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Ahmed El Karm : les Brics ne cherchent pas à se substituer au FMI
18/04/2023 | 10:27
6 min
Ahmed El Karm : les Brics ne cherchent pas à se substituer au FMI


L'expert en économie et président d’honneur de l’Association Tunisienne pour la promotion de la Culture Financière (ATCF), Ahmed El Karm a assuré que le Fonds Monétaire International (FMI) n'avait pas de projet prédéfini pour la Tunisie. Il œuvre dans le cadre de sa fonction de garantie de stabilité financière du monde et donc d'une façon indirecte de veiller à la solvabilité des pays.

Invité le 18 avril 2023 à « La Matinale » de Malek khaldi sur Shems FM, Ahmed El Karm a indiqué que le FMI était la propriété des États membres. La Tunisie possède une partie de son capital. Il a expliqué que la Tunisie a présenté un programme de réformes depuis plus de six mois. Il a été validé par les experts du fonds, mais n’a pas été appliqué. Le dossier est encore en cours de traitement. Tant qu’il n’y a pas eu de signature officielle d’un accord, tout peut être renégocié, selon lui.

Ahmed El Karm a indiqué que la Tunisie s'inquiète au sujet des classes marginalisées. Ceci pourrait faire l’objet d’une renégociation de l’accord et le gouvernement a la possibilité de présenter de nouvelles réformes. Le FMI accorde de l’importance à la préservation du pouvoir d’achat et aux questions d’ordre social. Le programme de réformes propose une augmentation des prix et un transfert direct des compensations afin de préserver les classes démunies. Il a estimé que le système des compensations était synonyme de gaspillage.

Ahmed El Karm est revenu sur les déclarations du chef de l’État, Kaïs Saïed. Il a considéré que ce dernier appelait à exploiter nos propres ressources et à éviter l’impact social de certaines réformes. Cette philosophie, selon lui, vise à éviter l’aggravation de l’endettement du pays. « Lors des réunions du printemps, une rencontre extrêmement importante a eu lieu entre le FMI, la Banque mondiale, le G20, des banques internationales et des pays endettés… Elle a porté sur la situation du pays fortement endetté et sur les difficultés de paiement… Ils ont convenu que ceci devait être traité de façon dynamique… Le sujet avait été ignoré durant des années », a-t-il dit.




Ahmed El Karm a indiqué que la réunion avait abouti à cinq idées principales : créer une dynamique au sein des pays fortement endettés et ayant des difficultés de paiement, restructurer la dette et la rééchelonner (ceci peut inclure une révision de la dette et du taux d’intérêt.), suspendre temporairement le paiement des dettes d’un pays entamant des négociations avec le FMI, octroyer de nouveau prêts aux pays bénéficiant du rééchelonnement et charge le FMI et la Banque mondiale d’élaborer des études permettant un rééchelonnement de la dette sans porter atteinte à l’économie du pays concerné.

Ahmed El Karm a expliqué que ces idées étaient les propositions de pays en voie de développement. Si elles se transforment en décisions, elles concernent les pays les plus pauvres. M. El Karm a indiqué que les décisions de rééchelonnement de la dette avaient été évoquées à plusieurs reprises. La décision semble, actuellement, faire l’objet d'un consensus et la Tunisie pourrait en bénéficier.

« Les Brics ne remplacent pas le FMI… Il s’agit d’une coalition similaire au G7… Elle regroupe des pays du Sud. Ils ont créé une banque similaire à la Banque mondiale… Ils ont créé un fonds de 50 milliards de dollars similaire au FMI. Mais les Brics ne sont pas une organisation mondiale. Il s’agit d’une entité politique… Les Brics sont restés renfermé sur eux-mêmes… Plusieurs pays attendent depuis des années d’y adhérer… Les pays des Brics ne cherchent pas à se substituer au FMI ou à la Banque mondiale… Ils en font encore partie… Nous devons être présents dans toutes les structures internationales. Mais je ne pense pas que les Brics peuvent remplacer le FMI », a-t-il ajouté.

Ahmed El Karm a considéré que la scène internationale avait évolué et qu’il était possible de créer des alliances avec des entités d’orientation différentes ou opposées. Il a expliqué qu’il s’agissait du concept des multi-aliénés. Il a évoqué l’exemple de l’Inde faisant partie des Brics et collaborant également avec l’Union européenne. Ahmed El Karm a considéré que la Tunisie devait se focaliser non pas sur les Brics, mais sur la collaboration avec la Chine. Il a expliqué que ce pays cherchait à se positionner au sein des États en voie de développement. D’un autre côté, ce partenariat pourrait porter atteinte à la souveraineté du pays. La Chine pourrait envisager de mettre en place des projets et de se les approprier à la fin des travaux. Ainsi, la Chine pourrait financer la construction d'un port dans un pays étranger et en faire sa propriété.

Concernant le financement du budget de l’État par les banques privées, Ahmed El Karm a mis l’accent sur l’évolution de ce rôle-là. Les contributions au budget de l’État de la part de celles-ci sont passées depuis 2010 de 6% à 20%. Il a, également, rappelé les mises en garde de la part de la Banque Centrale de Tunisie à ce sujet. Cette approche aggrave l’inflation et touche à la stabilité des banques privées. Il a conclu que, vu la hausse considérable de la pression fiscale en Tunisie et le manque de ressources financières au niveau national, la solution résidait en une réorganisation du budget de l’État et une réduction des coûts. 

Ahmed El Karm a indiqué que de la monnaie était continuellement injectée sur le marché monétaire depuis des années afin de couvrir les salaires et les dépenses de l'Etat. Il a estimé que ceci devait avoir lieu pour investir.


S.G

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Commentaires
Mourad
On ferait mieux de travailler plus et d'interdire les grèves.
a posté le 18-04-2023 à 18:57
Outre travailler plus et interdire les grèves, on devrait interdire les voitures de fonction (dans les pays nordiques, les ministres et députés se déplacent en bus, train, vélo ou voiture personnelle), finir avec l'électricité gratuite poulesragents et ex agents de la steg, faire de la justice et de l'intérieur des exemples à suivre et punir les corrompus, donner plus d'équité et de justice aux citoyens, arrêter avec le favoritisme, intégrer nos ingénieurs grandes écoles et leur donner de hautes fonctions et arrêter avec les minables qui gèrent nos sociétés nationales genre fouledh, cpg, steg, Tunis air etc...
Ce n'est qu ainsi qu'on avancera. Autrement l'élite continuera de fuir le pays et on sera de nouveau dans le cambouis jusqu'au cou.
Une organisation
humanitaire...
a posté le 18-04-2023 à 12:30
Heureusement qu'on n'est pas né de la pluie d'hier ! Cependant, une question à Mr Karam : Combien d'économies ont été déjà massacrées et combien de pouvoirs politiques ont été déjà renversés par le FMI à travers le monde Arrêtez SVP de nous présenter le FMI comme une organisation humanitaire. Vous savez certainement autant que nous que le langage du FMI a changé la semaine dernière, à New-York, à cause de la crainte des Européens et des Américains de voir la Tunisie se tourner définitivement vers les Brics...!!!!