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Al Ikhshidi à Carthage !
Par Marouen Achouri
13/10/2019 | 22:00
3 min
Al Ikhshidi à Carthage !

 

Quelques minutes après la fin du débat du second tour de la présidentielle, il ne faisait presque plus de doute que Kaïs Saïed deviendrait le septième président de la République tunisienne. C’est ce qui est arrivé le 13 octobre 2019 à la fermeture des bureaux de vote. Celui qui évoque souvent Al Ikhshidi* devra assumer la charge du pouvoir et les promesses qui vont avec. 

 

En conséquence, le pays est maintenant tenu par un groupement composé de Kaïs Saïed à la présidence, Ennahdha et la coalition Karama au parlement, dans l’espoir de former un gouvernement dans des délais raisonnables. Il va sans dire que le camp progressiste et démocrate est inconsolable après ces différentes échéances électorales et la quantité de gifles reçues en si peu de temps. Ils auront cinq ans maintenant pour reconstruire leur maison et pour admettre et comprendre que le peuple a changé et que leurs méthodes sont obsolètes.

 

Aujourd’hui, l’enjeu pour les gagnants des élections est important. Le premier est celui de la sécurité des opposants et de ceux qui n’ont pas gagné. Ceux qui disent incarner une nouvelle gouvernance vertueuse et bourrée de principes doivent veiller à ce que l’on n’entende pas des insultes contre les « blessés des élections » ou des choses du genre « moutou bi ghaydhikom » (NDLR : mourrez de dépit). Ce sera la première responsabilité du président de la République, qui devra rapidement se muer en président de tous les Tunisiens. Ce sera également la responsabilité d’Ennahdha et de ses nouveaux acolytes de faire régner l’ordre et de ne pas lâcher la bride de fanatiques grisés par leur toute nouvelle accession au pouvoir. L’espace public devra être protégé des velléités hégémoniques des Ligues de protection de la révolution et de leurs semblables. Il existe déjà des prémices dangereux comme l’agression à El Hamma du coordinateur local du parti Qalb Tounes.

 

Le deuxième enjeu de taille sera celui de pratiquer le pouvoir. Ennahdha part avec un avantage certain puisque le parti a pratiqué l’Etat pendant de longues années et a appris à gérer. Ce n’est pas du tout le cas du nouveau président de la République, Kaïs Saïed, qui devra très vite se défaire de la vision angélique qu’il a des choses et arrêter de penser qu’il suffit qu’il décide pour que ce soit appliqué. Les membres de la coalition Karama, ou leurs représentants, vont s’essayer à la pratique de l’Etat et des ministères. Nous verrons comment ils vont débarrasser le pays de la corruption, établir une nouvelle philosophie de partage des richesses et reprendront en main nos richesses naturelles. Le prochain gouvernement, indépendamment de sa composition, devra s’atteler à des problèmes comme l’équilibre des finances publiques, les relations avec les bailleurs de fonds internationaux, et une ribambelle d’autres problèmes aussi urgents les uns que les autres.

 

La nature de ces problèmes est telle qu’ils ne peuvent être résolus à coups de slogans ou de cris révolutionnaires. En tant que Tunisiens, on ne leur souhaite que le succès dans le traitement des problèmes du pays car cela ne peut que nous bénéficier à tous. La rancœur ne saurait avoir de place devant l’intérêt supérieur de la nation, à condition que toutes les factions y croient.

 

Reste le spectre omniprésent de la violence qui suit les personnes qui ont gagné les élections. Il est inadmissible que la Tunisie revive des années comme 2012 et 2013 et l’on ne saurait tolérer des meurtres et des attaques comme celles dont on a été témoins. La Tunisie poursuivra son chemin et toutes les forces réellement démocratiques de ce pays, dont nous faisons partie, ne laisserons pas le pays dériver et aller vers l’inconnu qui en terrorise plus d’un. Nous serons là.

 

* Al Ikhshidi était un souverain égyptien rendu célèbre par les poèmes satiriques d'Al Moutanabi. Le poète faisait partie de la cour d'Al Ikhshidi qui lui avait fait des promesses non tenues. Saied cite souvent cet exemple en ce qui concerne les promesses électorales des partis politiques.

Par Marouen Achouri
13/10/2019 | 22:00
3 min
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Commentaires (9)

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Justinia
| 14-10-2019 18:44
Vous n'avez pas mentionné que Al Ikhchidi était un souverain de peau noire.Abou Ettaieb Al Moutanabbi pour avoir ses faveurs, n'hésitait pas à le flatter par KAFOUR Al Ikhchidi,Kafour veut dire blanc comme la naphtaline.
N'ayant rien reçu,Al Moutannabi dans un autre poème dira" N'achetez jamais le noir qu'avec le bâton avec lui....suit une insulte aux noirs.
Cela n'empêche qu'Al Moutanabbi (qui a prétendu à la prophétie) fut un immense poète.

