Le secrétaire général du parti « Âmal w Injaz » (travail et réalisation, ndlr), Abdellatif Mekki, a considéré que le ciblage des partis politiques était l’essence du discours du président de la République, Kaïs Saïed. Il a indiqué que plusieurs partis avaient milité avant la révolution tels qu’Ennahdha, le PDP ou encore le Parti communiste tunisien. « Le processus du 25-Juillet est une erreur et se base sur des erreurs », a-t-il dit.

Invité le 5 octobre 2023 à « Houna Tounes » de Moez Ben Gharbia sur Diwan Fm, Abdellatif Mekki affirmé que ces partis ont fait plusieurs sacrifices. Il a indiqué qu’Ennahdha avait 30.000 détenus. Ce chiffre englobe ceux qui ont été emprisonnés et ceux qui ont été détenus dans des commissariats de police. Réagissant aux remarques au sujet de l’incapacité des partis à mobiliser, M. Mekki a assuré que les Tunisiens ne se rassemblaient dans la rue que lors de grands événements.

« Le peuple a l’habitude de suivre la situation depuis les cafés ou son lieu de travail… Aujourd'hui, sur Facebook, on ne parle plus de politique. Savez-vous pour quelle raison Ali Naffati, secrétaire général du bureau régional d’Ennahdha à Bizerte a été arrêté ? Un militant d’Ennahdha avait publié un poste. Il lui a envoyé un message lui demandant de l'effacer… Il a été arrêté durant dix jours… On est détenu puis libéré… L’un des proches de Kaïs Saïed avait déclaré vouloir faire le va-et-vient aux tribunaux, une habitude pour les opposants », a-t-il dit.

Abdellatif Mekki a considéré qu’on visait la vie politique afin de causer la perte des partis. Tous ont été victimes de ce ciblage. La réinstauration de l’intérêt dans la politique peut avoir lieu, selon lui, dans un cadre démocratique. Des partis politiques créés par des lobbies ont œuvré à la destruction de la scène politique. Des leaders dans certains partis existant avant la révolution ont contribué à cela.

Réagissant à l’arrestation d’Abir Moussi, présidente du Parti Destourien Libre (PDL), Abdellatif Mekki a rappelé que le président de la République, Kaïs Saïed avait refusé d’intervenir pour mettre fin à ce qui se passait depuis 2019 au niveau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Il a assuré que la présidence de l’ARP lui avait adressé plusieurs correspondances demandant l’intervention de la garde présidentielle afin de l’interpeller.

« Le président a tenu à préciser qu’il était le chef des forces sécuritaires… Il a, après le coup d’État, pris certaines mesures visant la magistrature… Les deux appareils chargés d’appliquer la loi sont sous son contrôle et exploités pour achever ses opposants… Je m’oppose à cette arrestation non pas par solidarité avec elle, mais pour défendre la loi et la justice et par opposition à l’exploitation par Kaïs Saïed de la loi… Abir Moussi doit être tenue responsable de ce qu’elle avait commis dans le passé… L’application de la loi doit avoir lieu d’une façon objective », a-t-il déclaré.

Pour ce qui est de la grève de la faim entamée par les détenus dans le cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État et leurs familles, Abdellatif Mekki a affirmé que contrairement aux déclarations du président de la République, ceux ayant accusé par des slogans Rached Ghannouchi d’être un meurtrier ne participent pas à la chose. Il a, également, estimé que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis.

« Ezzeddine Hazgui (père de Jaouher Ben Mbarek) et Maître Dalila (Dalila Ben Mbarek Msaddek, sœur de ce dernier) m’ont informé qu’on avait installé cinq nouveau tube-néon dans la cellule de Jaouher Ben Mbarek… Il ne peut plus dormir… Nous sommes entrés dans une phase de torture psychologique… Kaïs Saïed ne peut pas faire marche arrière… Les grévistes nuisent à leurs corps. Il commente la chose de façon satirique… Il y a une différence entre analyser la situation pour parvenir à un constat et partir directement de la conclusion et lui chercher des arguments… Les locaux d’Ennahdha sont fermés… Ceux du parti Harak Tounes Al Irada sont fermés, car c’est là où le Front de salut national se réunit… Des dizaines d’activistes et de militants sont sanctionnées… Nous ne pouvons pas dire que l’espace politique est accessible. Malgré cela, l'opposition et ses leaders sont présents sur terrain », a-t-il poursuivi.

Abdellatif Mekki a affirmé que les réformes économiques n’étaient possibles qu’à travers le règlement des litiges politiques. Ceci est impossible à réaliser dans le cadre d’un système autoritaire et monopolisant les pouvoirs. Il a estimé que les hommes d’affaires avaient peur d’investir. Les visites de Kaïs Saïed ne changeront rien à la situation en raison de l’absence de projets, de politiques et d’équipe qualifiée. Il ne s’agit que d’un simple acte de propagande. Les membres des familles des détenus protestent en raison de l’absence de preuves.

S.G