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Tunisie – Un gouvernement d'union nationale qui suscite, déjà, des remous
18/01/2011 |
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Tunisie – Un gouvernement d'union nationale qui suscite, déjà, des remous
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La composition du gouvernement d’union nationale, annoncée lundi 17 janvier 2011, par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi a suscité des réactions diverses entre « pro » et « contre ». Ce gouvernement, qui n’est finalement que provisoire, a fait des satisfaits et des mécontents.
Les uns disent qu’il fallait agir vite, étant donné l’urgence de la situation et la nécessité d’agir face au climat de chaos qui menace le pays, une donne sur laquelle les différentes parties prenantes semblent faire l’unanimité.
Les autres avancent que l’approche adoptée lors des consultations est « inadéquate » dans la mesure où des composantes politiques en ont déjà été écartées dont notamment les formations, qualifiées – à tort ou à raison - d’« opposition de carton ».

Ceux qui s’opposent à la nature de ce gouvernement provisoire protestent contre le fait de l’existence d’un grand nombre de personnes ayant servi, à un moment ou à un autre, sous l’ancien régime du président Ben Ali déchu ou, carrément, ayant milité au sein du Rassemblement constitutionnel démocrate (RCD).
En effet, un premier coup d’œil lancé à cabinet gouvernemental fait ressortir que sur les 39 membres, entre ministres et secrétaires d’Etat, 25 ont occupé, déjà, des postes de responsabilité au sein d’anciennes équipes gouvernementales de l’ancien régime sans oublier que le poste de Premier ministre et les autres portefeuilles de souveraineté sont revenus soit à d’anciens du RCD, soit à d’anciens gouvernements.

Ainsi, Mohamed Ghannouchi, Ridha Grira, Kamel Morjane, Ahmed Friâ, Nouri Jouin, Afif Chelbi, Slaheddine Malouche, Ridha Chelghoum, Moncer Rouissi, Moncef Bouden, Zouheir M’dhaffer, Abdelhakim Bouraoui, Habib M’barek, Mohamed Jegham, sans oublier le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli.
A noter qu’au même moment, les trois partis admis au sein du nouveau gouvernement n’ont eu qu’un seul poste pour chacun d’eux, en l’occurrence, respectivement, Ahmed Néjib Chebbi du Parti démocrate progressiste (PDP), Ahmed Ibrahim (Ettajdid) et Mustapha Ben Jaâfar du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL).

A remarquer qu’on compte dans cette nouvelle équipe, trois femmes seulement, à savoir Mmes Moufida Tlatli, Lilia Laâbidi et Faouzia Charfi.
Autre remarque, l’entrée de Slim Amamou en tant que secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Jeunesse et du Sport, un jeune informaticien et blogueur qui n’a aucune expérience de la chose publique, d’où le sentiment qu’il s’agirait, juste, d’une symbolique.

Les uns estiment qu’après tout, il ne s’agit que d’un simple gouvernement transitoire, chargé uniquement de liquider les affaires courantes et de préparer l’échéance électorale et qu’il ne faudrait pas créer des polémiques interminables sur sa composition puisqu’en fin de compte, un gouvernement définitif sera mis en place, grâce aux urnes, dans un délai de six mois au plus tard.
Les autres pensent qu’il s’agit d’un point hautement significatif dans le sens où une crainte se dégage, d’ores et déjà, quant aux « risques de voir les anciens barons du RCD s’approprier les dividendes de la révolution conduite par le peuple tunisien ».

A noter, par ailleurs, que le matin avant même l’annonce du nouveau gouvernement, une manifestation s’est déroulée devant le siège du RCD rejetant, d’avance toute participation de ministres Rcédistes, une manifestation dispersée par les forces de l’ordre à l’aide de bombes lacrymogènes au niveau du quartier Lafayette.
De même, sur les différentes chaînes, aussi bien locales qu’étrangères, plusieurs personnalités indépendantes ont exprimé leur inquiétude en évoquant l’éventuelle « confiscation » de cette révolution du peuple.
Moncef Marzouki a dénoncé pour sa part une "mascarade" fustigeant une "fausse ouverture" avec le maintien de ces anciens ministres du président et ce dans un entretien à la télévision française I-Télé.

Une autre remarque, certains membres du gouvernement provisoire appartenant à des partis de l’opposition et indépendantes, à peine nommés, n’ont pas hésité à prendre la parole aux micros de certaines chaînes de télévision dont notamment celle nationale et de Nessma TV, qui ont tenu à dire qu’il faut savoir pardonner à ceux qui reconnaissent s’être trompés ou avoir été contraints de suivre une attitude bien déterminée.
Plusieurs points sont à soulever quant à l’efficacité de plusieurs membres. Aussi bien ceux apparentés RCD et auraient dû partir à la retraite depuis un temps que ceux de l’opposition qui manquent d’expérience pour diriger des départements ministériels importants.
On s’interrogera aussi sur cette période électorale qui va s’ouvrir et durant laquelle des candidats-ministres devront s’occuper de leur campagne pour se faire élire. Quelle sera leur priorité ? Le ministère et les intérêts du pays ou leur campagne électorale ?

En résumé, l’annonce de ce gouvernement d’union nationale n’a laissé personne indifférent et suscité des critiques plus ou moins virulentes aussi bien chez la population que parmi les personnalités politiques ou de la société civile.
Et sûrement, la réalité du terrain se chargera bien de faire décanter la situation.
18/01/2011 |
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