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Chroniques
Plaidoyer pour un ministre et un député dans la tourmente
Par Houcine Ben Achour
20/04/2020 | 22:19
4 min
Plaidoyer pour un ministre et un député dans la tourmente

Rarement polémique ne fut aussi brutale que celle qu’on désignera désormais pour l’histoire « l’affaire des masques ».

Il ne s’agit pas ici de nier l’évidence. La faute est manifeste. Et les tentatives d’explication n’ont fait qu’aggraver la suspicion à l’égard de Salah Ben Youssef, ministre de l’Industrie et des PME et Jalel Zayati, député Al Badil. Que l’un déclare qu’il ignorait la députation de l’autre et que ce dernier ignorait que sa démarche est caractéristique d’un conflit d’intérêt, ils se doivent de faire leur mea culpa d’avoir échoué au test de l’exemplarité. Ils ont oublié que « nul n’est censé ignorer la loi ».

Le drame, c’est que dans cette affaire, les deux protagonistes se sont comportés comme des managers d’entreprise et non pas comme des responsables politiques. Ils ont foncé naïvement dans le tas, croyant bien faire, en tordant le cou aux exigences réglementaires, administratives et procédurales. Ils ont délibérément brûlé les étapes. Voilà ce qu’on peut raisonnablement leur reprocher. Ont-ils eu tort d’avoir eu le réflexe de la libre entreprise, le comportement-type entrepreneurial et non le réflexe formaliste inhérent à tout administratif qui se respecte?

Le plus malheureux dans cette affaire est qu’un pan entier et non des moindres de la sphère libérale de ce pays, parmi les plus acharnés dans la défense de la libre entreprise n’a pas hésité à jeter aux gémonies les initiatives prises par Salah Ben Youssef et Jalel Zayati. Ils n’y ont senti qu’une odeur de corruption, rien de plus. Est-il sage de penser que, pour quelques prébendes, l’un serait capable de mettre en jeu non pas sa réputation mais la réputation de sa famille et l’autre de ternir l’image de la réussite de son entreprise totalement exportatrice et leader en Afrique en matière de fabrication de produits médicaux et paramédicaux ?

Curieusement, aucun des membres du gouvernement n’a jugé bon de monter au créneau et de plaider la bonne foi de leur collègue, et donner par ailleurs la preuve d’une réelle solidarité gouvernementale. Quant à la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH), elle a eu au moins le réflexe d’exhorter le gouvernement à « éclairer l’opinion sur les décisions prises lors de la réunion qui a eu lieu le 6 avril 2020 entre le ministère du Commerce, le ministère des Affaires sociales et le ministère de l’Industrie et des PME et notamment celle relative au caractère urgent de commander deux millions de bavettes. Urgence qui a justifié le caractère de gré à gré de cette commande et de publier les éléments de la structure des prix qui a permis de fixer un prix plafond de un dinar neuf cent millimes ».

C’est curieux que le gouvernement n’ait pas à ce jour invoqué l’urgence pour plaider la cause de son ministre dans la mesure où ce marché de 2 millions de masques était en fait destiné exclusivement à protéger la population la plus précieuse et la plus exposée à l’épidémie : le personnel médical et paramédical et plus généralement le personnel de secours directement confronté à l’épidémie. Cette héroïque armée blanche sur laquelle repose l’issue de la guerre contre l’épidémie ne mérite-t-elle pas d’être dotée au plus vite d’un minimum de moyens de protection afin qu’elle ne sente pas être finalement qu’une simple chair à canon pour combattre le fléau ? N’était-il pas « légitime » d’invoquer le principe selon lequel « l’exception confirme la règle » dans la gestion de ce marché ? D’autant que la procédure sera scrupuleusement respectée pour ce qui concerne la commande publique pour l’acquisition de 30 millions de masque barrière destinés à la population. Face à de telles considérations, fallait-il faire preuve de pragmatisme ou de formaliste ? Aux libéraux qui ont fustigé les malheureux acteurs de cette affaire d’y répondre.

