Le 8 mars est la Journée internationale des droits de la femme.
« Vous les femmes » de Julio Iglesias, le rappel de la différence dans l’héritage entre hommes et femmes, les remerciements à la femme, la mère, la sœur, l’amie, les slogans du combat pour les droits des femmes, l’équipage entièrement féminin d’un avion en partance vers Paris… voilà le kit de débutant de la célébration annuelle d’une fête qui sonne vide depuis longtemps déjà.
Au risque de faire dans le féminisme de base, l’existence même d’une fête de ce type est rabaissant pour les femmes. Il est insensé de faire une célébration annuelle pour les droits de la moitié de la population mondiale. La femme ne devrait pas être reléguée au rang de « phénomène » dont on se rappelle de l’existence deux fois par an.
Durant cette journée du 8 mars, on aura droit aux grandiloquences habituelles sur la femme tunisienne, sur sa situation « exceptionnelle » pour un pays arabe, sur ses droits institués par Bourguiba. On aura droit à l’étalage désormais traditionnel des lieux communs concernant la situation féminine. Les partis politiques publieront des communiqués pour rendre hommage à la femme, à son rôle dans la société et dans l’action politique. On se souviendra soudainement que les femmes votent en Tunisie et on tentera de les séduire en leur rappelant que ce sont, aussi, des citoyennes.
Evidemment, dans cette messe annuelle, on brandira fièrement l’article 21 de la constitution qui stipule que les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs. On fera comme si on ne voyait pas que cet article n’a absolument aucune matérialisation réelle, que ce n’est qu’une espèce de déclaration d’intention. On fera fi du fait que cet article a juste servi à se donner bonne conscience et à se prévaloir de victoires factices et d’avancées fictives. On invoquera les femmes qui ont fait l’Histoire de la Tunisie de la reine Dihya à Radhia Haddad comme des espèces d’incantations mystiques censées conjurer un triste sort.
On fera semblant de ne pas voir les inégalités salariales entre hommes et femmes dans le monde du travail en Tunisie. On détournera le regard du fait que 42% des chômeurs en Tunisie sont des femmes diplômées de l’enseignement supérieur. On fera comme si la violence envers les femmes n’existait pas, on baissera les yeux en voyant les femmes agressées, touchées, ennuyées dans nos transports publics. On fera comme si on ne voyait pas tous les mots salaces et les attitudes honteuses que certains se permettent envers les femmes dans la rue, en plein public.
On fera du 8 mars une date qui permet surtout de se dédouaner, de se dire que nous avons quand même un jour de la femme. On se dira que, finalement, la femme n’a pas à se plaindre et qu’elle devrait être contente de sa situation. On dira que les droits de la femme sont protégés et on se permettra même de nous dire, en fait, elle en a trop, de droits. On pensera qu’en fait, les femmes volent le travail des hommes et qu’elles devraient rester à la maison pour nettoyer, cuisiner et s’occuper des gosses. On se dira que ça ne sert à rien de promouvoir leurs droits et qu’en fait, elles ne les méritent pas. On se dira qu’il serait mieux pour toutes ces dévergondées de se trouver un mari qui les empêcherait de s’étaler de la sorte. On se dira qu’il vaudrait mieux pour elles de se couvrir la tête, de s’habiller « correctement », de cesser de provoquer les hommes avec leurs jambes dénudées et leurs décolletés plongeants.
Pour toutes ces raisons, pour toute cette hypocrisie qui entoure une fête inutile et insultante, pour toutes ces femmes de l’ombre, agressées chaque jour verbalement et physiquement, pour toutes ces femmes qui travaillent dans les champs et qu’on transporte comme du bétail, je ne fête pas la Journée internationale des droits de la femme.
Commentaires (17)
CommenterJe suis d'accord
on peut leurs donner une journée si elles nous laissent tranquilles le reste de l'année.....
