Médina de Sfax, école primaire de la place de la Casbah, un des plus importants bureaux de la ville de Sfax. Les votes se prolongent, à l’intérieur de l’école, jusqu’aux environs de 21h.
Après 19h, à la fermeture des portes, une file d’attente plutôt dense et bruyante, était encore dans la cour de l’école, direction : la salle numéro un.

La salle numéro un de l’école a, en effet, enregistré un taux d’affluence significativement plus important que les salles voisines, qui avaient réussi à fermer leurs portes à 19h, comme prévu et dont les opérations de tri et de dépouillement avaient débuté aux environs de 20h30, juste le temps d’accorder une pause aux membres des bureaux de vote.
Les portes étant fermées, des membres de l’armée, protégeant l’entrée de l’école, ainsi que l’intérieur, nous ont permis d’entrer afin d’assister au dépouillement, sous présentation de notre badge d’accréditation de presse.
Nous avons donc assisté à l’opération de dépouillement des bulletins de vote, dans la salle 3 de l’école, sous le contrôle de 3 observateurs de l’Union européenne, de deux contrôleurs de partis (El Majd et Ennahdha) et de deux observateurs de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.
Les représentants de l’Union européenne observaient attentivement la scène en notant les moindres détails sur leurs tableaux de comptes rendus, sans hésiter à poser des questions et à demander qu’on leur traduise le déroulement des opérations.

La première opération a été la collecte et le comptage des bulletins non utilisés (et donc non tamponnés) ou abîmés, dont le nombre s’élève à 309 bulletins non utilisés et 2 bulletins abîmés.
Notez que cette salle, disposait initialement de quatre rames de papier, délivrées par l’ISIE, contenant 250 bulletins de vote chacune, soit un total de 1000 bulletins. On devrait donc, avoir un total de 689 bulletins dans l’urne.
Les membres du bureau de vote procèdent à l’inscription de la totalité de la liste de partis et d’indépendants, figurant sur le bulletin de vote dans deux grandes feuilles. Ces feuilles ont été, par la suite, accrochées au tableau en vue du décompte et de la double vérification des voix. Le tout étant noté à la main et annoncé à haute voix, à l’ensemble de la salle.
Le directeur du bureau de vote procède également à l’inscription de cette même liste sur le PV de dépouillement qui comprendra l’inscription définitive des résultats.
Les clés en plastique jaunes inutilisées (destinées à sceller les urnes) sont également comptées et rangées dans une enveloppe.

Vient le moment où on ouvre (enfin !) les urnes !
Le président du bureau de vote place l’urne en évidence sur la table et demande à la salle de se lever et de s’approcher de près pour observer. Les « clés jaunes » qui scellent l’urne sont coupées une à une et leurs numéros de série sont communiqués aux observateurs qui se chargent de vérifier la correspondance de ces numéros avec ceux initialement prélevés à la fermeture de l’urne.
Par la suite, l’urne est entièrement vidée sur la table (le président du bureau de vote prend soin de nous montrer que l’urne est entièrement vide) et les membres du bureau procèdent au tri.
Les bulletins, disposés au verso sur la table, sont comptés par les membres du bureau de vote qui prennent le temps de vérifier que tous les bulletins sont tamponnés aux quatre coins.
Au comptage des bulletins, les quatre membres du bureau de vote se relaient pour vérifier chaque lot de 50 bulletins, un par un, afin d’éviter toute erreur. Le comptage prend beaucoup de temps et les opérations de vérification se succèdent.

Les membres du bureau, fatigués et excédés, se rendent compte que le nombre de bulletins de vote remplis s’élève à 693 et ne correspond donc pas au 689 initialement prévus. Les opérations de recomptage et de vérification se succèdent et les membres du bureau s’arment de patience et de sang-froid pendant plus de deux heures, en prenant soin de bien vérifier le nombre de votants sur le registre.
Au final, on se rend compte que le nombre de bulletins délivrés par l’ISIE s’élevait à 1004 (soit 4 bulletins supplémentaires, dus à une erreur de comptage électronique des bulletins par l’ISIE), et que les bulletins de l’urne correspondent bien au nombre de signatures sur le registre.
Vient alors le moment fatidique de collecte des voix. Le président du bureau de vote ouvre les bulletins un par un, disposés au verso sur la table, et prend soin de nous montrer chaque bulletin afin de vérifier, en premier lieu, qu’il est « sain » (donc tamponné aux 4 coins) et que la case cochée correspond bien à celle qu’il énonce à haute voix.
Deux membres du bureau marquent par une croix le nombre de voix devant chaque nom de parti ou d’indépendant, dans les deux listes accrochées au tableau. Les bulletins « blancs » ou non-valides (cochés plus d’une fois), sont également signalés et comptés.
Les observateurs et contrôleurs des deux partis observent attentivement et vérifient le travail des membres du bureau.

Deux résultats reviennent souvent : le numéro 28 pour le parti Ennahdha et le numéro 67 pour le Congrès pour la République.
Des résultats qui se vérifiaient également dans les autres salles de l’école.
Un suspense insoutenable et des émotions entières, en attendant les résultats finaux de la ville de Sfax, collectés par le bureau régional de l’ISIE, dans la même soirée.