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Chroniques
Ennahdha mène la danse
01/12/2014 | 16:00
7 min
Par Nizar BAHLOUL

La tension est montée d’un cran la semaine dernière. Il y a, dans ce pays, des politiques qui occupent les plus hautes sphères du pouvoir et qui n’ont jamais entendu parler d’un sondage. Ils ont passé leur « printemps » à dénigrer les instituts spécialisés et les médias les accusant d’être à la solde d’un adversaire politique hypothétique. Et à l’annonce des résultats, aussi bien aux législatives qu’au premier tour de la présidentielle, ils ont été surpris de découvrir la réalité. Tiens ! Les Tunisiens ne nous aiment pas ! Tiens, les Tunisiens n’ont pas compris la révolution et leur intérêt. Sans jamais remettre en doute leurs idées reçues, ils accusent les médias (bien sûr !) d’avoir manipulé, à dessein, l’opinion publique pour l’éloigner de la révolution, de ses hommes et de ses objectifs.
Il est donc normal, avec ce constat d’échec et ces résultats catastrophiques, que la tension monte. Et si la tension ne monte pas suffisamment, on la fait monter en soufflant sur les braises et en jetant l’huile sur le feu. Ici, on joue le tout pour le tout et peu importe que l’on joue, aussi, la politique de la terre brûlée. Tarek Kahlaoui, Hamadi Jebali, Salem Labiadh et autres Al Jazeera, Al Moutawassat, TNN et Assada ne s’embarrasseront plus à relayer tous types d’intox pour alimenter la haine et le régionalisme dans l’espoir de marquer des points en faveur de Moncef Marzouki et d’en retirer à Béji Caïd Essebsi.

Aux dernières législatives, le parti présidentiel CPR a récolté 68.000 voix, soit 2%. Avec un tel score, le constat de l’impopularité de ce parti et de son président est sans appel. Le bilan de Moncef Marzouki est dramatique en trois ans. Il n’a pas arrêté de nommer et de gommer ses conseillers les plus proches, plus d’une quinzaine en tout. Ses amis les plus proches des années de braise l’ont laissé tomber les uns après les autres et ont dénoncé ses turpitudes et le danger qu’il représente : Néziha Rejiba, Omar S’habou, Slim Bagga, Taoufik Mathlouthi, Ahmed Manaï. Au parti présidentiel, aujourd’hui, on dit qu’on est zinzins et qu’on est fiers de l’être. On est même honoré d’avoir le soutien des salafistes et des ligues de protection de la révolution. « Et alors ? », déclarait l’une de ces « zinzins » la semaine dernière sur le plateau de Nessma .
Il y a des parties radicales dans ce pays qui ont intérêt à voir Moncef Marzouki rester là où il est. Comment faire pour qu’il y reste ? On mobilise les foules. Le « miracle » s’est produit dimanche dernier. De 68.000 voix obtenues par son parti le 26 octobre, Moncef Marzouki réussit à décrocher quelque 1,1 million de voix le 23 novembre. Même ceux qui étaient traités de microbes l’ont soutenu ! Il y a donc une véritable machine qui a été lancée pour le sauver. Qui est derrière cette machine ? Tout le monde s’accorde à dire que c’est Ennahdha. Le constat est juste, mais tronqué. Car il n’y a pas un seul parti Ennahdha, mais plusieurs. Ou, du moins, plusieurs tendances au sein d’Ennahdha qui s’entredéchirent en interne.