Je reste néanmoins nostalgique des époques ancienne ou la femme restait a sa place s,occupant impeccablement de la maison et des enfants vouant une obéissance calculee a son mari
Qui devait aller travailler....
Le fait que la femme aille bosser pour ramener sa pitance là rendu plus exigente et moins docile voir au pire dominatrice par rapport a son conjoint. Ca veut se faire entendre!et cela debouche sur des rapports de force malsain dans un couple...
Ainsi même si l'on est pas un cretin de macho conservateur on finit quand même par se dire qu'il est difficile pour l homme d avoir le dernier mot.
L equilibre du couple est désormais précaire et le divorce devient la norme.trois couples sur cinq divorcent.50% a paris et région parisienne......
Mais bon heureusement qu elles sont la a nos cotes,! On pourrait pas avancé sans ses spécimens.....
Dedicace a ma femme que j adore'
La routine démobilisante
Pour cette raison marginaliser des acquis est une grande erreur.
Des acquis encore inégalés dans les pays arabes et musulmans 80 ans (pas 4 ou 5 ans) après le début de leurs indépendances.
Pire, les acquis de la femme peuvent être menacés même dans les parties les plus développées du monde, comme aux Etats-Unis où le droit de la femme au contrôle des naissances connaît des périls avec Trump.
Il est vrai que l'être humain ne prend conscience de la valeur de la chose qu'une fois il en est privé.
La routine démobilisante n'a-t-elle pas abattu des empires et des civilisations?
s'il y a
@cher BN(pour paraphraser une vieille ganache)
cordialement
MARWEN,vous savez bien,que vous êtes un ami!
Libre à vous !!!
Mais une analyse objective, et forcément militante, devrait vous amener à de meilleurs sentiments envers cette célébration indispensable : ne faites pas comme si les sirènes déclenchées par les nahdhawi de tout bord commençaient à vous enchanter ! Ulysse avait pris la précaution de se boucher les oreilles...
Incommodée...
Incommodée par ces fêtes (en grandes pompes) des femmes, et par ces étalages impudiques teintés de (fausse) compassion...
Incommodée par ces discours qui, une fois par an, vantent les qualités des femmes (belles, battantes, dévouées...), comme si tous ces grands orateurs d'un jour ne contribuaient pas d'une façon ou d'une autre et à des degrés divers aux violences faites aux femmes... Comme si le fait de verser dans ces discours n'était pas déjà en soi une forme de sexisme... Comme si les femmes tunisiennes (par définition, belles, fortes, endurantes, travailleuses et citoyennes à part entière) devaient passer par ces formes hypocrites de reconnaissance pour exister... Comme si les femmes tunisiennes attendaient les batteries de mesurettes annoncées chaque année par les gouvernants sur le mode "rituel", pour vivre...
A la limite, j'accepterais (peut-être !) de célébrer cette fête si on voulait bien instaurer une Fête des hommes !
Pour un véritable respect des libertés des tunisiennes
Vite allez voir ce goor su hiwar tounsi.
Le nommé Houcine Jaziri de Nahdha,
démontre une impolitesse et un mauvais comportement inégalable, sans oublier ses propos inhumains, indécents et régionalistes aberrants et incohérents. Celui-là ne peut jamais être député et ne mérite nullement d'habiter à Tunis avec les honoraires et les plus éduqués, de lui rappeler que ceux qui sont riches et qui habitent Tunis sont essentiellement des sudistes (qui ont migré vers Tunis et qui ont renié leurs villes) qui sont soit partisans ou affiliés à la secte destructives de Nahdha.
La faute aux femmes...
A des fins électorales, bien sûr.
" Ya pas d'blocache..." affirme-t-il;
"sé né plis lé temps de..."
Elles rient, le cajolent...
Ils muent si vite!
Attendez le califat, mes belles aux cheveux aux vents, à la prochaine mue, il vous en fera voir des libertés ...
hé3...hé3...hé3...