En tout cas, s’il y avait lieu de fustiger le ministre de l’Industrie, c’est sur les conditions imposées par le cahier des charges pour la fabrication des 30 millions de masque barrière. L’appel d’offres publié par le ministère de l’Industrie et des PME est tellement restrictif qu’il a réduit la concurrence à sa plus simple expression et menaçant même ceux qui y satisfassent de n’être pas capable de livrer une telle quantité dans les délais fixés. Or, c’est la mise à disposition de cette quantité qui rend possible l’idée d’un déconfinement progressif, d’une reprise graduelle de l’activité économique aujourd’hui en stand by et d’un retour petit à petit à la vie normale.

Pour cela, les actes de Salah Ben Youssef ou de Jalel Zayati ne méritent-ils pas les circonstances atténuantes ?

Par Houcine Ben Achour
20/04/2020 | 22:19
4 min
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Commentaires
Illico
Fr
a posté le 22-04-2020 à 14:10

Argumentaton irrecevable. Aucun pretexte ne peut justifer d enfreinfre la loi.
Incompetence ou mauvaise foi. Une démission est la seule manière de réparer le préjudice subi. La crédibilité du gouvernement est en jeu. La culture de l 'irresposabilite et de l 'mpunite n a que trop dure.

BML
@DHEJ
a posté le 21-04-2020 à 18:55
Bonsoir;
A ce niveau de responsabilité ;on s'adresse à la federation tunisienne du textile et de l'habillement; institution qui gére le secteur et qui peut conseiller sur le mode à adopter pour un choix judicieux dans une telle situation . Un ministre est un bon dirigeant qui sait prendre les bonnes décisions.
Bien à vous
Sofiene
Affaire des masques.
a posté le 21-04-2020 à 17:49
Voila une analyse lucide, loin d'être naïve et qui met en avant de la pertinence et de la hauteur.
cesarios
Notre transition démocratique n'avance pas d'un seul pouce tant que.........
a posté le 21-04-2020 à 17:18
Combien de présidents, de ministres, de députés , de conseillers, d'experts ont pris part à la gouvernance de notre chére TUNISIE depuis 2011? ceux qui ont réussi plus ou moins leurs missions, leurs prérogatives ne se comptent méme pas sur les bouts de doigts, dans presque tous les domaines et les secteurs , le peuple n'a récolté que des échecs cuisants , des décadences qui s'aggravent d'une année à une autre, toutes les promesses, toutes les propositions sont apparues des bouffonneries et des magouilles, jusqu'à ce jour, aucune vision, aucune stratégie, aucun programme ne sont élucidés, bien préparés d'avance , bien établis en projets, en budgets et en échéance d'exécution, des dons, des emprunts, des participations à leurs financement, des subventions colossaux nous viennet de toute part qui peuvent nous garantir les meilleures infrastuctures dans tous les domaines et les secteurs et surtout concernant ceux de l'EDUCATION, de la SANTE, du TRANSPORT, malheureusement durant ces dix années passées, on a profité que du vide, du néant et, de toutes les miséres et les malheurs du monde, tous nos gouvernants décideurs n'ont qu'un seul mot à leur bouche: - les caisses sont vides et on manque des budgets, toutes nos organisations nationales, tous nos partis d'opposition, toute la société civile n'ont qu'une seule exigence, un seul cri qui est de nous informer où sont évaporés les milliers de milliards , où sont-ils dépensés concrétement , quelles sont les réalisations qui sont effectivement vues le jour et dans quelle région et conbien ont coutées pour la communauté nationale, aucun entendant, aucune réponse, méme notre banque nationale, notre ARP sont muettes , indifférentes et incapables de donner au peuple une lueur de réponse. Une nation où la méfiance régne au sein de ses composantes, sa transition démocratique voulue , exigée résiste et tient bon par tant de sacrifices de tout un peuple ne pourra avancer d'un seul pouce que par l'instauration d'un nouveau destour et une loi électorale revus, ajustés, aménagés selon l 'acquiescement , l'adhésion volontaire et la confiance concréte du peuple , et non à la suprématie des partis que l'inégalité des chances , l' intransparence , l'incontrole, et la futilité lors des élections qui font la loi
tounsia2
L'art de défendre l'indéfendable
a posté le 21-04-2020 à 13:48
Mr Ben Achour veut nous convaincre à tout prix qu'un ministre et un député qui font des affaires sur le dos du contribuable en parfaite connaissance de cause, sont animés de bonne intentions ! De plus, il nous demande d'être compréhensifs et d'accorder "les circonstances atténuantes" à deux politiciens qui ont bafoué la loi !

