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Chroniques
Youssef Chahed face à son destin
24/08/2017 | 19:00
3 min

Youssef Chahed est en train de passer la plus difficile épreuve de sa courte carrière politique, car elle va sans aucun doute déterminer son avenir politique : passer du statut de Chef de gouvernement à celui de président de la République. Un an après son intronisation, il devra réussir un double exercice : afficher un bilan sans complaisance et imposer aux signataires du document de Carthage ses choix pour sortir le pays de la grave crise économique vers laquelle il s’achemine inexorablement.

 

En matière de bilan, il n’y a pas lieu de pavoiser. Bien au contraire. Mais la faute incombe-t-elle à Youssef Chahed alors qu’il était tenu d’appliquer la feuille de route du document de Carthage ? Un document qui, il faut franchement le reconnaître, a plongé davantage le pays dans une crise financière qui rappelle celle du début des années 1980, en pire. Il n’est plus nécessaire ici de faire étalage d’indicateurs et de données statistiques pour constater l’acuité de la situation économique et surtout financière du pays. Il suffit seulement de constater la vertigineuse dégradation de la notation accordée à la Tunisie par les principales agences internationales de rating pour en saisir l’ampleur. Le pays est passé du grade « Investment » à celui « fortement spéculatif ». On imposait la confiance, on distille aujourd’hui la méfiance. Voila où a mené le document de Carthage et toutes les politiques économiques qui ont été menées précédemment.

 

N’en déplaise à la Troïka, au gouvernement Jomaâ et au gouvernement Essid. « Ni le niveau de la croissance économique enregistré jusqu’ici, ni sa structure, dominée par la consommation -trop gourmande en importation- et d’un secteur public budgétivore, lesté d’effectifs pléthoriques, ne permettent d’atteindre, dans un horizon raisonnable, les objectifs de la révolution en termes d’emploi et d’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de la population. », indiquait, à juste titre, Chedly Ayari en introduction au Rapport annuel 2016 de la Banque centrale de Tunisie (BCT), tout en s’exonérant, à tort, par la suite, lorsqu’il précise que « ces contre-performances touchant la sphère réelle, n’ont pas tardé à se transmettre à la sphère monétaire, contribuant, de concert, à entretenir une spirale néfaste - qui persiste en 2017 - avec à la clé une résurgence des tensions inflationnistes, une dépréciation manifeste du dinar et un accroissement du poids de l’endettement extérieur, qui, à leur tour, pèsent de plus en plus sur les réserves en devises et la liquidité bancaire ».

Dans de telles conditions, il convient de savoir gré au gouvernement Chahed d’avoir pu limiter les dégâts avec une prévision de croissance pour 2017 qui dépassera les 2%, du jamais vu depuis 2011 ! S’agissant des finances publiques, Youssef Chahed pouvait-il faire autrement alors qu’il était enchaîné par le fameux document de Carthage et les engagements de ses prédécesseurs? Pouvait-il faire autrement face à un pouvoir législatif plus préoccupé par les considérations électoralistes et clientélistes que par les impératifs de redressement économique du pays? De multiples projets de loi de réforme économique essentielle, sont toujours en attente d’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

 

Le seul dossier dont Youssef Chahed n’était nullement enchaîné par les signataires du document de Carthage est celui de la lutte contre la corruption. Il s’y est engouffré résolument soutenu par une opinion publique totalement conquise.

Quant au choix, Youssef Chahed devra imposer les siens. D’abord, des hommes et des femmes qui composeront son équipe gouvernementale. A ce niveau, les concessions sont interdites. Puis des priorités économiques et sociales, sans considérations de calendrier que celui qu’il s’est imposait, au-delà de l’horizon 2020. A ce niveau, pas de compromis à fortiori de compromission ne sont envisageables.

 

Youssef Chahed sera-t-il capable de tout cela ? Youssef Chahed est réellement face à son destin.

 

24/08/2017 | 19:00
3 min
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Commentaires (7)

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A4
| 26-08-2017 00:07
On finira par comprendre que la constitution 2014 est complètement débile:
- le "pouvoir" est entre les mains des 217 gugusses de l'ARP qui ne sont redevables de rien, même pas d'être à leurs postes de travail.
- la "responsabilité" des échecs et déconfitures est attribuée au président du gouvernement.
Similitude au foot: le président du club impose la liste des joueurs et l'entraîneur est désigné comme responsable des défaites.

