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L'inquiétude des Américains, le silence des Tunisiens

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Le communiqué publié mercredi 29 mai par l’ambassade américaine à Tunis laisse entrevoir une certaine colère, aussi bien par sa forme que sur le fond. Chose que confirment des diplomates installés à Tunis au leader politique tunisien Mondher Thabet, bien qu’ils parlent officiellement d’inquiétude et ne parlent de colère qu’en aparté.
Par sa forme, et dès la première phrase du communiqué, l’ambassade indique avoir pris connaissance des articles de presse traitant des verdicts de certaines personnes accusées d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre 2012.
Le fait que l’ambassade apprenne des verdicts la touchant directement par voie de presse, et non par voie officielle, est une erreur diplomatique de la part de notre ministère tunisien des Affaires étrangères.
L’ambassade américaine étant la victime dans cette affaire, il est tout à fait normal que le gouvernement l’informe d’une actualité d’une telle importance. D’autant plus qu’il incombe au gouvernement tunisien de protéger le personnel et les missions diplomatiques présents en Tunisie.
On aurait pu croire que la maladie d’Othman Jarandi est derrière cette omission, mais il se trouve que M. Jarandi est en bonne santé, comme l’a indiqué un communiqué de son ministère publié mercredi en fin d’après-midi.
En guise de retour d’ascenseur, le communiqué de l’ambassade américaine n’a pas été envoyé préalablement au ministère des Affaires étrangères, mais directement aux médias. « On y était d’ailleurs surpris de découvrir dans la presse la réaction américaine et, en guise de première réaction classique, on a cru que c’était de l’intox et de la manipulation de la part des médias », confie un diplomate tunisien à Business News.
En aparté, les diplomates américains ne cachent pas leur colère et rappellent leur position, qui n’a toujours pas changé, et qui est totalement contre l’islamisme radical et les salafistes jihadistes.
Selon eux, les problèmes de sécurité en Tunisie sont hors contexte et sont incomparables par rapport à ce qui se passe en Libye. « On comprend les dérapages en Libye, caractérisée par le tribalisme et les relations entretenues avec les jihadistes maliens, mais ce qui se passe en Tunisie est gratuit. C’est soit un laisser-aller, soit une compromission », confie ce diplomate de haut rang à Mondher Thabet.
« Les Américains sont déterminés à ce que la révolution en Tunisie réussisse et ils l’ont fait savoir à moult reprises, aussi bien à Tunis qu’à Washington, indique M. Thabet, mais aujourd’hui, il y a un réel mécontentement. Le terrorisme et la souveraineté sont des lignes rouges à ne jamais toucher », lui disent-ils.
Au lendemain des événements du 14 septembre 2012 et de l’attaque de l’ambassade américaine, Rafik Abdessalem, alors ministre des Affaires étrangères, s’est déplacé en un temps record dans la capitale américaine pour rencontrer son homologue de l’époque Hillary Clinton. Il lui a parlé de dérapage et lui a promis que les assaillants seront sévèrement sanctionnés.
Des paroles qui ont calmé la diplomatie américaine, mais qui n’ont pas été suivis d’effet.
La chute du communiqué du 29 mai de l’ambassade parle carrément d’échec : « Le gouvernement tunisien a déclaré publiquement son opposition à ceux qui ont recours à la violence. Par ses actions, le Gouvernement tunisien doit également démontrer qu'il n'y a aucune tolérance envers ceux qui encouragent et utilisent la violence pour atteindre leurs objectifs. Le verdict du 28 mai a échoué à cet égard. »
Beaucoup, à commencer par l’avocat des salafistes impliqués, ont dénoncé cette ingérence des Américains dans les affaires intérieures de la Tunisie.
Bien qu’ils aient raison, à certains égards, il est bon de rappeler que cette ingérence est expliquée par deux raisons. La première est que l’ambassade, territoire américain, est partie prenante dans cette affaire puisqu’elle est victime et a été attaquée et sérieusement menacée. La seconde est que le gouvernement n’a pas cessé de demander l’aide des Américains. Il est donc tout à fait normal, à leurs yeux du moins, que l’aide en question soit conditionnée.
Ahmed Rahmouni, président de l’Observatoire tunisien de l’indépendance de la magistrature dénonce, quant à lui, la violence à l’encontre des chancelleries et leur personnel. Mais dénonce également le communiqué de l’ambassade américaine. Selon lui, une partie politique étrangère qui critique un jugement susceptible d’appel dont l’opinion est basée sur des articles de presse et qui accuse un tribunal de laxisme est une atteinte à la souveraineté de l’Etat. M. Rahmouni rappelle que la magistrature est une des principales composantes de l’Etat et la réaction des Américains est une pression sur une décision de justice lorsqu’elle planchera en appel et un affaiblissement des garanties accordées aux accusés.
Ahmed Rahmouni s’étonne, par ailleurs, du silence des ministères des Affaires étrangères et de la Justice en réaction au communiqué de l’ambassade US et son accusation à l’encontre de la magistrature tunisienne et de l’exécutif d’être conciliants avec ceux qui encouragent et usent de la violence.