J'aurais souhaité que le chroniqueur fasse plutôt le choix d'être du coté de la justice et de l'Etat de droit comme ses pairs et l'ensemble de la société civile, et non pas voler au secours de deux hors-la-loi ! Si on pouvait au moins cesser d'infantiliser les gens avec ce genre d'analyses et de faux arguments, nous serions un peu soulagés et le pays ira certainement mieux. . .
DHEJ
@BML bonjour
a posté le 21-04-2020 à 12:10
Quelles sont ces sociétés ?

Que leurs patrons sortent en public.

En période de crise mais quelle crise?

Du système ou de la gouvernance du système ?

Un système qui nous pond un cahier des charges d'un produit qui n'a pas de certification "MOWASSAFAT TOUNISSIA"
Lecteur
"circonstances attenuantes"!
a posté le 21-04-2020 à 12:00
Des "circonstances attenuantes" dans un pays que ravage la corruption,? Des "circonstances attenuantes" alors que le pays ne s en sortira jamais, si on ne frappe pas tres fort, surtout ceux qui doivent donner le bon exemple mais de par leurs actions enfoncent encore plus la corruption dans le pays? Vous plaisantez ou vivez dans un autre pays?
Tunisino
Aucun besoin de les defondre
a posté le 21-04-2020 à 11:29
Aucun besoin de défendre SBY et JZ, ils sont déjà défendu par EF. Aucun sens d'état, c'est la stupidité qui reigne. On ne respecte pas la loi tout en étant fière de le faire!
bml
plaidoyer mesquin
a posté le 21-04-2020 à 11:24
Le fond du probléme n'est pas le gré à gré mais entre qui ?
Il existe plusieurs entreprises ,aussi bien que celles de ce député , capables d'exécuter ce marché dans les règles de l'art . Mais un ministre n'a pas le droit d'ignorer une loi ,lui de surcroit ,ancien commissaire aux comptes ,aussi connue. Je peux , méme si c'est trop gros , l'avidité de ce député sans scrupules , mais la faute du ministre est impardonnable . Ce monsieur ,meme s'il est de bonne foi ,a montré une incompétence criarde et une mauvaise gestion des capacités humaines de son ministère qui auraient pu lui éviter cette bavure grotesque ! Donc je trouve votre plaidoirie à coté de la plaque .
Nouveau monde
« La plaidoirie est un plaidoyer tarifé, dont ni le client ni les honoraires ne sont jamais assurés d'être acquittés. »
a posté le 21-04-2020 à 09:46
Je reviens vers vous concernant votre plaidoirie. Ok pour l'urgence concernant la fabrication de ces masques surtout qu'ils sont destinés à «  protéger la population la plus précieuse et là plus exposée à l'épidémie «  . Par contre vous aurez dû mettre l'accent sur le prix de production de ce masque ( 0,300 millimètres ) et que peut être si cet entrepreneur avait la fibre patriotique il aurait fait DON de la quantité des masques destinée aux personnels soignants , ensuite vu le prix affiché à la vente nous comprenons bien pourquoi ce marché est devenu très vite convoité.
«  Là où la cupidité règne, la misère réside. » ( Christiana De Leu ).
Boussanouva
Plaidoyer irrecevable
a posté le 21-04-2020 à 09:28
SI Houcine avec tout le respect qui vous est du vous negligez un point essentiel corrobore par l'INLUCC
Le.cahier des charges de l AO a ete bidouille de maniere criminelle pour convenir exactement a l'interet de ORTHO : le type de tissu mentionne ne peut convenir a un masque de protection antivirus ; donc des l'elaboration du cahier des charges ce masque est un acte d'homicide premedite contre drs milliers de soignants ambulanciers personnel hospitalier et securitaires DIRECTEMENT et EN PERMANENCE EXPOSES AU VIRUS

