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Stents périmés, l'arnaque jusque dans le cœur des patients
01/07/2016 | 17:00
7 min
Stents périmés, l'arnaque jusque dans le cœur des patients

L’affaire a suscité bien des remous dans le monde médical et a délié les langues sur ce qui semble n’être que la partie visible de l’iceberg. Le scandale des stents périmés, a été révélé par la CNAM lors d’une enquête menée à la suite de la découverte, par ses agents, de dossiers de patients contenant des vignettes. Vignettes qui indiquent une date d’expiration antérieure à la date de leur opération.

Sur le banc des accusés, un éminent médecin en cardiologie et deux cliniques privées de la capitale, d’après les premières données, le chiffre est néanmoins plus important selon l’Instance nationale de lutte contre la corruption.

 

Pour commencer il est important de rappeler ce qu’est un stent, il s’agit de petits ressorts métalliques qui sont placés, nus ou recouverts de médicaments, dans les artères coronaires pour les maintenir ouvertes lorsqu’elles ont été obstruées.

Cette endoprothèse est commercialisée par des laboratoires en Tunisie, qui, selon ce qu’un proche du ministre de la Santé, Saïd Aïdi, nous a révélé, les cèdent à des prix bradés lorsque leur date de péremption est proche, soit 30% à 40% de moins que leur prix initial. 

 

L’affaire a tout de suite braqué les projecteurs sur les pratiques illicites de certaines cliniques privées et de certains médecins qui usent de ce stratagème pour arnaquer la Caisse nationale d’assurance maladie en facturant, évidemment, le plein tarif à la CNAM alors que le produit a été payé moitié moins cher.

Suite à ce scandale, la Caisse nationale d'assurances maladie a pris la décision de suspendre sa coopération avec les utilisateurs des stents périmés utilisés lors des opérations de cathétérisme cardiaque, et de soumettre leurs dossiers à la justice.

 

Après vérification des faits, le ministère des Affaires sociales a ordonné à la caisse d’assurance d'ouvrir une enquête immédiate et approfondie sur les infractions rapportées et a appelé à renforcer le contrôle médical afin de garantir la qualité des services proposés aux assurés.

Selon la CNAM « ces pratiques mettent la vie des patients en danger, et violent les termes du contrat établi avec la CNAM et la déontologie de la profession ». Propos partiellement démentis par le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, affirmant qu’une commission de médecins spécialistes a été  formée pour examiner les risques encourus par les patients ayant reçu les stents périmés. Ainsi, il a été établi qu’il n’y a « aucun danger imminent sur les personnes, quoique le principe de précaution reste de rigueur ».

 

La CNAM a, par ailleurs, indiqué que le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a procédé à l’interrogation d’un chirurgien cardio-vasculaire qui a implanté des stents périmés sur des patients, dans une clinique privée de Tunis. Il s’agit du cardiologue Faycel Derbel,  qui a reconnu dans une intervention sur Radio Med avoir implanté des stents périmés sur 16 patients. Le médecin a néanmoins affirmé que les stents en question ont dépassé le délai de péremption au sein des pharmacies des cliniques et que les patients porteurs de ces stents n’encourent pas de danger de mort.

Le chirurgien s’est défendu d’être le seul médecin à avoir recouru à cette pratique appelant à ce que lumière soit faite sur la responsabilité collective des personnes chargées de tracer le circuit des stents périmés, de l’approvisionnement des cliniques en stents auprès des pharmacies, jusqu’à leur mise à disposition auprès des cliniques. 

Faycel Derbel a expliqué que le problème était systèmique et qu’il y a 6 cliniques et 20 docteurs concernés par l’affaire. Selon lui, le médecin est le dernier maillon de la chaîne et il n’est pas en charge du contrôle de la validité ou de la péremption des stents avant d’opérer les patients. « Le médecin est le dernier maillon de la chaîne, ce sont les cliniques qui achètent les stents et aucun logiciel détectant les codes à barres des stents n’existe dans les cliniques pour vérifier la péremption ou la validité de ces supports artériels». 