Le président de l’OTIM invite, finalement, toutes les parties à respecter les principes universels essentiels en matière de respect de l’indépendance de la magistrature, des pouvoirs et des institutions (qu’elles soient nationales ou internationales).
Par sa forme, et dès la première phrase du communiqué, l’ambassade indique avoir pris connaissance des articles de presse traitant des verdicts de certaines personnes accusées d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre 2012.
Le fait que l’ambassade apprenne des verdicts la touchant directement par voie de presse, et non par voie officielle, est une erreur diplomatique de la part de notre ministère tunisien des Affaires étrangères.
L’ambassade américaine étant la victime dans cette affaire, il est tout à fait normal que le gouvernement l’informe d’une actualité d’une telle importance. D’autant plus qu’il incombe au gouvernement tunisien de protéger le personnel et les missions diplomatiques présents en Tunisie.
On aurait pu croire que la maladie d’Othman Jarandi est derrière cette omission, mais il se trouve que M. Jarandi est en bonne santé, comme l’a indiqué un communiqué de son ministère publié mercredi en fin d’après-midi.
En guise de retour d’ascenseur, le communiqué de l’ambassade américaine n’a pas été envoyé préalablement au ministère des Affaires étrangères, mais directement aux médias. « On y était d’ailleurs surpris de découvrir dans la presse la réaction américaine et, en guise de première réaction classique, on a cru que c’était de l’intox et de la manipulation de la part des médias », confie un diplomate tunisien à Business News.
En aparté, les diplomates américains ne cachent pas leur colère et rappellent leur position, qui n’a toujours pas changé, et qui est totalement contre l’islamisme radical et les salafistes jihadistes.
Selon eux, les problèmes de sécurité en Tunisie sont hors contexte et sont incomparables par rapport à ce qui se passe en Libye. « On comprend les dérapages en Libye, caractérisée par le tribalisme et les relations entretenues avec les jihadistes maliens, mais ce qui se passe en Tunisie est gratuit. C’est soit un laisser-aller, soit une compromission », confie ce diplomate de haut rang à Mondher Thabet.
« Les Américains sont déterminés à ce que la révolution en Tunisie réussisse et ils l’ont fait savoir à moult reprises, aussi bien à Tunis qu’à Washington, indique M. Thabet, mais aujourd’hui, il y a un réel mécontentement. Le terrorisme et la souveraineté sont des lignes rouges à ne jamais toucher », lui disent-ils.
Au lendemain des événements du 14 septembre 2012 et de l’attaque de l’ambassade américaine, Rafik Abdessalem, alors ministre des Affaires étrangères, s’est déplacé en un temps record dans la capitale américaine pour rencontrer son homologue de l’époque Hillary Clinton. Il lui a parlé de dérapage et lui a promis que les assaillants seront sévèrement sanctionnés.
Des paroles qui ont calmé la diplomatie américaine, mais qui n’ont pas été suivis d’effet.
La chute du communiqué du 29 mai de l’ambassade parle carrément d’échec : « Le gouvernement tunisien a déclaré publiquement son opposition à ceux qui ont recours à la violence. Par ses actions, le Gouvernement tunisien doit également démontrer qu'il n'y a aucune tolérance envers ceux qui encouragent et utilisent la violence pour atteindre leurs objectifs. Le verdict du 28 mai a échoué à cet égard. »
Beaucoup, à commencer par l’avocat des salafistes impliqués, ont dénoncé cette ingérence des Américains dans les affaires intérieures de la Tunisie.
Bien qu’ils aient raison, à certains égards, il est bon de rappeler que cette ingérence est expliquée par deux raisons. La première est que l’ambassade, territoire américain, est partie prenante dans cette affaire puisqu’elle est victime et a été attaquée et sérieusement menacée. La seconde est que le gouvernement n’a pas cessé de demander l’aide des Américains. Il est donc tout à fait normal, à leurs yeux du moins, que l’aide en question soit conditionnée.
Ahmed Rahmouni, président de l’Observatoire tunisien de l’indépendance de la magistrature dénonce, quant à lui, la violence à l’encontre des chancelleries et leur personnel. Mais dénonce également le communiqué de l’ambassade américaine. Selon lui, une partie politique étrangère qui critique un jugement susceptible d’appel dont l’opinion est basée sur des articles de presse et qui accuse un tribunal de laxisme est une atteinte à la souveraineté de l’Etat. M. Rahmouni rappelle que la magistrature est une des principales composantes de l’Etat et la réaction des Américains est une pression sur une décision de justice lorsqu’elle planchera en appel et un affaiblissement des garanties accordées aux accusés.
Ahmed Rahmouni s’étonne, par ailleurs, du silence des ministères des Affaires étrangères et de la Justice en réaction au communiqué de l’ambassade US et son accusation à l’encontre de la magistrature tunisienne et de l’exécutif d’être conciliants avec ceux qui encouragent et usent de la violence.
Le président de l’OTIM invite, finalement, toutes les parties à respecter les principes universels essentiels en matière de respect de l’indépendance de la magistrature, des pouvoirs et des institutions (qu’elles soient nationales ou internationales).
Raouf Ben Hédi
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