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Tremblez, la police fiscale est là !
24/10/2016 | 19:59
4 min
Tremblez, la police fiscale est là !

 

Le projet de Loi de finances 2017 a, d’ores-et-déjà, fait couler beaucoup d’encre. Les mesures prévues par le gouvernement sur la taxation sont décriées, à tort ou à raison, par plusieurs corporations. Toutefois, il est utile de s’interroger sur les moyens que met en place l’Etat pour récupérer son argent et pour traquer les mauvais payeurs. C’est dans ce cadre qu’a été instituée la police fiscale. Quel est son travail ? Quelles sont ses prérogatives ? Explication.

 

C’est l’article 33 de la Loi de finances 2017 qui met en place la police fiscale. Cet organisme sera placé sous l’autorité de la direction générale des impôts. Elle aura un caractère judiciaire et travaillera sous la direction du procureur général de la République et des procureurs près des cours d’appel, chacun dans sa circonscription territoriale. Les agents de la police fiscale auront également le caractère juridique d’adjoint au procureur de la République.

 

La police fiscale sera dotée de plusieurs moyens juridiques pour accomplir sa mission. Ainsi, les agents de la police fiscale sont habilités à enquêter concernant les infractions fiscales pénales. Comme une police classique, ils doivent rédiger des rapports sur les infractions faisant l’objet d’enquêtes du procureur et procèdent à l’enquête sous les ordres du juge d’instruction en charge. Les agents pourront également collecter les dires et auditionner toute personne qu’ils jugeront utile d’auditionner. La loi précise également que le fait que l’administration procède à une révision approfondie de la situation fiscale d’une personne, n’empêche en rien l’implication de la police fiscale pour procéder à des enquêtes.

 

Par ailleurs, les agents de la police fiscale, à l’instar de la Garde nationale, de la police ou de la douane, seront autorisés à inspecter les marchandises transportées sur la voie publique. Ils sont également habilités à fouiller les véhicules et à demander les papiers d’identité des personnes à bord de ces véhicules et de fouiller leurs bagages.   

 

Par rapport aux agents du fisc, il existe deux innovations importantes avec la mise en place de la police fiscale. La première consiste dans le fait que les agents de cette police sont des adjoints au procureur de la République. Un caractère habituellement réservé aux juges cantonaux, aux policiers et aux agents de la Garde nationale. La deuxième innovation, de taille, est que les procureurs de la République pourront désormais se saisir directement des infractions fiscales pénales. La saisie de la justice se faisait auparavant par les services fiscaux.

 

Par ces propositions, le gouvernement tente de créer une police « de choc » qui serait placée sous une autorité judiciaire directe même si, administrativement, elle dépend des services fiscaux. Il s’agit d’un pas fort que le gouvernement fait vers la lutte contre les infractions fiscales pénales. Dans le projet de loi, il est écrit que toutes ces mesures visent à apporter plus d’efficacité dans les recherches concernant les infractions fiscales pénales et dans les poursuites afférentes.

 

Toutefois, le projet n’est pas nouveau. La création d’une police fiscale était en gestation depuis 2014. Plusieurs ministres des Finances se sont cassé les dents sur cette réforme. L’ancien ministre, Slim Chaker, avait déclaré que cette police serait composée d’enquêteurs de très haut niveau qui s’occuperaient de fraudes sophistiquées. Des fraudes que les agents du fisc n’ont pas les moyens de combattre. Iyed Dahmani, porte-parole du gouvernement Chahed, a déclaré que cette police fiscale aura pour mission de restituer l’argent de l’Etat et qu’elle sera dotée des moyens nécessaires pour cela.

 

Sur le plan juridique, l’objectif semble atteint car le projet de Loi de finances dote cette police de larges moyens. Il faut dire également que l’instauration de la police fiscale était prévue en 2018. Le gouvernement de Youssef Chahed a choisi d’avancer cette réforme et de tenter de la faire appliquer dès 2017. Cela donne une idée sur l’état de nos finances publiques…

 

Sur un plan purement opérationnel, plusieurs questions peuvent être posées. La première concerne les effectifs et leur déploiement. On parle ainsi d’un premier contingent composé de 50 à 60 agents. Le nombre semble déjà assez restreint pour une surveillance accrue sur tout le territoire. Il serait également utile de savoir si les agents de la police fiscale seront habilités ou pas à porter des armes. Pour l’instant, le projet de loi n’en fait pas mention, mais il est légitime de se poser la question vu que les agents de la police fiscale seront habilités à contrôler les véhicules sur la voie publique.

