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Chroniques
Que vaut un cadre budgétaire sans cadre macroéconomique ?
Par Houcine Ben Achour
26/01/2024 | 08:41
3 min
Que vaut un cadre budgétaire sans cadre macroéconomique ?

 

Il est logique que tout gouvernement tente d’édulcorer les données reflétant la situation économique du pays. Cela l’est d’autant plus lorsqu’il s’agit d’établir des prévisions. C’est bien sûr le cas chez nous. Peut être un peu plus chez nous qu’ailleurs dès lors que l’opinion publique dans sa grande majorité a une connaissance très relative des rouages de l’économie, de leur fonctionnement et des interactions qu’elles génèrent entre elles. C’est visiblement dans cette logique que le ministère des Finances a publié récemment un rapport sur « Le cadre budgétaire de moyen terme (2024-2026) » établissant les prévisions de ressources et de dépenses du budget général de l’État sur la période. L’initiative est louable. Elle marque en effet une volonté de transparence et cherche, autant que faire se peut, à satisfaire le besoin de visibilité des opérateurs et éclaircir leurs horizons. Cependant, le document n’est pas exempt de critiques.

Était-il opportun de susciter d’ores et déjà un débat autour des prévisions budgétaires durant les prochaines années alors qu’on n’a pas finit d’expliquer, d’expliciter et de digérer les dispositions de la loi de finances de l’exercice en cours ? Est-ce que les contributions demandées au uns et les avantages accordés aux autres inscrits dans cette loi vont emporter l’adhésion du plus grand nombre ? Et, tout compte fait, concrétiser les objectifs budgétaires de l’année 2024 ? On ne demande qu’à le croire. Sauf que la réalité semble toute autre.

Chaque année, en effet, c’est soit une baisse des ressources, soit une hausse des dépenses qui est constatée à la fin de l’exercice budgétaire amenant le gouvernement à élaborer une loi de finances complémentaire. En tout cas, chaque année, c’est le déficit budgétaire, donnée clef des finances publiques, qui est révisé à la hausse par rapport aux prévisions établies. En 2021, le déficit prévu était de 6,6% du PIB. Il atteindra 7,9% à la fin de l’année. Idem en 2022 puisqu’il affichera 7,6% du PIB contre un objectif initial de 6,6%. Et rebelote en 2023 avec un déficit de 7,7% du PIB contre 5,2% attendu. Ces écarts entre prévisions et réalisations ne sont pas minces s’évaluant en milliards de dinars. C’est en somme autant de dettes supplémentaires à contracter. Pour l’année en cours, le gouvernement table sur un déficit budgétaire de 6,6% du PIB. Et de 5,2% puis 3,9% respectivement en 2025 et 2026, selon de cadre budgétaire de moyen terme. Autrement dit, il s’agit de le réduire de moitié en trois ans. Ces estimations sont-elles ambitieuses ? Sur la base des résultats passés, cela est forcément le cas. Et même si un espoir demeure, le doute serait formellement permis.

Il l’est d’autant plus que le cadre budgétaire 2024-2026 n’est pas accompagné ou plutôt soutenu par un cadre macroéconomique clairement établi c'est-à-dire un plan triennal de développement ou un budget économique s’étendant sur trois ans. Cela aurait permis de la sorte d’évaluer la pertinence et la cohérence du cadre budgétaire proprement dit.

Pour le moment, on ne sait pas sur quels scénarios, hypothèses et paramètres reposerait ce cadre budgétaire ? Quel serait le taux de croissance prévu sur la période ? Quelle serait l’évolution sectorielle de l’activité économique ? Quelles seraient les prévisions d’investissements, d’exportations, d’importations ou d’emploi ou encore d’inflation ? Et d’autres aspects socioéconomiques dont l’impact sur le budget de l’État est implicite pour ne pas dire incontestable. Ce sont là autant de questions sans réponses ; pour le moment du moins. Le ministère des Finances gagnerait à les fournir à défaut du ministère de l’Economie et de la Planification qui, normalement, est le mieux à même à les apporter dans la mesure où il est chargé d’élaborer et de diffuser les budgets économiques et les plans de développement.