A4
| 14-10-2019 18:27
ROBOCOP
Ecrit par A4 - Tunis, le 14 Octobre 2019

Et Robocop parla
Récita sa leçon
Slogans et tralala
Sous forme de chanson

Il nous parla enfin
Tel un disque rayé
Répétant son refrain
A gorge déployée

Il se vanta même
De son programme absent
De ses grands dilemmes
Sur un rythme lassant

Il dit et répéta
Qu'il n'avait pas le sou
Que c'est bien à l'Etat
De se charger de tout

C'est bien l'Etat qui doit
Se mettre à vos pieds
Ne bougez pas le doigt
C'est à lui de casquer

C'est cet Etat maudit
Qui a pour punition
Gérer la tragédie
De cette révolution

L'Etat est mieux soumis
Faible, sans édifice
Victime du tsunami
De tous vos beaux caprices

A vous de rêvasser
De chemins balisés
L'Etat doit se presser
De tout réaliser

Il répéta encore
Des vieilles obsessions
Hurla son désaccord
Sur toutes concessions

C'est beau à entendre
Me dit l'ami Lénine:
"Quand on n'a que vendre
On vend la Palestine ..."

vieux tunisien
| 14-10-2019 14:18
les tunisiens ont testé Ennahda résultat :misère et terrorisme et assissinat, ils ont testé Nida Tunis, Résultat : L'émir Hafeth C.Essebsi a voulu hérité son père, et le peuple crève dans la misère, Maintenant on va tester Robocopp, ce mégalo qui roule à coté de la plaque, et qui n'a aucun programme , il sera piloté par Ennahda et bis Repetita : la déception est à craindre.
Comme ça la prochaine fois, le peuple comprendra de ne plus élire un homme pareil, il comprendront que le pouvoir est un équilibre de force entre toutes les tendances de la société, et qui vivra verra ....

Lotfi
| 14-10-2019 12:11
Je dirai plutôt , que le pays aura un président sans aucun passé politique, sans aucun programme d'avenir; autrement dit , et selon ses propres paroles " c'est la rue qui décidera; d'autre part il sera soutenu par Ennahdha; qui va avoir sous sa gouvernance et le parlement et le président ; voilà en quelques phrases ce qui attend la Tunisie;

Mohamed Salah
| 14-10-2019 10:51
Permettez moi de vous dire Monsieur le journaliste que la Tunisie n'est ni à vous ni au supposés modernistes comme vous, ni aux nahdhawis, ni même à Kais said,
la Tunisie c'est pour les tunisiens qui ont depuis quelques années une arme redoutable et très efficace, le VOTE et une autre plus risquée et pas moins efficace, la rue.
le tunisien a compris qu'il détient le pouvoir même après cinq ans, il peut écarter quiconque et donner la chance aux autres, je trouve que ce peuple est formidable, juste parce qu'il a élu Kais Said, non pas parce que j'ai une affiliation avec cette personne, ni par ce que je suis d'accord a ce qu'il dit, pas du tout, parce le peuple tunisien a nourri un rêve tunisien, voter une valeur et il y a une chance qu'il tunisien quelque soit son appartenance, son lieu de naissance, sa couleur et son orientation, PEUT ETRE UN PR'?SIDENT; C'est presque "the american dream", j'espère que ça continue dans le domaine les domaines, sans la logique des clans, des tribus, des vrais et des faux, on n'a plus besoin de ça.
on a besoin de travailler tous dans l'objectif d'améliorer le bien Etre collectif et individuel par tous les moyens possibles.

Merci

observator
| 14-10-2019 09:23
Pourquoi vous m'avez censuré ?
Je n'ai rien dit qui enfreigne les règles.
J'ai répondu à Mr Achouri et il doit assumer ce qu'il écrit.

Kays
| 14-10-2019 08:24
La Tunisie a de fortes chances d'être gouvernée par Ennahda. Ceci est nécessaire car les tunisiens verront ce que produit la gouvernance de ce parti. Enfin la responsabilité sera directe et nous verrons tous comment, notamment sur le plan économique, sécuritaire et sociétal evoluera le pays. La responsabilité est immense. Si la situation s'améliore c'est Ennahda qui en récoltera les lauriers, si au contraire elle empire alors les tunisiens devront attendre 5 ans pour voter à nouveau.

Le nouveau Président de la République verra ses pouvoirs proportionnels à sa capacité fédératrice et aussi à sa personnalité, son caractère.

Pourra t-il entraîner derrière sa politique L'ARP ou verra t-il face à lui un chef de gouvernement qui le cantonner à uniquement à un rôle de sage effacé?

Les mois qui viennent nous donneront la réponse...

Souhaitons qu'il réussisse pour ce pays et ce Peuple qui en a vraiment besoin.

Souhaitons aussi qu'il parvienne à faire en sorte que la Loi soit appliquée partout sur le territoire tunisien, ce serait un progrès immense pour ce pays, progrès qui le ferait rapidement entrer dans le concert des '?tats modernes car les pays sous-développés sont partout caractérisés par une très relative application des lois.


TAHYA TOUNES

EA
| 14-10-2019 00:59
Il ne faut comparer l'incomparable : Il ikhjidi était un esclave.Kais Said est un homme libre qui devient président d'un peuple libre.

Alya
| 13-10-2019 21:17
Nidatounes s est autolyse et nahdha s y attendait !les seuls progressistes qui avait encore l espoir de survi re était TAHYA tounes.tous les progressiste se sont attelés à détruire Chahed en sachant qu.ils offraient notre pays aux extremistes