Il y a deux ans, la division au sein d’Ennahdha était claire pour ceux qui suivent de près le parti islamiste. Le parti était partagé entre les anciens prisonniers et les anciens exilés. Ça n’a pas beaucoup changé depuis, même si l’on ne parle plus de cette ligne de front interne. Les anciens prisonniers n’arrivent pas à admettre qu’ils ont été éjectés du pouvoir et qu’ils ne sont plus le premier parti au pays. Ils en veulent à mort à leur « sheikh » Rached Ghannouchi qui, avec ses tactiques, les a conduits à ce résultat dramatique. Ils lui en veulent d’avoir exercé la pression pour que la loi de l’exclusion politique ne passe pas. Ils lui en veulent d’avoir négocié, à Paris, avec Béji Caïd Essebsi. Ils lui en veulent d’avoir lancé un appel de neutralité à la veille du 1er tour et d’avoir diffusé une vidéo, entre les deux tours, pour relancer cet appel. C’est même la première fois, dans ces élections, que Rached Ghannouchi sort en personne pour diffuser une vidéo.
Ce qui s’est passé en Egypte, l’année dernière, a énormément pesé en Tunisie. Durant ses deux décennies d’exil, Rached Ghannouchi a eu le temps de rencontrer du monde et d’avoir une idée de ce qu’est la politique et la géopolitique. Fin calculateur, véritable renard, Rached Ghannouchi a très rapidement compris qu’il fallait reculer, s’il ne veut pas connaitre le même sort que les frères musulmans égyptiens. Le risque était gros et l’ombre de la guerre civile planait.
Rached Ghannouchi a rapidement compris aussi que le danger de maintenir Moncef Marzouki à son poste est nettement supérieur, pour son parti et pour le pays, que de voir Béji Caïd Essebsi à Carthage. Marzouki à Carthage et Nidaa à la Kasbah signifie cohabitation synonyme d’instabilité politique totale. Marzouki n’a pas beaucoup de prérogatives, mais il a celle de dissoudre le parlement élu. Le danger de le voir jouer avec un tel instrument est réel et Ghannouchi le sait.
Et il sait aussi que Caïd Essebsi n’a aucun moyen de faire revenir la dictature, comme le crient sur tous les toits Marzouki and co. Avec le tiers du parlement entre ses mains, une société civile (islamiste et de gauche) aux aguets et très active et des médias qui tirent sur tout ce qui bouge, cette éventualité est quasi nulle.

Ces convictions de Rached Ghannouchi ne sont pas partagées par tout le monde. Loin de là. Il y a les naïfs qui ne les comprennent même pas, à l’instar des Abbou et des bases d’Ennahdha. Et puis, il y a les requins et les vautours qui n’y adhèrent pas du tout et qui sont prêts à prendre le risque de brûler le pays pour se maintenir au pouvoir. C’est dans cette liste que puise Marzouki et c’est ceux là qui lui ont ramené les voix nécessaires pour qu’il accède au second tour.
Dans cette liste, on trouve des Abdellatif Mekki, Abdelkrim Harouni et Ali Laârayedh, notamment. Hamadi Jebali s’est joint à eux dernièrement, mais pour un autre objectif. Ces gens-là étaient tous en prison et ils ont tous un historique violent, pour ne pas dire sanglant. Ont-ils changé ? Ont-ils évolué ? Le doute est permis quand on se rappelle de la chevrotine de Siliana ou quand on se remémore Abou Iyadh qui a quitté la mosquée d’El Fath parce que Laârayedh a donné l’ordre à la police de se retirer. Il suffit d’écouter leurs discours pour se convaincre que ces gens-là ne comprennent pas grand-chose à la politique, à la géopolitique, ou la nécessité de la concorde pour sauver le pays. De quel pays parle-t-on déjà ? Ils ont passé des années de prison parce qu’ils croyaient en une cause bien déterminée, et non parce qu’ils croient en la démocratie et en la liberté.
Ils ont donc bien manœuvré et ce depuis des mois. Dès la présidentielle, ils ont poussé des dizaines de candidats, les plus farfelus, à se présenter. On a vu la « botoxée » et celui qui lui manquait une « voiture motorisée » pour gagner. 27 ont réussi à dépasser le premier filet. Et quand on voit de près ceux qu’on croit poussés par le parti islamiste, on voit ceux qui appartiennent au camp Ghannouchi (comme Hechmi Hamdi par exemple) et ceux qui appartiennent au camp adverse. Les « démocrates » aux égos démesurés ont achevé le reste.