En tout cas, tel qu’il est présenté, le cadre budgétaire 2024-2026 suscite nombre d’interrogations à défaut de critiques. Interrogations qu’on pourrait synthétiser en une seule : Quel serait le rôle de l’État dans l’économie au cours de l’étape à venir ? Le cadre macroéconomique aurait été d’un bon éclairage pour un débat sérieux et approfondi sur la question.

 

 

Par Houcine Ben Achour
26/01/2024 | 08:41
3 min
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Commentaires
veritas
Bonnes manières et règles .
a posté le 26-01-2024 à 17:23
Quand vous êtes dans un état catastrophique votre objectif essentiel est d'échapper à la catastrophe qui vous guette vous n'avez plus les moyens ni de penser ni de respecter les bonnes bonnes règles et les bonnes manières c'est une question de vie ou de mort tout les protocoles tombent à l'eau .
La Tunisie a été victime d'une sale colonisation par procuration par le biais des criminels islamistes de l'aipac qui s'est avéré la pire colonisation,tout le monde se rappelle de l'ambassadeur us Wales qui fait tourner le pays avec des entretiens quasi quotidien avec le mercenaire kheriji pour lui signifier les ordres à suivre,il ne faut pas oublier la constitution de 2014 qui a été rédigé par la même personne qui a rédiger la constitution d'après saddam Hussein ,cette personne n'est autre que le fameux Noah Feldman '?'le pays a été détruit sans bombardement et sans arme elle a été détruit de l'intérieur de A a Z aujourd'hui il s'agit de colmater les brèches pour ne pas périr éternellement'?'pendant ces moments difficiles on ne peut plus respecter les protocoles '?'les destructeurs n'ont rien respecter pour atteindre leur but même la dignité humaine a été bafouer par leur soins suivant les directives de l'ambassade us a tunis .
il faut s'unir pour parer a la division instaurer par ennahba et ses antennes '?'ça va prendre du temps et beaucoup de fermeté pour faire primer l'état de droit .
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Ben Achour
a posté le 26-01-2024 à 12:01
@Mr. Ben Achour

a) vous écrivez: " c'est-à-dire un plan triennal de développement ou un budget économique s'étendant sur trois ans. Cela aurait permis de la sorte d'évaluer la pertinence et la cohérence du cadre budgétaire proprement dit."
-->
Mais enfin Mr. Ben Achour, dites nous s.v.p. comment définir "un budget économique s'étendant sur trois ans" pour notre Tunisie dans un environnement socio-économique international changeant rapidement où l'incertitude, la complexité et l'ambiguïté sont devenues prédominantes?--> ceci est valide non seulement pour un Etat d'un pays mais aussi pour toute entreprise à l'échelle internationale.

Que faire en cette situation socio-économique incertaine, sporadique et imprévisible à l'échelle internationale? --> Oui, il faudrait faire appel aux approches agiles qui se basent sur des réponses flexibles et rapides au changement, notamment via une progression incrémentale vers un but. Les organisations agiles sont capables de se reconfigurer à tout moment en fonction de leurs objectifs, de leurs ressources et surtout de leur environnement.
--> Et c'est ce que fait notre gouvernement avec un très grand sucée et une très grande intelligence.

La Tunisie socio-économique dépend en grande partie de notre capacité (de la capacité de nos entreprises étatiques et privées et des Tunisiens en général, de l'Etat tunisien) à s'adapter rapidement aux changements afin de pouvoir survivre et éventuellement se démarquer. La gestion traditionnelle d'un pays, d'une entreprise ou de projet qui vise à établir une planification / réforme rigide et à être conforme à la planification, mène à une gestion qui manque de flexibilité pour les conditions changeantes d'aujourd'hui.

--> il faudrait plutôt que nos institutions et l'Etat tunisien soient en permanence agiles et capables de se reconfigurer à tout moment en fonction de leurs objectifs, de leurs ressources et surtout de leur environnement national (entre autre pluviométrie) et international --> Et c'est ce que fait notre gouvernement avec un très grand sucée et une très grande intelligence.

Je suis mathématicien (j'ai abandonné l'université et l'enseignement) et je travaille dans le domaine des logiciels où l'adaptation constante des objectifs et des stratégies est indispensable: réactivité permanente plutôt que le suivi strict d'un plan. --> la prise de risques, l'incertitude et les changements ne sont plus craints mais intégrés au processus, et envisagés comme de nouvelles opportunités de progrès. Les processus agiles exploitent le changement afin de se donner un avantage compétitif.

