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Kaïs Saïed - Les silences du palais
19/12/2022 | 19:05
3 min
Kaïs Saïed - Les silences du palais


« Chaque parole a une conséquence. Chaque silence aussi », disait Jean-Paul Sartre. C’est le silence qu’a choisi Kaïs Saïed face à l’échec de l’une des phases les plus importantes de son entreprise juilletiste. Aussi petit soit-il, le chiffre que l’Isie a communiqué – 8,8% de taux de participation qui est passé à 11,22% dans la conférence de presse de l'Isie ce soir – est, de toute évidence, bien lourd à digérer pour le porteur du projet. Il s’agit, en effet, du taux le plus faible depuis les élections de 2011. Pire, les électeurs tunisiens ont, vraisemblablement, fui les urnes comme la peste cette fois-ci, laissant Kaïs Saïed face à un record mondial d'abstentionnisme. Un cauchemar électoral qui risque d’empirer au second tour.


Ce silence de plomb, bien que compréhensible compte tenu de l’épreuve pénible par laquelle passe actuellement Carthage, reste inapproprié et s’apparente à un manque de respect envers les électeurs que le président de la République a convoqués pour un rendez-vous historique, un rendez-vous dont l’issue serait une transformation totale de la face de la scène politique, économique et sociale, un rendez-vous qui permettrait à ces électeurs de reprendre leur destin en main. « C’est une opportunité historique, ne la ratez pas », disait Kaïs Saïed au démarrage de la campagne électorale. Une « opportunité » qu’il a fait luire à nouveau le matin même du samedi 17 décembre violant avec toute la désinvolture du monde le silence électoral. « Créer une nouvelle histoire pour la Tunisie », nous a-t-il lancé avant de tremper son doigt.

 

À « cette opportunité », à cette « nouvelle histoire », la majorité écrasante des électeurs ont préféré tourner le dos, remplissant par une défection historique les creux des discours logorrhéiques du président de la République. Les longues tirades sur la lutte contre la corruption, la cherté de la vie et un avenir meilleur pour la Tunisie n’ont pas été convaincants et ne risquent pas de le devenir. La crise multidimensionnelle s’aggrave, les prix s’envolent vers des sommets stratosphériques, l’économie plonge, le citoyen creuse dans ses poches vides, les bailleurs de fonds nous boudent et les partenaires stratégiques multiplient les leçons en démocratie… en vain. Ce ne sont pas des élections qui viendraient changer la donne. C’est du moins ce qu’auraient pensé les électeurs avant de torpiller le projet de Kaïs Saïed.

 

La situation est compliquée, mais ce n’est certainement pas par le mutisme de Carthage qu’elle va s’améliorer. Le mea-culpa n’est sans doute pas toujours payant en politique mais une repentance n’est jamais de trop dans un paysage où l’erreur a souvent été de l’autre et jamais sienne. L’histoire en est témoin. L’ancienne Première ministre britannique, Liz Truss, et l’ancien président français Charles De Gaule, quelques exemples. Au bout de six semaines de mandat chaotique, l’ancienne patronne de Downing Street a annoncé sa démission. Son programme économique ayant provoqué un véritable tourbillon sur les marchés financiers, elle a laissé sa place à Rishi Sunak. Charles de Gaulle a, lui, démissionné après le résultat négatif de son référendum sur « le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat » en 1969. Le soir même de la proclamation des résultats, le dirigeant a concédé son échec en ces mots : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi ».

 

Kaïs Saïed, quant à lui, nous refuse la parole. Il nous refuse même un petit statut sur ce grand camouflet sur la page de la présidence de la République. D’ailleurs, depuis samedi 17 décembre à 10h35 et jusqu’à l’écriture de ces lignes, rien n’a été publié sur le seul canal de communication de Carthage. Le maître des lieux, est-il en manque d’explications ou n’arrive-t-il toujours pas à appréhender la chute ?

