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Tunisie – «Absence de tout différend avec le gouvernement en matière de politique monétaire», selon M. Nabli

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Dans le cadre de la 2ème journée du colloque «croissance, emploi et répartition dans un contexte de mondialisation» qui s’est tenue à Hammamet les 7, 8 et 9 juin et lors de sa communication sur le thème «l’efficacité de la politique monétaire et financière en période de transition», le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, a mis l’accent sur l’absence de tout différend avec le gouvernement en matière de politique monétaire. Loin de là, «certains reprochent à la banque centrale une politique à risques dans son soutien à la relance économique», a-t-il dit. Ces propos qui ne concordent pas avec ceux de la présidence et du gouvernement. Qu’en est-il ?
Le gouverneur de la BCT a commencé sa communication par un rappel sur le rôle de la BCT qui «consiste à préserver la stabilité des prix ainsi que la stabilité et la sécurité du système financier». «Le bilan se fait en évaluant l’impact de cette politique sur les variables réelles que sont la croissance et l’inflation», a-t-il ajouté.
Mustapha Kamel Nabli a brossé un tableau des mesures entreprises par son institution durant les trois derniers semestres. Il a expliqué que pendant le premier semestre 2011, le défi était de parer aux risques de crise de liquidités qui pourrait toucher le système bancaire et entrainer une crise économique majeure.
Il a rappelé que la BCT a du injecter 700 Millions de dinars dans le circuit bancaire durant le seul mois de janvier 2011 pour compenser la baisse majeure des dépôts associée à une fuite vers les liquidités dans un environnement économique caractérisé par l’effondrement de la production et de la croissance.
Résultat des courses et à l’actif de la BCT à la fin du premier semestre 2011, le système de paiement a continué à fonctionner. Mieux encore, les banques ont continué à emprunter et le taux de change n’a pas vraiment basculé. Le gouverneur de la BCT a toutefois reconnu avoir couru des risques en empruntant aux banques pour soutenir la relance. «C’est dire que la BCT a toujours travaillé dans la logique de réaliser les objectifs budgétaires depuis janvier 2011 et jusqu’aujourd’hui», a-t-il expliqué.
Durant le deuxième semestre 2011, M. Nabli a souligné que les indicateurs étaient encore au rouge. Mais, la prévisibilité s’améliorait et la BCT a incité les banques à se financer à trois mois. Il s’agissait d’aider les entreprises à gérer leurs dettes en leur accordant des rééchelonnements et de nouveaux crédits encouragés par la baisse des taux d’intérêts directeurs.
Fait notable à partir d’août 2011, la pression inflationniste s’est déclenchée, ce qui n’était pas le cas depuis janvier 2011. «Il fallait donc y prêter attention sans entraver les indices timides de la reprise», a ajouté le gouverneur de la BCT.
Lors du premier semestre de 2012, «il fallait concilier entre les besoins de maitriser la tendance inflationniste, qui est loin d’être explosive, et le soutien au plan de relance budgétaire», a-t-il souligné.
Dans ce cadre, Mustapha Kamel Nabli a nié tout différend quelconque entre la banque centrale et les services du ministère des Finances en matière de politique monétaire. Il a précisé qu’il y a une harmonie parfaite entre la politique monétaire et la politique budgétaire, «contrairement à ce que prétendent certains».
Il a insisté sur le fait que «la BCT ne saurait être indépendante de tout son environnement dans la mesure où son Conseil d’administration comprend des représentants de l’Etat, des banques et des déposants». «Son indépendance s’affirme en s’assurant que ses décisions ne soient pas au service d’intérêts politiques immédiats d’une quelconque partie», a précisé le gouverneur de la BCT. «La politique monétaire doit être séparée de la lutte au pouvoir», a-t-il encore ajouté.
Concernant l’éventuel rôle de la BCT dans l’assainissement du système bancaire, M. Nabli a indiqué que «cette mission de réforme incombe à tous les intervenants : gouvernement, ministère des Finances, BCT, etc.» N’est-ce pas le ministère des Finances qui accorde des licences de banques ?
A une question sur le taux de croissance, le gouverneur de la BCT a expliqué qu’il y a plusieurs référentiels. «S’agissant à titre d’exemple des 4,8 % annoncés par l’INS pour le premier trimestre 2012, ils représentent l’évolution de la croissance durant les quatre trimestres qui se sont écoulés depuis la fin du 1er trimestre 2011 jusqu’à la fin du premier trimestre 2012. 1,2 % ont été enregistrés en 2012 alors que le reste (3,6 %) ont été enregistrés durant les trois derniers trimestres de 2011», a-t-il indiqué.
Revenant sur l’impact de sa politique monétaire sur la relance économique, il a précisé que si l’on tient compte de la croissance en 2011 «hors tourisme et mines», qui ne sont pas des secteurs directement touchés par la politique monétaire mais, plutôt, par la tension sociale, le niveau de croissance en 2011 est pratiquement égal à celui de 2010.
Mustapha Kamel Nabli a par ailleurs attiré l’attention sur le fait que «le crédit au secteur industriel a continué à monter à l’aide des crédits, de même que le crédit pour les services», et que «le secteur bancaire a continué à financer le bâtiment, ce qui a permis au secteur du logement à poursuivre sa marche». «Des indices qui ne trompent pas sur la reprise», a-t-il remarqué.
Concernant l’inflation, M. Nabli a présenté une étude faite par les services de la BCT concernant ce phénomène depuis 2001. Elle a montré des tendances cycliques de pic inflationniste tous les deux ans. La dernière poussée est le pic de cette dernière période. «Nous ne sommes pas encore parvenus à comprendre le phénomène. Mais il serait possible qu’il soit en rapport avec le modèle de développement», a-t-il dit.
Mounir Ben Mahmoud
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