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Tunisie âEUR" Les avocats dans la tourmente !
03/06/2010 | 1
min
Tunisie âEUR
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A quelques semaines près des élections de l’Ordre tunisien des avocats, prévues les 19 et 20 juin 2010, la guerre « pré-électorale » entre partisans et adversaires du Bâtonnier Me Béchir Essid semble atteindre le point de non retour. Une guerre qui a pris l’allure d’un choc de titans, entre les deux camps. Des accusations et des injures mutuelles, des scandales déplacés sur les unes des journaux, des tractations suspendues depuis plus d’un an, sont tous des faits qui ont plongé l’Ordre dans une crise chronique. Pour les détracteurs du bâtonnier, Me Essid est accusé d'avoir failli à ses promesses en se livrant à une « gestion unilatérale et despote des affaires du Conseil ». Mais ce n’est pas uniquement ça qui a allumé le courroux des avocats. En filigrane, le déficit record et non expliqué de la Caisse de retraite et de prévoyance des avocats, qui a atteint 900.000 dinars, le retrait de l’argent liquide de la caisse du Conseil, les voyages jugés nombreux et excessifs du bâtonnier et son « escorte royale », le montant d’entretien de sa voiture de fonction, semblent être de loin les pièces maîtresses d’un dossier chaud qui a plombé tout type de dialogue sérieux entre les deux parties.

Un petit rappel de faits. La crise s’est déclenchée lors de la fameuse réunion du 6 novembre 2009 quand des membres du Conseil de l’Ordre, réunis sous la présidence du secrétaire général et sans l’aval du Bâtonnier, ont pris des décisions accusant Me Essid de se livrer à une gestion unilatérale, selon eux, des affaires du Conseil. La liste des accusations proférée par les détracteurs du Bâtonnier comporte également : sa désignation d’un représentant de la profession au sein du Conseil économique et social, le retrait de l’argent liquide de la caisse du Conseil, l’utilisation excessive de son téléphone portable et les voyages du bâtonnier et ses « proches » facturées au frais du Conseil. On se rappelle bien, que le Bâtonnier, avait aussitôt tenu une conférence informative à la Maison de l’Avocat à Tunis, pour rejeter ces allégations qu’il a qualifiées d’aberrantes et diffamatoires dénonçant, par l’occasion, l’illégalité de la réunion. Me Essid l’a considérée comme une agression fortuite et irrationnelle à sa personne cherchant par tous les moyens à ternir son image de marque en l’accusant inopinément de dérober l’argent de la caisse du Conseil en gonflant les factures et en utilisant d’autres moyens.

Seulement, une conférence informative chapeautée par le Bâtonnier, a-t-elle calmé les nerfs ? Nullement. Car, les choses allaient, depuis, de pire en pire. Quelque 14 membres du conseil de l’ordre des avocats tunisiens ont voté vendredi 26 juin 2009, à l’unisson, une motion en vertu de la quelle le Bâtonnier Bechir Essid a été déchargé de tout ses pouvoirs de gestion de la Caisse de prévoyance et de retraite des avocats au profit du conseil. Cause principale. La mauvaise gestion de la Caisse dont les fonds ne cessent de s’évaporer dans des circonstances rocambolesques. Me Saida Akermi trésorier du conseil de l’ordre, en a même adressé une lettre ouverte dans laquelle elle dénonce solennellement le « manque de transparence », la « gestion chaotique » et les « prises de décision à la limite de la légalité par le Bâtonnier ».D’emblée, le bâtonnier, s’est trouvé entre le marteau d’une légitimité mise à l’épreuve, voire même mise en doute, et l’enclume de ses opposants qui, inlassablement, ne rechignent pas de cuisiner médiatiquement le sempiternel dossier de la gestion financière de la caisse.

Tout récemment, l’annonce spectaculaire pour l’année 2010 n’était que le déficit non expliqué de 900.000 dinars de la Caisse de retraite et de prévoyance des avocats. Selon un rapport interne, il appert plusieurs déséquilibres dans le bilan de la Caisse et qui ne justifient pas ce déficit.
Suite à ce constat, les avocats membres du conseil d’administration de la Caisse ont décidé de saisir la justice et s’apprêtent à déposer plainte pour mauvaise gestion contre Me Béchir Essid, bâtonnier et premier responsable de la Caisse de retraite. Dans la foulée, les huit membres réunis (sur un total de 15) ont décidé de suspendre provisoirement de ses fonctions le bâtonnier en sa qualité de premier responsable de la Caisse. Seulement, le flux de mauvaises nouvelles a connu une accélération dramatique à l'origine du rapport transmis fraîchement par deux experts comptables, en l’occurrence Abdelmadjid Douiri et Moncef Bou Senouga, aux ministères de la Justice, de la Finance et des Affaires sociales concernant la gestion de la caisse. D’après "Assabah", il s’est avéré impossible pour les deux experts, en charge du dossier, de préparer les rapports administratif et financier concernant l’exercice 2009. Cette annonce vient confirmer les « anomalies » soulevées dans le rapport interne.

Le Bâtonnier, qui a préférer garder le silence, dans un premier temps, semble trouver son chemin vers les champs de bataille. A vrai dire, il a mis beaucoup de temps pour descendre dans l’arène médiatique, sans pour autant changer de discours : la gestion financière du Conseil et celle de la caisse de prévoyance et d’assurance-maladies, sont saines et cela a été certifié par des experts comptables de renom. Et tout ce tohu-bohu n’est qu’une « répétition » montée par ses détracteurs sur la base de visées électoralistes en perspective des élections du barreau prévues en 2010. Cela dit, il ne s’attarde à pointer du doigt le président de la section de Tunis de l’ordre des avocats Me Abderrazak Kilani, candidat potentiel et son concurrent direct à la prochaine élection du bâtonnat.
Mais quid des avis des avocats ? Me Mounir Ben Salha, dans une déclaration à « El Moulahedh », a révélé que mis à part les problèmes de structures, le dossier financier à électrifié l’atmosphère. "Ce qui est plus étrange, ajoute t-il, est que chaque fin d’année, ils veulent nous faire croire qu’il n’y a pas de fonds dans les comptes et que la caisse est au bord de la faillite. Où vont donc les cotisations des avocats, évaluées à quelques millions de dinars. Le plus marrant dans cette histoire, que le rapport financier s’est soldé à zéro. Dans la rubrique des dépenses, on découvre que « les collectes sociales » ont financé les voyages et les loisirs des membres du Conseil au détriment des besoins réels des avocats pour lesquels cette caisse est faite ".

Du même Me Ahmed Seddik, appelle à la refonte totale du conseil, étant donné qu’il est impartial de responsabiliser une seule partie alors même que la « majorité silencieuse » a raté l'occasion de se faire entendre en choisissant depuis longtemps la démission et de se faire éjecter du système. Selon lui, la responsabilité n'est pas individuelle mais essentiellement collective et transcende les structures.
Par quel bout doivent commencer les avocats face à cette scission, à quelques semaines du rendez-vous électoral ? Rien n’est clair. Car le clivage tient au fond à ces oppositions. Le dossier financier, les engagements manqués, le malaise des avocats stagiaires, l’impact de la polarisation politique sur l’indépendance du Bâtonnat, pour ne citer que ces dossiers, sont loin de faire l’unisson entre les « frères » ennemis. Il n'est plus question d'épousailles ou de tractations du dernier quart d’heure. Sans nul doute, le dernier mot sera donné par les avocats. Seulement, certains avocats nous chuchotent, le résultat proclamé serait-il le reflet de la vérité des urnes ?
03/06/2010 | 1
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