 

L’instauration de la police fiscale fait partie de la batterie de mesures prévues par le gouvernement pour essayer d’endiguer l’évasion fiscale. D’après ce projet de loi, l’équipe Chahed semble déterminée à traquer l’argent public où qu’il se trouve. Il y a, cependant, un écueil de taille à la mise en place de toutes ces mesures : L’Assemblée des représentants du peuple…

 

Marouen Achouri

24/10/2016 | 19:59
4 min
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Commentaires (21)

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HatemC
| 27-10-2016 12:51
Merci pour ce lien Gégé, excellent article ... il s'agit bien d'une brigade spécialisée dans toute forme de fraude ... C'est un excellent outil ...HC

Gg
| 25-10-2016 18:40
En France on cite 21 milliards d'euros recouvrés depuis la création de la police fiscale!
Ils ont recruté d'anciens hackers, des cadres de banque... On doit au moins cela à Hollande!
Et on ne parle pas de la chasse à l'évasion fiscale, qui commence à porter ses fruits...

http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/03/03/la-lutte-contre-la-fraude-fiscale-atteint-des-rendements-record_4875965_3234.html

Un truc du même genre en Tunisie et les emprunts sont remboursés!

Bacchus
| 25-10-2016 18:36
Police fiscale ! Moi j'aurais préféré la Brigade des tigres de Georges Clémenceau ou les incorruptibles d'Elliot Ness. Police, c'est soft et la patte ça se graisse, à l'instar de la police de circulation et de la police municipale. A propos de police municipale, dans la nuit du vendredi à samedi dernier vers le coup de 23 heure du soir (pléonasme utile) je fus réveillé par le bruit d'un trax et d'une semi-remorque qui faisaient des va et vient sur une courte distance. En regardant par la fenêtre, je vis qu'on prenait le sable de la plage (zone touristique de Borj Cédria) et on l'utilisait comme remblai pour la construction d'une villa. Par contre c'est le mot Inspecteur qui fait le plus peur, exemple : Inspecteur des finances Et demander au enseignants que pensent-ils des inspecteurs. Par contre personne ne parle à titre d'exemple qu'à partir de janvier 2017 il n'y a plus de la « zinette » (voiture populaire) la TVA passe de 12% à 18% et qu'il ya désormais une TVA de 6% sur le transport en taxi et en louage etc.

HatemC
| 25-10-2016 17:13
Certains lecteurs, des NABARA n'ont pas saisi un traitre mot de votre article qui est clair comme l'eau de roche ... c'est le pb du Tunisien ... il ne comprend pas le sens des mots ... Bonne continuation et continuez @ éclairez les dur de la feuille ... c'est même désespérant ... Si vous avez un entonnoir ... suis preneur ... Hatem Chaieb

HAtemC
| 25-10-2016 16:06
Certains lecteurs confondent Brigade Financière qui elle traque les gros poissons ... les montages financiers douteux ... l'argent du proxénétisme ... de la drogue ... trafic d'influence ... blanchiment .... contrebandes ... et ne vont SUREMENT pas traquer les contribuables tels les dentistes ou avocats ou petit commerçants ... ou salariés gamma ...

Et l'Agent du Fisc qui lui récolte l'impôt et poursuit les mauvais payeurs ... comme les dentistes ... avocats ...et salariés béta ...

