquait il n’y a pas si longtemps et qu’on s’aventure, aujourd’hui, à en redorer le bilan. Mais les voies de la politique sont impénétrables !

Après son exercice calamiteux au pouvoir, Ennahdha a réussi à se trouver une place bien au chaud. Non que le parti ait bien changé, bien au contraire, les méthodes qu’il utilise prouvent qu’il n’en est rien. Mais Rached Ghannouchi a réussi à dénicher un deal bien juteux. Un pacte confortable qui lui permet de se faire blanchir et réhabiliter…pour un bon moment encore…

07/02/2015 | 16:14
4 min
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Commentaires (25) Commenter
recette de demain : soufflet à la Ghannouchi mouillé en sauce amère
Observateur en Tunisie
| 09-02-2015 05:19
Ingrédients de la recette:

-Velayat al-islami de l'imam Khomeyni
-doctrine desséchée de Ibn Taymya
-Pure haine antisémite déguisée en style "taqqya" et habillée d'un mauvais gout "british"

pour la sauce : savoir faire de moukhabarat et habilité de mentir, clownerie de djellaba, et langue de boeuf épicée de saveurs mandarines

pétrir les versets du Coran dans les commentaires de Ibn Taymya, malaxer et malaxer encore avec des références à la révolution de Khomeyni, puis diluer dans le sarcasme anti-chiite, finalement laisser bouillonner quelques heures dans un harangue antisémite à partir des oeufs empoisonnés du mufti al-Husseyni.

Goûter. Si trop amère, ajoutez quelques mensonges droit-de-l'hommiste pour plaire à Human Rights Watch.

Faire retirer le réserves liquides d'Etat jusqu'à l'état de sec et dur non malléable, ajouter alors les prêts liquides du Qatar, pour arriver à une odeur acide et une couleur pâle et verdâtre de lagune du Golfe morte, à l'arôme de sang de mouton de Libye fraîchement égorgé.

Laissez cousiner les soufflets, jusqu'à la consistance syrienne, une fois bien doré, noyez les soufflets dans la sauce rouge-sang des revenants djihadistes.

Chef Rached Ghannouchi, autre fois Kheridji (kawarji)

Recette du jour : soufflé nationaliste à la sauce arabe
Abdelkader
| 08-02-2015 17:38
ingrédients :
une doctrine archaïque , bien éculée
un chef , de préférence le clone d'un colon
des seconds couteaux , choisissez les sans personnalité
quelques serviteurs zélés , apprenez leur à manger dans votre main ( vous verrez c'est pas dur )
un zeste de voyous sans foi ni loi prêt à terroriser vos adversaires
Pour commencer , éliminez toute contestation
tamisez , pressez , humiliez , torturez , surtout pas de grumeaux , pas de rassemblement .
uniformisez la culture , soignez la propagande .
écrasez toute velléité politique et syndicale .
selon la saison , récoltez les succès des uns et des autres , si les succès ne sont pas au rendez-vous , inventez-en .
faites fructifier votre argent ( le leur et le votre se confondent ) dans les plus belles entreprises du pays .
faites vous aider par les membres de votre famille , choisissez les moins scrupuleux , les plus crevards .
dressez les gens les uns contre les autres , qu'ils aient peur ( n'hésitez pas sur la peur ) .
invitez quelques pique-assiettes , de préférence européens , ils sauront relayer vos mensonges .
soyez pince- sans- rire , acceptez les distinctions universitaires pour vous comme pour votre épouse ( le ridicule n'a tué personne à ce que je sache ).
n'hésitez pas à mettre la main dans le cambouis en visitant des nécessiteux sous le feu des caméras , promettez leur le paradis ( le vrai ) à défaut d'une vie meilleure .
ne perdez pas de vue que si votre soufflé retombe vous risquez de vous retrouver en exil et de laisser derrière vous des orphelins inconsolables .
Bon appétit .









Finalement les barbus ont gagné?
Gg
| 08-02-2015 15:00
Généralement, il est bon de "mouiller" l'opposition en l'impliquant dans l'exercice du pouvoir. Mais dans ce cas précis, cette opposition est celle là même qui a encouragé le terrorisme dans le pays.
Alors oui, Ghannouchi a eu le dernier mot, et il n'y a plus beaucoup de raisons d'être optimiste quant à l'éradication du terrorisme.
On pouvait attendre autre chose de la part de BCE, le vieux renard s' est bien fait avoir.
@HatemC |07-02-2015 21:37
Bourguibiste nationaliste
| 08-02-2015 14:26
Cher ami,
Sur le fond, nous menons le même combat depuis en tout cas trois ans. Notre ennemi commun c'est l'islamisme. En dépit de cette convergence, nous avons parfois divergé et dans bien des cas, vous vous êtes ralliés après coup à mes positions. Nous avons de nouveau une divergence concernant l'opportunité (ou non) pour le gouvernement d'avoir intégré des islamistes. Un simple calcul vous conduit à la conclusion qu'il fallait intégrer les islamistes. Mais la politique ce n'est pas que l'arithmétique. C'est aussi et surtout l'analyse politique. Je maintiens que c'est une grave erreur d'avoir intégré les islamistes dans le gouvernement et ceci pour plusieurs raisons :
5. Nidaa donne le sentiment et la preuve qu'il a trahi ses électeurs et qu'il a déçu ceux qui ont voté pour lui en espérant qu'il soit un rempart contre l'islamisme.
6. En raison de l'intégration des islamistes, Nidaa va très rapidement perdre beaucoup de soutien et aura un problème de légitimité et d'autorité.
7. Nidaa donne l'impression d'avoir cédé aux injonctions américaines d'intégrer les islamistes dans le gouvernement.
8. Si Nidaa pense qu'en intégrant les islamistes dans le gouvernement, il les neutralisera : il se trompe lourdement car les islamistes vont agir dans le gouvernement pour paralyser l'action du gouvernement et hors du gouvernement pour créer les conditions d'une crise politique : ils soutiendront la rue contre le gouvernement.
En conclusion, je pense que Nidaa s'est trompé lourdement en intégrant les islamistes dans le gouvernement. Il aurait fallu qu'il constitue une autre majorité ou gouverner avec une très courte majorité et forcer les islamistes à dévoiler leur jeu cynique. Car les islamistes chercheront à faire tomber le gouvernement et à provoquer une crise sociale et politique qui leur permettra de tenir la dragée haute au gouvernement et de paralyser le pays pour monter qu'ils sont indispensables. Enfin, le jour la confrontation violente entre les nationalistes modernistes et les islamistes arrivera elle sera INEVITABLE. C'est une question de temps. Il faut donc s'y préparer.

