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Chroniques
Nouvelle ère nouvelle en vue
Par Inès Oueslati
10/11/2015 | 16:04
4 min
Nouvelle ère nouvelle en vue

 

En quittant l’ère Ben Ali, la Tunisie aspirait à une ère meilleure. Puis est venue la Troïka et son lot de déceptions engendrées par une gestion peu concluante du pays. En quittant l’ère de la Troïka, la Tunisie a aspiré à une ère meilleure. Et puis est revenue l’ère de Ben Ali, sans Ben Ali, mais avec des événements nous rappelant que nous sommes toujours en faillite morale et politique. La victoire des démocrates vécue sur un mode euphorique les premiers temps est désormais perçue comme une arnaque. Le parti ayant accédé au pouvoir en est, par le biais de ses déboires actuels, le premier acteur. Le constat est consternant et les remous dépassent la sphère partisane pour atteindre la présidence de la République également.

 

La scission au sein de Nidaa est une richesse, déclarait, à peu près dans ces mots, un des dirigeants dudit parti, Faouzi Elloumi en l’occurrence, ce midi sur les ondes de Mosaïque Fm. Deux blocs à l’assemblée pour un même parti ça serait positif, selon sa théorie. En réalité et au-delà du discours excessivement maquillé, ce qui se passe à Nidaa n’augure rien de bon. Au delà de l’aspect constitutionnel de la suite que prendront les événements. C’est une balle de plus que le camp des démocrates aura offerte à Ennahdha. Le parti islamiste y gagne en priorité dans le cadre des commissions. Il y gagne en supériorité numérique et en terme d’autorité dans le cadre du choix d’un potentiel nouveau gouvernement (une série de conditions à cela, une série d’arguments prouvant le contraire aussi, mais le fait est là !). Au final, les pseudo démocrates que des millions de votes anti-islamistes essentiellement ont amenés au pouvoir ont engendré l’échec de leur propre camp.

 

Derrière cette « fissure », une guerre de clans qui n’est pas sans rappeler la fin de règne d’un Ben Ali, déconnecté pendant que sa famille frustrait tous les Tunisiens. Et la Tunisie qui pensait en avoir fini avec la famille régnante, « les fils de » et « les gendres de » se retrouve en plein conflit autour de la filiation justement. L’autorité en héritage, c’est en effet, ce contre quoi les élus qui se sont retirés du bloc parlementaire de Nidaa disent lutter. Hafedh Caïd Essebsi, fils de son père président, serait donc une des premières raisons d’un conflit qui prend des proportions importantes. L’ambition du fils est entrain de malmener l’édifice construit par le père. Père qui ne réagit pas ou trop peu.Etre président de la République, ça impose des réserves qu’on outrepasse seulement quand on en a envie. Autrement, ils font un bon prétexte pour maintenir le statu quo.

 

Pour essayer de calmer les tensions rien de mieux qu’une dose de langue de bois et d’amitié parmi les médias. Le peuple y est habitué et ça a marché 23 ans durant. Des discours en arabe littéraire (peu soigné), une panoplie d’adjectifs mélioratifs pour repeindre en couleurs un réel plus noir que blanc et un portrait idéal pour un pays qui tombe dans la trivialité. C’est ce que nous offrent les dirigeants du pays : des tranquillisants à la place du curatif. Et quand l’effet n’est plus celui escompté, que la patience du « patient » atteint ses limites, que le traitement ne fonctionne plus et que l’esprit critique se manifeste de nouveau, les méthodes changent. Les membres dissidents du parti deviennent des traitres, leur rébellion une offense à la patrie et ceux qui les soutiennent des dupes qui n’ont rien compris. Il est vrai que ce qui se passe est incompréhensible, car dépassant l’entendement.