 

Intervenant quelques heures plus tard sur Express Fm, le ministre de la Santé a déclaré que le secteur de la santé privée comporte depuis quelques années plusieurs problèmes et que les textes régissant les conditions d’activité dans les cliniques privées seront revus. Il a affirmé qu’un pharmacien responsable sera désormais affecté dans les salles de cathétérisme. Saïd Aïdi a néanmoins souligné que le manque de contrôle en amont est une réalité connue des médecins qui doivent endosser la responsabilité du contrôle en bout de chaîne, pointant du doigt un manque de rigueur de la part des cliniques dans la gestion de leur stock de matériel. Le ministre a enfin précisé que les services concernés, dans deux cliniques privées, ont été fermés pour trois mois.

 

Accusé, mis à la porte tel « un ouvrier non spécialisé », Faycel Derbel ne nie pas sa responsabilité et pointe du doigt des lacunes au niveau de la pharmacie de la clinique où il exerçait et surtout la campagne de « diabolisation » qu’il subit alors qu’il n’a juste pas « eu le temps, ou la présence d’esprit » de vérifier le matériel qui lui a été fourni par la clinique.   

 

Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption,Chawki Tabib, nous a confirmé l’implication de plusieurs cliniques privées, dont six sur le Grand Tunis, l’une d’elles est carrément accusée d’avoir décollé les vignettes des paquets de stents. Chawki Tabib nous a également confié l’implication de plusieurs médecins et de plusieurs sociétés de distribution. Les communiqués officiels de l’Ordre des médecins et de la CNAM continuent cependant à faire état d’une seule clinique et d’un seul cardiologue concernés.

D’après M. Tabib, l’affaire dépasse de loin un petit nombre de médecins et de cliniques et concernerait plusieurs établissements de santé et probablement aussi des hôpitaux publics. D’ailleurs, le ministre de la Santé a lui-même affirmé que des contrôles sont effectués dans les établissements publics ne serait ce que pour faire de la prévention.

 

L’affaire est venue lever le voile sur des pratiques plus courantes qu’on pourrait le penser. L’Association Médecins contre la corruption a, pour sa part, indiqué dans un communiqué publié le 26 juin 2016, que l’affaire des stents périmés est loin d’être un cas isolé. L’Association a, en effet, affirmé, documents à l’appui, qu’une patiente opérée à l’hôpital Farhat Hached en mai 2013, s’est vu poser un Pace Maker périmé, dont la date de validité a été dépassée d'un mois. Elle affirme que la patiente en question a contacté le ministère de la Santé munie de son rendu opératoire et a fourni toutes les preuves nécessaires mais n’a jamais eu de retour et que bien d’autres cas ont eu droit à la même pratique.

 

Les scandales médicaux ne sont pas l’apanage de la Tunisie et souvent ils viennent rappeler à certains médecins que le serment d’Hippocrate ne les engage pas à s’enrichir en vitesse mais à informer  les patients, notamment, des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences et à ne jamais tromper leur confiance.

Saïd Aïdi a bien résumé ce point en affirmant que le secteur de la santé a besoin « d’être moralisé », car si la Tunisie est riche de ses médecins dont la compétence est reconnue de par le monde, certains ont tendance à oublier leur première vocation. Le Conseil de l’Ordre des médecins a d’ailleurs souligné l’extrême importance de cette affaire, en ce qu’elle touche à la réputation de la médecine tunisienne.

 

Acheter un stent bradé à 800dt, comme nous l’a confié un proche du ministre, pour le vendre à la CNAM à 2500dt, cela s’appelle du commerce. Implanter du matériel périmé dans le corps des patients sans les en avertir, que cela comporte un danger ou pas, cela s’appelle un abus de confiance et est indigne de cette profession dite noble.

 

 

Myriam Ben Zineb

01/07/2016 | 17:00
7 min
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Commentaires (26)

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Fehri
| 04-07-2016 00:25
Sauf que le materiel des salles d'operations vient de Chine. C'est dommage!

