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Moncef Marzouki : Soit il ne connait pas la constitution, soit il trompe le public (vidéo)
18/11/2014 | 11:15
3 min
Moncef Marzouki : Soit il ne connait pas la constitution, soit il trompe le public (vidéo)
Dans l’expression directe de 4 minutes des différents candidats à la présidentielle sur les deux chaînes publiques, Moncef Marzouki est intervenu hier soir lundi 17 novembre (voir notre article à ce sujet ).
Dans son intervention, l’actuel président de la République, a préféré s’attaquer à l’adversaire politique plutôt que de mettre en avant son programme. Et dans sa tentative de diabolisation de l’adversaire, il ne s’est pas rendu compte qu’il a accordé au poste de président de la République plus de prérogatives qu’il n’en a. Ainsi, et à la 54ème seconde, il a déclaré : « Pour la première fois, une seule personne va avoir entre les mains le pouvoir législatif au parlement, la présidence du gouvernement, la présidence de la République, et aussi le pouvoir sur la Constitution puisque vous devez savoir que ce sont le président de la République, le président du parlement et le chef du gouvernement qui nomment le conseil constitutionnel. Il s’agit là de gros pouvoirs entre les mains d’une seule personne qui nous rappellent la période de répression dont on s’est débarrassé et contre laquelle il y a eu une révolution ».

Dans son intervention, M. Marzouki prononce au moins deux contrevérités dont l’une reflète une manipulation flagrante de l’opinion publique et la seconde reflète soit une méconnaissance de la Constitution, soit une manipulation de cette opinion.
Pour la première, et dans toutes les démocraties du monde, le parti qui réussit aux législatives réussit généralement la présidentielle qui est organisée dans la foulée. Ceci garantit une stabilité du pouvoir et c’est justement l’inverse, sous la cohabitation lorsque le président de la République et le gouvernement ne sont pas du même bord politique, qu’il y a une instabilité du pouvoir.
Pour la seconde, M. Marzouki dit que le président de la République, le président du parlement et le chef du gouvernement nomment le conseil constitutionnel. Ceci est faux. Tout d’abord, il n’y a plus aucune instance officielle en Tunisie qui s’appelle Conseil constitutionnel. Le conseil en question a été dissous le 23 mars 2011. Le candidat Marzouki parle plutôt de Cour constitutionnelle avec cette IIème République.

Selon l’article 118 de la Constitution, cette cour est composée de douze membres compétents, dont les ¾ sont des spécialistes de lois et ayant 20 ans d’expérience. Le président de la République, le Parlement (et non le président du parlement comme le prétend Marzouki), le Conseil supérieur de la Magistrature nomment quatre membres chacun. Contrairement à ce que dit Marzouki, donc, le chef du gouvernement n’intervient pas, ni le président du parlement.
Deux petits rappels, la majorité des membres du Conseil supérieur de la Magistrature sont élus et le président de la République n’a aucun pouvoir sur eux. Idem pour le Parlement où l’adversaire « dictateur » de Marzouki (au cas où il est élu) n’a que 86 sièges sur 217.

Moncef Marzouki, actuel président de la République, a signé lui-même cette constitution et connait en théorie l’ensemble de ses textes. Manipulation grossière ou ignorance ? Dans un cas comme dans l’autre, le candidat a raté sa sortie dans l’émission « Expression directe » et confirmé ce qu’une majorité de Tunisiens pensent de lui. Une pensée transformée en action puisque son parti, CPR, n’a eu que 68.000 voix dans les dernières élections, contre 353.000 en 2011 et contre 1,3 million de voix pour son adversaire « dictateur ».

N.B.
18/11/2014 | 11:15
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