Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, est sorti du silence jeudi 26 juin 2025, dans une vidéo diffusée par les médias d’État, pour commenter le cessez-le-feu intervenu deux jours plus tôt entre son pays et Israël, après douze jours d’un conflit qui a enflammé la région. Israël, rappelons-le, avait déclenché les hostilités le 13 juin avec l'objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, une ambition que Téhéran dément nourrir.

L'ayatollah Khamenei a affirmé que les Etats-Unis n'avaient « rien gagné » après leurs frappes du week-end sur des sites nucléaires iraniens.

Il a par ailleurs estimé que le président américain Donald Trump avait « exagéré » l'impact des frappes américaines, menées en soutien à l'allié israélien, affirmant qu'elles avaient été « nullement importantes ».

Un jugement qui tranche avec l’enthousiasme de Donald Trump, qui affirmait mercredi que le programme nucléaire iranien avait été « retardé de plusieurs décennies » grâce à l’intervention militaire américaine — une estimation accueillie avec scepticisme, y compris dans son propre camp.

Dans sa déclaration, Ali Khamenei a salué la « victoire » de son pays à l'issue de cette guerre. Il a affirmé que les Etats-Unis « sont intervenus directement dans la guerre, convaincus que leur refus de s'engager conduirait à la destruction totale du régime sioniste ».

« Ils n'ont rien gagné de cette guerre », a jugé Ali Khamenei à propos de Washington, ajoutant que « la République islamique l'a emporté, et en représailles, a infligé une gifle cinglante au visage de l'Amérique ».

Israël a « failli s'effondrer » après les frappes de représailles de l'Iran, a ajouté le guide suprême.

Il a par ailleurs averti que l'Iran frapperait à nouveau les bases américaines au Moyen-Orient en cas d'attaque, après l’assaut iranien contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes américaines.

D’autre part, le guide suprême iranien a accusé Donald Trump d'avoir tenté de « minimiser » l'impact des frappes de représailles iraniennes contre la base américaine au Qatar.

Donald Trump « a cherché à minimiser les faits, à faire comme si rien ne s'était passé, alors qu'un événement majeur avait eu lieu », a déclaré Ali Khamenei. Il a ajouté que l'attaque iranienne contre la base aérienne d'Al-Udeid au Qatar, la plus grande installation militaire américaine au Moyen-Orient, avait « causé des dégâts », alors que M. Trump a qualifié la riposte de l'Iran qui n'a pas fait de victimes de « très faible ».

L’ayatollah a aussi affirmé que son pays « ne se rendra jamais » aux États-Unis.

« Le président américain a indiqué dans l’une de ses déclarations que l’Iran devait se rendre. Se rendre ! Il ne s’agit plus d’enrichissement ou d’industrie nucléaire, mais bien de la reddition de l’Iran », a-t-il déclaré, assurant avec force qu’un tel événement (la reddition) « ne se produira jamais. Jamais ! ».

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, doit tenir jeudi une conférence de presse après que des médias ont mis en doute l'efficacité des bombardements américains contre des sites nucléaires en Iran.

Car les doutes persistent. Certes, Téhéran a reconnu que certaines de ses installations nucléaires avaient été « considérablement endommagées », mais plusieurs experts suggèrent que l’Iran s’était préparé à l’attaque, évacuant notamment quelque 400 kg d’uranium enrichi à 60%, soit juste en dessous du seuil nécessaire pour fabriquer une bombe atomique.

La charge de l’ayatollah Khamenei n’a rien de surprenant, mais elle intervient à un moment clé. Après des jours d’escalade, l’Iran semble vouloir s’imposer comme le seul acteur capable de résister militairement à Israël tout en défendant sa souveraineté face à Washington. Le leader iranien n’a d’ailleurs pas manqué de lancer des avertissements notamment en ce qui concerne les bases américaines au Moyen-Orient.

BN avec AFP