alexametrics
lundi 29 avril 2024
Heure de Tunis : 19:11
Tribunes
L’abstention est une forme de rejet
27/12/2023 | 08:20
3 min
L’abstention est une forme de rejet

Par Mohamed Salah Ben Ammar*

 

Au sein des colonnes d'un quotidien de la place financé par nos impôts, un éditorialiste a récemment pris la plume pour commenter de manière indigne pour un journaliste le modeste taux de participation aux élections locales (11,84%). Dans des termes acerbes, il affirmait : « Voilà donc les grands censeurs de la démocratie qui se frottent les mains, en se félicitant de voir un taux de participation faible qui pourrait tourner en leur faveur politique et servir de ticket d’entrée aux chancelleries des puissances étrangères ». Son éditorial, publié dans un quotidien local le mardi 26 décembre 2023, laisse entendre une possible collusion avec des puissances étrangères de tous ceux qui, osant exprimer leur désaccord avec les modalités de mise en place de la deuxième chambre, se sont abstenus.

 

Il est crucial de noter à cet égard que les deux scrutins législatifs précédents ont enregistré des taux de participation similaires, remarquablement bas, établissant même des records mondiaux d'abstention. Il se pourrait que notre éditorialiste sous-estime la profonde signification de l'abstention dans une démocratie. Notre démocratie est gravement malade. 

 

L'accusation à peine voilée d'allégeance à des puissances étrangères envers ceux qui n'approuveraient pas le processus en cours n’est pas crédible, elle est abjecte, injuste et injurieuse. La Tunisie ne compte pas huit millions de citoyens vendus à l’étranger. Ceux qui ont fait le choix de ne pas se rendre aux urnes ce dimanche ne méritent pas d’être traités ainsi, ils sont tout aussi respectables que le million qui s'est déplacé pour aller voter. 

 

Il est même plausible que parmi les abstentionnistes, des centaines de milliers aient voté pour le Président en 2019, en s’abstenant ils ont simplement manifesté ainsi leur désaccord avec certaines orientations, ce qui ne constitue en aucun cas une trahison. Ces nuances semblent échapper à notre éditorialiste.

 

Au-delà de ces constats évidents, se pose la question cruciale du désintérêt des Tunisiens pour le processus électoral. Depuis plus de deux ans, depuis le 25 juillet, la vie politique semble réduite à des monologues, n’encourage pas l’engagement citoyen. Le dialogue politique se limite à des déclarations tonitruantes qui glissent rapidement vers des échanges empreints d'insultes et d'accusations graves. Les échanges d’idées se réduisent à des accusations de traitrise. La moindre expression de réserves sur un choix, est perçue comme une hostilité envers les choix du peuple. La construction d'une démocratie ne peut reposer sur de telles bases.

 

Il est indéniable que cet éditorialiste a la capacité de rédiger des articles qui vont à l’encontre de ses convictions. C’est en cela qu’il n’est pas crédible. Ceux qui ont pris le temps de parcourir sa diatribe du 26 contre les abstentionnistes savent que ces écrits ne sont dictés que par des considérations purement alimentaires et certainement pas par des convictions. Il est même envisageable qu’il puisse rédiger un jour un éditorial louant les adversaires du processus actuel.

 

Nul n’a le droit d’insulter les citoyens, pas même un thuriféraire, auto-proclamé défenseur officiel du pouvoir en place. La pensée unique est le poison des démocraties. Il est grand temps pour le bien de tous les Tunisiens d’offrir les conditions idéales d’un dialogue contradictoire mais respectueux et civique. C’est ainsi qu’ils se déplaceront et feront la queue pour voter, car ils seront persuadés que chaque voix sera entendue, la leur aussi. 