 

Pour couronner la série de conflits, le dernier litige en date est l’incident provoqué par la présidence de la République, hier, dans le cadre de la transmission télévisée des festivités relatives au Prix Nobel de la Paix. La télévision publique mise à l’écart, Nessma mise en avant. Cela n’a pas plu qu’une chaîne privée ait la main sur ce qui devait revenir à la Télévision nationale. Simple maladresse ou cadeau fait à ladite chaîne et à son propriétaire proche du président de la République ? Pas de réponse hormis un communiqué de presse de Carthage jetant plus de flou qu’il n’en dissipe.

 

Des clans au niveau des partis, des clans parmi les médias, des clans parmi nos décideurs. Nous n’en avons pas fini de subir les conflits de nos dirigeants capables de se damner pour nous commander. Nous sommes un peuple exceptionnel, en effet, un peuple que les politiciens adorent duper, faisant miroiter, chacun, l’image d’un avenir meilleur que ce qui précède. Derrière ces images de façade, un amateurisme que les premières épreuves mettent à nu. Le Prix Nobel de la Paix n’y pourra rien, nous sommes en guerre contre la médiocrité.

 

Par Inès Oueslati
10/11/2015 | 16:04
4 min
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Commentaires (14)

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Gg
| 15-11-2015 13:32
30% des français imaginent que si le FN vient au pouvoir, les problèmes seront terminés.
Moins de chômage, moins d'échec scolaire, moins d'impôts, moins de violence, moins de niqab dans les rues, finis les attentats...
Eh bien, ils verront! Mais trop tard.

G&G
| 11-11-2015 10:43
A l'exception de Léon, personne n'ose parler de malédiction. Tout le monde en croit mais on a peur d'en parler. Tout le monde cherche les futilités insignifiantes pour insulter et diaboliser le Saint Ben Ali. Personne ne s'est demander pourquoi y a t-il eu de record de récolte de céréale sous le règne de Ben Ali?
Pourquoi la misère frappe tout le monde lorsqu'il est parti.
Quand il etait là, régnait la sécurité. Quand il est parti l'angoisse et le stress envahissent tout le monde et sans exception même ses opposants vivent en permanence sous escorte. Ils ont tous peur de cet homme mystérieux qui s'appelle Ben Ali.
J'ai longtemps crié durant 2011 sur ce même forum que Ben Ali est un Homme énigmatique. Un Super man Un don de Dieu.
Oui qu'on le veuille ou pas, la silhouette de ce "bac moins deux" va poursuivre tous ses opposants parce que ben Ali est un Ouli Salah qui n'a jamais fait de mal à personne.

Nephentes
| 11-11-2015 09:02
Il est fascinant de constater à que point la société et les mentalités tunisiennes ont dérivé en à peine trente années pour faire de ce pays une véritable réserve d'aliénés.

Ici, en Tunisie, très peu de gens sont conscients de l'écart abyssal,phénoménal, entre les modes de vie et de citoyenneté prévalant en Tunisie et ceux existant au sein des pays industrialisé.

Cela vire proprement à la pathologie collective.

La Tunisie est un cas d'école en la matière,et il faut espérer que des élites comme vous s'impliquent davantage dans notre société civile.

Votre apport potentiel est en effet immense.

Quitte à bénéficier auparavant d'une formation en en psychopathologie clinique.

Benenzo
| 11-11-2015 04:25
Je suis tunisien expatrié au Canada depuis plus de 50 ans . J'ai fait toute ma carrière à Montreal comme producteur d'émissions à caractère économique à la Société Radio Canada. J'avais , en 1968 , ici meme à Montreal , interviewé le President Bourguiba a l'hôtel Reine Elisabeth . En aparté , je lui avais suggéré de faire de la Tunisie une zone franche , libérer la monnaie , laisser entrer les matières premières en franchise de douane , créer donc une industrie manufacturière et réexpédier les produits finis . Il est facile d'imaginer que la Tunisie aurait été un deuxième Monaco . Le President avait souri et m'avait dit que l'idée méritait a tout le moins réflexion sérieuse .
Dommage !




