Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste Ennahdha a accordé aujourd’hui, 4 juillet, un entretien au journal « Ashark Al Awssat » dans lequel il a émis son avis à propos de la destitution du président égyptien Mohamed Morsi survenue hier.

Selon le président d’Ennahdha, la jeunesse tunisienne « rêveuse » a le droit de croire qu’elle peut reproduire en Tunisie ce qui s’est passé en Egypte mais que cela serait une perte d’énergie, considérant qu’entre les deux pays il existe des divergences en dépit de l’analogie des deux révolutions. Rached Ghannouchi ne nie pas l’éventualité qu’un effet de contagion risque de se produire, soulignant que cet effet ne sera pas immédiat. Il a ajouté que l’Egypte a été influencée par la révolution tunisienne en fonction des similitudes existantes alors qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui.

Rached Ghannouchi a précisé, en outre, qu’en ce qui concerne la Tunisie, des concessions en termes de Constitution ont été accordées de sorte à ce que cette dernière soit représentative de tous les Tunisiens, s’ajoute à cela l’existence d’un gouvernement de coalition composé de trois partis politiques dont la participation au pouvoir est bien réelle.

Le leader d’Ennahdha a insisté sur le fait que son parti a fait plusieurs concessions politiques et idéologiques au profit de l’intérêt général. « Nous avons adopté une stratégie de consensus par surcroît entre le courant islamiste et celui moderniste afin d’éviter des appellations telles que croyants et mécréants » précise Rached Ghannouchi.

A propos de la différence entre Ennahdha en Tunisie et les frères musulmans en Egypte, M. Ghannouchi a signifié qu’à chacun sa position spécifique. En ce qui concerne la Tunisie, Ennahdha a appelé à l’instauration d’une démocratie fondée sur la légitimité, le consensus et le débat, ce qui est à même de faire réussir la période transitoire. Rached Ghannouchi a souligné que son parti a fait quelques compromis tels que l’abandon des portefeuilles ministériels clé en vu d’éviter la bifurcation du pays.

Quant à la différence qui existe entre l’armée égyptienne et celle tunisienne, elle consiste selon le leader d’Ennahdha dans le fait que l’institution militaire a gouverné l’Egypte pendant 60 ans alors que l’armée nationale tunisienne est restée bien loin de la politique.

Rached Ghannouchi a lancé un appel à l’endroit du peuple égyptien lui demandant de préserver et protéger sa révolution et de se tenir au débat et au consensus tout en respectant la légitimité issue des urnes, car l’Egypte demeure le cœur de la Nation.