
Par Sofiene Ben Hamida
Le président est mort, vive la République. Un pays qui pleure est un pays qui vit. Après trois jours de douleurs et d’émotions intenses, il est temps de nous secouer, de reprendre nos esprits et de faire ce que nous avons à faire : continuer la construction démocratique inachevée de notre pays.
Durant les trois dernières journées, le décès du président a été accompagné par une énorme charge émotionnelle qui a traversé toutes les couches de la société tunisienne. Ce n’était pas attendu, du moins pas dans ces proportions. Mais ce n’était pas surprenant non plus s’agissant du départ d’un personnage qui a démontré qu’il a le don d’enflammer les passions et de galvaniser les foules. Ces foules, composées de milliers de Tunisiennes et de Tunisiens ont bravé le soleil, la chaleur et la fatigue durant des heures pour jeter un dernier regard sur leur président, lui faire un dernier adieu et lui rendre un ultime hommage. Ces milliers de citoyennes et de citoyens n’étaient pas obligés de faire ce sacerdoce, mais ils semblaient vouloir réparer une ancienne bavure de l’histoire commise à leur insu lors des funérailles du fondateur de la République il y a plus de dix neuf ans. Sans jamais le dire, ils étaient déterminés à honorer, à travers l’adepte, la mémoire du maitre et les associer à jamais à l’histoire de la République.
On aurait pu nous complaire dans l’émotion encore quelques jours, le deuil national est décrété pour une semaine. Mais il y a l’urgence de faire fonctionner le pays, de continuer la construction démocratique et de faire face aux changements dans le calendrier électoral, bousculé par le décès du président. Il faut avouer que les instances de l’Etat ont eu une belle attitude : calme, rapide et efficace. L’Instance supérieure indépendante des élections et son président ont agréablement surpris par leur clairvoyance et leur détermination, fermant très vite la porte face à ceux dont les desseins sont chamboulés par le nouveau calendrier électoral.
Selon ce nouveau calendrier, les listes en lice pour les élections législatives, qui se maintiendront pour le 6 octobre prochain, n’ont plus que quelques heures pour s’inscrire auprès de l’un des bureaux régionaux de l’Isie. Elles cèderont la place, presque aussitôt, à partir du 2 août prochain, aux postulants à la magistrature suprême pour présenter leurs candidatures à l’élection présidentielle qui se déroulera le 15 septembre prochain.
Ces changements du calendrier dictés par les contraintes constitutionnelles ne font pas l’affaire des partis politiques qui auront concrètement à gérer en même temps, les deux élections législatives et présidentielle. Aussi bien sur le plan logistique que politique, ils sont amenés à adopter certaines attitudes, à ajuster certaines de leurs positions et à revoir certaines alliances avec d’autres partenaires pour que les deux élections, dont les dates se chevaucheront, ne lèsent pas les candidats des législatives au profit des candidats de la présidentielle ou vis-versa.
Ceci est vrai, aussi bien pour les partis politiques qui ont leurs propres candidats à la présidentielle que les partis qui n’ont pas de candidats présidentiables mais qui, contrairement aux élections de 2014, doivent afficher clairement leurs préférences et annoncer leurs consignes de vote s’ils ne veulent pas perdre une frange de leurs électeurs aux législatives par la faute d’un laxisme lors de la présidentielle qui aura eu lieu quelque-temps avant.
Quant aux candidatures « exotiques » qui étaient annoncées ou attendues, le décès de l’ancien président a crée un climat de gravité et élevé le seuil des exigences qui exclut raisonnablement toute tentation de légèreté. Les plus téméraires constateront à leurs dépens, que la comparaison inéluctable avec le président défunt est insoutenable.
Commentaires (4)
CommenterTEL P'?RE-- tel fils
lapsus calame
Une petite trêve pour la mafia
En lice
En lice et non en lisse.