kameleon78
| 11-11-2015 00:36
Je vous remercie Inès Oueslati pour votre texte bien écrit mais il ne sera pas dénué de critiques, comme a dit le @Dr Tazarki, votre analyse s'appuie sur une vision binaire de la politique en Tunisie, si vous n'êtes pas pour Nidaa, vous êtes forcément pour Nahda et vice versa, mais pourquoi ne pas penser à une solution tierce qui serait grâce à de nouvelles élections (c'est inéluctable car blocage à l'assemblée) on pourrait assister à une nouvelle redistribution des cartes politiques, chacun choisira son camp, les démocrates avec les démocrates et puis les autres qui ont voulu nous imposer leur vision de la politique binaire, c'est à dire Nidaa ou Nahda sinon point de salut. Je voulais souligner aussi que les déçus de Nidaa comme beaucoup d'entre nous leurs votes n'iront pas forcément vers Nahda, mais vers d'autres partis démocrates et après les élections nous auront une véritable représentation nationale et si le vote utile a déjà marché une fois, il ne marchera pas deux fois.

Rationnel
| 10-11-2015 22:55
La Tunisie est un petit pays, un grand nombre des intellectuels quittent le pays vers des cieux plus cléments et généreux, les plus intelligents choisissent médecine, grandes écoles et écoles d'ingénieurs. Les moins doues optent pour la politique, donc il faut s'attendre a la deception avec une classe composée par les elements les moins doues de la société. "Garbage in, garbage out".

L'une des solution est de réduire l'étendue du pouvoir tunisoi et le décentraliser. Suivre le principe de ne déléguer au gouvernement central que ce que l'individu ou la communauté locale est incapable de faire. Donc le gouvernement central n'aura a gérer que la defense et les affaires étrangères, les communautés locale peuvent s'occuper du reste suivant des standards établis au niveau national. Les grands plans qui se font attendre risque de créer des deceptions encore plus douleureuses.

Tunisien
| 10-11-2015 19:52
On observe que les analystes foisonnent et chacun va de ses savantes explications et son pertinent verbiage.
Tout est prétexte pour mettre en évidence une débilité notoire, une arrogance sans faille, un manque d'éducation et de civisme caractérisés qui risquent de faire retourner Bourguiba dans sa tombe.
je relève que la Tunisie dispose d'une brochette de pseudo journalistes qui vous donnent la nausée tellement leur approche débile traduit la nullité de leur apparente analyse...

Mohamed Obey
| 10-11-2015 19:24
Nos Frères Musulmans sont revenus de leur confortable séjour chez leurs amis-fidèles au pays. ils voulurent conduire une refonte de la Tunisie et la reproduire dans un format islamiste. Les modernistes ont crié 'Haro!'. Vint Nidaa et des partis d'inspiration semblable. Nidaa au pouvoir grâce au 'vote utile' des femmes et un nombre d'hommes qui y voyaient le moindre des deux maux. Mais les traditions selon lesquelles le pouvoir fait partie des legs qu'on peut passer à sa progéniture et ses proches s'avèrent enracinés dans la constitution mentale des pays arabo-musulmans. Un jour j'appris que le fils de l'actuel Président, j'ai su que ceux qui gouvernent aujourd'hui ne sont pas moins immoraux que leurs précédents. Une personne est crédible quand fait suite à ses promesses: L'habitant du Palais présidentiel a-t-il honoré sa parole quant au dossier des meurtres politiques? Démontrez-moi qu'il improbable que Morsi sera blanchi et transformé en allié de M. Essissi, vu que la bande qui a gouverné hier ici est aujourd'hui l'âme-s'ur. Démontrez-moi que le RCD (que j'ai abhorré) est la pire des cabales alors que Nidaa comprend un bon nombre de la descendance RCDiste. Rigolez un peu: et démontrez-moi que le couple Nidaiste-Nahdaoui va réussir son mariage, sachant que la vie des couples est souvent traversée par voltes-face, de liaisons dangereuses, de jeu dans le dos...Démontrez-moi que nous sommes des citoyens! N'eesayez pas de m'épingler pour manque de cohérence: rien n'est cohérent en, Tunisie, héroïne du Prix Nobel de la Cohérence.

