N'ayant rien reçu,Al Moutannabi dans un autre poème dira" N'achetez jamais le noir qu'avec le bâton avec lui....suit une insulte aux noirs.
Cela n'empêche qu'Al Moutanabbi (qui a prétendu à la prophétie) fut un immense poète.
Quelques minutes après la fin du débat du second tour de la présidentielle, il ne faisait presque plus de doute que Kaïs Saïed deviendrait le septième président de la République tunisienne. C’est ce qui est arrivé le 13 octobre 2019 à la fermeture des bureaux de vote. Celui qui évoque souvent Al Ikhshidi* devra assumer la charge du pouvoir et les promesses qui vont avec.
En conséquence, le pays est maintenant tenu par un groupement composé de Kaïs Saïed à la présidence, Ennahdha et la coalition Karama au parlement, dans l’espoir de former un gouvernement dans des délais raisonnables. Il va sans dire que le camp progressiste et démocrate est inconsolable après ces différentes échéances électorales et la quantité de gifles reçues en si peu de temps. Ils auront cinq ans maintenant pour reconstruire leur maison et pour admettre et comprendre que le peuple a changé et que leurs méthodes sont obsolètes.
Aujourd’hui, l’enjeu pour les gagnants des élections est important. Le premier est celui de la sécurité des opposants et de ceux qui n’ont pas gagné. Ceux qui disent incarner une nouvelle gouvernance vertueuse et bourrée de principes doivent veiller à ce que l’on n’entende pas des insultes contre les « blessés des élections » ou des choses du genre « moutou bi ghaydhikom » (NDLR : mourrez de dépit). Ce sera la première responsabilité du président de la République, qui devra rapidement se muer en président de tous les Tunisiens. Ce sera également la responsabilité d’Ennahdha et de ses nouveaux acolytes de faire régner l’ordre et de ne pas lâcher la bride de fanatiques grisés par leur toute nouvelle accession au pouvoir. L’espace public devra être protégé des velléités hégémoniques des Ligues de protection de la révolution et de leurs semblables. Il existe déjà des prémices dangereux comme l’agression à El Hamma du coordinateur local du parti Qalb Tounes.
Le deuxième enjeu de taille sera celui de pratiquer le pouvoir. Ennahdha part avec un avantage certain puisque le parti a pratiqué l’Etat pendant de longues années et a appris à gérer. Ce n’est pas du tout le cas du nouveau président de la République, Kaïs Saïed, qui devra très vite se défaire de la vision angélique qu’il a des choses et arrêter de penser qu’il suffit qu’il décide pour que ce soit appliqué. Les membres de la coalition Karama, ou leurs représentants, vont s’essayer à la pratique de l’Etat et des ministères. Nous verrons comment ils vont débarrasser le pays de la corruption, établir une nouvelle philosophie de partage des richesses et reprendront en main nos richesses naturelles. Le prochain gouvernement, indépendamment de sa composition, devra s’atteler à des problèmes comme l’équilibre des finances publiques, les relations avec les bailleurs de fonds internationaux, et une ribambelle d’autres problèmes aussi urgents les uns que les autres.
La nature de ces problèmes est telle qu’ils ne peuvent être résolus à coups de slogans ou de cris révolutionnaires. En tant que Tunisiens, on ne leur souhaite que le succès dans le traitement des problèmes du pays car cela ne peut que nous bénéficier à tous. La rancœur ne saurait avoir de place devant l’intérêt supérieur de la nation, à condition que toutes les factions y croient.
Reste le spectre omniprésent de la violence qui suit les personnes qui ont gagné les élections. Il est inadmissible que la Tunisie revive des années comme 2012 et 2013 et l’on ne saurait tolérer des meurtres et des attaques comme celles dont on a été témoins. La Tunisie poursuivra son chemin et toutes les forces réellement démocratiques de ce pays, dont nous faisons partie, ne laisserons pas le pays dériver et aller vers l’inconnu qui en terrorise plus d’un. Nous serons là.
* Al Ikhshidi était un souverain égyptien rendu célèbre par les poèmes satiriques d'Al Moutanabi. Le poète faisait partie de la cour d'Al Ikhshidi qui lui avait fait des promesses non tenues. Saied cite souvent cet exemple en ce qui concerne les promesses électorales des partis politiques.
