Chroniques
Ils mentent, ils spéculent, nous payons !

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Par Nizar BAHLOUL
L’agence de notation Moody’s a abaissé le 28 février 2013 la note souveraine de la Tunisie de Baa3 à Ba1 la reléguant ainsi en catégorie spéculative, et ce, en raison de l’instabilité politique dans le pays et du retard enregistré dans l’adoption d’une nouvelle constitution.
L'agence de notation Standard and Poor's a rabaissé le 19 février 2013, d'un cran, la note souveraine de la Tunisie à "BB-" contre "BB", assortie d'une perspective négative en raison de la crise politique qui secoue le pays.
Ces deux agences, et quoiqu’on dira sur elles, représentent la bible (ou le coran) pour tout investisseur et tout analyste qui se respecte.
Quel que soit l’investisseur, et quelles que soient ses motivations, il va chercher à rentabiliser son argent. Avant d’entamer son projet, il va se renseigner et c’est auprès des médias et de ces agences de notation qu’il va trouver l’information capitale qui va le décider s’il va investir ou pas dans un pays et dans un projet.
Depuis des mois, les médias nationaux ne cessent de crier sur tous les toits que ce gouvernement est incompétent, qu’il mène le pays droit au mur.
On nous a insulté, on nous a menacé, on nous a trainé devant les tribunaux, on nous a traité de tous les noms.
Depuis des mois, les médias français (et la France est le premier fournisseur et le premier client de la Tunisie) ne cessent d’alerter sur les dangers qui guettent le pays.
On les a insultés, traités de tous les noms et accusés de velléités néo-colonialistes et autres agendas impérialistes.
A entendre nos gouvernants, les membres de l’opposition sont des menteurs, les médias tunisiens sont des menteurs, les médias français sont des menteurs. Il faudra maintenant qu’ils pensent à ajouter au lot les agences de notation internationale.
A entendre le gouvernement, il est le meilleur qui soit et ses membres ne sont pas des menteurs.
Ali Laârayedh, actuel ministre de l’Intérieur, a été chargé par son parti de former un nouveau gouvernement pour remplacer Hamadi Jebali qui pourrait être, lui aussi, un menteur puisque son constat est identique aux autres menteurs cités plus haut.
Ali Laârayedh est donc un honnête homme qui va rassurer les investisseurs et remettre le pays sur les rails.
Ali Laârayedh a organisé une conférence de presse lundi dernier pour nous donner des détails sur l’assassinat de feu Chokri Belaïd. Ce n’est pas à lui de le faire, c’est au juge d’instruction, mais passons, puisque le ministre de l’Intérieur a indiqué devant les caméras et des dizaines de journalistes que ses déclarations sont données en étroite coordination et avec l’aval du juge d’instruction.
Deux jours plus tard, le juge d’instruction déclare qu’il n’est au courant de rien !
On devrait logiquement conclure qu’Ali Laârayedh est un menteur. Mais non ! Il n’y a que l’opposition et les médias qui mentent.
Allez les Nahdhaouis ! Rajoutez à votre liste de menteurs les juges d’instruction. Allez crier que les juges d’instruction sont des menteurs, allez crier qu’Ali Laârayedh est le meilleur chef du gouvernement qui soit, allez crier que Ali Laârayedh est honnête et crédible et que l’opposition, les médias et les juges d’instruction lui mettent les bâtons dans les roues, avant même qu’il ne commence !
Ali Laârayedh sera secondé par Noureddine Bhiri, actuel ministre de la Justice. Noureddine Bhiri devrait occuper le nouveau poste (taillé à sa mesure) de coordinateur général du gouvernement.
A entendre les membres du gouvernement et les Nahdhaouis, M. Bhiri est un honnête homme. Il est crédible et ne ment pas. Il ne ment jamais le Noureddine Bhiri. Voyons voir. Quelles ont été les déclarations de Noureddine Bhiri par le passé ?
C’est bien lui qui a dit que les juges travaillent en toute indépendance ? C’est bien lui qui a dit que la magistrature va bien et qu’il n’a jamais donné une consigne quelconque aux juges ? C’est bien lui qui a déclaré que la Tunisie est un Etat de droit où la loi est strictement appliquée ? Prenons-le au mot le Noureddine Bhiri.
