La ministre du Tourisme, Amel Karboul, a tenu, aujourd’hui 12 août 2014, une conférence de presse à l’hôtel Sidi Dhrif dans la banlieue nord de Tunis. L’événement s’est déroulé en présence de nombreux journalistes et de quelques professionnels du secteur du tourisme. Arrivant avec plus d'une heure de retard, la ministre s’est justifiée ainsi : « J’ai été retenue au siège du ministère des Affaires étrangères par des questions adressées par les chefs de diplomaties étrangères qui y étaient présents. J’ai répondu à environ une vingtaine de questions, je pense avoir battu un record», a-t-elle dit sur un ton plaisant.

La conférence a pour but de présenter la nouvelle stratégie du tourisme tunisien. Celle-ci a été placée sous l'intitulé « Vision 3+1 » qui comporte quatre axes principaux, à savoir la diversification de l’offre selon la spécificité de chaque région, la qualité et la formation, le branding (NDLR : l'image de marque) et en dernier volet la modernisation du secteur. « Cette réforme de fond s’étale sur une période allant de 7 à 10 ans » annonce Mme Karboul.

En réponse aux critiques lui reprochant de se lancer dans des projets de long terme alors que son mandat est provisoire, Amel Karboul explique que c’est plus une question d’obligation que de choix.  « Cette réforme est inéluctable et si on n'y va pas dans 7 ou 10 ans on finira par nous retrouver avec un nombre de touristes beaucoup plus désolant que celui réalisé actuellement » a-t-elle précisé. Et de poursuivre « Dire que je ne suis pas habilitée à mettre en place une telle stratégie en prétextant que je sois en poste de manière temporaire c’est comme dire à un chirurgien qui a remarqué une tumeur pendant une opération sur l’appendicite : Fais gaffe ! N’y touche pas ! Toi tu es là que pour l’appendicite ».

Mme Karboul a également critiqué les méthodes de travail auparavant utilisées dans son ministère « Les anciennes statistiques ne renseignent que sur une infime partie de la réalité du secteur et ne mesurent pas, à titre d’exemple, l’image de la Tunisie. Maintenant, j’ai demandé qu’on mette dans les aéroports un nouveau formulaire de deux pages pour pouvoir recueillir plus de données sur la situation du secteur et ses différents aspects » a-t-elle indiqué.

Elle ajoute, dans ce contexte, que promouvoir le secteur n’est pas seulement une question de moyens financiers, mais surtout d’innovation et de bon choix. «L’exposition Street Art à Djerba, transformant l’île en un musée à ciel ouvert, poursuit-elle, me semble plus fructueuse que dépenser beaucoup d’argent dans des campagnes publicitaires inefficaces, notamment en cette période où l’image de la destination Tunisie est gravement touchée par les récents événements terroristes » . Et d'ajouter « Ce genre d’événement a été testé ailleurs et a eu un impact très positif sur l’image de la ville. L’écho qu’a eu La Tour Paris 13 en est une bonne illustration» a-t-elle argumenté.

Pendant la conférence, Mme Karboul évoque un autre détail en relation avec les perspectives internationales du secteur. Celui du nombre de touristes étrangers au monde. « Actuellement, on compte un milliard de touristes. Dans dix ans ce nombre sera doublé. Nous devons bien nous préparer pour mieux profiter de cette augmentation » a-t-elle souligné.