COMMENT JUSTIFIEZ VOUS DESLORS VOTRE ARTICLE ?
retraité
des hors la loi
a posté le 21-04-2020 à 09:18
les deux sont fautifs et hors la loi il n'y a pas urgence , le virus importé par les tunisiens de l'étranger et des touristes a commencé de s'introduire depuis février avant que le gouvernement actuel prend ses fonctions il est aurait du prévoir un stock suffisant de masques bavettes et gants pour la population et le corps médical les deux doivent démissioner l'un de son poste et l'autre de l'ARP et affronter la justice qui est garante de la loi peut être les relaxer ou les condamner à des peines et comme ça l'affaire sera enterrée . ce qu'on sait que personne n'est sensé ignorer la loi et personne n'est au dessus de la loi ,la loi est souveraine et la justice est indépendante du pouvoir politique ce que je sache depuis la révolution et la constitution actuelle
Non et non
L'accepter une fois C'est l'aceepter 1000 fois
a posté le 21-04-2020 à 08:36
Justifier le dépassement de la loi pour une fois, sous le prétexte que nous sommes en "guerre", alors que tout ce qui a été fait, était réalisable dans le même laps de temps et dans le respect de la loi, nous mènerait vers le gabegie.
Quelle différence avec le citoyen qui justifie ses actes car "il a besoin de manger" ou car "la loi est rétrograde" ou n'importe quel argument qui peut lui parraitre plausible ?
Ainsi, on tombe dans le débat de "pourquoi eux et pas moi ?", "pourquoi l'autre fois et pas cette fois ?" et on n'en sort plus. Mieux vaut ne pas ouvrir cette porte.
Au lieu de profiter de l'aubaine pour alléger les procédures bureaucratiques dont il se plaint une bonne fois pour toutes, notre gouvernement s'obstine à dépasser la loi et justifie ce dépassement en plus.
Et même supposons qu'ils étaient obligés de le faire, la moindre des choses, c'était d'avertir et d'informer l'opinion publique, pas tout masquer (oh le jeu de mot) en disant qu'il n'y a rien et que c'est du "tkhalwidh". '?a ne peut être témoin que de mauvaise foi.
Finalement même sur le côté "suspicion de corruption", surtout au niveau du prix de production, le dossier n'est pas caduc (voir publications et interventions de l'i'nlucc).
TNN
Un Représentant du peuple ne doit pas faire des affaires. Point barre!
a posté le 21-04-2020 à 06:07
Un Représentant du peuple ne doit pas faire des affaires ni avec le Gouvernemnt, ni avec personne d'autre. C'est comme ça que ça se passe dans les Démocraties auxquelles on aspire. Et si le prix est à payer est trop élevé, il ou elle n'a qu'à ne pas se présenter aux élections et continuer à faire des affaires librement. Ceci doit être pleinement clair, à tous ceux et celles qui se présentent aux élections législatives, présidentielles ou municipales. Ce sont des métiers exclusives et à temps plein.
Corona ou pas!
GZ
Plaidable
a posté le 21-04-2020 à 05:05
Plaidable , mais juridiquement insoutenable . Un ministre de la République ne s'affranchit pas de la loi .
Un député de la nation non plus .
Monsieur Ben Achour , prenez le temps de vous relire s'il vous plaît . Vous nous avez habitués à des textes de bien meilleure tenue . Celui-ci est truffé de fautes qui ne vous ressemblent guère .
" Tordre le coup ", " chaire à canon " et vous en trouverez d'autres .
Tordre le cou à l'orthographe à ce point ,
vous donne la chair de poule .
Une simple relecture ...
Bien à vous .
Ok
Quelle mauvaise fois
a posté le 21-04-2020 à 00:05
Cet article dénote une mauvaise fois manifeste.
Citoyen
Bravo. Tres bon article
a posté le 20-04-2020 à 23:27
Nizar Bahloul devra s'en convaincre et retirer ou modifier son article qui est injustement accusateur et jette le discrédit sur deux hommes et qui risque de faire perdre des marchés à l'export donc des rentrées en devise à notre pays. Si faite il y a la justice se prononcera. Entre temps laisser le pays relever la tete .