En termes de loi qui est strictement appliquée, on sait tous que ce n’est pas vrai. Les exemples sont nombreux, à commencer par les anciens hauts cadres de l’Etat, proches de Ben Ali, qui se trouvent encore sous les verrous, alors que le délai légal de détention a expiré depuis des mois. Il y a le célèbre cas de Sami Fehri dont la cour de cassation a décidé la libération, mais qui se trouve encore sous les verrous. Vous voulez d’autres exemples Monsieur Bhiri ?
En termes de magistrats indépendants, nombreuses ont été les déclarations des juges (via leur association et leur syndicat) qui disent le contraire. Et on peut demander aussi bien aux juges qu’aux avocats si les magistrats sont vraiment indépendants et ne travaillent pas sous la pression. On peut même interroger le greffier, voire le gardien du tribunal, il vous donnera la réponse démentant M. Bhiri.
Voilà donc le topo pour les mois à venir. Un nouveau gouvernement dirigé par un Ali Laârayedh qui ne dit que la vérité et secondé par Noureddine Bhiri qui ne dit que la vérité, lui aussi.
En face, il y a des médias nationaux et internationaux qui mentent. Des agences de notation internationale qui mentent. Des magistrats qui mentent. Des membres de l’opposition et de la société civile qui mentent aussi.
Maintenant, allez demander à un investisseur de venir dans ce beau pays dirigé par le meilleur gouvernement de l’histoire, composé de ministres honnêtes qui ne disent que la vérité.
Cet investisseur va réfléchir 30 secondes et va se dire, d’accord les gouvernants sont honnêtes, mais il y a tellement de menteurs dans ce pays que je ne pourrai y risquer un kopek.
Plus sérieusement, et quelle que soit la partie qui est en train de mentir et de mener le pays droit au mur, la note sera salée et la facture sera lourde à payer.
Et celui qui va la payer, c’est nous, citoyens et contribuables. Eux, ils auront suffisamment d’argent qatari et saoudien (gagné honnêtement, bien sûr) qu’ils n’auront pas de souci particulier à honorer leurs factures à Londres et à Paris.
N.B : Pensée à Sami Fehri et Nabil Chettaoui, sous les verrous depuis des mois, en attente de leurs procès.
L’agence de notation Moody’s a abaissé le 28 février 2013 la note souveraine de la Tunisie de Baa3 à Ba1 la reléguant ainsi en catégorie spéculative, et ce, en raison de l’instabilité politique dans le pays et du retard enregistré dans l’adoption d’une nouvelle constitution.
L'agence de notation Standard and Poor's a rabaissé le 19 février 2013, d'un cran, la note souveraine de la Tunisie à "BB-" contre "BB", assortie d'une perspective négative en raison de la crise politique qui secoue le pays.
Ces deux agences, et quoiqu’on dira sur elles, représentent la bible (ou le coran) pour tout investisseur et tout analyste qui se respecte.
Quel que soit l’investisseur, et quelles que soient ses motivations, il va chercher à rentabiliser son argent. Avant d’entamer son projet, il va se renseigner et c’est auprès des médias et de ces agences de notation qu’il va trouver l’information capitale qui va le décider s’il va investir ou pas dans un pays et dans un projet.
Depuis des mois, les médias nationaux ne cessent de crier sur tous les toits que ce gouvernement est incompétent, qu’il mène le pays droit au mur.
On nous a insulté, on nous a menacé, on nous a trainé devant les tribunaux, on nous a traité de tous les noms.
Depuis des mois, les médias français (et la France est le premier fournisseur et le premier client de la Tunisie) ne cessent d’alerter sur les dangers qui guettent le pays.
On les a insultés, traités de tous les noms et accusés de velléités néo-colonialistes et autres agendas impérialistes.
A entendre nos gouvernants, les membres de l’opposition sont des menteurs, les médias tunisiens sont des menteurs, les médias français sont des menteurs. Il faudra maintenant qu’ils pensent à ajouter au lot les agences de notation internationale.
A entendre le gouvernement, il est le meilleur qui soit et ses membres ne sont pas des menteurs.
Ali Laârayedh, actuel ministre de l’Intérieur, a été chargé par son parti de former un nouveau gouvernement pour remplacer Hamadi Jebali qui pourrait être, lui aussi, un menteur puisque son constat est identique aux autres menteurs cités plus haut.