*Ancien ministre de la Santé

27/12/2023 | 08:20
3 min
Suivez-nous
Commentaires
Gg
Non!
a posté le 01-01-2024 à 18:53
Quand on rejette un projet politique, on vote contre.
Ne pas se rendre aux urnes est avant tout une manifestation de dépit. On n'y croit plus, on ne croit pas que les choses puissent changer. Ou aucun candidat ne nous convient.
Alors les moins fainéants pourraient voter blanc ou nul, mais ces votes ne sont pas comptés dans les résultats.
A quand une disposition qui annulerait purement et simplement une élection ou un référendum, si moins de 50% (par exemple) des électeurs ne sont pas exprimés?
Ahmed
Ben mahmoud
a posté le 28-12-2023 à 00:50
C'est n'importe quoi... On n à voté blanc mais pas pour ces raisons. On vote blanc jusqu a ce que les résultats des actions du président marchent.
Le reste de l'analyse c est du pipo d'un banlieusard qui doit vivre dans la principauté de la marsa...
Chelbi
Rien de surprenant
a posté le 27-12-2023 à 22:59
Il n'y rien de surprenant dans l'article de LaPresse. Nous avons toujours hérité des malhonnêtes déguisés en "journalistes" qui déforment la réalité pour plaire leur maître au palais. Il l'ont fait avec Bourguiba, Ben Ali, et maintenant ils renouent à leurs nouvelles habitudes avec l'arriviste au pouvoir. Le MO est le même aussi puisque leur outil préféré de diffamation est d'attaquer les opposants dans leur patriotisme. C'est le même MO adopté par les "takfiristes" religieux: tu es contre ma version de l'Islam, alors tu est un "Kafir" avec toutes les ramifications qui en découlent. Seuls les mots diffèrent avec ces malhonnêtes. Je ne sais pas si quelqu'un qui dénonce toutes les dérives autoritaires, les files d'attente devant les commerces, l'amateurisme politique, la mauvaise gestion du dossier économique, la dégradation du pouvoir d'achat, serait moins patriotique que quelqu'un qui veut camoufler tout ça. Et pire encore, il donne des leçons de patriotisme. Laissez la patrie toute seule, et remerciez Dieu qu'elle n'a pas une bouche.
Hammadi
Déconnectés de la réalité
a posté le 27-12-2023 à 20:48
Ces analyses tirées par les cheveux et qui n ont aucune base scientifique montre la déconnexion de l elite de la réalité et sont parmis les raisons d abstention des tunisiens. Dire que les tunisiens sont contre la democratie est totalement faux est ma preuve ce qu on a vécu comme diversité politique apres 2011, la realite est que le tunisien lambda nest pas pret pour la démocratie et il a decouvert aussi que son elite aussi n est pas prete pour la démocratie apres l avoir teste pendant 10 ans,pire il s est rendu compte que cette elite va mener le pays vers l effondrement et il a donc retenu la leçon et a decide de faire marche arrière et revenir a l epoque bourguiba ben ali, et malgre l insatisfaction par rapport au rendement KS il va le reconduire pour un nouveau mandat parce que c est le seul issue qui lui reste.
Zarzoumia
Rejeton rejeté
a posté le 27-12-2023 à 20:47
Le rejet d'un rejeton mort né. Un rejeton difforme, imposé par la force au nom de la démocratie. Le c'?ur de ce rejeton, n'a jamais palpité, le peuple sensé lui donner vie n'a jamais montré le moindre intérêt. On conserve un cadavre, par peur ou par arrivisme, en se prenant au peuple qui tantôt ne serait plus intéressé par les parlements et tantôt qui ne serait pas intéressé par des élections où on ne l'arrose pas. Que des insultes par les embaumeurs qui veulent momifier un rejeton qui rapporte.
Il paraît qu'on a l'habitude de l'abstention ou l'abstinence avant Al 3ors électoral. On préserve sa chasteté électorale pour le jour j. Le jour où remplira l'urne pour le plaisir d'un infécond qui tient à son rejeton momifié.
Sami
Pathetique
a posté le 27-12-2023 à 20:21
Au lendemain de la revolution un embryon de processus démocratique a vu le jour mais rares sont ceux qui l'ont aidé à grandir .tous ceux dont les résultats des urnes ne leur plaisaient pas ont fait preuve d'impatience et ont tout fait pour que ça capote.les multiples guéguerres entre les différents protagonistes politiques ont eu raison du pauvre tunisien qui a préféré leur tourner le dos et se désintéresser de la politique Ceux qui se sont relayé au pouvoir s'étant avérés des piètres acteurs ont eu raison de l'espoir du tunisien d'entrevoir un meilleur lendemain .
Citoyen_H
AH BON ?
a posté le 27-12-2023 à 15:37
"L'abstention est une forme de rejet"

Partout ailleurs, peut-être, mais certainement pas en Tunisie !!
Chez la majorité des Tunisiens, les tammé3a, les paresseux, les "après moi, le déluge", les "akhta rassi ou adhrab", les fans assidus des figues de barbarie épluchées, il n'y a que "qu'est-ce que je vais avoir en échange" qui prime sur tout le reste, en clair : quel sera mon INTERET !!!
Il n'y a pire egoiste que le bougnouluss Tunisien.
S'il ne tire pas directement profit de l'action qu'il va mener, il ne se sentira aucunement concerner.
Ses poches sont les portes paroles de sa RELIGION, à savoir, l'argent facile.
Son illettrisme et son inculture, sont, légion !!!