Quelques minutes après la fin du débat du second tour de la présidentielle, il ne faisait presque plus de doute que Kaïs Saïed deviendrait le septième président de la République tunisienne. C’est ce qui est arrivé le 13 octobre 2019 à la fermeture des bureaux de vote. Celui qui évoque souvent Al Ikhshidi* devra assumer la charge du pouvoir et les promesses qui vont avec.
En conséquence, le pays est maintenant tenu par un groupement composé de Kaïs Saïed à la présidence, Ennahdha et la coalition Karama au parlement, dans l’espoir de former un gouvernement dans des délais raisonnables. Il va sans dire que le camp progressiste et démocrate est inconsolable après ces différentes échéances électorales et la quantité de gifles reçues en si peu de temps. Ils auront cinq ans maintenant pour reconstruire leur maison et pour admettre et comprendre que le peuple a changé et que leurs méthodes sont obsolètes.
Aujourd’hui, l’enjeu pour les gagnants des élections est important. Le premier est celui de la sécurité des opposants et de ceux qui n’ont pas gagné. Ceux qui disent incarner une nouvelle gouvernance vertueuse et bourrée de principes doivent veiller à ce que l’on n’entende pas des insultes contre les « blessés des élections » ou des choses du genre « moutou bi ghaydhikom » (NDLR : mourrez de dépit). Ce sera la première responsabilité du président de la République, qui devra rapidement se muer en président de tous les Tunisiens. Ce sera également la responsabilité d’Ennahdha et de ses nouveaux acolytes de faire régner l’ordre et de ne pas lâcher la bride de fanatiques grisés par leur toute nouvelle accession au pouvoir. L’espace public devra être protégé des velléités hégémoniques des Ligues de protection de la révolution et de leurs semblables. Il existe déjà des prémices dangereux comme l’agression à El Hamma du coordinateur local du parti Qalb Tounes.
Le deuxième enjeu de taille sera celui de pratiquer le pouvoir. Ennahdha part avec un avantage certain puisque le parti a pratiqué l’Etat pendant de longues années et a appris à gérer. Ce n’est pas du tout le cas du nouveau président de la République, Kaïs Saïed, qui devra très vite se défaire de la vision angélique qu’il a des choses et arrêter de penser qu’il suffit qu’il décide pour que ce soit appliqué. Les membres de la coalition Karama, ou leurs représentants, vont s’essayer à la pratique de l’Etat et des ministères. Nous verrons comment ils vont débarrasser le pays de la corruption, établir une nouvelle philosophie de partage des richesses et reprendront en main nos richesses naturelles. Le prochain gouvernement, indépendamment de sa composition, devra s’atteler à des problèmes comme l’équilibre des finances publiques, les relations avec les bailleurs de fonds internationaux, et une ribambelle d’autres problèmes aussi urgents les uns que les autres.
La nature de ces problèmes est telle qu’ils ne peuvent être résolus à coups de slogans ou de cris révolutionnaires. En tant que Tunisiens, on ne leur souhaite que le succès dans le traitement des problèmes du pays car cela ne peut que nous bénéficier à tous. La rancœur ne saurait avoir de place devant l’intérêt supérieur de la nation, à condition que toutes les factions y croient.
Reste le spectre omniprésent de la violence qui suit les personnes qui ont gagné les élections. Il est inadmissible que la Tunisie revive des années comme 2012 et 2013 et l’on ne saurait tolérer des meurtres et des attaques comme celles dont on a été témoins. La Tunisie poursuivra son chemin et toutes les forces réellement démocratiques de ce pays, dont nous faisons partie, ne laisserons pas le pays dériver et aller vers l’inconnu qui en terrorise plus d’un. Nous serons là.
* Al Ikhshidi était un souverain égyptien rendu célèbre par les poèmes satiriques d'Al Moutanabi. Le poète faisait partie de la cour d'Al Ikhshidi qui lui avait fait des promesses non tenues. Saied cite souvent cet exemple en ce qui concerne les promesses électorales des partis politiques.