Maintenant que le premier tour est passé, avec le résultat qu’on connait, les divisions se sont accentuées davantage au sein du parti islamiste. Ceux qui soufflent sur les braises pour enflammer le sud (Laârayedh est de l’extrême sud tunisien, tout comme Imed Daïmi et Slim Ben Hmidène, autres pyromanes du paysage) pour favoriser Marzouki et ceux qui appellent, d’une manière à peine voilée, à ne pas voter pour lui.
Résultat des courses, tout le pays se voit acculé à être dans la réaction et non dans l’action. Les uns tentent de calmer le jeu, pendant que les autres continuent, en toute impunité, à jeter de l’huile sur le feu. Quitte à faire capoter les élections, quitte à enflammer le pays, leur avenir personnel prévaut sur la réussite de la transition démocratique. Une démocratie qui place leur « ennemi » au pouvoir n’est pas une démocratie viable à leurs yeux.
Quand on a connu l’eau de feu et les explosifs dans sa jeunesse, il est tout à fait logique d’évoluer vers le feu et les bombes quand on devient grand. Ce n’est peut-être pas le cas de ces dirigeants d’Ennahdha, mais on témoignera, au moins, qu’ils sont bien doués pour ajouter de l’huile sur le feu et souffler sur les braises.
01/12/2014 | 16:00
7 min
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Commentaires (43) Commenter
2ème tour nidaa-ennakba
griguer
| 02-12-2014 15:34
2 ème tour ghannouchi-caid essebsi
c'est clair net et flagrant
@ John Wayne
Bourguibiste
| 02-12-2014 13:58
Ces synthèses nécessitent un gros travail et je vous en remercie et je pense que votre principal message est passé mais je vais continuer a appronfir mes connaissances à travers également les livres que vous avez mentionné. Je pense que votre méthode d ouverture d esprit 'par étape' ou à la manière de Socrate est la bonne je suis convaincu qu elle portera ses fruits.

Bon courage.
@salahtataouine : Je réponds tardivement....
je dis la vérité
| 02-12-2014 12:04
Je voulais préciser dans mon commentaire, que Marzougui, est perdant. Marzougui, au deuxième tour, n'atteindra pas les 45 %....

J'ai repris les chiffres du dernier scrutin et j'ai fait une petite projection. J'espère que je me m'étais pas trompé.....
@ZZZ |02-12-2014 10:47 : Analyse objective....
je dis la vérité
| 02-12-2014 11:59
Je partage absolument votre opinion sur la chose.

Rejeter absolument le terme "laïque", tel conçu par les lois française. Le laïcisme, rime anti-religion.
Nous voulons souscrire et vivre dans un Etat, pas "laïque", mais "civil".

JW, fait toujours l'amalgame entre islam et islamisme.
L'islam c'est dans les coeurs, l'islamisme, c'est "l'intégrisme"tout court. On n'en veut pas, chez nous, en Tunisie.
Merci, donc, pour cet éclaircissement.
Si nos compatriotes savaient.....
@ZZZ
G&G
| 02-12-2014 11:36
Foi et raison sont incompatibles dans un monde matériel. Qui dit foi dit différence et tensions.
Ce n'est pas pour défendre JW, parce que je sais que ses idées sont indéfendables dans un monde dominé par l'ignorance et condamné à disparaître. l'aprés pétrole effacera le monde arabe de la carte et leur f. aussi
Cordialement
A "John Wayne",
ZZZ
| 02-12-2014 10:47
premièrement,permettez-moi de vous remercier pour vos écrits souvent intéressants et enrichissants.Cependant,il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège d'opposer l'Islam,la religion et la foi en général,à la raison.On peut être un bon musulman tout en usant de son cerveau ! C'est d'ailleurs le sens de l'article 1er de la Constitution imaginé par le génial Bourguiba.Oui,la majorité des Tunisiens est musulmane mais dans le cadre d'un Etat civil non sclérosé par les carcans religieux.Quant à la laÏcité,il faut faire attention à l'emploi à ce terme.S'il désigne la séparation de la politique et de la religion car ces deux notions sont antinomiques voire leur mélange dangereux,j'y souscris.Si,par contre la laÏcité est l'acception française issue de la révolution française,je m'y oppose.En effet,cette dernière vision est fondamentalement hostile à la religion (des prêtres ont été assassinés en nombre durant la révolution française).Je préfère donc la notion d'Etat "civil" par opposition à Etat théocratique ou islamiste.
Quant à l'interruption de l'effort d'"ijtihad" par les pseudo-savants de l'Islam,cela n'a pas empêché nos Tahar Haddad,Ben Achour et autres DoraÏ de faire des interprétations éclairées du Coran.Aujourd'hui,il y a un savant de l'Islam d'origine indienne,du nom de Imran Hossein qui poursuit son effort d'ijtihad (inutile de préciser qu'il méprise les ânes wahabites du Golfe qui s'auto-proclament "cheikhs" ou "chouyoukhs").
En conclusion,gardons-nous d'opposer foi et raison car ces deux concepts sont en réalité parfaitement compatibles et sachons que tout ce qui est excessif est insignifiant.
la reussite ou l ' ENFER pour la TOIKA
abdel
| 02-12-2014 09:36
le combat est diametralement oppose' , les consequences sont egalement tres differentes , si BCE perd ses collaborateurs ne perdent pratiquement rien du tout , mais si Marzouki perd alors la c ' est la catastrophe pour bon nombre de dirigeants de la Troika , jugements , condamnations , meme prisoons ou fuite vers l, etranger ! le risque est tres grand pour eux , ils doivent se battrent corps et ame por sauver leurs peax ; C ' est CA L ' ENJEU des preesentes ELECTIONS , GAGNER OU L, ENFER !
le lpriste
nazou
| 02-12-2014 09:30
Elmouhandes est long à la détente !!!
Il a pas compris qu'un journal, c'est d'abord une couleur politique.
L'ISLAM OU LE SUICIDE INTELLECTUEL DES PEUPLES ARABES-LECON 3 : LA CONTRE-
JOHN WAYNE
| 02-12-2014 08:33
L'ISLAM OU LE SUICIDE INTELLECTUEL DES PEUPLES ARABES-LECON 3 :
LA CONTRE-ATTAQUE DES TRADITIONALISTES DE L'ISLAM (1)