EL OUAFI
| 03-07-2016 15:39
Bonjour takilas, vous m'interpellez sur une pratique d'Enahdah , franchement je m'en fou éperdument de Nahdah et si ces pratiques s'avèrent exactes je les condamnent avec la plus grade vigueur et même s'il le faut que la justice intervienne pour rendre à César ce qui appartient à César.
De ma part je condamne les pratiques de ces Ripoux Médecins qui bravent toute la morale et le respect de cette noble profession, ils ne sont pas tous visés heureusement.
Il y a de ces cupides qui veulent s'enrichir en un laps de temps, ces malfaisants qui ont ignoré le serment d'Hippocrate
Nahdah et ses intentions mauvaises ou pas, le peuple tunisien n'est pas dupe pour marcher dans ces combines mafieuses et condamnables, et à dénoncer ces passe-droits ! les grèves et la stratégie, que compte pratiquer ce parti s'il 'uvre dans stratégie à placer ses sympathisants dans les rouages de l'Etat, et des différentes entreprises pour consolider sa main mise sur l'économie, et le pouvoir il se trompe, nos honnêtes concitoyens ne se laisseront pas dupés, n'importe comment cette stratégie ne mène nul part , les Trabelsis l'ont bien pratiqué ,c'est un chemin sans issue !
Ce qui me révolte c'est que cette Elite éduquée, (des médecins) ce n'est pas du n'importe quoi ! tombent dans cette bassesse inouï, se faire de l'argent sale sur les dos des miséreux et arnaquer la CNAM , c'est inconcevable ni pour la morale ni par le tout naturellement du monde de cette honnêteté occultée, bafouée piétinée, « je vous invite à lire cet engagement sur lequel ils se sont engagé le serment Hippocrate » une fois lu vous saurez la gravité du problème de nos médecins qui ont emprunter une autre voix hélas c'est triste on ne voulait pas que ce corps de profession se fasse éclabousser par ces Malhonnêtes Félons. A bientôt. (Manai)

nanou
| 03-07-2016 00:45
Et ce à cause d'une mauvaise enquête ou simplement par notre manie à ne jamais monter la vérité et rendre la justice .La corruption et la cupidité est la aussi la cause du mal. Les calculs ,pour des raisons multiples ,argent ,népotisme,politique,ambition ,arrivisme font que certains pour ne pas dire une majorité échappe à la loi et la justice.L'argent est pourtant facile pister ,les voyages offerts 'mouvements sur les passeport ,traces des billet ,fisc absent ?? InterrogeZ les intervenants en salle qui vous confirment ou non la volonté délibéré d'utiliser un matériel plutôt qu'un autre bref je l'ai déjà dis , mais quand on veut pas aller au bout des choses les accusés se transforment en victimes et nous on nous prend pour des cons. Les stents sont déposés directement en salle de cathé sans passer par la pharmacie ,ils sont parfois livrés juste avant ou même en per procédure ça se joue entre fournisseurs et cardiologues .par ailleurs ils sont pas achetés par la clinique mais en dépôt en salle de cathé par les différents fournisseurs. on ne vérifie pas en per procédure car on est supposé avoir du matériel valide c le technicien qui ouvre qui est supposé éventuellement s'assurer que le matériel déposé est correct et vérification à l'ouverture de l'emballage cela dit le médecin est tenu de fournir un C Rendu et mettre les vignettes avec LES DATTES donc si c une erreur il doit la constater ,et ne pas la maquiller,et éviter que cela se reproduise si c plusieurs fois,et si c'est falsifié sur le compte rendu ,il y a plus de doute c'est un acte délibéré avec une chaîne de complicité qui va tomber comme des dominos :fournisseurs ,médecins ,techniciens et peut être certains à la cnam et l'administration de la clinique .Quand il y a autant d'intervenants l'enquête est facile et le ministre depuis le mois de mai été surement au courant mais ,MAIS va savoir pourquoi la lenteur et éventuellement la volonté de mettre la poussière sous le tapis Mr la ministre????????MORALITÉ ON VEUT CONNAITRE LA VÉRITÉ ET FAIRE LE BOULOT CAD APPLIQUER LA LOI OU NON. ou est ce que l'argent permet de tout résoudre? et corollaire tout à un prix

