
L'ancien député et dirigeant d'Attayar, Hichem Ajbouni a indiqué que les données disponibles et l'absence de réformes rendaient l'hypothèse d'une croissance économique de 1,6% difficile à atteindre. Il a expliqué qu'une faible croissance ne pouvait pas créer de la richesse.
S'exprimant le 4 novembre 2024 durant "Eco Mag" de Rim Saaidia sur Express Fm, Hichem Ajbouni a évoqué les discours optimistes évoquant une amélioration de la situation. Il s'est interrogé sur les données sur lesquelles ces paroles étaient fondées. Il a, également, évoqué les pressions sur les hommes d'affaires et l'arrestation d'un certain nombre d'entre eux. Le dirigeant d'Attayar a critiqué la banalisation du recours aux mandats de dépôt à l'encontre de ces derniers. Il a considéré que les dirigeants et propriétaires de groupes et d'entreprises pouvaient être poursuivis, mais laissés en liberté.
« Depuis 2011, nous avons mis en place des centaines de mesures fiscales... Quel en était le résultat ? Appliquer la même politique est s'attendre à un résultat différent est un comportement stupide... Les dépenses ont été multipliées presque par quatre depuis 2011... Les dépenses ont évolué, mais pas la croissance... On nous a expliqué que cette année était celle de la construction et de l'édification... Or, le budget dédié à l'investissement est de 5,4 milliards de dinars en 2025 contre 4,1 milliards de dinars en 2011... Elle représentait 26% des dépenses contre 9% actuellement », a-t-il expliqué.
Hichem Ajbouni a considéré que les lois de finances mettaient en avant une approche fiscale au lieu d'une vision économique. Il a expliqué que les mesures sociales ne devaient pas se limiter à des politiques d'aides et de subventions. Elles doivent lutter contre la pauvreté et viser à améliorer la situation des citoyens sur le moyen et le long terme. Il a qualifié les mesures présentées dans le projet de loi de finances de 2025 de mesurettes. Il a, aussi, indiqué que les fonds mis à disposition de ces mesures étaient limités.
Hichem Ajbouni a affirmé que les chiffres présentés dans le projet de loi de finances 2025 reflétaient une politique d'austérité. Il a expliqué que le taux de croissance des budgets alloués à plusieurs ministères était inférieur au taux d'inflation. Il a mis l'accent sur l'adoption d'un discours positif incitant et encourageant les acteurs économiques, y compris l'État. Il a assuré que les hommes d'affaires ont passé l'année 2024 à faire le va-et-vient auprès des services de la douane. Parallèlement à cela, ils ont été taxés à plusieurs reprises et ont subi des pertes importantes.
« La hausse du nombre de riches dans un pays est une bonne chose... Être riche n'est pas honteux... Nous devons mettre fin à la pauvreté et permettre aux Tunisiens de vivre dans la dignité... Le peuple veut ! Que veut-il ? Nous ne le savons pas... On doit guider le pays... Les entreprises communautaires ne sont pas la solution... À un certain moment, la hausse de la pression fiscale bloque l'économie... Nous sommes à près de 25%, l'un des chiffres les plus élevés en Afrique... Il y a un écart qui se creuse entre le secteur privé et le secteur public, notamment dans les secteurs de la santé, de l'éducation et du transport... Nous avançons vers la création de deux Tunisies », a-t-il expliqué.
Hichem Ajbouni a considéré que la Tunisie appliquait des mesures similaires à celles exigées par le Fonds monétaire international. Il a expliqué qu'on avait procédé à une réduction des dépenses en matière de compensations sans la levée de celle-ci. Il suffit, selon lui, de limiter les importations des produits compensés. Il a, également, évoqué un manque de sources de financement étranger du budget tout en mettant en garde contre l'impact du recours à des emprunts intérieurs.
Par ailleurs, Hichem Ajbouni a considéré que les questions de l'indépendance de la Banque centrale de Tunisie, du stress hydrique ou encore de la spéculation faisaient l'objet de plusieurs interprétations et analyses erronées. Il a évoqué une situation de déni de la réalité économique du pays.
S.G
Bon, maintenant je vais au lit avec un très grand soulagement que la Tunisie a encore des politiciens intelligents et assidus.
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique / -économique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.