INTRODUCTION :
Lors d'une des interviews qu'elle accorda aux medias Tunisiennes avec toute l'élégance et la classe qui la caractérise, Meherzia L., *** au visage en forme de ftira au miel, a déclaré avec un visage jovial et aussi arrondi qu'un bol de leblabi servi dans une gargote investie de mouches de la Goulette :
« Il n'y aura plus jamais de sauveur en Tunisie, nous avons la démocratie ».
Ce à quoi je réponds tout en contemplant les photos en noir et blanc de Bourguiba et de Ben Ali qui ornent mon bureau au bois sombre :
« Il y aura non seulement un sauveur, mais une Aube Nationaliste qui verra la Nation Tunisienne donner une leçon au monde en souveraineté, intégrité, et courage, et les islamistes Tunisiens connaitre une débandade cuisante. »
Et a propos d'islamistes, le but de cette série éducative est justement de remonter au conflit qui a opposé la pensée musulmane a la pensée Grecque moderne lors des conquêtes Arabes. Ce conflit de pensée et de raisonnement verra hélas la victoire de l'obscurantisme sur l'ouverture de l'esprit et la recherche du savoir. Cette défaite de la logique aux dépends de la pensée irrationnelle aura des retombées catastrophiques sur le destin des peuples Arabes, faisant de ceux-ci des êtres à la fois impulsifs, têtus, dépourvus d'esprit Cartésien, et profondément fatalistes.
Cet esprit autodestructeur sera derrière la colonisation du monde Arabe par l'occident et la perpétuation du mouvement islamiste jusqu'à nos jours.
Car c'est la pensée Musulmane qui a fait des peuples Arabes des peuples colonisables.
Ma série « L'Islam détruira le Monde Arabe » a traité des conflits qui ont opposé le trio de l'occident, des frères musulmans, et des souverains marionnettes du monde Arabe, aux Nationalistes Arabes en ce siècle contemporain. Et donc comme vos cerveaux de bipèdes aux quotients intellectuels à un chiffre ont pu le comprendre, cette nouvelle série discute d'une période antérieure à celle de la décolonisation et du nationalisme mais dont les conséquences sur les peuples Arabes seront infinies dans le temps.
Car comme je l'illustrerai par cette série éducative qui vous laissera perplexe et dans un état de confusion lors duquel vous gratterez vos cranes ovoïdes aux cuirs chevelus riches en pellicules et en croutes diverses, la période des conquêtes Arabes et du conflit entre pensée Musulmane et pensée Grecque déterminera négativement toutes les autres périodes du monde Arabe, même celle que vous vivez en ce moment !

