Quinze jours à peine depuis son arrivée, Pierre Ménat, nouvel ambassadeur de France en Tunisie, reçoit à sa résidence à la Marsa les journalistes tunisiens.
L’occasion de se connaitre. L’occasion aussi d’envoyer ce message de volonté de travailler en commun et d’enrichir davantage la coopération, déjà considérable, entre la Tunisie et la France.
Pour Pierre Ménat, beaucoup peut encore être réalisé, notamment en matière d’immigration et d’emploi, d’audiovisuel et de la coopération avec l’Europe.

C’est sa première rencontre avec les médias et le choix du lieu n’est pas anodin. C’est à la Marsa, dans sa résidence, que le nouvel ambassadeur a tenu à recevoir les journalistes tunisiens, jeudi 8 octobre 2009 en fin de journée. Le même endroit où son prédécesseur, Serge Degallaix a fait sa rencontre d’adieu.
En chemise rose, accompagné des hauts cadres des missions diplomatique, économique et consulaire, Pierre Ménat fait la connaissance de ceux qui font le paysage médiatique tunisien. Qu’ils appartiennent aux médias indépendants, de l’Etat ou des partis politiques. Je veux vous écouter, je ne suis pas là pour répondre à des questions, dit-il de prime abord avant de saluer le travail remarquable réalisé par son ami et l’ami de la Tunisie, Serge Degallaix.

« Nous allons travailler ensemble, je vais m'inscrire dans la continuité. C'est de toute façon la politique de la France et de sa coopération avec la Tunisie. »
Après avoir rappellé les grands axes de cette coopération qui touche tous les secteurs ou presque : économie, culture, social, immigration, etc., l’ambassadeur souligne cependant qu’il a également sa propre vision sur cette coopération. « Entre la Tunisie et la France, la coopération est considérable, mais cela ne veut pas dire que rien ne va changer. Les hommes sont différents et chacun a son expérience.
Je crois que toute relation, aussi forte soit-elle peut être enrichie et consolidée. »
Selon lui, et à raison, cette très forte relation n'a pas franchi suffisamment la frontière civile aussi bien du côté tunisien que français. En d’autres termes, les populations ne ressentent pas suffisamment ce que les deux gouvernements leur apportent. « Il faut expliquer aux citoyens et aux jeunes ce qu’on peut leur apporter.

Pierre Ménat définit trois axes majeurs avant d’ajouter, par la suite, un quatrième.
Le premier d’entre eux est celui de l’emploi. A ce sujet, il rappelle les conventions signées la semaine dernière entre l'Agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant et l'Office français de l'Immigration et l'Intégration (voir notre article à ce sujet).
« Nous avons 9000 emplois pour les Tunisiens, mais seuls 1500 sont pris pour le moment », indique l’ambassadeur. Il y a donc de la marge pour les personnes qualifiées désirant émigrer en France et y travailler.
Pour ce faire, un grand forum sera organisé en 2010. Il n’y aura pas des discours, promet M. Ménat, mais du concret, des propositions réelles et des rencontres entre les professionnels et les jeunes.

Le deuxième axe défini par le nouvel ambassadeur est relatif à l’audiovisuel et la francophonie.
« En Tunisie, vous parlez parfaitement le français. Vos journaux sont rédigés dans un français impeccable. C’est un honneur que nous ne mesurons pas assez. »
Il évoquera notamment les questions relatives aux droits de diffusion. Interrogé sur les aides apportées à l’édition francophone, à la concurrence des titres français vendus en Tunisie et subventionnés par la France et concurrençant les médias tunisiens francophones, l’ambassadeur admet qu’il y a du chemin à faire et que, si c’était facile, on ne l’aurait pas attendu pour en parler. Un autre journaliste rejette cette question d’aides et l’ambassadeur de s’interroger pourquoi l’on accepte bien l’idée quand il s’agit d’anglais.

Le troisième axe est relatif à l’Europe. Un dossier que Pierre Ménat maîtrise parfaitement au vu des différents postes qu’il a occupés ces quinze dernières années : Conseiller pour les affaires européennes à la Présidence de la République (1995-1997), Directeur de la coopération européenne à l’administration centrale (2002-2004), Directeur de la coopération européenne à l’administration centrale (2007-2009).
Pour l’ambassadeur, les performances de la Tunisie ne sont pas encore suffisamment reconnues en Europe. La Tunisie, indique-t-il est digne du statut de partenaire avancé dans ses relations avec l’Europe.
Le quatrième axe défini par Pierre Ménat touche au partenariat politique. Il s’étale largement sur l’Union pour la Méditerranée qui, dit-il, nous met à égalité.

Vaste programme et grandes ambitions pour ce diplomate de carrière qui ne seront certainement pas déçues puisqu’elles correspondent parfaitement à celles du gouvernement tunisien. Ajoutée à une dose de bonne volonté, cette vision partagée sur les grands axes fera certainement avancer plusieurs dossiers.
Né en 1950 à Paris et père de deux enfants, Pierre Ménat est un énarque. Il a également une maîtrise de droit et un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris.
Après cinq ans passés au ministère de l’Intérieur au début de sa carrière (1974), il est entré au Quai d’Orsay en 1982 pour occuper plusieurs hautes fonctions dans différents cabinets ministériels. Il a également été premier secrétaire puis deuxième conseiller à la mission permanente française auprès de l’Organisation des Nations unies à New York.
Il a enfin occupé le poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Bucarest et à Varsovie.

Crédit photos : Stéphane Assézat