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Parce qu'il a refusé un racket de 50.000 dinars, Jilani Daboussi est mort lentement en prison
08/05/2014 | 09:39
3 min
Parce qu'il a refusé un racket de 50.000 dinars, Jilani Daboussi est mort lentement en prison

« Ils ont tué mon père ! Ils l’ont jeté en prison ! La cour de cassation a ordonné la libération de mon père à cinq reprises, mais on a refusé de le libérer. Son dossier est clean. Le juge d’instruction du Pôle judiciaire en personne a estimé que mon père était clean. »
C’est en ces termes, la rage au ventre et la voix dépitée, que Sami Daboussi s’adresse à Business News, le 8 mai 2014, en citant nommément ses « assassins ».

Depuis octobre 2011, le fils de Jilani Daboussi ne cesse de se battre contre une machine judiciaire incompréhensible. Il ne cesse de contacter les médias pour crier à l’injustice. Il a fini par comprendre, en juin 2012, que cela ne servait à rien. Son père lui a demandé de cesser de combattre et qu’il s’occupera lui-même de tous ceux qui lui veulent du mal lorsqu’il quittera la prison.

Le courant était trop fort. Son père avait beaucoup d’ennemis. Des ennemis anciens, parmi ses concurrents et adversaires de la région de Tabarka-Aïn Draham et des ennemis nouveaux qui en veulent, jusqu’à la mort, aux symboles de l’ancien régime. Et puis, il y a les ennemis opportunistes qui cherchent à profiter de cette manne.

Jilani Daboussi était un de ces symboles de l’ancien régime et du RCD. Il était parmi ceux qui faisaient du zèle dans l’amour de Ben Ali et du RCD. En faisait-il trop ? Méritait-il de rester 30 mois en prison, alors que la loi stipule que les détentions ne doivent pas dépasser les 14 mois ?
« Si ton père était à Tunis, il aurait été libéré », aurait déclaré un juge à Sami Daboussi. Au Kef, la mission est plus délicate.

Dans son entretien avec Business News, le fils Daboussi témoigne et cite nommément un ancien membre de la commission nationale d’investigation sur la corruption et la malversation. Ce dernier aurait demandé à feu Daboussi la somme de 50.000 dinars. Feu Daboussi a refusé. L'ancien membre de la commission lui aurait dit : « Si tu ne paies pas, je te monte un dossier accablant et te fous en prison ». Et feu Daboussi, sûr de son bon droit, de répondre : « Je n’ai rien à me reprocher, je n’ai rien fait d’illégal, tu ne peux rien monter ! ». Le dossier est ficelé, Jilani Daboussi est jeté en prison. Il y est resté d’octobre 2011 jusqu’au 7 mai 2014. Il quitte la prison à 20 heures pour mourir six heures plus tard d'une crise cardiaque.

Sami Daboussi a la rage. Il cite des hôteliers et un organisateur de spectacles. Il rage encore. « Mon père m’a interdit, de son vivant, de parler et de citer ces gens là promettant qu’il s’en occupera lui-même à sa sortie de prison. Maintenant qu’il est mort, je vais me lâcher et les citer tous. J’ai les preuves, j’ai les SMS, j’ai tout ! ».
La loi nous interdit de citer les personnes ciblées par l’accusateur, faute de preuves, comme nous l’a confirmé ce matin le conseiller juridique de Business News Me Fethi El Mouldi, mais dans le microcosme tunisien, tout finit par se savoir.

08/05/2014 | 09:39
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