L'OPPOSITION DES HANBALITES: LE PREMIER PRINTEMPS ARABE DU MONDE MUSULMAN !
Comme ce fut le cas pour les années Ben Ali qui ont précédé le printemps Arabe et qui ont vu des islamistes violents et fanatiques emprisonnés puis libérés, la période des Mutazilites vivra elle aussi un renversement de situation en Orient.
Les Mutazilites et leur pensée moderne et ouverte sur le monde vivront un revers historique qui verra leurs ennemis jurés et adeptes d'Ahmed Ibn Hanbal reprendre le dessus de l'histoire.
Dans mon chapitre précèdent, j'ai parlé de Ahmed Ibn Hanbal, l'homme qui fut emprisonné par le Calife Al Mamun pour avoir refusé de décrire le Coran comme un livre ayant été écrit par les hommes et non par Dieu. Le Calife Al Mamun avait d'ailleurs condamné Ibn Hanbal à la flagellation.




L'ISLAM OU LE SUICIDE INTELLECTUEL DES PEUPLES ARABES-LECON 3 : LA CONTRE-
JOHN WAYNE
| 02-12-2014 08:32
L'ISLAM OU LE SUICIDE INTELLECTUEL DES PEUPLES ARABES-LECON 3 :
LA CONTRE-ATTAQUE DES TRADITIONALISTES DE L'ISLAM (2)

Ibn Hanbal sera derrière la création du Hanbalisme qui sera la forme la plus radicale de la jurisprudence de l'Islam encore appelée le « Fiqh ». Le Hanbalisme est le système juridique utilisé de nos jours en Arabie Saoudite et donc ce même système habite les esprits des Tunisiens ayant plongé dans l'Islam radical depuis leur plus tendre enfance et qui se rendent régulièrement en Arabie saoudite pour des visites de courtoisie. Il s'agit donc du système juridique que Hamadi Jebali instaurerait en Tunisie si un jour cet homme devait éliminer tous ses ennemis laïques Tunisiens.
Et à propos de jurisprudence, il est très important que vous compreniez que la période des conquêtes Arabes qui a suivi la mort du Prophète est divisée en plusieurs périodes ou le Coran fut étudié par divers Imams par ce que l'on appelle le « Ijtihad ». Ces divers Imams ont pu par leurs études et interprétations du Coran et de la Sunna, établir des textes de jurisprudence qui garantiraient une orthodoxie et un radicalisme irréversibles à la religion musulmane.
Il existe grosso modo quatre écoles de jurisprudence musulmane, chacune établie par un Imam diffèrent lors d'une certaine période:

Al Shafi: 767-820
Abou Hanifa: 699-767
Ahmad Ibn Hanbal: 780-855
Malik Ibn Anas: 715-796

Et donc, l'on dispose d'une période qui s'étale jusqu'au début du 9eme siècle et pendant laquelle le Coran et la Sunna ont été interprétés de façon irrévocable par les quatre Imams cités ci-dessus. Il s'agit de la période du « Ijtihad ».
Au début du 12eme siècle, les penseurs du monde Musulman auront décidé de fermer la porte a jamais au « Ijtihad » et de considérer la jurisprudence de l'Islam écrite à partir du Coran et de la Sunna comme irrévocable et définitive.
Le monde Musulman sera donc entré dans la période dite de « Taqlid », c'est-à-dire d'application de la loi sans ne jamais toucher de nouveau à son interprétation.
Et donc l'on peut comprendre que contrairement à toutes les autres religions Monothéistes, l'Islam a comme puissante caractéristique et peut-être comme immense handicap, d'être une religion très faible en Théologie pour être surtout riche en jurisprudence. Ce qui veut dire que l'Islam est surtout une religion de textes de loi qui régissent ce qui est permis et ce qui est interdit, avec pour effet selon certains critiques, d'éloigner l'homme de Dieu et de sa présence pour le rapprocher plutôt vers un monde d'interdits et de permis.
En effet, à partir de cette période de Taqlid, les actions de l'être humain en Islam seront classées en cinq catégories essentielles :

Les actions obligatoires ou le Fard
Les actions recommandées ou le Mandub
Les actions tolérées ou le Muhab
Les actions condamnables ou le Makruh
Les actions interdites ou le Haram