 

Nadya Jennene 

 

19/12/2022 | 19:05
3 min
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Commentaires
Nephentes
Silencieux mais perfide
a posté le 20-12-2022 à 11:13
Des dimanche 18 décembre après-midi réunion a Carthage avec un cercle restreints de "responsables" sécuritaires incluant le directeur de la sécurité pour préparer une réponse adéquate

je ne vous fais pas de dessin
Djodjo
Qu'il le garde le silence
a posté le 19-12-2022 à 22:55
Y'a que là où il ne nous fait pas honte.
VIO
Honnêtement!
a posté le 19-12-2022 à 22:33
A votre place Monsieur le Président, de honte bruyante et d'humiliation, je m'installerais rapidement à la louche à Mnihla, avec du pain et d'eau et je m'y enliserais pour au moins 6 mois !
zola
rebelotte
a posté le 19-12-2022 à 22:04
L'ISIE lui a fait une blague et il ne réagit pas. Il n'a pas l'air très vite sur ses patins. Sexagénaire, le président tunisien n'a connu de son vivant que des élections remportées à des taux supérieurs à 95% compte tenu des voix des opposants, des abstentionnistes et même des électeurs décédés. Il doit être le premier choqué des résultats annoncés par Bouasker et Cies. Ce n'est pas un Zapatiste certes, mais il trouvera un ou des boucs émissaires comme tous les dictateurs novices pour faire durer la scène et éventuellement aller vers une sortie en 2024. Ce qui semble hallucinant c'est qu'il y aurait un deuxième tour pour 136 candidats et pas de match de coupe du monde, mais les déplacements des électeurs hors de leurs circonscriptions pour raison de vacances scolaires. Une chose est sûre c'est qu'il n'y aura pas de financement étranger des campagnes, M. Bouasker nous a rassuré.point
Nephentes
Il s'en fout. Il s'en fout royalement.
a posté le 19-12-2022 à 21:57
Il est investi d'une Mission Divine il est le nouveau messie albiceleste pour la Tunisie

Ne le dérangez plus SVP avec vos enfantillages allez hop circulez y a rien a voir.
A4
Démissionner ?
a posté le 19-12-2022 à 21:52
Il n'a ni l'intelligence ni le courage de le faire !!!
MH
@A4 bonjour
a posté le à 02:07
Je pense qu'il n'a surtout pas l'intelligence. Je pense qu'il sait ce qu'il perd s'il démissionne, mais pas ce qu'il gagne.
Abir
Il boude pour voir et prendre les températures de tout le monde
a posté le 19-12-2022 à 21:28
Ks attend l'amélioration des, résultats même fil haram pour qu'il puisse s'attaquer aux opposants bons et mauvais, tout c'est de leur faute ! Lui c'est un nadhif eli nadhef tout les magasins de tout réserves alimentaires
Fehri
No kidding!
a posté le 19-12-2022 à 21:25
11,22% ou même 50% n'est pas suffisant pour gagner le respect de l'EU ou même les pays arabes. Comment allons-nous respecter ces nouveaux députés? Ils seront dédaignés et ils le méritent. Nous sommes vraiment une Banana Republic! 66 and après l'indépendance et nous voilà encore plus bêtes.
Soussi
Le pays
a posté le 19-12-2022 à 20:48
Nous Tunisiens on se demande qui nous a mis a genoux et qui est le responsable sinon
Il faut tourner la page et la reconcilliation est obligatoire
Et arretons de noyer le pays
AMMAR BEZZOUIR
M. Kaiis Saied peut apprendre d'Elon Musk!
a posté le 19-12-2022 à 20:07
Elon Musk fait voter sur sa démission de la tête de Twitter

Le milliardaire de la tech Elon Musk fait voter les utilisateurs sur Twitter pour savoir s'il doit démissionner de son poste de chef d'entreprise. "Should I step down as head of Twitter ?", a-t-il écrit dimanche (heure locale) sur Twitter. Il se plierait au résultat du sondage.

Celui-ci devrait durer une demi-journée. Musk avait récemment réalisé plusieurs sondages avant d'en appliquer le résultat, notamment en débloquant le compte de l'ex-président américain Donald Trump. Musk avait acheté Twitter cette année, s'en était attribué la direction et avait, selon de nombreux commentateurs, plongé l'entreprise dans le chaos.

le taux de participation aux élections de 8,8% à 11,22% ne suffit pas pour partir en beauté ?