
Les conseils ministériels à propos de la fonction publique et des fonctionnaires se multiplient. Le régime de Kaïs Saïed chasse les hypothétiques faux diplômes par-ci et veut amender, par-là, la loi pour épingler ceux qui refusent d’obéir aux ordres. La tension ne règne pas uniquement dans les milieux politiques, médiatiques et associatifs, elle est palpable également dans l’administration.
Il y a de l’embouteillage dans la cour des comptes et les palais de justice, ces jours-ci. Fonctionnaires et hauts fonctionnaires n’arrêtent pas de défiler pour répondre des erreurs de gestion qu’ils auraient commises. Certains se sont même retrouvés devant la cour des comptes et devant la justice judiciaire poursuivis pour des décisions prises lorsqu’ils dirigeaient des directions ou étaient membres de commissions d’achat ou d’expertise. Les faits reprochés sont parfois risibles. Exemple, cet ancien PDG parti à la retraite depuis quatre ans. À l’époque où il dirigeait une entreprise publique, il a octroyé à ses fonctionnaires une prime de mouton pour l’aïd prélevée sur un compte destiné, préalablement, à d’autres achats. Le budget destiné aux achats en question n’a pas été consommé, le PDG a estimé utile de le réaffecter pour les primes de l’aïd. Ça a été considéré comme une erreur de gestion et il doit répondre de sa « faute ».
« On cherche à remplir les caisses par tous les moyens et à harceler des gens respectables qui ont donné leur vie entière à l’État. Nous ne sommes pas des criminels, nous ne sommes pas des fraudeurs, nous sommes des commis de l’État qui l’avons servi par tous nos moyens », s’étrangle un ancien haut fonctionnaire, lui aussi parti à la retraite. La cour des comptes lui a infligé une amende équivalente à trois salaires bruts pour une faute commise il y a des années. « Le plus injuste est que, outre l’ingratitude, c’est que je me retrouve poursuivi pour les mêmes faits devant la justice et devant la cour des comptes. Si la cour des comptes a estimé que je suis « coupable » et m’a infligé une amende, pourquoi continue-t-on à me poursuivre en justice ? », poursuit-il.
Le zèle observé par les magistrats, qu’ils soient de la cour des comptes ou de la justice, est motivé par des décisions politiques, au nom de la reddition des comptes.
C’est le président de la République lui-même qui a sonné le glas. À plusieurs reprises, lors de conseils ministériels ou de tête-à-tête avec des membres du gouvernement, il a épinglé les fonctionnaires et la fonction publique qui « empêchent l’administration de tourner normalement ».
Lundi 20 mai 2024, le chef de l’État a présidé une séance de travail consacrée à l'examen du projet de révision de l'article 96 du Code pénal. Cet article tant craint par les fonctionnaires et qui a été utilisé, des centaines de fois depuis la révolution, pour sanctionner les figures de l’ancien régime et ceux qui les ont servis. L’article 96 mentionne ce qui suit : « Est puni de dix ans d'emprisonnement et d'une amende égale à l'avantage reçu ou le préjudice subi par l'administration, tout fonctionnaire public ou assimilé, tout directeur, membre ou employé d'une collectivité publique locale, d'une association d'intérêt national, d'un établissement public à caractère industriel et commercial, d'une société dans laquelle l'État détient directement ou indirectement une part quelconque du capital, ou d'une société appartenant à une collectivité publique locale, chargé de par sa fonction de la vente, l'achat, la fabrication, l'administration ou la garde de biens quelconques, qui use de sa qualité et de ce fait se procure à lui-même ou procure à un tiers un avantage injustifié, cause un préjudice à l'administration ou contrevient aux règlements régissant ces opérations en vue de la réalisation de l'avantage ou du préjudice précités. »
Craignant d’être soupçonnés ou d’être poursuivis sur la base de cet article 96, les hauts fonctionnaires rechignent, depuis quelque temps, à prendre des décisions importantes quitte à bloquer les dossiers et nuire aux intérêts de l’État, des citoyens et des entreprises.
Pour chaque décision qu’ils doivent prendre, ils exigent un ordre signé par la hiérarchie. Et c’est ainsi que plusieurs ministres et gouverneurs se trouvent bloqués. Ils donnent des ordres mais leurs subordonnés refusent de leur obéir tant que l’ordre n’est pas écrit. Un ordre écrit que les supérieurs refusent de donner, puisqu’ils craignent, eux-mêmes, d’être poursuivis. Bon à rappeler, les prisons tunisiennes sont remplies d’anciens ministres et de PDG qui ont pris des décisions, qu’ils estimaient justes, mais qui s’avèrent être contraires à la loi.
Cette stratégie de se cacher derrière les lois pour refuser d’exécuter les ordres ne sied plus à Kaïs Saïed. Il l’a dit et il l’a répété. Dans le projet d’amendement de l’article 96, présenté lundi 20 mai, le président de la République prévoit l'insertion d'une nouvelle disposition criminalisant le fait de s'abstenir délibérément d'exécuter un ordre lié à ses fonctions dans le but d’entraver le bon fonctionnement du service public. Selon le chef de l’État, beaucoup de fonctionnaires invoquent l'article 96 pour refuser d'accomplir leurs devoirs.
Désormais, si jamais cet amendement passe, les fonctionnaires vont se trouver dans l’obligation d’exécuter les ordres sous peine d’être poursuivis. Et si les ordres en question sont contraires à la loi et ne sont pas formulés par écrit, comment doivent-ils faire ? Le communiqué présidentiel n’aborde pas cet aspect.
