Noômane Fehri : L'affaire Paypal est un échec collectif du gouvernement
L'ancien ministre des TIC et de l'Economie numérique, Noômane Fehri, est revenu sur son nouveau projet B@LABS, qui se prononce BIAT LABS : une plateforme d’incubation dont la mission principale est de prendre en charge les entrepreneurs les plus talentueux et les assister pour mettre en place leurs projets.
Ainsi, dans une interview accordée ce lundi 3 juillet 2017 à Wassim Ben Larbi dans son émission Expresso sur Express Fm, M. Fehri a estimé que «B@LABS est une continuité de son ancien travail au ministère : rendre les startups un écosystème motivant, percutant et compétitif comme les autres pays». A cet effet, il a souligné l’importance de la mise place d’un cadre propice, notamment le cadre légal. Il a noté les avancées réalisées dans le "Startup Act", le nouveau projet de loi visant à favoriser la mise en place d’un cadre légal propice au lancement de startups innovantes.
Noômane Fehri a soutenu que sur le terrain, il faut qu’il y ait des structures d’incubation, des incubateurs et des accélérateurs, secteur qui connait un grand manque en Tunisie.
«Sincèrement, je remercie le conseil d’administration de la BIAT, qui s’est engagé tout de suite dans le projet B@LABS, entamé depuis la fin de l’année dernière et grâce auquel il y a aujourd’hui, un nouveau né et une nouvelle offre dans l’écosystème des startups. Cette offre d’incubation compète, était manquante et doit être multipliée, avec un emplacement privilégié, des locaux aux standards internationaux bien équipés, une connexion très haut-débit, un cursus de formation sur l’entreprenariat (une sorte de mini MBA) structuré par des spécialistes nationaux et internationaux (des entrepreneurs) et qui s’étale sur 4 mois (60 à 80 heures), avec en parallèle le mentorat d’un mentor qui a réussi dans le domaine choisi par le startuppeur outre celle de l’équipe en place. Autre avantage, les startuppeurs seront protégés des tracas administratifs : une personne sera chargée à leur place de la création de la société, de la déclaration et des problèmes de douane, etc. Ce qui leur permettra de se concentrer sur leur travail. Lorsque leurs produits sont prêts, nous nous engageons à les présenter à des clients potentiels, vu qu’on est adossé à la Biat on va contacter les grands comptes pour leurs présenter les produits en question», a-t-il expliqué.
L’expérience de B@LABS va durer de septembre jusqu’à décembre. En janvier, la direction a prévu une sorte de Demo Day qui permettra aux startuppeurs de rencontrer des investisseurs : «s’ils trouvent des investisseurs tant mieux sinon on va les accompagner tout au long de 2018, en leur offrant une dotation financière contre une equity (des actions)», a précisé M. Fehri. Et d’ajouter : «L’appel à candidature est ouvert jusqu’au 10 juillet sur le site de BIAT LABS. A partir de cette date jusqu’à mi-août, nous choisirons les 10 à 25 stratups à accompagner sur la base de deux critères l’égalité des chances et l’excellence. Ils commenceront en septembre pour 4 mois, comme précité».
Les critères et les domaines d’activités sont détaillés sur le site. Plus de 100 postulants se sont déjà enregistrés.
«S’ils réussissent en Tunisie, on pourra les accompagner à l’international (au Maghreb, en Méditerranée, en Afrique, en France et même aux USA). Il faut choisir ses batailles, nous on fait ça pour impacter la transformation de l’économie tunisienne. Notre rôle est de développer et transformer l’économie tunisienne à travers les gros industriels ou acteurs tunisiens qui devront consommer les produits des startups. Dans cette bataille, l’implication des institutions privées pour les startups est capitale», a-t-il estimé.
Interrogé par Wassim Ben Larbi sur le dossier Paypal qui n’a pas abouti, Noômane Fehri a affirmé qu’«il ne faut pas baisser les bras et il faut que ça se fasse». Il a indiqué que la carte technologique a résolu certains problèmes mais le commerce électronique des produits tunisiens à l’international reste entravé sans Paypal ou équivalent.
«Je ne dirai pas que le ministère des TIC ou la BCT n’ont pas fait leur travail convenablement. Pour moi, il s‘agit d’un échec collectif du gouvernement, malgré mon fervent soutien à Youssef Chahed. Le vrai problème est la convertibilité du dinar : tant qu’on n’a pas une feuille de route pour la convertibilité totale du dinar, on restera à la traine. Je lance un appel au gouvernement et à la BCT pour mettre en place cette feuille de route. Si on ne bouge pas dans ce dossier, j’appellerai dans quelque temps pour un sit-in devant la BCT pour une feuille de route pour la convertibilité du dinar», a-t-il martelé.
I.N