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La Tunisie remporte le match des délocalisations face au Maroc

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La Tunisie a jusqu’ici réussi à rafler la mise face au Maroc dans le domaine de délocalisations des équipementiers aéronautiques. L’offensive de charme, axée sur deux volets, a largement contribué à ce succès. Tout en miroitant des incitations fiscales hors pair et une main d’œuvre bon marché, le plus petit pays du Maghreb a su "jongler" avec le système des contreparties industrielles, lors de la signature de gros contrats avec les avionneurs européens. Ces derniers sont à la recherche de coûts de production avantageux.
Après avoir réussi à attirer des sous-traitants aéronautiques de premier rang, la Tunisie vient de mettre sur son dépliant le constructeur européen Airbus. Lors des négociations avec cette filiale du géant EADS, le gouvernement tunisien avait dès le départ opté pour un "partenariat gagnant-gagnant". La construction d’une usine de composants aéronautiques par Airbus ou l’un de ses sous-traitants avait fait partie d’un accord signé, en avril à Tunis, en marge d’une visite d’Etat du président français Nicolas Sarkozy, entre la compagnie nationale Tunisair et le constructeur européen. Cet accord a porté sur la livraison à la compagnie tunisienne de seize appareils Airbus, assortis de trois en option pour un prix catalogue d’un milliard d’euros. Il comporte une "contrepartie industrielle".
Ce premier "atterrissage" d’Airbus en dehors de la zone euro a fait pâlir d’envie les décideurs marocains ayant déroulé, début 2008, le tapis rouge au groupe Latécoère qui était alors sur les rangs pour finaliser le projet d’une unité de production d’Airbus au Maghreb.
Ce principal fournisseur de l’avionneur européen avait fait, plusieurs mois durant, monter les enchères entre Rabat et Tunis. Il a toutefois fini par abandonner le projet à la suite de l'échec des négociations avec Airbus pour la reprise des sites de Méaulte et Saint-Nazaire en France. D’autant plus que cette transaction était viscéralement liée à l’implantation d’une usine au Maghreb. Cette dernière était destinée à bénéficier d’un “transfert de charges” de l'usine de Méaulte. C’est dire que l’avionneur européen n’a fait aujourd’hui que récupérer le "bébé" délaissé par son sous-traitant.
Quoiqu’il en soit, l’implantation d’Airbus en Tunisie s’inscrit dans le cadre d'un nouveau plan d'économie drastique baptisé "Power 8+". Ce plan table sur des économies d'un milliard d'euros d'ici 2012, au sein de l'ensemble des activités d'EADS, dont 650 millions chez Airbus. Il est essentiellement motivé par le souci d’éviter les retombées néfastes de la chute du dollar. L’industrie aéronautique est très sensible aux caprices de la monnaie américaine. D’autant plus que les revenus des avionneurs européens sont libellés en billet vert, alors que ses coûts de production sont exprimés en euro. Dès lors, l’unique solution pour résister à la concurrence du mastodonte américain Boeing est de produire dans la zone dollar ou dans les pays "low-cost", notamment en Europe de l’est et au Maghreb.
Dans cette dernière région, la Tunisie est en train de damer le pion à son éternel rival en matière de délocalisations. Le nombre des membres du Groupement des industries tunisiennes de l’aéronautique et du spatial (GITAS) est passé de sept sociétés en septembre 2007 à dix-huit, une année plus tard. Dans cette filière, le royaume chérifien compterait actuellement une "dizaine" de sociétés seulement.
Mais l’embellie ne s’est pas arrêtée là pour la Tunisie. De nouveaux groupes européens spécialisés dans la fabrication de composants, voire dans l’assemblage et la maintenance d’avions, ont annoncé récemment leur intention d’atterrir dans le pays. Le groupe Mecahers, un sous-traitant aéronautique français, spécialisé dans la mécanique de précision, a annoncé fin août qu’il envisage de se doter prochainement d'un site de production en Tunisie. Ce groupe français vient de lever 5 millions pour construire cette unité dédiée à l’assemblage et à la chaudronnerie, près de Tunis, qui pourrait à terme embaucher 300 salariés.
De son côté, le groupe Latécoère envisage de prendre une participation à hauteur de 10 à 15 % dans le capital de l’usine d’Airbus en Tunisie et de créer 200 emplois supplémentaires dans ses deux unités spécialisées dans le câblage, implantées près de Tunis depuis 1996. Idem pour le groupe français Zodiac qui prévoit un doublement de ses effectifs en Tunisie d’ici 2011.
Le groupe italien Storm Aircraft, spécialisé dans la fabrication des petits avions de tourisme, a déjà entamé la construction d’une usine à Mateur, près de Bizerte dans le nord du pays.
Outre les avantages fiscaux (importantes exonérations fiscales, gratuité des terrains…) accordés aux groupes européens, la Tunisie met en avant une main d’œuvre qualifié et bon marché. « Les ingénieurs et autres employés tunisien coûtent de quatre à six fois moins cher qu'en France", fait remarquer Philippe Cussonnet, président du Gitas.
