
Dans une interview, new look, accordée à la chaîne de télévision nationale Al Wataniya 1, lundi soir 13 août 2012, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar a déçu les attentes des citoyens tunisiens qui espéraient des éclairages et des précisions concernant les multiples échéances politiques, sociales et économiques.
En effet, après avoir accaparé l’antenne, deux heures durant, M. Ben Jaâfar n’a fait qu’émettre des souhaits. « Inchallah on terminera l’écriture de la Constitution le 23 octobre 2012…Mais, au fond, il reconnaît que ce sera difficile, pour ne pas dire impossible qu’elle soit prête, sachant que Habib Khedher, l’homme fort de la Constituante avait dit qu’elle ne sera pas achevée avant avril 2013… Inchallah, il y aura consensus autour des diverses instances (élections, magistrature et information)… Mais tout le monde sait qu’il y a blocage sur la question…
En somme, le président de l’ANC a maintenu le flou artistique à propos de toutes les questions évoquées. Même concernant son salaire, il n’a donné aucun chiffre précis. Et d’après ses dires, sa rémunération serait nettement inférieure à celle de sa première vice-présidente, Meherzia Laâbidi.
Pour M. Ben Jaâfar, comme pour M. Jebali, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, même s’il reconnaît l’existence de certaines difficultés, de retards dans l’exécution des projets de développement et dans les travaux de la Constituante. Mais il s’agit, selon lui, de défaillances minimes et habituelles.
Il continue, par ailleurs, à affirmer qu’il a fait le bon choix en s’associant à Ennahdha dont il défend les approches et les réalisations.
Même en ce qui concerne la femme et le Code du statut personnel, il n’a pas trouvé mieux que de reprocher aux journalistes de s’arrêter à l’article 28 et oublier l’existence de l’article 22, sans oublier son malheureux zapping du rôle du leader Habib Bourguiba en la matière alors que seul Ahmed Mestiri a été cité, dans ce cas, bien que les historiens ne lui attribuent aucun rôle dans ce sens.
La question que l’on se pose est la suivante : Pourquoi cette interview qui n’apporte aucun élément nouveau à ce que l’on sait déjà et aucune analyse pertinente de la situation actuelle dans le pays et que plusieurs composantes de la société tunisienne qualifient de préoccupante et d’inquiétante ? Sans oublier de mentionner que M. Ben Jaâfar croit, comme son allié d’Ennahdha, qu’avec deux millions d’électeurs, la Troïka jouit de la majorité et qu’à ce titre elle a le droit et le devoir de tout changer pour une période transitoire d’un an.