Ali Laârayedh est donc un honnête homme qui va rassurer les investisseurs et remettre le pays sur les rails.
Ali Laârayedh a organisé une conférence de presse lundi dernier pour nous donner des détails sur l’assassinat de feu Chokri Belaïd. Ce n’est pas à lui de le faire, c’est au juge d’instruction, mais passons, puisque le ministre de l’Intérieur a indiqué devant les caméras et des dizaines de journalistes que ses déclarations sont données en étroite coordination et avec l’aval du juge d’instruction.
Deux jours plus tard, le juge d’instruction déclare qu’il n’est au courant de rien !
On devrait logiquement conclure qu’Ali Laârayedh est un menteur. Mais non ! Il n’y a que l’opposition et les médias qui mentent.
Allez les Nahdhaouis ! Rajoutez à votre liste de menteurs les juges d’instruction. Allez crier que les juges d’instruction sont des menteurs, allez crier qu’Ali Laârayedh est le meilleur chef du gouvernement qui soit, allez crier que Ali Laârayedh est honnête et crédible et que l’opposition, les médias et les juges d’instruction lui mettent les bâtons dans les roues, avant même qu’il ne commence !
Ali Laârayedh sera secondé par Noureddine Bhiri, actuel ministre de la Justice. Noureddine Bhiri devrait occuper le nouveau poste (taillé à sa mesure) de coordinateur général du gouvernement.
A entendre les membres du gouvernement et les Nahdhaouis, M. Bhiri est un honnête homme. Il est crédible et ne ment pas. Il ne ment jamais le Noureddine Bhiri. Voyons voir. Quelles ont été les déclarations de Noureddine Bhiri par le passé ?
C’est bien lui qui a dit que les juges travaillent en toute indépendance ? C’est bien lui qui a dit que la magistrature va bien et qu’il n’a jamais donné une consigne quelconque aux juges ? C’est bien lui qui a déclaré que la Tunisie est un Etat de droit où la loi est strictement appliquée ? Prenons-le au mot le Noureddine Bhiri.
En termes de loi qui est strictement appliquée, on sait tous que ce n’est pas vrai. Les exemples sont nombreux, à commencer par les anciens hauts cadres de l’Etat, proches de Ben Ali, qui se trouvent encore sous les verrous, alors que le délai légal de détention a expiré depuis des mois. Il y a le célèbre cas de Sami Fehri dont la cour de cassation a décidé la libération, mais qui se trouve encore sous les verrous. Vous voulez d’autres exemples Monsieur Bhiri ?
En termes de magistrats indépendants, nombreuses ont été les déclarations des juges (via leur association et leur syndicat) qui disent le contraire. Et on peut demander aussi bien aux juges qu’aux avocats si les magistrats sont vraiment indépendants et ne travaillent pas sous la pression. On peut même interroger le greffier, voire le gardien du tribunal, il vous donnera la réponse démentant M. Bhiri.
Voilà donc le topo pour les mois à venir. Un nouveau gouvernement dirigé par un Ali Laârayedh qui ne dit que la vérité et secondé par Noureddine Bhiri qui ne dit que la vérité, lui aussi.
En face, il y a des médias nationaux et internationaux qui mentent. Des agences de notation internationale qui mentent. Des magistrats qui mentent. Des membres de l’opposition et de la société civile qui mentent aussi.
Maintenant, allez demander à un investisseur de venir dans ce beau pays dirigé par le meilleur gouvernement de l’histoire, composé de ministres honnêtes qui ne disent que la vérité.
Cet investisseur va réfléchir 30 secondes et va se dire, d’accord les gouvernants sont honnêtes, mais il y a tellement de menteurs dans ce pays que je ne pourrai y risquer un kopek.
Plus sérieusement, et quelle que soit la partie qui est en train de mentir et de mener le pays droit au mur, la note sera salée et la facture sera lourde à payer.
Et celui qui va la payer, c’est nous, citoyens et contribuables. Eux, ils auront suffisamment d’argent qatari et saoudien (gagné honnêtement, bien sûr) qu’ils n’auront pas de souci particulier à honorer leurs factures à Londres et à Paris.
N.B : Pensée à Sami Fehri et Nabil Chettaoui, sous les verrous depuis des mois, en attente de leurs procès.
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