Il n’empêche que le pays est aujourd’hui appelé, selon lui, à monter en gamme et à acquérir de nouvelles compétences dans des segments plus sophistiqués afin d’embellir davantage la vitrine des investissements directs étrangers par une industrie à très forte valeur ajoutée.
Après avoir réussi à attirer des sous-traitants aéronautiques de premier rang, la Tunisie vient de mettre sur son dépliant le constructeur européen Airbus. Lors des négociations avec cette filiale du géant EADS, le gouvernement tunisien avait dès le départ opté pour un "partenariat gagnant-gagnant". La construction d’une usine de composants aéronautiques par Airbus ou l’un de ses sous-traitants avait fait partie d’un accord signé, en avril à Tunis, en marge d’une visite d’Etat du président français Nicolas Sarkozy, entre la compagnie nationale Tunisair et le constructeur européen. Cet accord a porté sur la livraison à la compagnie tunisienne de seize appareils Airbus, assortis de trois en option pour un prix catalogue d’un milliard d’euros. Il comporte une "contrepartie industrielle".
Ce premier "atterrissage" d’Airbus en dehors de la zone euro a fait pâlir d’envie les décideurs marocains ayant déroulé, début 2008, le tapis rouge au groupe Latécoère qui était alors sur les rangs pour finaliser le projet d’une unité de production d’Airbus au Maghreb.
Ce principal fournisseur de l’avionneur européen avait fait, plusieurs mois durant, monter les enchères entre Rabat et Tunis. Il a toutefois fini par abandonner le projet à la suite de l'échec des négociations avec Airbus pour la reprise des sites de Méaulte et Saint-Nazaire en France. D’autant plus que cette transaction était viscéralement liée à l’implantation d’une usine au Maghreb. Cette dernière était destinée à bénéficier d’un “transfert de charges” de l'usine de Méaulte. C’est dire que l’avionneur européen n’a fait aujourd’hui que récupérer le "bébé" délaissé par son sous-traitant.
Quoiqu’il en soit, l’implantation d’Airbus en Tunisie s’inscrit dans le cadre d'un nouveau plan d'économie drastique baptisé "Power 8+". Ce plan table sur des économies d'un milliard d'euros d'ici 2012, au sein de l'ensemble des activités d'EADS, dont 650 millions chez Airbus. Il est essentiellement motivé par le souci d’éviter les retombées néfastes de la chute du dollar. L’industrie aéronautique est très sensible aux caprices de la monnaie américaine. D’autant plus que les revenus des avionneurs européens sont libellés en billet vert, alors que ses coûts de production sont exprimés en euro. Dès lors, l’unique solution pour résister à la concurrence du mastodonte américain Boeing est de produire dans la zone dollar ou dans les pays "low-cost", notamment en Europe de l’est et au Maghreb.
Dans cette dernière région, la Tunisie est en train de damer le pion à son éternel rival en matière de délocalisations. Le nombre des membres du Groupement des industries tunisiennes de l’aéronautique et du spatial (GITAS) est passé de sept sociétés en septembre 2007 à dix-huit, une année plus tard. Dans cette filière, le royaume chérifien compterait actuellement une "dizaine" de sociétés seulement.
Mais l’embellie ne s’est pas arrêtée là pour la Tunisie. De nouveaux groupes européens spécialisés dans la fabrication de composants, voire dans l’assemblage et la maintenance d’avions, ont annoncé récemment leur intention d’atterrir dans le pays. Le groupe Mecahers, un sous-traitant aéronautique français, spécialisé dans la mécanique de précision, a annoncé fin août qu’il envisage de se doter prochainement d'un site de production en Tunisie. Ce groupe français vient de lever 5 millions pour construire cette unité dédiée à l’assemblage et à la chaudronnerie, près de Tunis, qui pourrait à terme embaucher 300 salariés.
De son côté, le groupe Latécoère envisage de prendre une participation à hauteur de 10 à 15 % dans le capital de l’usine d’Airbus en Tunisie et de créer 200 emplois supplémentaires dans ses deux unités spécialisées dans le câblage, implantées près de Tunis depuis 1996. Idem pour le groupe français Zodiac qui prévoit un doublement de ses effectifs en Tunisie d’ici 2011.
Le groupe italien Storm Aircraft, spécialisé dans la fabrication des petits avions de tourisme, a déjà entamé la construction d’une usine à Mateur, près de Bizerte dans le nord du pays.
Outre les avantages fiscaux (importantes exonérations fiscales, gratuité des terrains…) accordés aux groupes européens, la Tunisie met en avant une main d’œuvre qualifié et bon marché. « Les ingénieurs et autres employés tunisien coûtent de quatre à six fois moins cher qu'en France", fait remarquer Philippe Cussonnet, président du Gitas.
Il n’empêche que le pays est aujourd’hui appelé, selon lui, à monter en gamme et à acquérir de nouvelles compétences dans des segments plus sophistiqués afin d’embellir davantage la vitrine des investissements directs étrangers par une industrie à très forte valeur ajoutée.
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