leonidas
| 03-07-2016 00:33
Voila une aubaine pour l'état tunisien pour gagner de l'argent et retrouver sa souveraineté. L'état est pauvre ave une cnam aux abois et presque en faillite quotidienne. Estimer le nombre de stunts périmés implantés depuis les conseillers de ben Ali jusqu'à maintenant et on multiplie ca par 2500 - 800 dt. Un gros paquet qu'on doit aux fautifs plus des amendes de klk millions de dt. Certains patients morts peuvent voir leur proches demander des indemnisation et l'incarcération des médecins fautifs si le stunt est incriminé. C une affaire semblable a l'affaire du sang contaminé en France. Six cliniques et 20 medecins ca peut ramener 100 millions de dt a la cnam et résorber une partie de ses pertes. Si je suis procureur ou pdg de la cnam je ferais tomber plus dune têtes et régler une fois pour tout ce comportement arrogant irresponsable et vaniteux de ces médecins qui gagnent 5 million de dt l'an et trouvent le moyen pour implanter de la poubelle dans un Coeur malade. Bravo aux autres medecins qui n'ont pas joué le jeu. Prière bn donnez nous un suivi de l'affaire avec les décisions judiciaires et administratives.

El GHOUL
| 02-07-2016 23:39
Certains médecins confondent le serment d'Hyppocrate par hypocrite. Le seul serment qu'ils connaissent c'est l'appât du gain. Ils ont un vide intellectuel. Alors, je conseille à tous les patients arnaqués de se constituer en association en vue de porter plainte. Il y va de notre santé. Il faut que les médecins véreux soient jugés en plénière comme dans les pays civilisés et démocrates.
Mr Chawki Tabib doit accompagner et conseiller ces patients.

Ftouh
| 02-07-2016 23:12
Je me réfère à la dernière phrase de votre article, vous omettez de préciser que l'abus de confiance est, dans ce cas d'espèce, aggravé par un acte criminel pouvant entraîner des conséquences néfastes sur la santé des patients. Que Dieu leur pardonne, ils ne savent pas ce qu'ils font !

Liberté
| 02-07-2016 22:45
Il faut tout faire pour mettre un terme à ce trafic juteux pour les cardio, pour les cliniques, et surtout pour les laboratoires qui commercialisent ces stents. Il y'a une page fb qui rassemble les victimes et des cardio français sont prêts à une expertise gratuite. Voici le nom de la page pour ceux qui sont intéressés: Class Action en faveur des victimes des stents périmés. Les patients arnaqués seront invités à déposer une plainte collégiale

Tunisien
| 02-07-2016 19:03
Certains Cardio pris la main dans le sac ne doivent pas salir la réputation de la profession. Dr Derbel est un archi miliardaire qui ose profiter de stents périmés et la clinique où il opère est complice : clinique *** ?

Il faut les dénoncer !

Rba
| 02-07-2016 17:28
Toute la Tunisie à besoin d ' être moralisee et pas seulement le secteur de la santé, les valeurs sont entrain de partir à une vitesse V.

HatemC
| 02-07-2016 16:29
Il faut vous constituer en ASSOCIATION .. que les victimes comme vous se réunissent autour d'une même association et prendre un avocat ...
Si vous y allez seul vous serez broyé .. il faut être nombreux ... mettre un pot commun et attaquer les véreux ... vous aurez gain de cause mais seul et isoler ...!!! vous n'y arriverez @ rien ... @ plusieurs vous prenez un avocat et vous attaquez ... Votre exemple fera JURIPRUDENSCENCE ... Rabbi Yichfik ... Cdt ... Hatem Chaieb