Le régime de Kaïs Saïed est en train de diaboliser l’administration et les fonctionnaires et ceci n’est pas nouveau. C’est comme s’il cherchait un nouveau bouc émissaire pour justifier ses échecs et la situation économique désastreuse du pays. Après les hommes d’affaires, les journalistes, les avocats, les activistes de la société civile et les hommes politiques, il s’attaque maintenant aux fonctionnaires.
En août dernier, le chef de l’État a prétendu que l’administration est infestée de faux diplômes et qu’il faut, de ce fait, l’assainir. Il y en aurait cent mille, selon certaines sources. Des commissions ad-hoc ont été créées et avaient pour charge de pister les fraudeurs et d’étudier les opérations de recrutement et d'intégration au sein de la fonction publique depuis le 14 janvier 2011 dans chaque ministère.
Finalement, aux dernières nouvelles, sur un total de 670 mille fonctionnaires il n’y aurait que 2700 diplômes falsifiés, toutes administrations confondues. Un chiffre donné par la présidence de la République. Ces 2700 diplômes falsifiés justifient-ils, à eux seuls, toute la diabolisation faite à l’administration, ainsi que ces enquêtes (parfois humiliantes) et ces commissions ?
Certes, il est indéniable que la reddition des comptes est incontournable et qu’il est impératif d’assainir l’administration des fraudeurs, mais ceci ne justifie nullement la diabolisation et la généralisation. La conséquence est une démotivation générale et un climat de peur improductif qui règne sur l’ensemble de l’administration.
Raouf Ben Hédi

Et vivement aussi une guerre ouverte contre l'UGTT.
Quant aux faux diplômes, sachez BN, qu'ils ne sont pas hypothétiques. Il y en a par milliers. (Merci aux islamistes qui ont encore plus pourri l'administration)
- Systémique : le fonctionnement de l'administration repose sur des règles qui ne sont plus adaptées à notre époque : légalisation de signature dans le bureau voisin par exemple. Les gens perdent une demi-journée pour retirer un acte de naissance par exemple, alors que dans les pays avancés cela se fait en moins de 15 minutes ou bien en ligne. Numériser les services administratifs est une obligation pour éviter l'afflux de citoyens dans les bureaux. Ce même encombrement qui pousse agents et citoyens dans la corruption pour gagner du temps.
Se pose aussi la question des salaires : si on veut résorber la corruption, la hausse des salaires des fonctionnaires est un geste fort, à condition qu'il soit accompagné de l'application de sanctions sévères en cas d'infraction.
- Personnels : conséquence d'un système obsolète et déconnecté des besoins tant des citoyens que des agents, ces derniers se laissent aller à la corruption, au blocage des dossiers pour nuire à un collègue ou à un citoyen. La conscience professionnelle est aléatoire voire inexistante parfois. Le traitement des dossiers repose sur des individus qui n'assurent pas la continuité du service public en cas d'absence, ce qui rallonge le traitement des dossiers. Tout le monde perd du temps et de l'argent à cause de cette inefficacité dolosive.
La question de la compétence des agents doit se poser car ils sont payés avec nos impôts et ceux qui ont bénéficié de recrutements de complaisance durant la période anarchique sans en avoir les prérequis doivent être rétrogadés dans un poste à leur niveau. Surtout s'ils n'ont rien fait durant ces douze ans pour se mettre au niveau.
Après avoir mis au pas les juges avides de dinars et entrenenant des relations douteuses avec le monde politique et économoque, les politiciens clientélistes de carrière, les avocats qui font du lobbying pour des Etats qui nuisent à nos intérêts, viendra le tour des fonctionnaires incompétents et indignes.
Le travail va porter ses fruits, KS fait ce qui aurait dû être fait en 2011 : la purge et la refonte de tout le système tunisien, revendication principale de la Jeunesse qui s'est faite voler par ceux ayant récupéré la Révolution.
Aussi la recette de Finances de la même Ville, pas d'attend pour quoi que ça soit.
2700 sur 10 ans = 270 faux diplôme par ans sur 650 000 fonctionnaires !
Ce chiffre peut être réalisé dans une simple multinationale de quelques milliers employés!
270 / 650000 = 0,00042
C'est à dire 0,042% seulement :o
Avec tout ces conseils ministériels, ces commissions, ce matraquage médiatique finalement on ne trouve même pas 1% meme pas 0,5% meme pas 0,1%!!
Faut arrêter ce cirque! Et surtout ce populisme! Et vous chers fans supporters de populisme faut vraiment faire une révolution dans vos cerveaux!
Je m'attendais à 100 milles au pire des cas 40 milles (comme souvent répété dans les médias pour diaboliser les 10 ans de notre jeune démocratie post 2011)
"Ghaltouni" comme disait ben Ali alah yerhmou
Elle qui a promis de réformer l'administration dans la fameuse convention de la Marsa de 1883.
De nos jours, le FMI revendique aussi la modernisation de l'administration.
Mais qui va Moderniser ROBOCOP?
Aussi, c'est trop facile de rejeter la responsabilité sur les autres. Pour mémoire, la Tunisie est indépendante depuis 1956.
bref quand ils gèrent les deniers public sans une vrai comptabilité et de la même façon que gére un 3atar bel carnet c'est la définition même de la république bananiére
- les fonctionnaires bras-cassés
- les fonctionnaires voleurs
- les fonctionnaires tricheurs
- les fonctionnaires pilleurs
- les fonctionnaires falsificateurs
- les fonctionnaires sans diplômes
- les fonctionnaires malveillants
- les fonctionnaires surpayés
Tout ce beau monde torture le citoyen au quotidien. Ces fonctionnaires sont donc payés pour nous rendre la vie infernale.
Cette mascarade a trop duré, il faut l'arrêter.