Dr. Jamel Tazarki
| 10-11-2015 19:16
De nos jours, la logique la plus utilisée par nos politiciens et journalistes est la logique aristotélicienne, elle est bivalente (à deux valeurs) et se base sur le principe du 'tiers exclu'. Cela signifie que d'autres choix ne peuvent pas entrer dans l'équation politique en Tunisie, le choix se fixe sur deux solutions qui nous semblent possibles et uniques "Ennahdha" ou NIdaa Tounes" ('vrai' ou 'faux'), d'autres choix ne peuvent pas exister dans la tête de ceux qui nous dirigent. Mais c'est complètement absurde. Notre pensée s'est établie sur cette logique binaire et influe négativement la manière dont nous rationalisons notre monde.

C'est pareil avec nos concepts moraux, il n'y a que le bien et le mal et rien entre ou à l'extérieur des deux. Et ainsi certains de nos politiciens se qualifient de bons et gentils et décrivent le camp adverse comme méchant et immoral. Mais arrêtons de regarder le monde de manière extrêmement simpliste.

Non, il n'y a pas que Nidaa Tounes et Ennahdha en Tunisie, Il y a beaucoup d'autres partis politiques, même meilleurs. Il y'aurait peut-être aussi de nouveaux partis politiques dirigés par des gens plus intelligents, plus efficaces et capables de réfléchir autrement, à concevoir des solutions sous un autre angle, à penser hors du cadre.

La capacité de pouvoir envisager notre monde et les choses d'une autre manière (que l'objectivité absurde régnante dans notre société) est primordiale et nous devons nécessairement la développer si nous voulons faire sortir notre pays de la décadence. Il n'y a pas que que Nidaa Tounes et Ennahdha en Tunisie, il y a d'autres alternatives et il est temps d'en prendre conscience.

Je suis persuadé que Mr. Mohsen Marzouk est déjà en échec et mat. Il a perdu la partie par sa propre faute, en effet il vient de perdre tous ses pions (les démissionnaires de Nidda Tounes).Ce n'est pas en s'enfuyant que l'on gagne les duels politiques, une très mauvaise stratégie! Actes de désespoir ou de résistance? Il ne reste à Monsieur Marzouk que de faire sa valise et de quitter la scène politique par la petite porte'

Je propose aux 31 démissionnaires de Nidaa Tounes de démissionner plutôt de leur mandat de député et de laisser ainsi leur "trône" aux prochains inscrits sur la liste! Ce qu'ils sont en train de faire est injuste envers les électeurs tunisiens. Je ne les ai pas élus pour qu'ils se vendent pour qui que ce soit. Ou allons-nous? C'est une trahison de s'enfuir comme ça!

Le problème de Nidaa Tounes est que tout le monde ambitionnait de devenir ministre et qu'ils acceptent mal d'être simple député...


Bon j'arrête, il est temps d'aller pour une heure de natation à la piscine olympique (j'ai besoin d'une douche bien froide afin de me calmer!)

Jamel

https://www.youtube.com/watch?v=agqkLvk9UQk

Lone star
| 10-11-2015 19:04
certes les Tunisiens sont "médiocres",je dirai plus inconscients et se croyant mieux que les autres rien qu'a les entendre parler, leur égo est démesuré. Aucune profondeur dans dans le raisonnement et souvent "akhta rassi wadhrab " .Désolé si certaines personnes se froissent mais aucun effort pour que ça aille mieux ,aucune solidarité juste de l'égoisme ,l'appat du gain ,du prestige et bien sur "el korsi" le siège !
la tunisie n'est pas un royaume ,pourquoi n'est il pas possible d'écrire quelque part que l'accés au pouvoir par le biais de filiation est interdit ,prohibé
pourquoi on pourrait pas faire celà ça calmerait plus d'un !!!!ça limiterait les dégats .
I am scared ! Ennahdha a une autoroute devant elle et le machiavelisme de ghannouchi va réussir !!!
Dieu ayez pitié de nous et de la Tunisie