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Tunisie – Précision de la BCT sur sa décision de réduire, de nouveau, le taux directeur

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La Banque centrale de Tunisie (BCT) a annoncé, récemment, sa décision de réduire son taux directeur d'un demi-point de pourcentage pour le ramener de 4% à 3,5%. (Lire notre article à ce sujet)
C'est pour la deuxième fois, depuis la révolution du 14 janvier, que la BCT procède à la réduction de son taux directeur. En juin dernier, ce taux a été ramené de 4,5 à 4%.
Selon Moez Laâbidi, économiste et expert en finances, cette décision est prise suite à la persistance du ralentissement économique et à l'écart du rythme de la croissance par rapport à des estimations qui tablaient sur un taux de croissance positif au cours du deuxième semestre de 2011.
La BCT aspire, à travers cette décision, à contribuer à la relance de l'activité économique après un repli avéré au cours du premier semestre.
Dans un entretien accordé à la TAP, M. Laâbidi a précisé que la non visibilité en ce qui concerne le paysage politique (accroissement du nombre des partis, préparatifs pour les élections de la Constituante) et le climat d'instabilité sécuritaire et sociale qui règne dans le pays, ont fait que les promoteurs économiques préfèrent attendre avant de se lancer dans des investissements aventureux.
En parallèle, l'économiste estime que le retard affiché dans la mise en œuvre du programme économique du gouvernement provisoire, notamment, en ce qui concerne la réalisation des grands projets d'infrastructure dans les régions intérieures, a joué également un rôle dans la persistance du marasme économique et découragé les promoteurs à investir dans les régions.
Par conséquent, la Banque Centrale a décidé, dans le cadre de sa politique monétaire, d'intervenir pour répondre aux besoins accrus des banques en liquidité, en procédant à l'injection de liquidités à travers la réduction du taux de la réserve obligatoire (TRO) à trois reprises depuis le début de l'année. Celui-ci est passé de 12,5% à 2,5% actuellement.
Selon l'économiste, la réduction du taux directeur a pour ultime objectif de réduire le taux d'intérêt sur le marché monétaire, lequel constitue le taux de référence pour l'octroi de crédits de financement de l'économie et partant l'allègement des charges financières sur les entreprises et leur incitation à obtenir de nouveaux crédits pour développer leurs productions et créer de nouveaux projets.
La réduction du taux directeur de la BCT aura, en plus, un impact positif sur les crédits de logement, les crédits de voitures et les crédits personnels, dans la mesure où elle mènera automatiquement à une réduction des taux d'intérêt bancaires, a ajouté M. Laâbidi.
En ce qui concerne les éventuels risques de cette réduction tels que celui de l'inflation, l'expert évoque un changement dans l'ordre de priorités dans la conjoncture actuelle. D'après-lui, «il est plus important, dans l'attente d'une amélioration du taux de croissance, de faire face et de trouver des solutions à la récession économique que de lutter contre l'inflation».
«Dans cette conjoncture délicate, il serait mieux pour les autorités concernées d'accepter l'affaiblissement du pouvoir d'achat que d'endurer des répercussions plus graves du repli économique telles que le chômage et la pauvreté», a-t-il avancé à ce sujet.
Cette réduction du taux directeur, aura-t-elle un impact sur l'épargne ? Sur cette question, l'économiste a répondu que «la BCT veillera à consolider les ressources du secteur bancaire à travers la préservation (maintien du même taux) de la rémunération des dépôts sur livrets d'épargne».
Evoquant l'éventualité d'explorer d'autres pistes pour sortir de la crise, M. Laâbidi a fait remarquer que la Tunisie ne peut pas suivre l'exemple d'autres pays développés tels que les USA et le Japon qui procèdent, en cas de crises, à la réduction de leur taux directeur à 0%. Car, contrairement à la Tunisie, ces pays sont dotés, a-t-il expliqué, de politiques monétaires très développées et de mécanismes non conventionnels pour réagir face à des conjonctures exceptionnelles. Il s'agit, entre autres mécanismes, du "Quantitative Easing", une technique utilisée en période de crise par les Banques Centrales pour créer de l'argent en augmentant la masse monétaire d'une devise.
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