Hedi Loues
Bravo
a posté le 27-12-2023 à 12:42
j'ai beaucoup apprécié ce papier car au lieu d'analyser l'abstention, le journaliste de La Presse s'est acharné à traiter les autres de censeurs de la démocratie et de traitres.
Sauf erreur de ma part c'est le fond du problème. Un journaliste qui insulte plus de 80% des tunisiens. De quel droit? Ce n'est pas une opinion c'est des accusations insultantes qu'il fait et dans quel but fait-il cela si ce n'est de plaire à qui vous pensez et pourquoi veut-il plaire?
Alya
Je n insulte pas le citoyen tunisien
a posté le 27-12-2023 à 12:13
Mais , je connais le citoyenn tunisien. Le citoyen tunisien ne s'intéresse qu à son quotidien! Il se precipitera sur ces conseils locaux pour résoudre ses problèmes quotidiens
Agatacriztiz
Quand on s'estime citoyen, on se déplace au bureau de vote, quitte à voter bla'c ou nul pour marquer sa désapprobation
a posté le 27-12-2023 à 11:18
Quand on a le courage de ses opinions et on ne se défausse pas sous un laisser-aller de façade ou un désintéressement de circonstance, on se déplace, on signe le cahier de présence au bureau de vote, on prend un bulletin de vote, on inscrit dessus en grosse lettre qu'on n'est pas d'accord sur le principe de la consultation et on glisse un bulletin qui sera considéré comme nul ou blanc.
'?a, c'est quand on s'estime citoyen, que l'on respecte ce droit de vote pour lequel beaucoup se sont sacrifiés et que l'on veut exprimer clairement son point de vue.
Srettop
Pas avec une ISIE aux ordres.
a posté le à 19:53
Pas avec une ISIE désignée et aux ordres.
Djodjo
@aghata
a posté le à 14:32
A quoi sert d'aller voter puisque c'est notre charlatan qui a le dernier mots, la constitution personne n'en veut et pourtant, le charlatan nous l'a imposé.

On est plus des citoyens mais des sujets du charlatan.
Ntc
A vraiment bien réfléchir..
a posté le 27-12-2023 à 10:49
Même si le journal est étatique, le journaliste a le et le devoir de s'exprimer librement et à chacun son point de vue.... j'ai lu beaucoup de commentaires à propos des abstentions et jamais personne n'a exprimé ce point de vue : Dans l'inconscient du tunisien, il ne croit qu'au chef unique ( dieu, roi, président, chef de tribu...), donc pour la plupart des tunisiens, nous avons un président intègre et qui travaille (il se trompe parfois, y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais), on lui fait confiance et on est d'accord avec son projet, donc y a que lui qui intéresse les gens, ils s'en foutent du reste, c'est par nature.
Djodjo
@ntc
a posté le à 14:37
Mouais, mais même la constitution qui concernait le charlatan en premier lieu n'a pas mobilisé les foules.

Prochaine élection présidentielle, si le charlatan se présente seul avec qq opposants désigné par le charlatan, ben on ne se déplacera pas non plus.

fathi
Querelle gratuite
a posté le 27-12-2023 à 08:56
"Nul n'a le droit d'insulter les citoyens, pas même un thuriféraire, auto-proclamé défenseur officiel du pouvoir en place. La pensée unique est le poison des démocraties."
Ce sont vos accusations ,on peut tout a fait respecter votre point de vu ,comme on respecte le point de vu du journaliste c'est une preuve qu'il n'y a pas une pensée unique imposée mais bien une liberté d'expression.Vous aurais pu vous abstenir de porter des accusations gratuite non vérifiable votre mot aurait été beaucoup plus apprécié .Dommage il est assimilé aux différentes querelle orienté de la place.
Elyes Khalsi
Réaction
a posté le à 12:50
@fathi votre réponse courtoise mais orientée car en tant qu'abstentionniste je me suis reconnu dans ce papier. J'ai relu l'éditorial, il est simplement inacceptable. Je pensais ne plus jamais relire des éditoriaux de ce genre. Il pense pouvoir convaincre quels types de lecteurs avec ce type d'arguments. Il a écrit ce papier juste pour plaire. Il a insulté 8 millions de tunisiens comment faut-il le qualifier. Ce n'est pas une opinion c'est des accusations.