analyse impartiale
wlidha
| 08-02-2015 13:58
Quand on est emporte par une haine il suffit de ne pas etre satisfait d un mal non inflinge a ceux qu on deteste pour laisser l imagination et interpreter tout dans un seul sens pour s autoflageller et en meme temps peut etre se soulager en tapant un article debile , faudra bien voir alleurs la cohabitation entre le premier et le deuxieme parti donnera a quel type de gouvernement , on est encore loin de la vrai democratie la tolerance et le respect de l autre...
Ennahda ne peut etre eradiqueé
Analyste
| 08-02-2015 12:58
Qu est ce que c est qu Ennahda ? C est le diable pour les elites francisées et embourgoisées qui auraient préféré l ancien regime moins Ben Ali et les trabelsia . Mais Ennahda c est aussi plus d un millions
d electeurs tunisiens qui ont preferé voter pour ce parti malgré que tout a été fait pour saboter le travail de la Troika et éradiquer Ennahda politiquement si ce n est physiquement, si tous les scenarios
d eradiction avaient réussis.Ennahda ce sont les regions du l interieur et du Sud et les quartiers populaires des grandes villes qui
i refusent l appauvrissement,
l exlpoitation economique et sociale,
l hegemonie culturelle et politique des elites de la dictature qui tentent encore de perpetuer leur hegemonie et pour lequelles
l existence d Ennahad est un grand obstacle pour le retour de leur hegemonie. Votre article n est qu une illustration quoique light et soft de la perpetuelle diabolisation maladive et obsessionelle d Ennahda que jamais plus personne ne..pourra éradiquer
.
Ennahdha a au moins le double de ce que vous annoncez Mme Tajine!
Hoss
| 08-02-2015 10:01
Oui Mme Tajine si vous avez poussé un peu plus loin vos investigations vous aurez découvert qu'Ennahdha a glissé d'autres sous-marins dans ce gouvernement, au moins quatre autres:
- Le Ministre de l'Agriculture désigné auparavant par Ennahdha comme PDG de la SONEDE
- Le Ministre du Commerce désigné auparavant par le CPRiste Maatar comme DG du marché le gros (son actuel chef de cabinet Mr Noureddine E. est un Nahdhaoui désigné par Maatar aussi et gardé par Mme Moalla Harrouche)
- Le Ministre de l'industrie qui a été nommé par Chef de Cabinet du Nahdhaoui Chakhari
- Le Secrétaire d'Etat aux collectivités locales qui a été désigné par Ali Laraiedh et Ben Jeddou comme Chef de Cabinet au Ministère de L'intéréieur....etc car il y en d'autres des sous-marins Nahdhaouis dans les appareils de l'Etat...


Faites votre boulot sérieusement Mme la journaliste et assez de légèreté dans la quête de l'information.
NIDAA UN MIRAGE
dégooutée
| 08-02-2015 08:50
bien joué nidaa tounes !!!!! 1er echec pauvre tunisie...!
L'électeur tunisien n'est pas du tout naif
jilani
| 08-02-2015 08:29
Vous ne pouvez pas dire que l'électeur tunisien est naif. Au contraire il a bien montré qu'il peut dire son mot pendant les éclections. Vous avez bien vu qu'il a évincé le CPR et Ettakatol. Mais le peuple ne peut pas descendre tous les jours dans la rue. Quand il descend c'est pour montrer sa colère contre ces traîtres. Vous savez bien que même les jeunes d'Ennahdha sont en forte colère contre ces dirigeants qui pour eux ont abandonné leurs principes. C'est ça le vrai danger. Les femmes sont bien convaincus maintenant que BCE n'a pas de respect pour les femmes comme on le croit et quand il a dit que ce n'est qu'une femme, c'est bien ce qu'il croyait réellement. Tout ceci sera dit un jour très très haut.
Dommage
Anis
| 08-02-2015 08:08
Je suis très très très déçu de Nida. chapeau bas Mr Ghannouchi.