La bi bancarisation, permettant notamment une baisse des coûts de transfert des fonds des Tunisiens résidents à l’étranger, a été au cœur de l’interview accordée ce mardi 16 mars 2021 par le célèbre économiste et homme politique français, Dominique Strauss-Kahn, à Wassim Ben Larbi dans son émission Expresso sur Express FM.
« La bi bancarisation est un mot qui a l’air un peu compliqué pour en réalité quelque chose de très simple mais très important, l’objectif étant de canaliser les envois de fonds par des institutions financières qui sont présentes dans deux pays. Vous savez qu’il y a beaucoup de fonds qui transitent entre les pays, notamment entre les pays les plus développés et émergents en particulier grâce à la présence de travailleurs émigrés », a indiqué M. Strauss-Kahn en rappelant que ces fonds ont toujours transité, dans le passé, de façon compliquée, en billet de banque avec des pertes importantes, par des opérateurs comme Western Union avec des coûts importants et via les portables toujours avec des coûts qui demeurent importants.
« Et donc ce sujet qui peut paraître un sujet secondaire, technique, qui n’intéresse personne, en réalité intéresse beaucoup de monde sur la planète : les individus d’abord parce qu'il y a près d'un milliard de personnes dans le monde qui reçoivent de l’argent en provenance de membres de leurs familles qui travaillent ailleurs, mais aussi les autorités nationales et internationales, parce qu’il y a un contrôle à faire sur la légalité, sur le blanchiment d’argent et la déstabilisation des économies que parfois cela entraine. Donc, c’est un sujet à la fois technique mais finalement très populaire », a-t-il expliqué.
Ainsi, l’économiste et ancien DG du FMI a noté que « ces flux sont très importants et représentent parfois plus de 10% du PIB de pays qui ont connu des crises notamment de sécurité ou économique car la part de ce qui est apporté par les résidents à l’étranger peut devenir très importante ».
S’agissant de la pandémie Covid-19, il a souligné que contrairement aux craintes formulées par la Banque mondiale, finalement ces flux n’ont pas diminué pendant la crise : « une sorte de solidarité très forte est apparue entre les résidents à l’étranger qui ont envoyé plus d’argent que prévu contrairement à ce qu’on pouvait craindre », a-t-il soutenu.
Pour vulgariser le concept, Dominique Strauss-Kahn a affirmé que la bi bancarisation consiste à ce que les banques tunisiennes puissent s’installer en France pour que les Tunisiens qui y sont, aient leurs comptes et puissent transférer directement sur des comptes en Tunisie à des coûts qui sont les plus faibles possibles, si les banques jouent le jeu.
« Aujourd’hui, c’est une opération qui est compliquée, qui oblige à passer par plusieurs banques ou par des opérateurs comme Western Union, avec des coûts qui sont relativement importants. Ce qu’il faut c’est que les banques des différents pays concernés puissent s’installer en France, ouvrir des établissements qui leur permettent de réaliser ces opérations. Ce n’est pas toujours très simple parce que la législation bancaire est devenue quelque chose d’extrêmement rigoureux et sévère.
Nous -Alain Gauvin et moi- avons accompagné des pays pour réaliser ça dans les pays européens et ça a permis de mettre en place des flux qui sont aujourd’hui sécurisés et du coup plus importants », a-t-il assuré.
Il a précisé que pour y parvenir, il faut que les établissements bancaires tunisiens intéressés déposent une demande administrative auprès de l’organisme de régulation et de contrôle, la BCR, et que c’est une opération moins simple qu’il n'y parait, d’où la nécessité d’être accompagné par un expert.
Mais même si c’est compliqué, M. Strauss-Kahn estime que « c’est presque un devoir national de la faire parce que c’est rendre service aux Tunisiens et c'est très profitable à l’économie tunisienne ».
Interrogé sur la faisabilité, Dominique Strauss-Kahn a déclaré : « C’est tout à fait réalisable. Les autorités françaises sont très bienveillantes à l’égard des banques qui leurs sont présentées, pourvu qu’elles entrent dans le cadre légal et que toutes les conditions soient remplies mais elles sont plutôt favorables à cela ».
I.N
Exactement, ce qu'on cherche depuis bien longtemps. Ca existait, le coût est exorbitant, j'avais fait un transfert important via une filiale de la BNP en Tunisie (virement coûte 3 euros) mais, ils ne vous parlent pas de la surprise à l'arrivée, la commission. j'etais choquée de la commission 3 % de la somme transférée et en plus le compte était payant, vraiment du vol.
j'ai dû fermé ce compte et utiliser le virement sur un compte devise via une autre banque tunisienne. certe plus cher à l'envoi mais il me revient beaucoup moins cher puisque pas de commission et le compte est rémunéré.
Il faut faciliter le transfert d'argent. Les gens se baladent sur les routes avec des sommes d'argent importantes faute de pouvoir faire des virements à des prix raisonnables.