Si on a compris cela ... on aura fait un grand chemin ... Cdt ... HC

HatemC
| 25-10-2016 15:01
La même police du Fisc a été crée récemment en France ... il y a juste 3 ans ... des hauts fonctionnaires formés dans les enquêtes financières ...
Ces limiers enquêtent même @ l'étranger sur des citoyens Tunisiens ... ils enquêtent contre tous les délits financiers, pêle mêle ... l'abus de bien social, l'escroquerie, l'abus de confiance, de faiblesse (personnes vulnérables), la corruption, le favoritisme, le trafic d'influence, le détournement de fonds, le travail clandestin, la non justification de ressources, le blanchiment ... ils enquêtent sur les circuits financiers ils ont une bonne analyse financière et surtout bien payés pour effectivement qu'ils ne soient @ leur tour corrompu et d'ailleurs les brigades en questions travaillent ensemble ... c'est une équipe ... la corruption des agents vite démasqué ...
De plus la brigade participe aux enquêtes sur la criminalité organisée, tels le trafic de stupéfiants, le proxénétisme, la contrefaçon, la fausse monnaie, le vol d'objets divers (arts, véhicules,...), le recel, la cybercriminalité ...
Le champs est large ... quand il s'agit de mettre fin @ l'argent sale ... et faire tomber les criminels qui cavalent librement en Tunisie et je comprends leur crainte ...

Il ne faut pas croire que cette police est inutile et je comprends le // que vous faites avec les douaniers ... mais c'est a mon avis une bonne décision ... en France ils ont fait tomber de gros morceaux ... et ils sont craint ... comme toute police ils mettent les fraudeurs en garde @ vue jusqu'à la fin de l'enquête et saisissent tout pour l'enquête ... ordinateurs ... documents ... voitures ... yachts ... Avions ' maisons ... immeubles ..tout y passe ... et ils sont armés ... HC

Gg
| 25-10-2016 14:43
Pour ce que je sais des avocat(e)s tunisiens, le tableau n'est guère engageant.
Je ferai deux reproches, le premier pécuniaire, le second moral.

Pécuniaire : on choisit un avocat, qui annonce un prix pour faire "tout le travail".
En cours de procédure, il demande 50 à 100% de supplément, et tout à la fin il faut encore une rallonge pour "finir les papiers"!
Et tout cela de la main à la main, bien sûr...

Le second est moral : si on fait appel à un avocat(e) pour faire valoir les droits d'une femme battue (avec séjour à l'hôpital) ou violée (le violeur étant connu), on a intérêt à bien choisir l'avocat, sinon on risque de tomber sur un traditionaliste qui va travailler contre sa cliente victime!
C'est du vécu...

moha
| 25-10-2016 14:30
Ils sont corrompus donc pas de formation ils connaissent le système
il y a du boulot
il faut visiter toutes les familles la tunisie est corrompue à 100%

HatemC
| 25-10-2016 12:57
Il aurait fallu lui donner un autre nom que police qui fait tj référence @ la REPRESSION ... plutôt BRIGADE du Fisc contre la Fraude que police ... mais Police ça sonne bien aussi ... il n'ya que les délinquants qui ont des choses @ se reprocher ...

Il faut traquer la délinquance fiscale ... mais faut surtout lui donner les moyens de ses actions et non la cantonner @ la paperasse ... et surtout expliquer au public son rôle ... en France elle procède par des écoutes, filatures, perquisitions ... et a des moyens juridiques comme l'effet de surprise ... et croyez le ou non ... ça dissuade ... Bien vu pour cette POLICE ... La Tunisie se construit petit @ petit ... Hatem Chaieb

mounir
| 25-10-2016 12:24
Après sa prise du pouvoir, Ben Ali a instauré la TVA; il y a eu des protestations mais ça a passé et depuis tout le monde paye sa TVA ; il n'y avait ni police fiscale ni peines de prison. Il a instauré les classes minimum pour la CNSS pour les indépendants: même scénario: Une fronde mais ça a été appliqué sans trainer quiconque devant un tribunal. Les contrôles fiscaux étaient réguliers en particulier en cas d'acquisition de bien immobilier , il y avait des garde-fous et le contribuable pouvait se défendre. Les redressements étaient fréquent et les sommes acceptables. Sans menacer les gens de prison le pouvoir de Ben Ali a pu faire payer les citoyens et les caisses de l'état de même que celles des caisses sociales étaient pleines. On a appelé ça: la main de fer dans un gant de velours.
Aujourd'hui, le gouvernement tremble devant les mafias et les contrebandiers et menace de prison et de police fiscale les gens en règle qui payent déja leurs impots: une main de coton dans un gant hérissé d'épines