LIBRESPRIT
| 25-08-2017 15:34
POUR DECONGESTIONNER LA SITUATION,
LA SOLUTION EST DE
«PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES»


Chers auditeurs,

Par cette humble réflexion, on prétend suggérer une solution réaliste et sage qui pourrait permettre de venir à bout de la crise qui ronge le pays depuis des années'
La crise n'est autre que celle du Chômage qui persiste et de l'emploi qui se crée au compte goutte.
Voici une solution à deux volets organiques et complémentaires
que nous devons élaborer et réaliser ensemble:

Le premier volet, conventionnel, serait le suivant:

* L'Etat invite chacune des personnes, physiques et morales, inscrites au Registre de Commerce, à prendre en charge, pour formation professionnelle, un seul ou une seule stagiaire, pendant trois ans, sans donner ou recevoir quoique ce soit, sauf qu'elle s'engage à le (ou la) recruter, en bonne et dû forme, à partir de la quatrième année, après 3 années de formation considérées assez suffisantes pour la qualification et le perfectionnement.
Par ailleurs, notre stagiaire se verra octroyer un Crédit bancaire de Consommation, garanti par l'Etat,
qui couvrira les 3 années de stage, à raison de 600 dinars par mois'

Ainsi, ce volet pourrait satisfaire environ 600 milles demandeurs d'emploi, d'où presque le plein Emploi, chose qui n'est jamais arrivé dans l'Histoire du Pays !!!

Le deuxième volet, solutionnant surtout le problème de la fonction publique, serait comme suit:

** l'Etat devrait faciliter et aider à la création de plusieurs villages industriels à travers le pays, en partenariat avec la CDC et l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale.

Chaque village, constitué de 500 projets (voir API), permettra la création de 12 milles emplois, à pourvoir par une partie du surplus qui suffoque la fonction publique, afin d'alléger ce fardeau insupportable, déjà critiqué par le FMI '
Dans la foulée, nous ne devons pas oublier les 350 futures Municipalités qui peuvent absorber des milliers d'employés, en vase communiquant ! pour aider, aussi, à décongestionner la situation et atténuer puis éteindre l'intransigeance du FMI'

Ainsi, par cette action qui devrait se développer, selon les moyens et les possibilités, on arrivera, à coup sûr, à émerger et sauver la barque qui est entrain de couler devant nos gros yeux.
Sincèrement Vôtre
Ali OTHMANI, Fondateur et Président de l'Association 'LIBRESPRIT'.

Rationnel
| 25-08-2017 14:00
Le destin de Youssef Chahed risque d'être comme son passé avec une absence des résultats et progrès concrets. Si le document de Carthage est responsable de la situation pressente comme la souligne Chedly Ayari: un niveau de croissance économique médiocre dominée par la consommation -trop gourmande en importation- et un secteur public budgétivore, lesté d'effectifs pléthoriques. Si l'ARP refuse de promulguer les lois de réformes économiques essentielles depuis 2011, il est fort probable que le sujet sera ignore en 2018 et 2019 avec les élections municipales législatives et présidentielles toute proches. Les reformes économiques seront douloureuses et vont nécessiter une réduction des effectifs dans les rangs de la bureaucratie, YC n'a pas suffisamment de capital politique pour exécuter de telle reformes et l'UGTT va s'y opposer.

La situation va se prolonger jusqu'au jour ou le FMI décide de ne plus octroyer des prêts.

Dr. Jamel Tazarki
| 25-08-2017 11:57
Vous donnez dans votre article ci-dessus une citation de Mr. Chedly Ayari: "Ni le niveau de la croissance économique enregistré jusqu'ici, ni sa structure, dominée par la consommation -trop gourmande en importation- et d'un secteur public budgétivore, lesté d'effectifs pléthoriques, ne permettent d'atteindre, dans un horizon raisonnable, les objectifs de la révolution en termes d'emploi et d'amélioration des conditions de vie de l'ensemble de la population"

===> Très Cher Compatriote Si Ben Achour, je vous informe (si vous ne le savez pas encore) que Mr. Chedly Ayari est le premier responsable du désastre monétaire et socio-économique de notre pays! Il a très mal géré notre monnaie et notre banque centrale.