Vers un management public agile:
Pour répondre aux enjeux de modernisation, l'administration publique tunisienne devrait désormais innover et développer une culture d'un management public agile...

La Tunisie a tous les moyens afin de sortir de l'impasse socio-économique et de créer de la richesse pour tous les Tunisiens, Il faut seulement s'adapter continuellement et à temps au changement de paradigme. --> Et c'est ce que fait notre gouvernement avec un très grand sucée et une très grande intelligence.


b) @Mr. Ben Achour, vous écrivez: "le cadre budgétaire 2024-2026 n'est pas accompagné ou plutôt soutenu par un cadre macroéconomique clairement établi"
-->
Je ne pourrait pas confirmer ou réfuter votre allégation, par contre je vous donne raison que des statistiques solides et transparentes sont la clé d'une prise de décision efficace. --> les résultats des politiques dépendent de façon décisive de l'utilisation de statistiques aux stades du processus de l'énonciation qu'il s'agisse de reconnaissance du problème, de la conception ou de l'établissement de prévisions et non pas seulement au niveau du suivi et de l'évaluation.

Je fais le lien avec la première partie de mon commentaire --> dans une approche agile, Les décideurs en notre pays devraient utiliser des données statistiques exactes, actuels, en temps réel et susceptibles de les avertir des problèmes socio-économiques et politiques immédiats ou futurs de notre société. --> Et c'est ce que fait notre gouvernement avec un très grand sucée et une très grande intelligence.

Fazit: L'amélioration permanente de la qualité des statistiques macroéconomiques est une première priorité en Tunisie.
Gardons un minimum d'honnêteté!
Des statistiques solides et transparentes sont la clé d'une prise de décision efficace!
a posté le à 07:19
introduction: Beaucoup de nos soi-disant analystes-socio-économiques nous parlent depuis des mois du sauvetage de la Tunisie socio-économique par l'exportation massive du phosphate. Ceci sans aucune étude sérieuse afin d'évaluer si l'extraction du phosphate pour l'exportation fait encore un sens pour la Tunisie. En effet, ça ne fait aucun sens d'investir des milliards de dinars en infrastructure/logistique pour l'extraction du phosphate, si nos mines de phosphates en exploitation abusive depuis plus qu'un siècle sont épuisées

Je m'explique:
Je rappelle que les mines de phosphates de Métlaoui, Kalâat Khasba, Redeyef, Moularès sont en utilisation respectivement depuis 1899, 1903, 1903 et 1904 -->et ainsi après plus d'un siècle d'exploitation intensive/abusive, il serait possible que ces mines de phosphate touchent à leur fin et il faudrait les fermer un jour ou l'autre par manque de rentabilité. --> il faut absolument faire une étude sérieuse afin d'évaluer si l'extraction du phosphate pour l'exportation fait encore un sens pour la Tunisie... --> il faut enfin se débarrasser des décisions/planifications intuitives sans aucun fondement empirique --> en ce point je donne raison à Mr. Ben Achour

Nous risquons de subir le même sort que l'île de Nauru, si on ne se débarrasse pas le plus vite possible de cette idée absurde de financement de la Tunisie socio-économique avec l'argent de l'exportation du phosphate sans aucun fondement empirique. Je suis désolé de le dire, les propositions intuitives qui sortent du fond du ventre risquent de ruiner encore une fois la Tunisie socio-économique

L'île de Nauru : du rêve au cauchemar:
***


Mouna = Espoir

bonne journée

Errata dans mon premier commentaire ci-dessus:
- Je ne pourrais pas confirmer ou réfuter
- des données statistiques exactes, actuelles,
Fafa
Ca n'a plus de sens
a posté le 26-01-2024 à 11:15
Le monde est devenu chaotique. Il fonctionne avec des successions de crises et d'expansion .
Subprimes 2008, crise Grecque , crise COVID , Ukraine ...
La crise chinoise qui se profile va être du même acabit . La bourse chinoise s'effondre depuis deux ans et le secteur financier et immobilier ne tiennent plus. La banque centrale a du mercredi réduire les réserves obligatoires des banques pour sauver les marchés .
Et si ce n'est pas une crise eco elle sera géopolitique. La Chine veut reprendre Taiwan d'ici 2027 a t'elle annoncé .
Alors a quoi bon ?