Sans entrer dans les détails, Mr. Chedly Ayari est un très mauvais héritage du temps de notre ex-troïka et il a profité de l'ignorance des gouvernements des années 2011-2016 afin que ses gaffes passent inaperçues! Il est temps de se séparer de Mr. Chedly Ayari avant que la Tunisie coule pour de bon!


Si Ben Achour, vous écrivez aussi: "Il n'est plus nécessaire ici de faire étalage d'indicateurs et de données statistiques pour constater l'acuité de la situation économique et surtout financière du pays. Il suffit seulement de constater la vertigineuse dégradation de la notation accordée à la Tunisie par les principales agences internationales de rating pour en saisir l'ampleur."

==>
a) je vous rappelle, Si Ben Achour, que les agences internationales de notation sont responsables de la crise financière 2007-2008. En effet, Moody's aurait accordé, de manière complaisante, la note de triple A à des produits financiers trop risqués, et vous connaissez la suite de l'histoire dont on ne connait pas encore la fin!
b) La Tunisie va/doit arrêter de s'endetter encore plus et de ce fait on s'en fout de la notation accordée à la Tunisie par les principales agences internationales de rating (ils peuvent se faire une tisane avec leur torchon de notation).
c) Sans nos propres données statistiques/empiriques aucun travail d'analyse et de planification n'est possible!


Conclusion: Il faut maintenir notre excédent agricole afin de nourrir notre population, ==> aucun tunisien ne doit dormir le ventre vide et aucun enfant tunisien ne doit avoir faim.



Très Cordialement

Jamel Tazarki

DHEJ
| 25-08-2017 09:43
Résultat le décrochage!

Dr. Jamel Tazarki
| 24-08-2017 21:47
Le gouvernement de Mr. Youssef Chehed:
1)) a réalisé une croissance économique de 1.9%,
2) a créé quelques milliers de nouveaux emplois,
3) a amélioré la sécurité à l'intérieur du pays et à ses frontières.
4) a réalisé une croissance des exportations de4% dans le domaine agricole par rapport à 2016! C.à.d. que l'on a exporté en 6 mois (du 01.01.2017 jusqu'à 19.08.2017) 4% plus que toute l'année 2016! Et retenez votre souffle, nous avons exporté 17 millions de litres de lait en 2017 (seulement en 6 mois) alors qu'au temps de notre troïka on faisait la queue pour avoir un litre de lait! ==> On pourrait ainsi même faire des distributions de certains produits agricoles à titre gratuit ou à prix réduit à certaines catégories de la population tunisiennes: de denrées alimentaires provenant de productions agricoles excédentaires


Par contre le gouvernement de Mr. Youssef Chehed a échoué dans le secteur des industries non manufacturières (le secteur d'extraction du pétrole, du gaz naturel et du phosphate) qui a connu une baisse de 5.6%. Il faut être vraiment fair/juste et avouer que la faute n'est pas au gouvernement de Mr. Youssef Chehed mais plutôt au parti politique Ennahdha qui a soutenu les grèves et les sabotages de la production des matières premières. Je rappelle que durant les années 90 où l'on avait une croissance économique de 5% on exportait en moyenne 1500000 de tonnes de phosphates (1,5 Millions de tonnes), alors qu'en 2016/2017 la Tunisie a exporté moins que 80000 tonnes de phosphate (0,08 Million de tonnes). Pareil avec la production du pétrole et du gaz!

Et il est ainsi évident que la baisse de l'extraction des matières premières a conduit par conséquent à une régression de la production industrielle (sans pétrole, sans gaz, sans phosphate et sans énergie aucune industrie ne peut fonctionner).

Le gouvernement de Mr. Youssef Chehed aurait pu réaliser une croissance économique supérieure à 4%, s'il n'y avait pas eu les grèves et les sabotages de la production des matières premières, ce qui a induit ainsi une baisse de la production industrielle. Je dis haut et fort que la faute est au parti politique Ennahdha qui a soutenu les grèves et le sabotage de la production des matières premières! Même certains Ministres du parti politique Ennahdha étaient sur place parmi les grévistes et les saboteurs, et ceci non pas par méchanceté mais plutôt par de faux calculs!

Jamel Tazarki


C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

Zohra
| 24-08-2017 19:38
Monsieur Chahed 'abi maak, on vous souhaite beaucoup de courage face ce serpent à sept tête.